Roland-Garros: Rafael Nadal, roi de la terre... et au-delà

Rafael Nadal a reconnu dimanche après son 14e titre à Roland-Garros qu'il ne pouvait pas continuer de jouer avec la douleur qu'il a au pied et qu'il n'avait pas l'intention d'essayer de le faire si aucune solution pérenne n'est trouvée. (AFP)
Rafael Nadal a reconnu dimanche après son 14e titre à Roland-Garros qu'il ne pouvait pas continuer de jouer avec la douleur qu'il a au pied et qu'il n'avait pas l'intention d'essayer de le faire si aucune solution pérenne n'est trouvée. (AFP)
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Publié le Dimanche 05 juin 2022

Roland-Garros: Rafael Nadal, roi de la terre... et au-delà

  • Rafael Nadal, roi de la terre battue, a remporté 14 de ses 22 titres du Grand Chelem à Roland-Garros, mais il a livré des combats épiques sur toutes les surfaces
  • Avec ses 22 sacres en Grand Chelem, l'Espagnol devance désormais de deux longueurs ses grands rivaux Novak Djokovic et Roger Federer (vingt Majeurs chacun)

PARIS: Sans égal sur terre battue, où il a décroché dimanche un faramineux 14e titre à Roland-Garros, Rafael Nadal a étendu sa domination à toutes les surfaces grâce à son inoxydable mental et sa résilience face aux blessures.

Avec ses 22 sacres en Grand Chelem, l'Espagnol devance désormais de deux longueurs ses grands rivaux Novak Djokovic et Roger Federer (vingt Majeurs chacun).

"Rafa" écrase la concurrence sur l'ocre depuis près de vingt ans, mais réduire sa palette à cette couleur serait une erreur.

Sur dur à Melbourne, il ne s'est imposé que deux fois, mais possède l'un des meilleurs ratios victoires/défaites. En Australie, en début d'année, il est devenu le deuxième joueur de l'ère Open (depuis 1968) à remporter au moins deux fois chacun des quatre tournois du Grand Chelem, après Djokovic.

Roland-Garros: «dans les circonstances actuelles, je ne peux pas et je ne veux pas continuer de jouer», dit Nadal

Rafael Nadal a reconnu dimanche après son 14e titre à Roland-Garros qu'il ne pouvait pas continuer de jouer avec la douleur qu'il a au pied et qu'il n'avait pas l'intention d'essayer de le faire si aucune solution pérenne n'est trouvée.

"Comme je l'ai déjà dit, dans les circonstances actuelles, je ne peux pas et je ne veux pas continuer de jouer", a déclaré le champion espagnol lors d'une conférence de presse, en expliquant avoir subi durant Roland-Garros "plusieurs injections avant chaque match" pour endormir ses nerfs douloureux.

"J'ai été capable de jouer pendant ces deux semaines dans des conditions extrêmes grâce à des injections dans les nerfs pour endormir le pied. C'est pour ça que j'ai pu jouer: j'ai joué sans douleur, mais aussi sans aucune sensation ni sensibilité, comme des dents endormies par le dentiste", a-t-il expliqué en soulignant que cette procédure n'abîmerait pas son pied.

"C'est un risque que je voulais prendre pour jouer ici, pas un risque que je veux prendre dans le futur. C'était un +one shot+", a-t-il assuré dans la foulée de sa victoire contre le Norvégien Casper Ruud en finale dimanche 6-3, 6-3, 6-0. "Jouer avec des antidouleurs oui, avec des anesthésiques, non. Ca peut arriver une fois, mais je ne veux pas en faire une philosophie de vie."

Après avoir remporté l'Open d'Australie en janvier puis Roland-Garros, la prochaine grande échéance est Wimbledon dans trois semaines.

"Je serai à Wimbledon si mon corps est prêt à être à Wimbledon", a-t-il ajouté en précisant qu'il "voulait" y être.

Le joueur et son équipe, dont le médecin de la Fédération espagnole Angel Ruiz qui a pratiqué les injections anesthésiques à Roland-Garros, ont décidé d'entreprendre "la semaine prochaine" un traitement pour "tenter de créer" l'absence de sensation de façon permanente.

"C'est ce qu'on va essayer, si ça marche, je vais continuer, si ça ne marche pas, ce sera une autre histoire", a encore dit Nadal.

