Hôpital: faible mobilisation en attendant la «mission flash»

Faute de soignants, au moins 120 services ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparent, selon un décompte fin mai de l'association Samu-Urgences de France.
Faute de soignants, au moins 120 services ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparent, selon un décompte fin mai de l'association Samu-Urgences de France.
Des jeunes tiennent des pancartes pour soutenir les membres du personnel hospitalier français qui manifestent à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 7 juin 2022 pour dénoncer le manque de personnel et les mauvaises conditions de travail. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)
Des jeunes tiennent des pancartes pour soutenir les membres du personnel hospitalier français qui manifestent à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 7 juin 2022 pour dénoncer le manque de personnel et les mauvaises conditions de travail. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)
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Publié le Mardi 07 juin 2022

Hôpital: faible mobilisation en attendant la «mission flash»

  • Pour cette première journée d'action du second quinquennat Macron, neuf syndicats et collectifs de soignants organisaient des rassemblements dans au moins cinquante villes
  • A Paris, les manifestants sont attendus devant le ministère de la Santé à partir de 13H30

PARIS: En pleine crise des urgences et à quelques jours des législatives, les personnels hospitaliers se sont peu mobilisés mardi pour réclamer des hausses de salaires et d'effectifs, tandis que l'exécutif attend le résultat de la « mission flash » commandée par Emmanuel Macron. 

Pour cette première journée d'action du second quinquennat Macron, neuf syndicats et collectifs de soignants organisaient des rassemblements dans au moins cinquante villes. 

Mais la mobilisation n'a pas fait le plein, comme l'ont constaté des journalistes de l'AFP. Ainsi à Paris, entre 200 et 300 manifestants se sont retrouvés devant le ministère de la Santé en début d'après-midi. Dont Corinne Panot, aide-soignante venue de Méricourt (Vosges) pour rappeler qu'« au-delà des augmentations de salaires, c'est surtout des moyens humains qu'il nous faut ». 

Ils étaient à peu près aussi nombreux à Toulouse, où Hélène Isus, infirmière au CHU, expliquait vouloir « faire (son) travail correctement, ne pas avoir à choisir entre les patients ». 

Même affluence à Grenoble et à Nantes, où l'infirmier en pédopsychiatrie Ronan Tréguer s'exaspérait: « Ça fait des années que c'est le bazar et on en a marre. Nos conditions de travail sont déplorables et les patients en pâtissent ». 

« Dur de rester motivée »  

« Il y a beaucoup de fatigue professionnelle, on est rappelés sur nos jours de congés », soulignait Noëlle, aide-soignante au CHU de Rennes, où une centaine de personnes ont défilé du CHU à l'agence régionale de santé (ARS). 

Une centaine aussi étaient réunies devant le CHU de Lille, parmi lesquelles Elizabeth Gochat, manipulatrice en radiologie, qui constatait que « les gens sont épuisés, désabusés, énormément de professionnels quittent l'hôpital ». 

A Clermont-Ferrand, ils n'étaient que quelques dizaines devant le CHU. « J'aime mon métier, mais c'est dur de rester motivée car on ne peut plus le faire correctement », déplorait l'infirmière Nathalie Niort. 

C'est aux urgences que le feu couve: faute de soignants, au moins 120 services ont été forcés de limiter leur activité ou s'y préparent, selon un décompte fin mai de l'association Samu-Urgences de France. 

Son président, François Braun, doit d'ailleurs rendre d'ici fin juin les conclusions de la « mission flash » que lui a confiée le chef de l'Etat, qui a promis dans un entretien à la presse régionale vendredi « des décisions d'urgence dès juillet ». 

L'objectif, « c'est de faire remonter toutes les bonnes réponses qui peuvent se mettre en place, dès cet été », a affirmé mardi sur France Bleu la Première ministre, Elisabeth Borne 

Mais pour Marine Le Pen, « cette mesure n'a qu'un seul intérêt, c'est d'enjamber l'élection législative » des 12 et 19 juin. 

La méthode ne convainc pas non plus le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui juge dans une tribune dans Libération que « le temps des enquêtes est dépassé » et réclame « des négociations urgentes sur l'organisation du travail » pour remettre sur pied un hôpital « au bord du KO ». 

