Dans les «  villes martyres » près de Kiev, on déblaie pour reconstruire

Zoya Potapova, retraitée de 63 ans, examine sa maison détruite à Horenka, au nord de Kyiv, le 3 juin 2022. Les habitants des zones au nord de Kiev, qui portent les stigmates de l'incursion russe, croient en la promesse du gouvernement de restaurer et reconstruire les biens immobiliers endommagés. (AFP).
Zoya Potapova, retraitée de 63 ans, examine sa maison détruite à Horenka, au nord de Kyiv, le 3 juin 2022. Les habitants des zones au nord de Kiev, qui portent les stigmates de l'incursion russe, croient en la promesse du gouvernement de restaurer et reconstruire les biens immobiliers endommagés. (AFP).
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Publié le Lundi 06 juin 2022

Dans les «  villes martyres » près de Kiev, on déblaie pour reconstruire

  • Selon une responsable de Gorenka, Tetiana Chepeleva, 1.000 dossiers ont déjà été remplis par des administrés au domicile rendu totalement ou partiellement insalubre
  • Les besoins sont immenses et fin mai, le Premier ministre Denys Chmygal a évalué le coût des destructions à 561 milliards d'euros à l'échelle du pays

GORENKA: Zoïa Potapova a planté des fleurs derrière les ruines de sa maison près de Kiev bombardée par Moscou en mars avant même d'avoir posé la première brique d'une reconstruction qu'elle espère rapide.

A l'image de cette retraitée, les habitants des territoires au nord de Kiev portant les stigmates du passage des Russes croient en la promesse du gouvernement, qui souhaite "restaurer le parc" immobilier "endommagé".

Mais à Gorenka, petite localité pilonnée lourdement au début de l'invasion du pays, l'heure est encore à la débrouille pour cette sexagénaire dont le mari a été tué.

"J'espère qu'on ne sera pas oubliés car on a fait beaucoup pour stopper la progression en direction de la capitale", lance en larmes à l'AFP la retraitée toute habillée de noir, dans les gravas où la suie dégage encore une forte odeur.

Gâchage du béton

En attendant, son grand potager est prometteur: sous les arbres fruitiers décapités par les éclats d'obus poussent rapidement dans les cendres des pommes de terres et des framboises.

Selon une responsable de Gorenka, Tetiana Chepeleva, 1.000 dossiers ont déjà été remplis par des administrés au domicile rendu totalement ou partiellement insalubre.

A la faveur des beaux jours, certains ont déjà commencé le gâchage du béton par eux-même, mais les bras et "les matériaux manquent" dans ce bourg qui comptait 10.000 habitants avant l'invasion.

Les besoins sont immenses et fin mai, le Premier ministre Denys Chmygal a évalué le coût des destructions à 561 milliards d'euros à l'échelle du pays.

Pour l'instant, dans les communes au nord de Kiev à nouveau accessibles depuis le printemps pour le gouvernement, l'AFP a constaté des déblayages nombreux et des opérations de déminage toujours en cours.

Le réseau d'électricité est progressivement rétabli et des travaux ont lieu sur un pont.

Une conférence doit avoir lieu les 4 et 5 juillet prochains en Suisse pour mobiliser des fonds à l'international en vue d'accélérer le mouvement.

A Boutcha, où des corps de civils ont été découverts après le retrait des troupes envoyées par le Kremlin, 600 familles cherchent un toit et on réquisitionne les locations saisonnières vacantes.

Avant le conflit, la ville était plaisante et appréciée par les vacanciers pour son calme et ses forêts de pin apaisantes.

Les premiers relogés s'installent aussi dans des containers gris déposés sur le parking d'un grand marché couvert qui n'est plus qu'un amas de tôle.

Récemment, le chef du gouvernement polonais Mateusz Morawiecki a inauguré le premier camp de déplacés installé à Borodianka, non loin de Gorenka.

Plusieurs de ces installations provisoires sont actuellement montées dans les endroits où les militaires russes sont accusés d'avoir commis des exactions, en prévision du prochain hiver à venir.

"C'est mis gratuitement à disposition par le gouvernement et "il y a de la place pour 92 familles", explique le maire de Boutcha Anatoli Fedorouk, 50 ans, en présentant des petits box d'une vingtaine de mètres carrés pouvant chacun accueillir quatre personnes.

Grâce à l'aide des Polonais en coopération avec le gouvernement ukrainien, il doit recevoir trois autres camps préfabriqués.

Réconfort

Oksana Polichtchouk découvre ces lieux d'une propreté impeccable, avec des toilettes désinfectées et des grands réfectoires aux murs colorés.

Bénéficiaire, elle a l'impression de renaître alors que son stand de produits alimentaires est parti en fumée il y a plus de deux mois juste à côté et qu'elle a miraculeusement survécu dans son immeuble à demi effondré.

Des écriteaux, pas encore accrochés sur les murs, dictent les nouvelles règles du vivre ensemble dans les parties communes: il faut se tenir les coudes, rester joyeux et espérer.

Un début de réconfort apprécié, avant de s'endormir sous les couvertures impersonnelles de l'Unicef, dans un univers aseptisé de plastique.

Mais la commerçante de 41 ans ne se voit pas, avec ses petits de six et neuf ans, rester dans la région.

"Je veux être dédommagée et reconstruire ma vie ailleurs", dit-elle en évoquant son actuel suivi psychologique et ses crises de panique. "Les Ukrainiens n'ont pas peur du chantier qui les attend", lâche-t-elle en se reprenant avant de dire au revoir.

"Tout ce qu'on avait avant, on va le récupérer. La seule chose qui compte, c'est de gagner cette guerre".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.