Roland-Garros: Rafael Nadal, roi de la terre... et au-delà

Rafael Nadal a reconnu dimanche après son 14e titre à Roland-Garros qu'il ne pouvait pas continuer de jouer avec la douleur qu'il a au pied et qu'il n'avait pas l'intention d'essayer de le faire si aucune solution pérenne n'est trouvée. (AFP)
Rafael Nadal a reconnu dimanche après son 14e titre à Roland-Garros qu'il ne pouvait pas continuer de jouer avec la douleur qu'il a au pied et qu'il n'avait pas l'intention d'essayer de le faire si aucune solution pérenne n'est trouvée. (AFP)
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Publié le Dimanche 05 juin 2022

Roland-Garros: Rafael Nadal, roi de la terre... et au-delà

  • Rafael Nadal, roi de la terre battue, a remporté 14 de ses 22 titres du Grand Chelem à Roland-Garros, mais il a livré des combats épiques sur toutes les surfaces
  • Avec ses 22 sacres en Grand Chelem, l'Espagnol devance désormais de deux longueurs ses grands rivaux Novak Djokovic et Roger Federer (vingt Majeurs chacun)

PARIS: Sans égal sur terre battue, où il a décroché dimanche un faramineux 14e titre à Roland-Garros, Rafael Nadal a étendu sa domination à toutes les surfaces grâce à son inoxydable mental et sa résilience face aux blessures.

Avec ses 22 sacres en Grand Chelem, l'Espagnol devance désormais de deux longueurs ses grands rivaux Novak Djokovic et Roger Federer (vingt Majeurs chacun).

"Rafa" écrase la concurrence sur l'ocre depuis près de vingt ans, mais réduire sa palette à cette couleur serait une erreur.

Sur dur à Melbourne, il ne s'est imposé que deux fois, mais possède l'un des meilleurs ratios victoires/défaites. En Australie, en début d'année, il est devenu le deuxième joueur de l'ère Open (depuis 1968) à remporter au moins deux fois chacun des quatre tournois du Grand Chelem, après Djokovic.

Roland-Garros: «dans les circonstances actuelles, je ne peux pas et je ne veux pas continuer de jouer», dit Nadal

Rafael Nadal a reconnu dimanche après son 14e titre à Roland-Garros qu'il ne pouvait pas continuer de jouer avec la douleur qu'il a au pied et qu'il n'avait pas l'intention d'essayer de le faire si aucune solution pérenne n'est trouvée.

"Comme je l'ai déjà dit, dans les circonstances actuelles, je ne peux pas et je ne veux pas continuer de jouer", a déclaré le champion espagnol lors d'une conférence de presse, en expliquant avoir subi durant Roland-Garros "plusieurs injections avant chaque match" pour endormir ses nerfs douloureux.

"J'ai été capable de jouer pendant ces deux semaines dans des conditions extrêmes grâce à des injections dans les nerfs pour endormir le pied. C'est pour ça que j'ai pu jouer: j'ai joué sans douleur, mais aussi sans aucune sensation ni sensibilité, comme des dents endormies par le dentiste", a-t-il expliqué en soulignant que cette procédure n'abîmerait pas son pied.

"C'est un risque que je voulais prendre pour jouer ici, pas un risque que je veux prendre dans le futur. C'était un +one shot+", a-t-il assuré dans la foulée de sa victoire contre le Norvégien Casper Ruud en finale dimanche 6-3, 6-3, 6-0. "Jouer avec des antidouleurs oui, avec des anesthésiques, non. Ca peut arriver une fois, mais je ne veux pas en faire une philosophie de vie."

Après avoir remporté l'Open d'Australie en janvier puis Roland-Garros, la prochaine grande échéance est Wimbledon dans trois semaines.

"Je serai à Wimbledon si mon corps est prêt à être à Wimbledon", a-t-il ajouté en précisant qu'il "voulait" y être.

Le joueur et son équipe, dont le médecin de la Fédération espagnole Angel Ruiz qui a pratiqué les injections anesthésiques à Roland-Garros, ont décidé d'entreprendre "la semaine prochaine" un traitement pour "tenter de créer" l'absence de sensation de façon permanente.

