Législatives: La Macronie et la Nupes à couteaux tirés

Jean-Luc Mélenchon et la Nupes tiendront mardi une conférence de presse pour présenter leurs propositions économiques (Photo, AFP).
Jean-Luc Mélenchon et la Nupes tiendront mardi une conférence de presse pour présenter leurs propositions économiques (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 07 juin 2022

Législatives: La Macronie et la Nupes à couteaux tirés

  • Le patron de La République en marche, Stanislas Guérini, a appelé lundi à faire campagne «encore plus fort» en vue du premier tour dimanche
  • Les candidats de la macronie sont arrivés majoritairement en tête chez les Français de l'étranger mais la Nupes a réalisé une percée

PARIS: A cinq jours du premier tour des législatives, la campagne tourne au vinaigre entre les camps d'Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon qui a fait une percée dans le vote des Français de l'étranger.

Le ton n'a cessé de monter pendant tout le week-end de Pentecôte, la cheffe de file du RN Marine Le Pen revenant dans l'arène pour attaquer à la fois Emmnanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon avec qui elle se dispute la place de premier opposant.

Le patron de La République en marche, Stanislas Guérini, a appelé lundi à faire campagne "encore plus fort" en vue du premier tour dimanche.

"Maintenant il faut gagner. On doit se rassembler face au cartel mélenchoniste", a insisté Stanislas Guérini, pour qui la Nupes, "c'est la soumission à Jean-Luc Mélenchon" et "la sortie déguisée de l'Europe, la sortie de l’Otan" et "du nucléaire".

Emmanuel Macron devrait faire plusieurs déplacements cette semaine pour "illustrer les priorités du quinquennat", axés "sur la jeunesse et sécurité du quotidien" après la santé et l'éducation la semaine passée, a indiqué son entourage à l'AFP.

La Première ministre Elisabeth Borne donnera elle une longue interview à France Bleue après un week-end de campagne dans sa circonscription du Calvados, accompagnée samedi d'Edouard Philippe.

Les candidats de la macronie sont arrivés majoritairement en tête chez les Français de l'étranger mais la Nupes a réalisé une percée, en se qualifiant dans 10 circonscriptions sur 11, au lieu de 5 en 2017.

Illustration de cette dynamique, un pilier de la macronie et député sortant, Roland Lescure, est arrivé en tête (35,08%) mais avec 22 points de moins qu'en 2017 et talonné par la candidate de la Nupes Florence Roger (33%).

Après cette avancée, Manuel Bompard, bras droit de Jean-Luc Mélenchon, a répété "croire fort" à la possibilité d'une majorité de la Nupes à l'Assemblée, pour que M. Mélenchon devienne "Premier ministre".

Il a adressé une réponse peu amène à Emmanuel Macron qui a affirmé qu'"aucun parti politique ne peut imposer un nom au président": "si bonhomme, tu vas le nommer!", a affirmé le bras droit de Jean-Luc Mélenchon.

Une envolée qui a immédiatement déclenché l'ire des macronistes, à commencer par la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire. "Vous bafouez sans vergogne le respect républicain le plus élémentaire", a-t-elle jugé sur Twitter.

Appels à la mobilisation

Jean-Luc Mélenchon s'est attiré de nouvelles foudres en tweetant "la police tue" après un contrôle à l'issue duquel une passagère a été tuée par des tirs policiers samedi à Paris.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est insurgé contre ces déclarations, estimant qu'insulter les forces de l'ordre "déshonore ceux qui veulent gouverner".

Marine Le Pen a elle aussi vivement attaqué son rival de gauche: "A quelques jours de sa retraite politique, il fait donc le choix du déshonneur en rompant définitivement avec les valeurs de la République française", a cinglé Mme Le Pen.

La finaliste de la présidentielle a également visé le président réélu, assurant dimanche qu'il était "encore temps d'empêcher Macron de disposer de tous les pouvoirs" et de "vaincre la malédiction d'un mode de scrutin injuste, qui maintient en place un système vermoulu", multipliant les appels à la mobilisation.

"Non seulement allez voter mais donnez-moi 100 à 150 députés. Aidez-moi à vous aider", a-t-elle plaidé alors que son électorat, classes populaires et jeunes en tête, est plus enclin que d'autres à s'abstenir et que jusqu'à présent elle ne parlait que de 15 voire 60 députés.

La candidate d'extrême droite sera dans le Loiret mardi pour soutenir le candidat RN Thomas Ménagé, en position de l'emporter face... à l'ancien ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer.

L'ex-ministre s'est fait asperger samedi de crème chantilly par deux enseignants et a reçu le soutien de la classe politique qui dénonce les violences régulières à l'encontre d'élus.

Poursuivis pour "violences en réunion n'ayant pas entraîné d'incapacité totale de travail", les deux enseignants ont expliqué à l'AFP ne pas avoir prémédité leur acte et dénoncent sur Twitter une Education nationale "en chute libre" alors que M. Blanquer "a lui son parachute pour les législatives".

Jean-Luc Mélenchon et la Nupes tiendront mardi une conférence de presse pour présenter leurs propositions économiques.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».