« Secouer les tabous »  

Sur le terrain, le temps presse: « On risque d'être dans une situation très, très problématique cet été » et « je crains fort qu'il y ait des drames », a alerté sur RTL le chef des urgences de l'hôpital Avicenne à Bobigny (Seine-Saint-Denis), Frédéric Adnet. 

Son homologue et voisin de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis, Mathias Wargon, a indiqué sur la même radio que son service tournait avec « la moitié du personnel paramédical » nécessaire et qu'il comblait « soit avec des heures supplémentaires et des primes, soit avec du personnel vacataire ou intérimaire... quand ils veulent bien venir ». 

Attendu au tournant, M. Braun a assuré devant la commission des Affaires sociales du Sénat qu'il ne produirait « pas un rapport » mais entendait bien « rédiger l'ordonnance » attendue par les hospitaliers et « faire le tri » parmi « toutes les solutions qui sont envisagées ». 

Certaines sont consensuelles, comme la « reconnaissance de la pénibilité » du travail de nuit, majoré de seulement un euro de l'heure pour les infirmières, et la « valorisation des actes » effectués par les médecins libéraux de garde. 

Mais d'autres idées inquiètent, comme l'obligation d'appeler le 15 pour filtrer l'accès aux urgences, mise en œuvre à Cherbourg ou à Bordeaux. 

L'option a toutefois des défenseurs dans la majorité, à l'instar du député de Charente Thomas Mesnier, lui aussi urgentiste, qui a jugé nécessaire dans le Journal du dimanche de « se remettre en mode gestion de crise pour passer le cap de l'été », quitte à « recentrer » ces services « sur leur vrai métier, les urgences vitales ». 

 


Menaces d'attentats dans des établissements scolaires: deux mineurs et un homme de 20 ans interpellés

Deux mineurs, âgés de 15 et 17 ans, et un homme de 20 ans ont été interpellés mercredi dans le cadre d'une enquête sur des menaces d'attentats envoyées à plusieurs établissements scolaires, obligeant leur évacuation (Photo d'illustration, AFP)
Deux mineurs, âgés de 15 et 17 ans, et un homme de 20 ans ont été interpellés mercredi dans le cadre d'une enquête sur des menaces d'attentats envoyées à plusieurs établissements scolaires, obligeant leur évacuation (Photo d'illustration, AFP)
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  • Mardi et mercredi, des lycées ont été évacués en Seine-Maritime, en Seine-Saint-Denis, dans les Hautes-Pyrénées et les Yvelines
  • Un mineur de 15 ans a été interpellé à Arpajon (Essonne), un de 17 ans à Combs-la-Ville (Seine-et-Marne) et un homme de 20 ans à Tarbes (Hautes-Pyrénées)

PARIS: Deux mineurs, âgés de 15 et 17 ans, et un homme de 20 ans ont été interpellés mercredi dans le cadre d'une enquête sur des menaces d'attentats envoyées à plusieurs établissements scolaires, obligeant leur évacuation, a-t-on appris jeudi de source proche de l'enquête.

Le mineur de 15 ans a été interpellé à Arpajon (Essonne), celui de 17 ans à Combs-la-Ville (Seine-et-Marne) et l'homme de 20 ans à Tarbes (Hautes-Pyrénées), a indiqué la source, confirmant une information de M6/RTL.

Mardi et mercredi, des lycées ont été évacués en Seine-Maritime, en Seine-Saint-Denis, dans les Hautes-Pyrénées et les Yvelines.

En Seine-Maritime, sept établissements scolaires avaient été évacués mardi puis huit autres mercredi, principalement à Rouen, à la suite de "messages de menaces de commission d'attentats" adressés "dans la matinée de ce mardi, par mail, aux directions des établissements", selon la préfecture.

"Aucune menace n'a été (...) confirmée", avait indiqué la préfecture, précisant qu'une enquête avait été ouverte par le procureur de la République de Rouen.

En Seine-Saint-Denis, environ mille élèves du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis ont été évacués mardi matin après la réception d'un mail malveillant faisant état d'une menace, a souligné la préfecture de Seine-Saint-Denis à l'AFP.