"C'est ce qu'on va essayer, si ça marche, je vais continuer, si ça ne marche pas, ce sera une autre histoire", a encore dit Nadal.

Avec 92 trophées, le trône de N.1 mondial occupé pendant 209 semaines, cinq Coupes Davis et deux médailles d'or olympique, en simple et double, il possède, à 36 ans (il les a fêtés vendredi), l'un des palmarès les plus foisonnants, avec ceux de Djokovic et Federer.

Lui-même place au-dessus ses deux victoires sur le gazon de Wimbledon en 2008 et 2010, surtout la première, conquise dans un match de légende contre le champion suisse, coauteur avec lui d'un des feuilletons les plus passionnants de l'histoire du sport.

C'est sur la terre battue, le terrain le plus exigeant pour la tête et les jambes, que son art a atteint sa perfection. Depuis plus d'une décennie, d'avril à juin, il est presque imbattable grâce à son énorme lift et à ses glissades: 473 matches gagnés sur 519 disputés, soit 91% de succès.

La presse espagnole applaudit le «dieu» Nadal après sa victoire à Roland-Garros

La presse espagnole ne tarit pas d'éloge sur son "Dieu" Rafael Nadal dans la foulée du 14e sacre du Majorquin à Roland-Garros, acquis dimanche aux dépens du Norvégien Casper Ruud 6-3, 6-3, 6-0.

"Nadal, un Dieu sur terre", a titré le quotidien Marca sur son site internet à l'issue du match, tandis que Mundo Deportivo s'extasie devant "le plus grand champion de l'histoire".

"Longue vie à Nadal", peut-on lire sur le site d'As, qui rappelle que le champion a remporté son 22e Majeur, "plus que quiconque dans l'histoire".

Pour l'édition en ligne de Sport, "Nadal refait l'histoire à Paris" et "personne ne peut lui tenir tête dans +sa maison+".

Bête de combat 

Ses triomphes parisiens, de 2005 à 2008, de 2010 à 2014, de 2017 à 2020 et donc en 2022, sont ses chefs-d'oeuvre. Aucun champion n'a jamais réussi à gagner autant de fois un même tournoi du Grand Chelem.

Personne non plus n'a jamais remporté 81 matches de suite sur terre battue, record établi entre avril 2005 et mai 2007, ni empilé 62 titres sur cette surface.

Né d'une mère commerçante et d'un père chef d'entreprise à Manacor, la troisième ville de Majorque, île à laquelle il reste passionnément attaché, Nadal a passé son enfance dans un immeuble où logeait toute sa famille. Ou plutôt son clan, tant un esprit de corps à la méditerranéenne soudait ses membres - à cet égard la séparation de ses parents, en 2009, a été une rude épreuve.

Ses oncles ont eu une importance décisive: Miguel Angel Nadal, le footballeur du FC Barcelone, qui lui a fait prendre conscience très jeune des exigences du sport professionnel, et surtout Toni, son mentor de l'âge de 4 ans jusqu'à 2018 (quand son compatriote et ami Carlos Moya a pris la relève).

Sous la férule de cet entraîneur, "le plus sévère qu'on puisse imaginer", le petit prodige a sué sang et eau au club de tennis juste en face de la résidence familiale. "Il me mettait une pression très forte, usait d'un langage brutal, criait souvent ; j'avais peur de lui", raconte le joueur.

D'après Toni, c'était le prix à payer pour transformer un garçon plutôt timide et craintif en bête de combat sur le court. Et aussi en gentleman : "interdiction absolue de jeter sa raquette".

Roland-Garros: des duels qui ont forgé la légende de Nadal

Rafael Nadal, roi de la terre battue, a remporté 14 de ses 22 titres du Grand Chelem à Roland-Garros, mais il a livré des combats épiques sur toutes les surfaces. En voici une sélection:

 

. Roland-Garros 2005: demi-finale gagnée contre Federer

En route pour le premier Majeur. Federer visait un cinquième titre du Grand Chelem, le premier à Paris. Mais ce jour-là, le jeune Espagnol qui avait enchaîné trois titres sur terre battue les semaines précédentes s'est fait un nom. Nadal a battu le Suisse 6-3, 4-6, 6-4, 6-3 en demi-finale, et s'est qualifié pour sa première finale majeure. Deux jours plus tard le Majorquin décrochait le premier de ses 22 titres en Grand Chelem.

