«Ça me travaille depuis longtemps», ces étudiants de grandes écoles qui choisissent l'écologie

Des étudiants participent à une manifestation «Youth For Climate», exhortant les élèves à protester contre le manque de sensibilisation au climat, le 12 avril 2019, à Montpellier, dans le sud de la France (Photo, AFP).
Des étudiants participent à une manifestation «Youth For Climate», exhortant les élèves à protester contre le manque de sensibilisation au climat, le 12 avril 2019, à Montpellier, dans le sud de la France (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 10 juin 2022

«Ça me travaille depuis longtemps», ces étudiants de grandes écoles qui choisissent l'écologie

  • Près de 30 000 étudiants ont rejoint le collectif Pour un réveil écologique, créé en 2018, un mouvement encore marginal
  • Changer la société cela passe aussi par les comportements individuels

PARIS: Etudiants de grandes écoles françaises, leurs convictions écologistes et leur quête de sens les poussent à se détourner de la voie toute tracée d'industriel, de banquier ou "de patron du CAC 40", qui ne les fait plus rêver.

Près de 30 000 étudiants ont rejoint le collectif Pour un réveil écologique, créé en 2018, un mouvement encore marginal.

Carla Dominique l'a fait en janvier. Elle raconte avoir "radicalement changé" après un projet scolaire qu'elle a consacré aux jeunes Européens engagés pour le climat, en première année à l'école de commerce EM Lyon.

"Pendant ce voyage en train dans toute l'Europe, c'était dur d'entendre parler toute la journée des ravages du réchauffement climatique. Cette éco-anxiété, je l'ai transformée en action", explique la stagiaire de 22 ans, chargée de projet développement durable au groupe de médias Les Echos-Le Parisien.

"On se sent incompris parfois alors c'est rassurant d'être avec des gens qui ressentent la même chose que moi. Maintenant je suis engagée individuellement, dans une association, mais aussi dans mon travail, comme je le souhaitais".

Faire bouger les choses depuis le "coeur de la machine", c'est aussi le projet d'Adam Poupard, 22 ans, étudiant à la plus prestigieuse des écoles d'ingénieurs françaises, Polytechnique, surnommée l'X.

"Lorsqu'on intègre une grande école on ne se pose pas forcément la question de ce qu'on va faire plus tard. Quand on est bon en maths au lycée on va en prépa, et quand on est bon en prépa on va à l'X", résume-t-il pour expliquer comment il n'a longtemps pas eu besoin de se projeter dans l'avenir.

Hésitation

Aujourd'hui, il critique les modèles présentés aux étudiants de ces grandes écoles: "Des patrons du CAC 40 qui ne sont pas des modèles de sobriété". Pour autant, pas question pour lui de tourner complètement le dos à ce monde: il s'imagine élu territorial et membre de cercles de réflexion.

Engagé dans plusieurs associations écologistes dans son adolescence, il hésite encore à rejoindre le monde associatif. "Ca me travaille depuis longtemps mais je pense que mon diplôme serait plus valorisé si j'essaye de changer les choses de l'intérieur."

A l'ESCP, grande école de commerce, depuis septembre, Guillaume Majubert, 20 ans, hésite aussi sur la route à emprunter, alors qu'il suit en parallèle un CAP de cuisine en ligne. Une seule certitude: il veut commencer sa carrière dans l'écologie, dans le public ou dans le privé.

Changer la société cela passe aussi par les comportements individuels. Ces étudiants sont partisans de la sobriété. Ils sont devenus végétariens, ont arrêté de prendre l'avion, d'acheter des vêtements neufs, consomment local...

"Il faut être imaginatif pour que ça ne soit plus une contrainte", explique Carla Dominique, grande voyageuse. Elle réalise ses trajets en Europe en train, quitte à faire une semaine de voyage pour se rendre en Finlande le mois prochain. "Je voyage tous les étés mais j'ai trouvé d'autres manières de faire."

«Désirs factices»

Guillaume Majubert, a eu "l'impression de rater des choses" lorsqu'il a décidé d'arrêter de prendre l'avion pour passer trois jours à Londres ou Barcelone, comme le font ses amis. "Aujourd'hui je sais que je me sentirais mal si je le faisais", explique l'étudiant de 20 ans.