A Tarbes, quelque 1 400 élèves du lycée Marie-Curie ont été évacués et regroupés dans le stade Maurice-Trélut à la suite d'un mail de menace d'attentat adressé au proviseur, a confirmé la préfecture.

Dans les Yvelines, le lycée Charles-de-Gaulle de Poissy a également été évacué après une alerte à la bombe, a indiqué à l'AFP une source policière.


Violences dans le sport: une commission d'enquête qui irrite le sport français

Le nouveau président du Comité olympique français, David Lappartient, s'exprime lors d'une conférence de presse à Paris, le 29 juin 2023. (Photo, STEFANO RELLANDINI / AFP)
Le nouveau président du Comité olympique français, David Lappartient, s'exprime lors d'une conférence de presse à Paris, le 29 juin 2023. (Photo, STEFANO RELLANDINI / AFP)
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  • Le sport français semble décidément abonné aux crises. Après le football, le rugby, la gym, ou encore le CNOSF, un nouveau front s'est ouvert à 10 mois des JO, sur un terrain plus politique cette fois-ci
  • Depuis le lancement des travaux de cette commission, de nombreux témoignages sur des affaires de violences dans le sport, mais aussi sur de graves problèmes de gouvernance ont été entendus

PARIS: Lancée depuis trois mois, la commission d'enquête parlementaire sur les dysfonctionnements dans les fédérations sportives semble gêner certains cadres du sport français, dont le nouveau président du comité olympique (CNOSF) David Lappartient, qui a dénoncé dans un courrier des "accusations outrancières".

Le sport français semble décidément abonné aux crises. Après le football, le rugby, la gym, ou encore le CNOSF, un nouveau front s'est ouvert à 10 mois des JO, sur un terrain plus politique cette fois-ci.

A peine élu à la présidence du CNOSF (le 29 juin), David Lappartient a décidé de croiser le fer avec cette commission d'enquête, initiée par la députée écologiste Sabrina Sebaihi (Hauts-de-Seine), rapporteuse.

«Cela dérange»

Dans un courrier daté du 19 juillet révélé jeudi par le Monde que l'AFP a pu consulter, et adressé à Sabrina Sebaihi, l'élu breton, également membre du CIO, se dit "étonné" de la description du monde sportif comme "un milieu terriblement opaque" par ladite commission.

Evoquant lors des différentes auditions des "représentations caricaturales", David Lappartient dénonce des "accusations outrancières", et s'interroge sur "les objectifs", "sur les finalités exactes" de la commission lancée à "400 jours de l'ouverture des Jeux olympiques de Paris". "C'est un nouveau coup que vous portez au modèle sportif français", assène-t-il.

Une attaque frontale qu'a peu goûtée la députée écologiste.

"C'est très problématique que David Lappartient remette en cause le travail des parlementaires. C'est comme si l'image des JO était plus importante", s'insurge-t-elle auprès de l'AFP. "C'est la première fois que le principe même d'une commission d'enquête est contesté, c'est plus que des lobbies qui se mettent en marche, je trouve ça totalement antidémocratique".

"Peut-être que cela dérange que l'on vienne toucher à un système mis en place depuis des années. Si la seule réponse +c'est tout va bien dans le meilleur des mondes+ ou +on a déjà mis en place des choses+, cela ne va pas", appuie-t-elle.

Depuis le lancement des travaux de cette commission, de nombreux témoignages sur des affaires de violences dans le sport, mais aussi sur de graves problèmes de gouvernance ont été entendus.

Selon Sabrina Sebaihi, tous ces témoignages concourent à dépeindre un monde sportif "vivant en vase clos".

Avec la présidente de la commission Béatrice Bellamy (Horizons, Vendée), elle a lancé le 13 septembre dernier une plateforme de signalement des violences dans le sport baptisée "Balance ton sport".

Une initiative d'emblée critiquée par la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, qui a réagi sur France Culture trois jours plus tard en soulignant  "qu'une seule plate-forme" existait pour "recueillir les signalements en matière de violences, et notamment de violences à caractère sexiste, elle s'appelle Signal-Sports".