 

. Wimbledon 2007: finale perdue contre Federer

Le tournant. Federer s'impose 7-6, 4-6, 7-6, 2-6, 6-2 pour son 5e titre consécutif à Wimbledon, mais à la suite de ce match, on se dit que Nadal est bien plus proche de battre Federer dans son jardin londonien que le Suisse de battre l'Espagnol sur la terre battue parisienne.

 

. Roland-Garros 2008: finale remportée contre Federer

Fessée. C'est la sévérité du score qui rend ce match incroyable: Nadal a joué quasiment à la perfection pour humilier le N.1 mondial 6-1, 6-3, 6-0.

 

. Wimbledon 2008: finale gagnée contre Federer

La victoire au crépuscule. La rivalité entre les deux hommes est déjà bien établie et l'Espagnol a failli faire chuter le Suisse en son royaume l'année précédente. Cette fois, après 4h48 d'une partie interrompue plusieurs fois par la pluie et alors que la nuit tombait, Nadal a remporté la balle de match à 21h16 sur le score de 6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7, mettant un terme à une série de cinq titres de Federer à Wimbledon. Cette rencontre est la plus célèbre de l'histoire du tennis avec le Borg-McEnroe de 1980, au même endroit.

 

. Open d'Australie 2009: finale gagnée contre Federer

Infatigable. Nadal remporte son premier titre à Melbourne en battant Federer 7-5, 3-6, 7-6(3), 3-6, 6-2 et près de 4h30 de tennis d'un très haut niveau. En demies, il avait déjà bataillé 5h14 pour écarter Fernando Verdasco. Vaincu, Federer n'a pu retenir ses larmes pendant la cérémonie de remise des trophées.

 

. US Open 2010: finale gagnée contre Djokovic

Le Majeur manquant. En 2010, l'US Open était le dernier qui manquait au palmarès de Nadal. Malgré la confiance accumulée grâce à sa victoire contre Roger Federer en demi-finale, Djokovic n'a pu arrêter l'Espagnol. Nadal s'est imposé 6-4, 5-7, 6-4, 6-2.

 

. Open d'Australie 2012: finale perdue contre Djokovic

La plus longue. Novak Djokovic s'est imposé 5-7, 6-4, 6-2, 6-7, 7-5 en 5 heures 53, ce qui en fait à ce jour la plus longue finale d'un tournoi du Grand Chelem. Le Serbe a conclu le lundi à 1h37 un match qui avait débuté dimanche soir.

 

. US Open 2019: finale gagnée contre Medvedev

Jamais vaincu. Après deux sets tranquillement gagnés, Nadal s'est fait surprendre par le retour d'un jeune Russe encore inconnu et au jeu étrange. Poussé au cinquième set, l'Espagnol prouve qu'il ne lâche jamais rien et s'impose en 4h51 d'un combat épique 7-5, 6-3, 5-7, 4-6, 6-4.

 

. Roland-Garros 2020: finale gagnée contre Djokovic

La leçon. L'édition du Majeur sur terre battue se joue en automne à cause de la pandémie de covid qui en a empêché la tenue au printemps. Des conditions humides, venteuses et froides sont autant d'obstacles sur la route d'un 13e titre parisien pour Nadal. Et l'on se dit que Djokovic tient sa chance de battre le roi de la terre en finale de "son" tournoi. En fait, l'Espagnol corrige le Serbe 6-0, 6-2, 7-5 et égale le record de 20 titres du Grand Chelem détenu depuis 2018 par Roger Federer.

 

. Roland-Garros 2021: demi-finale perdue contre Djokovic

La revanche. Djokovic joue le match de sa vie sur terre battue et s'impose 3-6, 6-3, 7-6, 6-2 au terme d'un match d'une qualité et d'une tension rarement égalées. Nadal confessera par la suite souffrir du pied et ne jouera plus que deux matches de la saison, déclarant forfait à Wimbledon et à l'US Open.

