Colombie : la présidentielle «entre les mains des femmes»

Marelen Castillo, colistière du candidat colombien indépendant à la présidentielle Rodolfo Hernandez, salue ses partisans lors d'un rassemblement électoral à Cali, en Colombie, le 6 juin 2022 (Photo, AFP).
Marelen Castillo, colistière du candidat colombien indépendant à la présidentielle Rodolfo Hernandez, salue ses partisans lors d'un rassemblement électoral à Cali, en Colombie, le 6 juin 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 07 juin 2022

Colombie : la présidentielle «entre les mains des femmes»

  • «Notre campagne est entre les mains des femmes»
  • «Les femmes sont plus travailleuses, plus concentrées, ont plus de réserves morales, et par dessus tout, plus efficaces»

BOGOTA: Au coude-à-coude, les deux qualifiés au second tour de la présidentielle du 19 juin en Colombie multiplient déclarations et propositions en faveur des droits des femmes, au coeur de l'attention et qui pourraient bien faire la différence dans les urnes.

"Notre campagne est entre les mains des femmes", a annoncé clairement le sénateur de gauche Gustavo Petro, 62 ans, arrivé en tête (40%) du premier tour le 29 mai.

"La posture de l'autre candidat [l'indépendant Rodolfo Hernandez] sur ce thème est profondément rétrograde, presque au niveau des talibans", accuse M. Petro dans un entretien publié par le quotidien El Espectador.

"Comment avoir la démocratie si la moitié de la population est assujettie !", ajoute-t-il, dans une claire attaque contre son adversaire qu'il taxe de "machisme".

Vert Petro

Qualifié surprise du premier tour après une ascension météorique surfant sur un discours anti-corruption, M. Hernandez, un homme d'affaires ayant fait fortune dans l'immobilier, menace très sérieusement Gustavo Petro.

Ce dernier, qui ambitionne de devenir le premier président de gauche de l'histoire récente du pays, cherche désormais le meilleur angle d'attaque pour déstabiliser cet inattendu et inclassable rival.

La semaine dernière, l'offensive de charme de M. Petro auprès des femmes était particulièrement ciblée sur les organisations féministes, avec lesquelles il a eu maille à partir après avoir soutenu un candidat de son camp accusé d'agression sexuelle, dans une affaire ensuite été classée sans suite.

Lors d'une rencontre à Bogota avec 36 de ces organisations, l'opposant et ex-guérillero a promis qu'il ferait appliquer l'arrêt constitutionnel dépénalisant l'avortement jusqu'à 24 semaines, l'un des délais les plus souples d'Amérique latine.

"L'avortement est une décision libre des femmes et donc il ne devrait pas y avoir de sanction sociale", a déclaré sous les applaudissements le candidat, un foulard vert, symbole des pro-choix, noué autour du cou.

Marié trois fois et père de six enfants, il a également plaidé pour que la lutte contre les crimes contre les femmes soient considérés comme "la priorité du code pénal".

Et les organisations de défense des droits des femmes présentes ce soir-là de se féliciter, à l'image de Juliana Martinez, directrice de l'ONG Artemisas, de "jouer désormais un rôle décisif dans ces élections".

Lors de sa campagne, le candidat de gauche avait déjà capitalisé sur ces thèmes en choisissant comme co-listière Francia Marquez, une charismatique militante féministe Afro-colombienne.

«Dilemme»

Coutumier des déclarations fracassantes, son rival M. Hernandez a déjà suscité l'ire de ces mêmes organisations, en jugeant par exemple que "l'idéal serait que les femmes se consacrent à l'éducation des enfants", ou en exprimant son désaccord avec la criminalisation des féminicides, alors que quelque 600 femmes sont assassinées dans le pays chaque année.

"Il y a beaucoup de femmes du centre et du centre-droit qui font face à un dilemme pour savoir ce qui pèse le plus : leur résistance à M. Petro ou leur peur d'un candidat qui, comme Rodolfo Hernandez, représente le passé patriarcal", a estimé la chroniqueuse Yolanda Ruiz dans El Espectador.

Ces derniers jours, le candidat de 77 ans, marié depuis une quarantaine d'années et père de cinq enfants (dont deux adoptés), a réfuté ces accusations. Reconnaissant "avoir grandi dans une ambiance machiste", il dit en "avoir corrigé" les effets.

