Washington et Paris saluent l’accord sur un cessez-le-feu permanent en Libye

Les représentants des deux factions rivales de la Libye posant avec la représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies pour les affaires politiques en Libye, Stephanie Williams. (ViolaineMARTIN/NATIONSUNIES/AFP)
Les représentants des deux factions rivales de la Libye posant avec la représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies pour les affaires politiques en Libye, Stephanie Williams. (ViolaineMARTIN/NATIONSUNIES/AFP)
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Publié le Samedi 24 octobre 2020

Washington et Paris saluent l’accord sur un cessez-le-feu permanent en Libye

  • Les deux parties rivales en Libye signent un accord de cessez-le-feu "complet, national et permanent avec effet immédiat"
  • Soulignant que l'accord n'avait pas été conclu "au plus haut niveau", le président Recep Tayyip Erdogan a estimé qu'il "sembl(ait) manquer de crédibilité".

WASHINGTON, PARIS, GENEVE : Les Etats-Unis et la France ont salué vendredi l'accord de cessez-le-feu signé entre les parties rivales en Libye sous l'égide de l'ONU.

"L'accord est un progrès majeur vers la réalisation des intérêts qu'ont tous les Libyens à la désescalade, la stabilité et le départ des combattants étrangers", indique un communiqué de l'ambassade des Etats-Unis en Libye, pays en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

"Nous exhortons les acteurs intérieurs et extérieurs à soutenir la mise en œuvre de bonne foi de l'accord", précise le communiqué.

Pour sa part, la diplomatie française a également salué l'accord conclu en Libye, qui "montre l'aspiration de tous les Libyens à la souveraineté, face aux ingérences extérieures". "Cet accord marque une étape importante vers une Libye souveraine, stable et unie", a ajouté la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll.

Ces réactions interviennent dans la foulée de la signature vendredi d’un accord de cessez-le-feu permanent avec "effet immédiat", après cinq jours de discussions à Genève organisées sous l'égide de l'ONU qui a salué un "tournant" pour la paix dans ce pays rongé par les violences.

"Les deux délégations libyennes (...) ont signé un accord de cessez-le-feu complet, national et permanent avec effet immédiat" au siège de l'ONU à Genève, a annoncé Stephanie Williams, cheffe par intérim de la Mission d'appui de l'ONU en Libye (Manul).

Plongée dans le chaos depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, la Libye est déchirée entre deux pouvoirs: le Gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli, et les autorités alliées du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est.

Le maréchal Haftar est soutenu militairement par l'Egypte, la Russie et les Emirats arabes unis tandis que le GNA de Fayez al-Sarraj reçoit l'appui de la Turquie.

Les deux parties ont convenu que "toutes les unités militaires et les groupes armés sur la ligne de front doivent retourner dans leurs camps", a ajouté Mme Williams.

Ce sera "accompagné du départ de tous les mercenaires et combattants étrangers de tout le territoire libyen, terre, air et mer, dans un délai maximum de trois mois à partir d'aujourd'hui", a-t-elle poursuivi.

"Etape fondamentale"

M. Sarraj, qui était absent à Genève tout comme le maréchal Haftar, a salué le rôle de la Manul dans l'aboutissement de cet accord pour "une paix basée sur la justice et des garanties qui éloignent le spectre de la guerre et des troubles dans notre pays".

Le maréchal Haftar n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat à l'annonce de l'ONU.

Les deux camps rivaux avaient annoncé en août une cessation des hostilités et les négociations s'étaient accélérées ces dernières semaines pour définir les conditions d'une trêve durable.

Le maréchal Haftar a tenté entre avril 2019 et juin 2020 de conquérir militairement Tripoli, sans succès. Ces combats ont fait des centaines de morts et fait fuir des dizaines de milliers de personnes.

Pour la population, épuisée par le conflit et les divisions, ce cessez-le-feu permanent représente une lueur d'espoir.

Il s'agit de l'"aboutissement fructueux" des efforts déployés par l'ONU et par la commission militaire conjointe réunie à Genève, avec cinq membres représentant le GNA et cinq autres le maréchal Haftar, a estimé l'analyste libyen Mohamed Eljarh. 

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a salué "une étape fondamentale vers la paix et la stabilité en Libye", appelant "les acteurs régionaux à respecter les dispositions de l'accord de cessez-le-feu et à s'assurer de son application sans retard".

Les Etats-Unis se sont aussi félicités de l'accord, exhortant "les acteurs intérieurs et extérieurs à soutenir la mise en oeuvre de bonne foi de l'accord".

Ankara sceptique

La Turquie a elle mis en doute la viabilité du cessez-le-feu. Soulignant que l'accord n'avait pas été conclu "au plus haut niveau", le président Recep Tayyip Erdogan a estimé qu'il "sembl(ait) manquer de crédibilité".

De son côté, l'Union européenne a salué une "bonne nouvelle". "Mais sa mise en oeuvre est aussi importante car elle sera la clef pour la reprise des négociations politiques", a déclaré Peter Stano, porte-parle du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

En Allemagne, en première ligne dans la recherche d'un règlement politique du conflit, le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas a vu dans cet accord "une bonne base pour le développement prochain d'une solution politique".

L'Italie, ancienne puissance coloniale en Libye, a considéré l'accord comme un "tournant d'une importance cruciale pour la stabilité de la Libye".

Le Qatar et l'Arabie saoudite ont également marqué leur satisfaction, espérant que cet accord ouvre la voie à la consolidation d'une entente politique complète et profite à une économie exsangue.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk