BCE: veillée d'armes avant la sortie annoncée des taux négatifs

 La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, s'exprime à la Brookings Institution le 12 avril 2012 à Washington, DC. (Photo de CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, s'exprime à la Brookings Institution le 12 avril 2012 à Washington, DC. (Photo de CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)
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Publié le Lundi 06 juin 2022

BCE: veillée d'armes avant la sortie annoncée des taux négatifs

  • Ce contexte d'incertitude place la BCE devant un choix cornélien. Ne pas relever les taux risquerait d'alimenter un peu plus les tendances inflationnistes
  • Les relever trop vite pourrait précipiter la récession, en pesant sur la capacité d'emprunt des ménages et des entreprises

FRANCFORT : Le choc d'inflation a eu raison du soutien à l'économie : la Banque centrale européenne va préparer le terrain jeudi à la sortie de sa politique controversée de taux négatifs, en commençant par remballer son dernier outil de rachat de dettes.

La réunion du Conseil des gouverneurs, exceptionnellement délocalisée à Amsterdam, devrait amorcer un tournant historique après des années de politique d'argent pas cher et abondant.

Certes minoritaires dans les instances de décision de la BCE, les "faucons", partisans d'un resserrement des vannes du crédit, ont réussi ces derniers temps à imposer leur vue sur la nécessité d'agir avec détermination contre la forte inflation.

Le moment choisi est grave, en pleine flambée des prix aggravée par la guerre en Ukraine et qui grignote le pouvoir d'achat, sur fond de croissance atone, en France comme en Allemagne.

Ce contexte d'incertitude place la BCE devant un choix cornélien. Ne pas relever les taux risquerait d'alimenter un peu plus les tendances inflationnistes, notamment via les revalorisations salariales.

Les relever trop vite pourrait précipiter la récession, en pesant sur la capacité d'emprunt des ménages et des entreprises.

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Évolution des taux de refinancement et de dépôt de la Banque centrale européenne depuis 2008 / AFP / Patricio ARANA AND Paz PIZARRO

Même si le choc d'inflation n'a pas la même intensité dans tous les pays de la zone euro, l'unanimité entre gouverneurs de banques centrales s'est faite pour ressortir l'arme des taux d'intérêt.

Impossible de rester les bras croisés face à une inflation qui a atteint 8,1% sur un an en mai en zone euro. Du jamais vu depuis l'instauration de la monnaie unique et un niveau quatre fois supérieur à l'objectif de la BCE fixé à 2%.

Le débat ne porte désormais que sur l'amplitude du cycle de hausse, alors que les taux n'ont pas été augmentés depuis 2011.

Fin du «QE» en juillet

D'autres banques centrales confrontées à une forte inflation, la Fed américaine et la Banque d'Angleterre, ont déjà engagé un cycle de hausse des taux.

Côté BCE, la communication fin mai de la présidente Christine Lagarde a clarifié les intentions de l'institut.

Dans une tribune remarquée, la Française a estimé "approprié que la politique (monétaire, ndlr) revienne à des paramètres plus normaux" face à une inflation appelée à durer.

Elle a aussi dessiné la feuille de route des mois à venir.

La réunion de jeudi devrait acter la fin "au début du troisième trimestre", soit début juillet, des rachats nets de dette sur le marché, a-t-elle écrit.

Cette arme non conventionnelle utilisée à partir de 2015 n'a plus de raison de durer. En achetant des actifs (notamment des titres de dette publique) sur les marchés, la BCE a maintenu ces derniers années des taux d'intérêt plancher, permettant aux ménages, entreprises et États de se financer à de bonnes conditions.

L'acte deux de la normalisation interviendra en juillet pour décider la fin des taux d'intérêt négatifs "d'ici la fin du troisième trimestre", a ajouté l'ancienne ministre française de l'Économie.

Selon cette politique entamée en 2014 et qui a suscité des flots de critiques, en Allemagne surtout, les banques sont taxée - de -0,5% à ce jour -  sur leurs dépôts confiés aux banques centrales, afin de les inciter à les distribuer en crédits.

Taux : quel rythme de hausse ?

Pour ramener ce taux à zéro, une hausse de 0,25% en juillet suivie d'une autre de 0,25% en septembre est le scénario de "référence" selon Philip Lane, chef économiste de la BCE, dont la voix pèse dans la discussion.

Certains "faucons" verraient bien la BCE frapper plus fort d'entrée, avec une hausse des taux de 50 points de base dès juillet.

En tout état de cause, les nouvelles prévisions économiques publiées jeudi, en prenant en compte la guerre en Ukraine, aideront pour définir la tonalité du revirement monétaire.