Avec 92 trophées, le trône de N.1 mondial occupé pendant 209 semaines, cinq Coupes Davis et deux médailles d'or olympique, en simple et double, il possède, à 36 ans (il les a fêtés vendredi), l'un des palmarès les plus foisonnants, avec ceux de Djokovic et Federer.

Lui-même place au-dessus ses deux victoires sur le gazon de Wimbledon en 2008 et 2010, surtout la première, conquise dans un match de légende contre le champion suisse, coauteur avec lui d'un des feuilletons les plus passionnants de l'histoire du sport.

C'est sur la terre battue, le terrain le plus exigeant pour la tête et les jambes, que son art a atteint sa perfection. Depuis plus d'une décennie, d'avril à juin, il est presque imbattable grâce à son énorme lift et à ses glissades: 473 matches gagnés sur 519 disputés, soit 91% de succès.

La presse espagnole applaudit le «dieu» Nadal après sa victoire à Roland-Garros

La presse espagnole ne tarit pas d'éloge sur son "Dieu" Rafael Nadal dans la foulée du 14e sacre du Majorquin à Roland-Garros, acquis dimanche aux dépens du Norvégien Casper Ruud 6-3, 6-3, 6-0.

"Nadal, un Dieu sur terre", a titré le quotidien Marca sur son site internet à l'issue du match, tandis que Mundo Deportivo s'extasie devant "le plus grand champion de l'histoire".

"Longue vie à Nadal", peut-on lire sur le site d'As, qui rappelle que le champion a remporté son 22e Majeur, "plus que quiconque dans l'histoire".

Pour l'édition en ligne de Sport, "Nadal refait l'histoire à Paris" et "personne ne peut lui tenir tête dans +sa maison+".

Bête de combat 

Ses triomphes parisiens, de 2005 à 2008, de 2010 à 2014, de 2017 à 2020 et donc en 2022, sont ses chefs-d'oeuvre. Aucun champion n'a jamais réussi à gagner autant de fois un même tournoi du Grand Chelem.

Personne non plus n'a jamais remporté 81 matches de suite sur terre battue, record établi entre avril 2005 et mai 2007, ni empilé 62 titres sur cette surface.

Né d'une mère commerçante et d'un père chef d'entreprise à Manacor, la troisième ville de Majorque, île à laquelle il reste passionnément attaché, Nadal a passé son enfance dans un immeuble où logeait toute sa famille. Ou plutôt son clan, tant un esprit de corps à la méditerranéenne soudait ses membres - à cet égard la séparation de ses parents, en 2009, a été une rude épreuve.

Ses oncles ont eu une importance décisive: Miguel Angel Nadal, le footballeur du FC Barcelone, qui lui a fait prendre conscience très jeune des exigences du sport professionnel, et surtout Toni, son mentor de l'âge de 4 ans jusqu'à 2018 (quand son compatriote et ami Carlos Moya a pris la relève).

Sous la férule de cet entraîneur, "le plus sévère qu'on puisse imaginer", le petit prodige a sué sang et eau au club de tennis juste en face de la résidence familiale. "Il me mettait une pression très forte, usait d'un langage brutal, criait souvent ; j'avais peur de lui", raconte le joueur.

D'après Toni, c'était le prix à payer pour transformer un garçon plutôt timide et craintif en bête de combat sur le court. Et aussi en gentleman : "interdiction absolue de jeter sa raquette".

Roland-Garros: des duels qui ont forgé la légende de Nadal

Rafael Nadal, roi de la terre battue, a remporté 14 de ses 22 titres du Grand Chelem à Roland-Garros, mais il a livré des combats épiques sur toutes les surfaces. En voici une sélection:

 

. Roland-Garros 2005: demi-finale gagnée contre Federer

En route pour le premier Majeur. Federer visait un cinquième titre du Grand Chelem, le premier à Paris. Mais ce jour-là, le jeune Espagnol qui avait enchaîné trois titres sur terre battue les semaines précédentes s'est fait un nom. Nadal a battu le Suisse 6-3, 4-6, 6-4, 6-3 en demi-finale, et s'est qualifié pour sa première finale majeure. Deux jours plus tard le Majorquin décrochait le premier de ses 22 titres en Grand Chelem.

 

. Wimbledon 2007: finale perdue contre Federer

Le tournant. Federer s'impose 7-6, 4-6, 7-6, 2-6, 6-2 pour son 5e titre consécutif à Wimbledon, mais à la suite de ce match, on se dit que Nadal est bien plus proche de battre Federer dans son jardin londonien que le Suisse de battre l'Espagnol sur la terre battue parisienne.