"Les femmes sont plus travailleuses, plus concentrées, ont plus de réserves morales, et par dessus tout, plus efficaces", assure-t-il, rappelant qu'à la tête de sa mairie de Bucaramanga (nord-est), "deux directions sur trois étaient dirigées par des femmes".

"L'aide à l'avortement dans les délais prévus sera maintenu", a affirmé M. Hernandez au lendemain du premier tour.

Lundi, son équipe a publié "10 propositions pour les femmes", insistant sur la nécessité, "avant de créer de nouvelles lois, de déjà mettre en oeuvre celles qui existent", notamment sur l'égalité de rémunération.

M. Hernandez entend "encourager l'autonomie économique" des femmes et promets un ambitieux programme "contre les violences de genre" et pour "mieux concilier vie de famille et travail".

"Dans mon gouvernement, les femmes occuperont 50% des charges publiques, avec égalité salariale (...), comme je l'ai fait à Bucaramanga", a-t-il dit.


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Short Url
  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
Short Url
  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.

 


Un pilote de ligne dit avoir évité une collision avec un avion militaire américain au large du Venezuela

Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Cette capture d'écran tirée d'une vidéo publiée par la procureure générale américaine Pam Bondi sur son compte X le 10 décembre 2025 montre ce que Mme Bondi décrit comme l'exécution d'un « mandat de saisie d'un pétrolier utilisé pour transporter du pétrole sanctionné provenant du Venezuela et d'Iran » au large des côtes vénézuéliennes le 10 décembre. Photo d'illustration. (AFP)
Short Url
  • Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne
  • Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants

NEW YORK: La compagnie américaine JetBlue a annoncé lundi avoir fait état aux autorités d'un incident en vol, l'un de ses pilotes ayant affirmé avoir dû modifier sa trajectoire pour éviter une collision avec un avion ravitailleur de l'armée américaine, au large du Venezuela.

Ce signalement intervient sur fond de tensions entre les Etats-Unis et le Venezuela, l'armée américaine ayant mobilisé d'importantes forces aux alentours de la République bolivarienne.

Le gouvernement américain reproche notamment au président vénézuélien, Nicolas Maduro, réélu en 2024 à l'issue d'un scrutin aux résultats contestés par la communauté internationale, de contrôler un vaste trafic de stupéfiants.

Le dirigeant a toujours réfuté ces allégations, affirmant que Washington s'en servait comme d'un prétexte pour le renverser et mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays.

Vendredi, l'un des pilotes d'un vol JetBlue assurant la liaison entre l'île caribéenne de Curaçao et New York, a signalé, par radio au contrôle aérien, avoir dû interrompre son ascension après détection d'un avion ravitailleur de l'US Air Force.

Toujours selon le pilote, dont la conversation avec les contrôleurs a été enregistrée et est disponible sur le site LiveATC.net, l'appareil militaire n'avait pas activé son transpondeur, l'émetteur-récepteur qui permet au trafic aérien de le repérer.

"On a failli avoir une collision", explique le pilote. "C'est scandaleux."

"Scandaleux", lui répond le contrôleur aérien. "Vous avez tout à fait raison."

Sollicité par l'AFP, JetBlue a salué l'initiative de l'équipage ayant "rapporté promptement cet incident" à sa hiérarchie, qui en a fait état "aux autorités fédérales". La compagnie américaine "contribuera à toute enquête" sur les circonstances de ce chassé-croisé.

Le commandement militaire américain dédié à cette région, l'US Southern Command, a expliqué à l'AFP "étudier" le dossier, tout en rappelant que "la sécurité (demeurait sa) priorité absolue".

Fin novembre, l'Agence de régulation de l'aviation civile, la FAA, avait demandé aux vols opérant dans la région où se trouve le Venezuela de "faire preuve de prudence".

Elle avait justifié cet avis par "une détérioration des conditions de sécurité et du renforcement de l'activité militaire au Venezuela et dans ses environs".

La FAA avait évoqué des "menaces qui pourraient présenter un risque pour les appareils (commerciaux) à toutes altitudes, que ce soit en vol, à l'atterrissage et au décollage".