L'Europe, plus exposée aux conséquences de la guerre en Ukraine, a une "très forte probabilité" d'entrer en "récession", a averti Jane Fraser, patronne de la banque américaine Citigroup, à Francfort.

Une récession "gérable" selon elle, car non structurelle. La BCE a raison de relever ses taux, a-t-elle ajouté, pour empêcher que l'inflation ne se "transforme en spirale" entre prix et salaires.

De la déflation au choc énergétique: le grand écart de la BCE

L'actuelle flambée des prix en zone euro, aggravée par la guerre en Ukraine, contraint la Banque centrale européenne à accélérer le retrait de ses soutiens à l'économie, en planifiant une hausse de ses taux, probablement cet été.

Il y a moins de dix ans, l'institut de Francfort avait dû employer les grands moyens pour éloigner le spectre de la déflation. Il doit désormais tenter de ramener l'inflation dans la cible visée de 2%, un pari non sans risques.

La bataille contre la déflation

En 2014, la courbe des prix est désespérément plate, flirtant avec la déflation, un poison pour l'économie car cela perturbe les comportements des consommateurs et des entreprises.

La BCE décide donc début 2015 un "assouplissement quantitatif" à l'américaine, une politique monétaire par laquelle une banque centrale rachète massivement de la dette publique ou d'autres actifs financiers afin d'injecter de l'argent dans l'économie.

Face à la pandémie de coronavirus, elle renforce encore son intervention: un nouveau bazooka, le "programme de rachat d'urgence face à la pandémie" (PEPP), a ainsi permis de mars 2020 à mars 2022 d'injecter 1 850 milliards d'euros pour racheter de la dette.

Depuis 2014, ce sont plus de 5 000 milliards de dettes d'États et d'entreprises qui ont été ramassés sur les marchés par la BCE. Ce montant colossal a permis d'abaisser les coûts d'emprunt, pour relancer la consommation et les investissements.

Mais ces mesures n'ont que marginalement agi sur les prix, la BCE voyant toujours lui échapper son objectif de 2%. Jusqu'à ce que la guerre en Ukraine ne change radicalement la donne.

Que faire face au nouveau choc d'inflation ?

Longtemps la BCE a jugé temporaire la remontée d'inflation liée aux perturbations des chaînes d'approvisionnement, au moment où l'économie repartait après le choc du Covid-19.

Mais l'invasion russe de l'Ukraine a aggravé le phénomène tout en le généralisant: à la flambée des tarifs de l'énergie s'ajoute celle des prix alimentaires, sur lesquels la BCE n'a pas d'influence.

Malgré tout, il est acquis qu'une hausse des taux d'intérêt va démarrer cet été, avec la sortie de l'ère des taux négatifs prévue en septembre.

Cela va renchérir le crédit, la BCE espérant que cela abaisse les pressions inflationnistes, alors que l'agrégat en zone euro évolue à un niveau record supérieur à 8% sur un an en mai.

Si les attentes d'inflation se stabilisent à 2% sur le moyen terme, cela permettra à la BCE d'évoluer vers ce qu'on appelle le taux d'intérêt neutre, parfois appelé taux d'intérêt naturel: il est censé soutenir l'économie sans créer de surchauffe sur les prix.

Les niveaux de taux naturel, obtenus en soustrayant l'inflation du taux nominal "devraient être proches de zéro, même négatifs selon de nombreux calculs", a récemment expliqué Philip Lane, chef économiste de la BCE.

En d'autres termes, pour une inflation attendue à 2%, le taux nominal fixé par la BCE devrait se situer entre 0% et 2%.

Voilà pour la théorie. Car le succès de cette feuille de route "dépendra de la guerre en Ukraine, de la volatilité du marché obligataire en périphérie, des changements dans l'impulsion budgétaire des États et du rythme du resserrement de la Fed américaine", explique Frederik Ducrozet, chef économiste chez Pictet Wealth Management.

Quels sont les risques pour les pays fragiles ?

La BCE veut stopper en juillet son dernier programme de rachat d'actifs encore en vigueur, tout en pariant que cela ne dégradera pas les conditions financières en zone euro.

L'écart entre les rendements des obligations d'État de pays très endettés, comme l'Italie, et ceux de l'Allemagne servant de référence, s'est récemment creusé mais reste éloigné des niveaux ayant enclenché la crise de la dette des années 2010.

Certains mettent néanmoins en garde contre le risque de voir un nouveau déséquilibre en zone euro si les pays les plus endettés commencent à inquiéter les investisseurs et les marchés.