 

. Roland-Garros 2008: finale remportée contre Federer

Fessée. C'est la sévérité du score qui rend ce match incroyable: Nadal a joué quasiment à la perfection pour humilier le N.1 mondial 6-1, 6-3, 6-0.

 

. Wimbledon 2008: finale gagnée contre Federer

La victoire au crépuscule. La rivalité entre les deux hommes est déjà bien établie et l'Espagnol a failli faire chuter le Suisse en son royaume l'année précédente. Cette fois, après 4h48 d'une partie interrompue plusieurs fois par la pluie et alors que la nuit tombait, Nadal a remporté la balle de match à 21h16 sur le score de 6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7, mettant un terme à une série de cinq titres de Federer à Wimbledon. Cette rencontre est la plus célèbre de l'histoire du tennis avec le Borg-McEnroe de 1980, au même endroit.

 

. Open d'Australie 2009: finale gagnée contre Federer

Infatigable. Nadal remporte son premier titre à Melbourne en battant Federer 7-5, 3-6, 7-6(3), 3-6, 6-2 et près de 4h30 de tennis d'un très haut niveau. En demies, il avait déjà bataillé 5h14 pour écarter Fernando Verdasco. Vaincu, Federer n'a pu retenir ses larmes pendant la cérémonie de remise des trophées.

 

. US Open 2010: finale gagnée contre Djokovic

Le Majeur manquant. En 2010, l'US Open était le dernier qui manquait au palmarès de Nadal. Malgré la confiance accumulée grâce à sa victoire contre Roger Federer en demi-finale, Djokovic n'a pu arrêter l'Espagnol. Nadal s'est imposé 6-4, 5-7, 6-4, 6-2.

 

. Open d'Australie 2012: finale perdue contre Djokovic

La plus longue. Novak Djokovic s'est imposé 5-7, 6-4, 6-2, 6-7, 7-5 en 5 heures 53, ce qui en fait à ce jour la plus longue finale d'un tournoi du Grand Chelem. Le Serbe a conclu le lundi à 1h37 un match qui avait débuté dimanche soir.

 

. US Open 2019: finale gagnée contre Medvedev

Jamais vaincu. Après deux sets tranquillement gagnés, Nadal s'est fait surprendre par le retour d'un jeune Russe encore inconnu et au jeu étrange. Poussé au cinquième set, l'Espagnol prouve qu'il ne lâche jamais rien et s'impose en 4h51 d'un combat épique 7-5, 6-3, 5-7, 4-6, 6-4.

 

. Roland-Garros 2020: finale gagnée contre Djokovic

La leçon. L'édition du Majeur sur terre battue se joue en automne à cause de la pandémie de covid qui en a empêché la tenue au printemps. Des conditions humides, venteuses et froides sont autant d'obstacles sur la route d'un 13e titre parisien pour Nadal. Et l'on se dit que Djokovic tient sa chance de battre le roi de la terre en finale de "son" tournoi. En fait, l'Espagnol corrige le Serbe 6-0, 6-2, 7-5 et égale le record de 20 titres du Grand Chelem détenu depuis 2018 par Roger Federer.

 

. Roland-Garros 2021: demi-finale perdue contre Djokovic

La revanche. Djokovic joue le match de sa vie sur terre battue et s'impose 3-6, 6-3, 7-6, 6-2 au terme d'un match d'une qualité et d'une tension rarement égalées. Nadal confessera par la suite souffrir du pied et ne jouera plus que deux matches de la saison, déclarant forfait à Wimbledon et à l'US Open.

 

. Open d'Australie 2022: finale gagnée contre Medvedev

Renversant. Mené deux sets à rien face au Russe Daniil Medvedev, le Majorquin parvient à s'imposer 2-6, 6-7, 6-4, 6-4, 7-5 après 5h24 de jeu pour s'offrir un 21e titre historique en Grand Chelem. Il avait pourtant contracté le Covid-19 en décembre et manqué six mois de compétition en 2021 en raison de son pied gauche douloureux.

