Liban: Hariri, pour la 4e fois Premier ministre, promet encore des réformes

M. Hariri doit entamer vendredi des consultations avec les blocs parlementaires pour former le gouvernement. (AFP).
M. Hariri doit entamer vendredi des consultations avec les blocs parlementaires pour former le gouvernement. (AFP).
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Publié le Vendredi 23 octobre 2020

Liban: Hariri, pour la 4e fois Premier ministre, promet encore des réformes

  • Trois fois Premier ministre du Liban, Saad Hariri a été une nouvelle fois chargé jeudi de former un gouvernement appelé à engager des réformes
  • Celles-ci ont longtemps ignorées par la classe dirigeante et devienne aujourd'hui inévitable pour tenter de sauver le pays de l'effondrement

BEYROUTH : Trois fois Premier ministre du Liban, Saad Hariri a été une nouvelle fois chargé jeudi de former un gouvernement appelé à engager des réformes longtemps ignorées par la classe dirigeante mais vitales pour enrayer l'effondrement économique du pays. 

M. Hariri, qui fait partie d'une classe politique conspuée par une grande partie de la population, avait démissionné il y a un an sous la pression d'un soulèvement populaire inédit qui protestait contre la crise économique et réclamait le départ de l'élite politique accusée de corruption et d'incompétence.

Le Liban est en plein marasme économique: effondrement de la monnaie nationale, restrictions bancaires inédites, licenciements, coupes salariales et services de base en déliquescence, et la moitié de la population vit dans la pauvreté. A cela s'ajoutent la crise sanitaire et l'explosion dévastatrice du 4 août au port de Beyrouth.

Après sa désignation par le président Michel Aoun, Saad Hariri, 50 ans, a promis de former "rapidement" "un gouvernement d'experts" qui ne seraient pas issus de partis politiques, pour lancer "des réformes économiques, financières et administratives" en accord avec "l'initiative française"

"Le temps presse. Le pays est confronté à son unique et dernière chance", a lancé M. Hariri.

Avant de débloquer des aides financières vitales, la communauté internationale, dont la France, veut voir le Liban adopter de véritables réformes, toujours boudées par les dirigeants.

Venu à deux reprises au Liban après l'explosion au port de Beyrouth, le président français Emmanuel Macron a lancé un plan de sortie de crise, réclamant un gouvernement "d'indépendants".

 "Scepticisme"

Mais le coordinateur spécial de l'ONU pour le Liban, Jan Kubis, ne semblait pas très optimiste après la désignation de M. Hariri. "Ce sont les forces politiques traditionnelles qui encore une fois ont choisi la marche à suivre, malgré leurs nombreux échecs du passé, et le profond scepticisme quant à l'avenir."

M. Hariri doit entamer vendredi des consultations avec les blocs parlementaires pour former le gouvernement.

Mais dans ce pays multiconfessionnel, les politiciens sont abonnés aux marchandages interminables sur la répartition des portefeuilles, qui peuvent durer des mois.

M. Hariri a obtenu l'appui de la plupart des députés sunnites et de la formation du chef druze, Walid Joumblatt. Le bloc du mouvement armé pro-iranien Hezbollah, poids lourd de la politique libanaise, n'a pas publiquement émis de préférence mais son allié, le parti Amal, a soutenu la désignation de M. Hariri, laissant croire à son accord tacite.

A l'étranger, l'Union européenne a souligné "la nécessité de former rapidement un gouvernement crédible, qui répond de ses actes".

Le secrétaire d'Etat adjoint américain pour le Moyen-Orient David Schenker a dit, lui, que tout nouveau gouvernement devrait lancer des réformes et que son pays continuerait à cibler par des sanctions le Hezbollah et ses alliés libanais.

 "Impossible"

Après la démission en octobre 2019 du gouvernement Hariri, celui de Hassan Diab lui a succédé sans parvenir à lancer les réformes. Ce dernier a aussi démissionné dans la foulée du drame du 4 août qui a fait plus de 200 morts et des milliers de blessés, mais a dû continuer à gérer les affaires courantes.

La déflagration est partie d'un entrepôt où était stockée depuis plus de six ans et "sans mesures de précaution" une énorme quantité de nitrate d'ammonium, de l'aveu même des autorités.

Plus de deux mois plus tard, l'enquête locale n'a pas apporté de "résultats crédibles", a déploré Human Rights Watch (HRW) craignant des "ingérences politiques" et des "défaillances" du système judiciaire qui rendent "vraisemblablement impossible" une investigation "crédible et impartiale".

Alors que les défis qui attendent le nouveau gouvernement sont colossaux, le processus de négociations entre le Liban et le Fonds monétaire international lancé en mai en vue d'un plan de sauvetage d'environ 10 milliards de dollars, est aujourd'hui au point mort

"Si le Liban ne mène pas les réformes qu'il convient de mener, alors c'est le pays lui-même qui risque la dislocation", a averti mercredi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian

A Tripoli, ville du nord du Liban, des partisans de Saad Hariri ont tiré en l'air pour célébrer sa nomination. Selon une source médicale, trois personnes ont été blessées. 


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.