 

. Open d'Australie 2022: finale gagnée contre Medvedev

Renversant. Mené deux sets à rien face au Russe Daniil Medvedev, le Majorquin parvient à s'imposer 2-6, 6-7, 6-4, 6-4, 7-5 après 5h24 de jeu pour s'offrir un 21e titre historique en Grand Chelem. Il avait pourtant contracté le Covid-19 en décembre et manqué six mois de compétition en 2021 en raison de son pied gauche douloureux.

 

. Roland-Garros 2022: quart de finale gagné contre Djokovic

Implacable malgré les doutes. Nadal arrive à Roland-Garros en grand manque de préparation à cause de sa douleur au pied gauche (il reste sur une élimination en 8es de finale à Rome, l'un de ses deux seuls tournois joués sur terre avec celui de Madrid, où la douleur était devenue insupportable). En face, Djokovic est lui en forme ascendante, tout proche de son absolu meilleur niveau, et entend égaler le record de titres du Grand Chelem. Mais contre toute attente, c'est bien Nadal qui s'impose 6-2, 4-6, 6-2, 7-6 (7/4) et s'ouvre la voie d'un 14e titre sur la terre battue parisienne et d'un 22e Majeur.

«Immergé dans son tennis»

Moins doué techniquement que Federer - même s'il ne faut pas sous-estimer l'habileté de sa patte gauche, qu'il n'utilise que pour jouer au tennis, étant droitier - Nadal a triomphé grâce à son mental, à cette "capacité à accepter les difficultés et à les surmonter supérieure à celle de la plupart de (ses) rivaux", dit-il, et à son exceptionnel pouvoir de concentration, lorsqu'il est "entièrement immergé dans (son) tennis solitaire, avec un sentiment de vie intense".

Mais son corps a souvent été son pire ennemi. Dès 2006, il s'est cru perdu à cause d'une malformation congénitale (syndrome de Müller-Weiss) au pied gauche qui l'a obligé à porter des chaussures sur mesure. Cette douleur qui va et vient sans jamais disparaître est devenue franchement handicapante ces derniers mois. Au point que le doute plane sur son retour ou non en 2023.

Roland-Garros: Rafael Nadal à deux longueurs du record de Margaret Court

Rafael Nadal a décroché dimanche à Roland-Garros son 22e titre du Grand Chelem, améliorant son record de titres majeurs sur le circuit masculin, mais l'Espagnol est encore à deux longueurs de l'Australienne Margaret Court, 24 fois victorieuse en Grand Chelem.

 

24 titres en Grand Chelem: Margaret Smith Court (AUS)

23: Serena Williams (USA)

22: Steffi Graf (GER)

22: Rafael Nadal (ESP)

20: Novak Djokovic (SRB), Roger Federer (SUI)

19: Helen Wills Moody (USA)

18: Chris Evert (USA), Martina Navratilova (CZE/USA)

14: Pete Sampras (USA)

12: Roy Emerson (AUS), Billie Jean King (USA)

11: Bjorn Borg (SWE), Rod Laver (AUS)

10: Bill Tilden (USA)

9: Monica Seles (YOU/USA), Maureen Connolly (USA)

8: Ivan Lendl (CZE/USA), Jimmy Connors (USA), Andre Agassi (USA), Fred Perry (GBR), Ken Rosewall (AUS), Suzanne Lenglen (FRA), etc.

7: John McEnroe (USA), Mats Wilander (SWE), Henri Cochet (FRA), René Lacoste (FRA), Justine Hénin (BEL), Venus Williams (USA), etc.

6: Boris Becker (GER), Stefan Edberg (SWE), etc.

Des problèmes au genou et au poignet l'ont également tenu éloigné des courts pendant de longues périodes.

Cet homme immensément riche (près de 130,5 millions de dollars de gains, sans compter les revenus publicitaires) et célèbre se décrit comme un homme ordinaire qui n'aime rien tant qu'aller à la pêche avec ses amis, regarder des matches de football - qu'il préférait au tennis étant enfant - et passer du temps avec son épouse Francesca, une Majorquine dont il partage la vie depuis 2005.


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.