Si les tensions devaient s'accentuer, la BCE a déjà évoqué la possibilité de mettre en place un "instrument anti-fragmentation", qu'elle n'a pas détaillé.

A condition, prévient Gilles Moec, chef économiste chez AXA, qu'un "accord politique au conseil des gouverneurs sur sa définition puisse être trouvé."


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.


Quatre banques françaises accusées par des ONG de financer la déforestation en Amazonie

Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil. (AFP)
Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil. (AFP)
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  • Entre janvier 2024 et août 2025, BNP Paribas, Crédit Agricole et le groupe BPCE ont été impliqués conjointement dans trois opérations (prêt ou obligation) avec Bunge pour un montant total de 4,3 milliards de dollars, a relevé Reclaim Finance
  • BNP Paribas a également prêté 1,5 milliard de dollars à Cargill en octobre 2024 et la Société Générale a participé à une opération de prêt à Bunge de 3,2 milliards de dollars en mars 2024, toujours selon les ONG

PARIS: Les ONG Reclaim Finance et Canopée ont pointé du doigt jeudi les groupes bancaires BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole et Société Générale pour leurs prêts à deux négociants de soja, dont Cargill, accusés de se fournir auprès de fermiers qui ont déforesté au Brésil.

Les deux négociants, les géants de l'agroalimentaire américains Bunge et Cargill, ont cumulé 200 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2024.

Les ONG ont comparé la localisation des zones déforestées en Amazonie, cartographiées par le réseau MapBiomas, qui surveille par satellite l'occupation des sols, et celle des entrepôts de Bunge et Cargill, recensés par les cadastres brésiliens.

Les associations ont remarqué qu'à 273 reprises, ces silos étaient situés à moins de 50 kilomètres de fermes implantées sur des champs déforestés, suggérant que Bunge et Cargill s'y approvisionnent.

Or, entre janvier 2024 et août 2025, BNP Paribas, Crédit Agricole et le groupe BPCE ont été impliqués conjointement dans trois opérations (prêt ou obligation) avec Bunge pour un montant total de 4,3 milliards de dollars, a relevé Reclaim Finance.

BNP Paribas a également prêté 1,5 milliard de dollars à Cargill en octobre 2024 et la Société Générale a participé à une opération de prêt à Bunge de 3,2 milliards de dollars en mars 2024, toujours selon les ONG.

BNP Paribas a indiqué à l'AFP que ses clients devaient avoir mis en oeuvre l'objectif "zéro déforestation" d'ici à fin 2025. "La conformité des clients avec cette politique sera évaluée (...) courant 2026", a indiqué à l'AFP la banque.

En l'occurrence Bunge et Cargill ont pris des engagements pour éliminer la déforestation d'ici à fin 2025.

Côté Société Générale, leur politique de lutte contre la déforestation "inclut des critères d'exclusion spécifiques pour les clients opérant dans les chaînes de valeur du soja en Amérique du Sud", a affirmé à l'AFP l'entreprise.

Crédit Agricole a également indiqué avoir pris des engagements "zéro déforestation", et suivre leur mise en oeuvre auprès des clients.

Le groupe BPCE a lui critiqué vivement le travail des deux ONG, fustigeant des "chiffres invérifiables, sans méthodologie explicite", ni "preuve apportée", et ajoute qu'il "publiera sa démarche sur la déforestation fin 2025".

L'Amazonie joue un rôle majeur contre le réchauffement climatique via l'absorption de carbone. C'est un des principaux thèmes de la COP30 à Belém, au Brésil, qui s'achève vendredi.

Un moratoire signé en 2006 bannit la commercialisation du soja issu de terres déboisées en Amazonie après 2008.

 


Forum sur l'investissement Arabie saoudite - États-Unis: des milliards d'euros de transactions privées, un partenariat technologique et énergétique renforcé

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Trump ont salué le renforcement du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en annonçant de nouveaux accords d'investissement substantiels. (AFP)
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Trump ont salué le renforcement du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en annonçant de nouveaux accords d'investissement substantiels. (AFP)
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  • La coopération technologique, y compris l'intelligence artificielle et la fabrication avancée, est apparue comme un pilier central du partenariat en pleine évolution
  • Les chefs d'entreprise ont exprimé leur optimisme quant à l'élargissement des opportunités, considérant le partenariat comme une plateforme de croissance dans les secteurs à forte valeur ajoutée

WASHINGTON D.C. L'élan économique généré par la rencontre à la Maison Blanche entre le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Donald Trump mardi s'est rapidement déplacé vers le Forum d'investissement américano-saoudien au Kennedy Center à Washington.