 

. Roland-Garros 2022: quart de finale gagné contre Djokovic

Implacable malgré les doutes. Nadal arrive à Roland-Garros en grand manque de préparation à cause de sa douleur au pied gauche (il reste sur une élimination en 8es de finale à Rome, l'un de ses deux seuls tournois joués sur terre avec celui de Madrid, où la douleur était devenue insupportable). En face, Djokovic est lui en forme ascendante, tout proche de son absolu meilleur niveau, et entend égaler le record de titres du Grand Chelem. Mais contre toute attente, c'est bien Nadal qui s'impose 6-2, 4-6, 6-2, 7-6 (7/4) et s'ouvre la voie d'un 14e titre sur la terre battue parisienne et d'un 22e Majeur.

«Immergé dans son tennis»

Moins doué techniquement que Federer - même s'il ne faut pas sous-estimer l'habileté de sa patte gauche, qu'il n'utilise que pour jouer au tennis, étant droitier - Nadal a triomphé grâce à son mental, à cette "capacité à accepter les difficultés et à les surmonter supérieure à celle de la plupart de (ses) rivaux", dit-il, et à son exceptionnel pouvoir de concentration, lorsqu'il est "entièrement immergé dans (son) tennis solitaire, avec un sentiment de vie intense".

Mais son corps a souvent été son pire ennemi. Dès 2006, il s'est cru perdu à cause d'une malformation congénitale (syndrome de Müller-Weiss) au pied gauche qui l'a obligé à porter des chaussures sur mesure. Cette douleur qui va et vient sans jamais disparaître est devenue franchement handicapante ces derniers mois. Au point que le doute plane sur son retour ou non en 2023.

Roland-Garros: Rafael Nadal à deux longueurs du record de Margaret Court

Rafael Nadal a décroché dimanche à Roland-Garros son 22e titre du Grand Chelem, améliorant son record de titres majeurs sur le circuit masculin, mais l'Espagnol est encore à deux longueurs de l'Australienne Margaret Court, 24 fois victorieuse en Grand Chelem.

 

24 titres en Grand Chelem: Margaret Smith Court (AUS)

23: Serena Williams (USA)

22: Steffi Graf (GER)

22: Rafael Nadal (ESP)

20: Novak Djokovic (SRB), Roger Federer (SUI)

19: Helen Wills Moody (USA)

18: Chris Evert (USA), Martina Navratilova (CZE/USA)

14: Pete Sampras (USA)

12: Roy Emerson (AUS), Billie Jean King (USA)

11: Bjorn Borg (SWE), Rod Laver (AUS)

10: Bill Tilden (USA)

9: Monica Seles (YOU/USA), Maureen Connolly (USA)

8: Ivan Lendl (CZE/USA), Jimmy Connors (USA), Andre Agassi (USA), Fred Perry (GBR), Ken Rosewall (AUS), Suzanne Lenglen (FRA), etc.

7: John McEnroe (USA), Mats Wilander (SWE), Henri Cochet (FRA), René Lacoste (FRA), Justine Hénin (BEL), Venus Williams (USA), etc.

6: Boris Becker (GER), Stefan Edberg (SWE), etc.

Des problèmes au genou et au poignet l'ont également tenu éloigné des courts pendant de longues périodes.

Cet homme immensément riche (près de 130,5 millions de dollars de gains, sans compter les revenus publicitaires) et célèbre se décrit comme un homme ordinaire qui n'aime rien tant qu'aller à la pêche avec ses amis, regarder des matches de football - qu'il préférait au tennis étant enfant - et passer du temps avec son épouse Francesca, une Majorquine dont il partage la vie depuis 2005.


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.


Canada: le libéral Mark Carney donné vainqueur après une campagne centrée sur Trump

Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien et chef du Parti libéral, Mark Carney, salue ses partisans lors d'une fête de victoire à Ottawa (Ontario), le 29 avril 2025. (AFP)
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  • Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays
  • Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti

OTTAWA: Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays.

Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l'appui d'un autre parti.

Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau.

Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d'annexion, ont changé la donne.

A Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l'annonce des résultats a provoqué une salve d'applaudissements et des cris enthousiastes.

"Je suis si heureuse", lâche sur place Dorothy Goubault, originaire de la région des Mille Iles en Ontario. "Je suis contente car nous avons quelqu'un qui peut parler à M. Trump à son niveau. M. Trump est un homme d'affaires. M. Carney est un homme d'affaires, et je pense qu'ils peuvent tous les deux se comprendre".

Pour le ministre Steven Guilbeault, "les nombreuses attaques du président Trump sur l'économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens", a-t-il déclaré sur la chaine publique CBC.