Mise en place par le ministère des sports en 2020, cette cellule a reçu plus de 1 000 signalements selon la directrice des sports Fabienne Bourdais, des chiffres donnés lors de son audition par la commission d'enquête.

"Le lancement d'une nouvelle plateforme de signalement peut entraîner une confusion et une déperdition des signalements", regrette une source proche du mouvement sportif.

«Milieu qui se crispe»

Sabrina Sebaihi assure avoir déjà reçu une "centaine de témoignages" sur la nouvelle plateforme, "certains que les fédérations ne veulent pas entendre". "La cellule Signal-Sports existe, mais les sportifs ne sont pas au courant", cingle-t-elle.

Le Monde fait également état jeudi d'un courrier envoyé par le président de la Fédération française de football (FFF) Philippe Diallo à la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance), pour se plaindre de l'audition du journaliste influenceur Romain Molina.

Le président de la 3F s'offusque du  "contenu de l'audition (...) mettant gravement en cause [ses]  salariés, dirigeants et bénévoles", dénonçant des propos "mensongers et injurieux".

"Il y a une montée en pression d'un milieu qui se crispe et redoute une mauvaise image. Cela ne nous empêchera pas de réaliser notre travail parlementaire de façon indépendante et transparente", assure la députée Béatrice Bellamy, membre de la majorité présidentielle.

La commission doit achever ses travaux en fin d'année.


La justice ordonne une expertise sur les orques du Marineland

Des orques sautent durant un spectacle à Marineland dans la ville d'Antibes, sur la Côte d'Azur, dans le sud-est de la France, le 17 mars 2016. (Photo : VALERY HACHE / AFP)
Des orques sautent durant un spectacle à Marineland dans la ville d'Antibes, sur la Côte d'Azur, dans le sud-est de la France, le 17 mars 2016. (Photo : VALERY HACHE / AFP)
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  • One Voice, qui a déposé plusieurs plaintes depuis 2019 contre le delphinarium pour mauvais traitements des orques, a présenté en appel des images des orques et des comptes-rendus d'experts
  • Ces experts mandatés par One Voice ont relevé des comportements répétitifs et stéréotypés pour les quatre orques, des lésions sous-dermiques pour Moana (11 ans), des dents usées à l'extrême pour Inouk (23 ans)

NICE: La cour d'appel d'Aix-en-Provence a ordonné jeudi une expertise sur l'état de santé et les conditions de vie des orques du Marineland d'Antibes, à la demande de l'association One Voice qui dénonce leur "piteux état de santé".

La demande porte précisément sur l'état clinique de Moana et Inouk, deux des quatre orques du zoo, et sur la qualité de leur eau et de leurs installations. En juin 2022, elle avait été rejetée en première instance, le juge ayant estimé que les soins nécessaires étaient apportés aux cétacés.

One Voice, qui a déposé plusieurs plaintes depuis 2019 contre le delphinarium pour mauvais traitements des orques, a présenté en appel des images des orques et des comptes-rendus d'experts les ayant observées depuis le bord du bassin.

Ces experts mandatés par One Voice ont relevé des comportements répétitifs et stéréotypés pour les quatre orques, des lésions sous-dermiques pour Moana (11 ans), des dents usées à l'extrême pour Inouk (23 ans).

Dans un communiqué transmis à l'AFP, le Marineland a pris acte de la décision en appel et s'est engagé à collaborer avec les services de l'Etat et l'expert nommé par la justice pour "prouver son professionnalisme et son engagement vis-à-vis des animaux dont il a la responsabilité".

"Cette expertise neutre devra permettre de présenter enfin des faits précis, objectifs et vérifiables et non pas basés sur des rapports établis par des militants anti-captivité n'ayant jamais examiné les animaux", a ajouté le zoo.

Ouvert en 1970, le parc Marineland d'Antibes indique accueillir 750 000 visiteurs par an en année normale. Il se prépare cependant à l'entrée en application de la loi contre la maltraitance animale, qui interdira à partir de décembre 2026 les spectacles de cétacés et, sauf dérogation, le maintien des orques et dauphins en captivité dans le parc.

One Voice milite pour que les quatre orques, toutes nées en captivité, rejoignent à terme un sanctuaire marin.