C'est là, mercredi, que les accords gouvernementaux de haut niveau annoncés dans le bureau ovale et lors d'un dîner de gala de la Maison-Blanche la veille se sont rapidement traduits par des accords concrets avec le secteur privé, d'une valeur de plusieurs milliards.

Le forum, organisé par le ministère des investissements d'Arabie saoudite sur le thème "Leadership for Growth : Renforcer le partenariat économique entre l'Arabie saoudite et les États-Unis", a rassemblé des hauts fonctionnaires, des investisseurs et des PDG de certaines des entreprises américaines les plus puissantes.
S'adressant au forum mercredi après-midi, le prince héritier a déclaré que les bases d'un partenariat plus fort entre l'Arabie saoudite et les États-Unis avaient été jetées et que d'autres accords d'investissement dans les domaines de la défense, de l'énergie, de l'IA et des services financiers pouvaient être attendus.

Dans ses propres remarques, le président Trump a déclaré que 270 milliards de dollars d'accords et de ventes étaient signés entre des dizaines d'entreprises. Il a fait l'éloge du prince héritier, le qualifiant de dirigeant audacieux qui s'est engagé dans la relation entre l'Arabie saoudite et les États-Unis.

M. Trump a également déclaré qu'il commencerait à "travailler" sur la guerre au Soudan après que le prince héritier lui a demandé d'aider à mettre fin au conflit, qui fait rage depuis avril 2023 et qui a pris une tournure plus sombre le mois dernier après la chute d'El-Fasher.

"Sa majesté aimerait que je fasse quelque chose de très puissant en rapport avec le Soudan. Ce n'était pas dans mon programme, je pensais que c'était quelque chose de fou et d'incontrôlable", a déclaré M. Trump.

"Mais je vois à quel point c'est important pour vous, et pour beaucoup de vos amis dans cette salle, le Soudan. Et nous allons commencer à travailler sur le Soudan".

Lors de l'ouverture du forum mercredi matin, le ministre saoudien de l'investissement, Khalid Al-Falih, a souligné l'ampleur de la coopération entre l'Arabie saoudite et les États-Unis, annonçant que l'événement donnerait lieu au lancement "d'accords commerciaux révolutionnaires d'une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars".

"Hier, à la Maison Blanche, nous avons assisté à la signature d'une série d'accords stratégiques G2G dans plusieurs secteurs verticaux, notamment la défense, l'IA, les chaînes d'approvisionnement en minerais et en métaux critiques, entre autres", a déclaré M. Al-Falih.

Il a déclaré que la visite du prince héritier à Washington démontrait "la force du partenariat entre l'Arabie saoudite et les États-Unis et notre ambition commune."

M. Al-Falih a ajouté qu'une "étape importante" avait été franchie lors de la discussion de mardi concernant le "cadre stratégique américano-saoudien sur l'accélération des investissements, un mécanisme qui soutient les approbations d'investissements en temps opportun entre nos deux pays".

"Aujourd'hui, nous assisterons également, une fois de plus, au lancement d'accords commerciaux révolutionnaires d'une valeur de plusieurs centaines de milliards de dollars, soulignant ainsi la force de notre partenariat et de notre ambition commune."

Le ministre de l'investissement a souligné que les États-Unis sont le premier investisseur étranger en Arabie saoudite, "un dollar sur quatre investis par des investisseurs internationaux dans le Royaume d'Arabie saoudite provenant des États-Unis".

Le secrétaire américain au commerce, Howard Lutnick, qui s'est adressé au forum après M. Al-Falih, a ajouté que les accords récemment finalisés "ouvrent la voie aux entreprises américaines pour qu'elles deviennent des leaders mondiaux (en) matière d'innovation, de sécurité et de déploiement".

L'événement a été conçu pour consolider les dimensions économiques de l'alliance en alignant les ambitions d'investissement saoudiennes - en particulier celles qui sont à l'origine de la transformation Vision 2030 - sur l'innovation et la technologie américaines.

Il a souligné l'importance stratégique de la technologie, en particulier de l'intelligence artificielle, en tant que pierre angulaire du nouveau partenariat.

Après la signature officielle du partenariat stratégique sur l'intelligence artificielle entre le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, et le secrétaire d'État américain Marco Rubio, les deux parties ont affirmé qu'il s'agissait d'une étape historique pour faire progresser l'innovation et le progrès technologique.

Ce partenariat vise à tirer parti des avantages concurrentiels de l'Arabie saoudite en termes de terres disponibles, de ressources énergétiques et de situation géographique pour créer des pôles technologiques d'intelligence artificielle répondant à la demande locale, régionale et mondiale.