Et les électeurs "ont vu que le Premier ministre Carney avait de l'expérience sur la scène mondiale".

Mark Carney n'avait pas encore pris la parole à minuit locales (04H00 GMT), tandis que se poursuivait le dépouillement.

Dans les longues files devant les bureaux de vote toute la journée, les électeurs ont souligné l'importance de ce scrutin, parlant d'élections historiques et déterminantes pour l'avenir de ce pays de 41 millions d'habitants.

- "Chaos" -

À 60 ans, Mark Carney, novice en politique mais économiste reconnu, a su convaincre une population inquiète pour l'avenir économique et souverain du pays qu'il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés.

Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n'a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada.

"Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays", a-t-il prévenu.

"Le chaos est entré dans nos vies. C'est une tragédie, mais c'est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s'opposer au président Trump?", a-t-il expliqué pendant la campagne.

Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place.

Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe.

En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n'a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux.

Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu'au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l'électorat, selon les analystes.

Au QG des conservateurs à Ottawa, Jason Piche se dit toutefois "surpris" des résultats, "je pensais que ce serait plus serré que ça".

Un peu plus loin, Jean-Guy Bourguignon, homme d'affaires de 59 ans, se dit carrément "très triste". "Est-ce que c'est vraiment ça le pays dans lequel nous voulons vivre?", demande-t-il alors qu'il énumère les politiques des libéraux, qu'il juge liberticides.

Près de 29 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s'étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record.


Ukraine: Poutine annonce une trêve du 8 au 10 mai, «tentative de «manipulation»» répond Zelensky

Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
Le président russe Vladimir Poutine prononce un discours lors d'une réunion du Conseil des législateurs à Saint-Pétersbourg, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai
  • Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation"

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine a annoncé lundi une trêve sur le front en Ukraine durant trois jours du 8 au 10 mai, à l'occasion de la commémoration de la victoire sur l'Allemagne nazie, son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky denonçant une "tentative de manipulation".

Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début de l'offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.

"A partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu'à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu", a indiqué le Kremlin dans un communiqué. "Pendant cette période, toutes les opérations de combat seront arrêtées".

D'après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision unilatérale "pour des raisons humanitaires" et à l'occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Pour M. Zelensky, au contraire, "il y a désormais une nouvelle tentative de manipulation". "Pour une raison, a-t-il dit dans son adresse quotidienne, tout le monde doit attendre le 8 mai et ne cesser le feu qu'ensuite pour garantir le silence" lors de la parade du 9 mai sur la place Rouge à Moscou.

La Russie commémore le 9 mai cet événement dont Vladimir Poutine a fait un marqueur essentiel de la puissance retrouvée du pays. Les dirigeants d'une vingtaine de pays sont attendus pour un défilé militaire en grande pompe sur la place Rouge à Moscou.

Le Kremlin a dit considérer que l'Ukraine "devrait suivre cet exemple", tout en prévenant que les forces russes "fourniront une réponse adéquate et efficace" en cas de violation de la trêve.

Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l'occasion de Pâques. Les deux camps s'étaient ensuite accusés de l'avoir violé, même si une baisse de l'intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front.

"Accroître la pression sur la Russie"

La Maison Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu "permanent" en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire.

Les Etats-Unis, jusque-là le premier soutien de l'Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit dimanche à son homologue russe, Sergueï Lavrov, qu'il était temps de mettre fin à une "guerre insensée" en Ukraine, selon un communiqué lundi.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a affirmé que "dans les huit à dix jours prochains, nous allons accroître la pression sur la Russie", dans un entretien publié par le magazine Paris Match.

Il a estimé avoir "convaincu les Américains de la possibilité d’une escalade des menaces, et potentiellement de sanctions" contre Moscou.

Conditions maximalistes de Poutine 

La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l'Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l'Otan, tout en s'assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.

La reconnaissance internationale de l'annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes est une condition "impérative" à la paix, a encore martelé lundi le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, Etats-Unis compris, n'a jamais reconnu.

En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l'annexion de quatre régions ukrainiennes qu'elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.

La Russie, qui a l'avantage sur le front, a revendiqué lundi la prise de Kamyanka, un village de la région de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine.

La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu'elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s'étaient emparés.

Trois personnes ont par ailleurs été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk (est), selon les services du procureur régional.