Irritante et incontournable, la Turquie sur tous les fronts diplomatiques

Le président turc Recep Tayyip Erdogan prononce un discours lors de la réunion du groupe parlementaire de son parti à la Grande Assemblée nationale turque à Ankara le 1er juin 2022 (Photo, AFP).
Le président turc Recep Tayyip Erdogan prononce un discours lors de la réunion du groupe parlementaire de son parti à la Grande Assemblée nationale turque à Ankara le 1er juin 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 02 juin 2022

Irritante et incontournable, la Turquie sur tous les fronts diplomatiques

  • Le patron de la diplomatie russe Serguei Lavrov arrive en Turquie mercredi pour discuter de l'établissement de «corridors» en Mer Noire, pour exporter les céréales ukrainiennes
  • Ankara a proposé son aide et sa flotte et, pour le moment, la Russie fait mine de l'envisager

ISTANBUL: Entre menaces et coups de mentons, la Turquie veille à rester au coeur du jeu international, sans craindre de marchander ses atouts et ses objections, au risque d'irriter ses alliés.

Guerre en Ukraine et corridors maritimes, élargissement de l'Otan, incursions en Irak et à venir en Syrie, tensions avec le voisin grec, Ankara se retrouve sur tous les dossiers régionaux à l'avantage de son président, Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003 et candidat l'an prochain à une réélection incertaine.

D'un dossier à l'autre, il tape du poing sur la table en jouant à la fois de la sécurité et des intérêts de son pays.

Le Secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken a prévenu qu'une opération turque dans le nord de la Syrie, telle qu'Erdogan en brandit la menace pour "nettoyer" la zone frontalière de la présence des combattants kurdes, "saperait la stabilité régionale". Mais de là à l'arrêter...

La menace surgit en plein débat sur l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'Otan, auxquelles Ankara s'oppose en leur reprochant, justement, d'héberger des "terroristes" du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et leurs alliés.

Ceux-là même visés par l'opération militaire envisagée en Syrie afin d'établir une "zone de sécurité" de 30 km de large le long de la frontière turque.

Une offensive est déjà en cours depuis mi-avril dans le nord de l'Irak pour les mêmes raisons.

Opportunité diplomatique 

"Il essaye de transformer (la question de l'Otan) en opportunité diplomatique", accuse Yektan Turkyilmaz, chercheur rattaché à l'Université d'Europe centrale à Vienne.

"La Suède et la Finlande se trouvent obligées de discuter des +inquiétudes+ de la Turquie. Qui correspondent en fait au droit réclamé par la Turquie de traiter de +terroriste+ qui elle veut".

Cette façon d'occuper la scène a aussi des fins de politique intérieure à un an du scrutin présidentiel de juin 2023, comme l'avance Soner Cagaptay, spécialiste de la Turquie au Washington Institute.

"Bien sûr, la Turquie a de légitimes inquiétudes concernant le PKK et les YPG (branche armée du Parti de l'union démocratique kurde en Syrie) ainsi que leurs liens avec la Suède", dit-il. "Mais même si (les Suédois) ne font pas tout ce que (Erdogan) demande, il finira par revendiquer une victoire qui aura forcé les Européens à mettre genou à terre".

"Son image d'homme à poigne en sortira renforcée dans le monde entier et lui profitera aussi au plan national", prédit-il.

Les analystes interrogés par l'AFP relèvent aussi l'espoir turc de profiter du dossier Otan pour solder celui des F-16 américains, ces avions de chasse commandés et partiellement payés, dont Washington a suspendu le contrat après qu'Ankara eut acquis un système de défense russe S-400.

Les dernières frictions avec la Grèce, partenaire au sein de l'Otan mais accusée par Erdogan de vouloir bloquer le dossier des F-16 à Washington, s'emboîtent ainsi à la perfection dans la stratégie turque.

Posture irritante 

Pour Soner Cagaptay, "Erdogan envoie un signal à (Joe) Biden:  parlons de mes avions bloqués par le Sénat et je serai heureux de lever mon véto à l'Otan".

"Sa posture est certainement irritante, mais ses objections sont souvent fondées", nuance le géopolitologue Didier Billion, de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris. "Et au-delà du chantage, à la fin un compromis sera trouvé", parie-t-il.

Peut-on se passer du Reis turc qui a réussi jusqu'à présent, seule puissance régionale, à maintenir des relations avec Kiev, armé par des drones turcs, sans s'aliéner Moscou.

"Grâce à sa neutralité, même sans progrès notables, la Turquie reste le tiers de confiance pour une médiation entre l'Ukraine et la Russie", relève Elizabete Aunina, de l'Université d'Amsterdam.

Le patron de la diplomatie russe Serguei Lavrov arrive en Turquie mercredi pour discuter de l'établissement de "corridors" en Mer Noire, pour exporter les céréales ukrainiennes.

Ankara a proposé son aide et sa flotte et, pour le moment, la Russie fait mine de l'envisager.

Ce sera la deuxième visite de M.Lavrov après les pourparlers d'Antalya (sud) en mars, qui reste l'unique face-à-face avec son homologue ukrainien Dmytro Kuleba depuis le début de la guerre.


De fortes explosions à Tel-Aviv et Jérusalem après des tirs de missiles iraniens

Des membres des forces de sécurité israéliennes inspectent un cratère à l'endroit où un missile iranien a frappé un dépôt de bus à Herzliya, près de Tel-Aviv, le 17 juin 2025. (Photo de Jack GUEZ / AFP)
Des membres des forces de sécurité israéliennes inspectent un cratère à l'endroit où un missile iranien a frappé un dépôt de bus à Herzliya, près de Tel-Aviv, le 17 juin 2025. (Photo de Jack GUEZ / AFP)
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  • « Des sirènes ont retenti dans plusieurs régions d'Israël après l'identification de missiles lancés depuis l'Iran en direction de l'État d'Israël », a déclaré l'armée dans un communiqué.
  • Dans un message sur Telegram, la police israélienne a rapporté que des missiles et des éclats d'obus étaient tombés dans la région de Tel-Aviv, causant des dégâts matériels mais sans faire de blessés.

JERUSALEM : De fortes explosions ont été entendues au-dessus de Tel-Aviv et Jérusalem mardi matin par des journaliste de l'AFP après le retentissement des sirènes d'alerte dans certaines régions d'Israël à la suite de tirs de missiles depuis l'Iran, selon l'armée.

« Des sirènes ont retenti dans plusieurs régions d'Israël après l'identification de missiles lancés depuis l'Iran en direction de l'État d'Israël », a déclaré l'armée dans un communiqué.

Elle a ajouté que l'armée de l'air « opérait pour intercepter et frapper là où c'était nécessaire pour éliminer la menace ».

Une vingtaine de minutes plus tard, l'armée a publié un communiqué indiquant que la population était autorisée à quitter les abris dans plusieurs régions du pays, ajoutant que des équipes de secours étaient à l'œuvre dans plusieurs endroits où des informations sur la chute de projectiles avaient été reçues.

Dans un message sur Telegram, la police israélienne a rapporté que des missiles et des éclats d'obus étaient tombés dans la région de Tel-Aviv, causant des dégâts matériels mais sans faire de blessés.

Les services d'incendie et de secours ont indiqué de leur côté avoir reçu les premières indications concernant un « tir de missile et un incendie » dans une ville du district de Dan, une zone entourant Tel-Aviv.

« Vers 8 h 45 (5 h 45 GMT), de nombreux appels ont été reçus concernant un tir de missile et un incendie dans la région de Gush Dan. Les équipes de lutte contre les incendies se rendent sur les lieux », ont-ils indiqué dans un communiqué.


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."