La collaboration englobe la fourniture de semi-conducteurs avancés, le développement d'applications et d'infrastructures d'IA avancées, le renforcement des capacités nationales et l'expansion des investissements à forte valeur ajoutée.

Le secteur privé a immédiatement tiré parti de cette orientation en créant d'importantes coentreprises. Advanced Micro Devices, Cisco Systems et la startup saoudienne Humain ont annoncé la création d'une coentreprise pour construire des centres de données au Moyen-Orient.

Cette initiative débutera par un projet de centre de données de 100 mégawatts en Arabie saoudite.

Le PDG de Humain, Tareq Amin, a confirmé que la startup de vidéo générative Luma AI a déjà signé un contrat pour acheter la totalité de la capacité de ce premier cluster, dont la construction est prévue pour 2026 et qui utilisera une énergie entièrement renouvelable.

La coentreprise vise à construire jusqu'à un gigawatt de nouveaux centres de données d'ici 2030 pour desservir un marché massif couvrant l'Asie, l'Europe, l'Inde, le Moyen-Orient et l'Afrique.

Elon Musk, PDG de Tesla, et Jensen Huang, PDG de Nvidia, ont également participé à une discussion sur les progrès de l'IA. Elon Musk a confirmé par la suite que son entreprise d'IA, XAI, et l'Arabie saoudite travaillaient sur un projet de 500 mégawatts avec Nvidia.

En marge du forum, Wassim Chourbaji, président du Moyen-Orient et de l'Afrique pour Qualcomm, a déclaré à Arab News : "L'ambiance est très positive. Le partenariat est excellent et solide. Je vois des opportunités à long terme.

"Dans le cas de Qualcomm, nous avons annoncé la création d'un centre d'ingénierie de l'IA dans les locaux de Humain. Nous avons annoncé un partenariat avec Humain et Adobe pour exécuter tout le contenu créatif sur notre solution de centre de données avec Humain.

"Nous avons annoncé précédemment la mise en place de nos puces et solutions d'IA les plus avancées avec Humain dans le Royaume d'Arabie saoudite pour construire ce que l'on appelle l'IA hybride... Et l'autre partie est la partie industrielle, où l'IA transforme les industries, y compris le pétrole et le gaz."

Le secteur de l'énergie, qui constitue traditionnellement le socle de la relation, a connu un regain d'intérêt pour les investissements à long terme. Amin Nasser, PDG du géant pétrolier saoudien Aramco, a annoncé que l'Arabie saoudite signerait des accords dans le secteur de l'énergie avec les États-Unis pour un montant de 30 milliards de dollars.

En outre, un accord important a été annoncé pour sécuriser les chaînes d'approvisionnement en minerais essentiels, un pilier clé de la Vision 2030.

MP Materials, qui exploite la seule mine américaine de terres rares, s'associe au ministère américain de la défense et à la société minière saoudienne Maaden pour construire une raffinerie de terres rares en Arabie saoudite.

Cette coentreprise vise à développer le traitement au Moyen-Orient de ces minéraux critiques, qui sont essentiels pour les avions de chasse, les véhicules électriques et d'autres technologies clés.

La Chine domine actuellement le raffinage mondial, et cette nouvelle installation représente un effort coordonné pour trouver d'autres sources d'approvisionnement stables.

En vertu de l'accord, l'entreprise commune entre MP et le ministère américain de la défense détiendra une participation combinée de 49 % dans la raffinerie saoudienne, Maaden détenant les 51 % restants.

L'installation raffinera des terres rares lourdes et légères qui seront utilisées par les industries manufacturières et de défense américaines et saoudiennes et vendues aux pays alliés.

De plus petites entreprises étaient également représentées au forum afin de trouver des moyens de pénétrer le marché saoudien dans des domaines aussi divers que le sport et le divertissement.

Nicholas Cooper, fondateur et PDG de Convergenz, société spécialisée dans les infrastructures de divertissement et de création, a déclaré à Arab News : "Il est très excitant d'être présent au forum d'investissement pour une raison essentielle.

"Je pense que beaucoup de gens sont venus en Arabie saoudite pour prendre, et mon objectif est de pouvoir apporter une valeur ajoutée.

"Je reconnais qu'il existe actuellement un positionnement unique permettant de jeter un pont entre les mondes de la technologie, du style de vie et du divertissement, et de contribuer réellement à influencer la culture. Mais surtout, j'aimerais apporter une valeur ajoutée à la prochaine génération.