"La sobriété fait peur à ceux qui possèdent, les plus âgés. Pour notre génération, c'est moins désagréable car nous sommes moins attachés à la possession de voiture, de logement", estime Adam Poupard, le polytechnicien.

Cependant, il est conscient qu'au sein de la prestigieuse école, peu de ses amis partagent ses préoccupations.

Guillaume Majubert va plus loin: "Dans notre société, on n'arrive pas à se réaliser par autre chose que la consommation, alors que ce sont des désirs factices créés par les entreprises, les marques", dit-il, excédé.

Tous ont formés leur conscience écologique grâce à des lectures, grâce aux réseaux sociaux. "Les informations sont là. Il faut juste avoir envie d'aller les chercher", selon lui.

Ils plaident pour une meilleure formation des élèves aux enjeux environnementaux, mais "certains n'ont pas envie d'être formés", ajoute Guillaume, amer.


Lecornu va mettre fin aux "avantages à vie" des ex-ministres dès 2026

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre Sébastien Lecornu concrétise une promesse phare pour réduire le « décalage » entre les élites politiques et la réalité des Français, dans un contexte de forte défiance envers sa nomination

PARIS: Fini le chauffeur et la voiture de fonction "à vie" pour les anciens de Matignon: les avantages octroyés aux ex-Premiers ministres seront "supprimés" dès 2026, a annoncé lundi Sébastien Lecornu, concrétisant l'une de ses premières promesses, très symbolique pour l'opinion.

Il n'est "pas concevable" que les anciens ministres "puissent bénéficier d'avantages à vie en raison d'un statut temporaire", a écrit le locataire de Matignon sur X, confirmant la mise en place de cette réforme dès le 1er janvier 2026.

"La protection policière ne sera accordée aux anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur que pour une durée limitée, et reconduite en fonction de la réalité du risque. Tous les autres moyens mis à disposition des anciens Premiers ministres à vie le seront dorénavant pour une durée limitée", a expliqué M. Lecornu sur ce réseau social.

Sollicité par l'AFP, Matignon a expliqué que le gouvernement avait préparé une "instruction" à destination du Secrétariat général du gouvernement, en vue de revoir le décret du 20 septembre 2019, qui avait déjà restreint les privilèges accordés aux anciens Premiers ministres.

Ces derniers peuvent actuellement se voir octroyer "sur leur demande, un véhicule de fonction et un conducteur automobile", à la charge de l'Etat. Ils peuvent aussi bénéficier d'un "agent pour leur secrétariat particulier" pendant dix ans à compter de la fin de leurs fonctions et au plus tard jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 67 ans.

Des avantages qui ne s'appliquent pas pour les "ex" de Matignon lorsque ces derniers disposent déjà de ces privilèges via leur mandat (parlementaire ou local) ou leur fonction publique.

- "Mettre fin aux derniers privilèges" -

Une autre instruction du chef du gouvernement à l'attention de la Direction générale de la police nationale (DGPN) permettra de créer "un cadre" relatif à la "protection policière" des anciens Premiers ministres et ministres de l'Intérieur, a détaillé Matignon.

"On ne peut pas demander aux Français de faire des efforts si ceux qui sont à la tête de l'État n'en font pas. La réforme, ce n'est pas toujours +pour les autres+, cela crée la suspicion", avait lancé Sébastien Lecornu dans un entretien donné à plusieurs titres de la presse régionale durant le week-end.

"Beaucoup de choses ont été réglées pour les anciens présidents de la République. Je vais donc mettre fin aux derniers privilèges", avait-il encore promis, quelques jours seulement après sa prise de fonctions à Matignon, durant laquelle il s'était inquiété du "décalage" observé entre la vie politique et la vie "réelle" des Français.

Le Premier ministre, nommé mardi par Emmanuel Macron après la chute de François Bayrou, met ainsi en musique l'une de ses premières promesses, alors qu'il consulte en parallèle les forces politiques, syndicales et patronales en vue de former un gouvernement susceptible de survivre aux menaces de censure des oppositions.

Il doit aussi batailler contre une opinion publique très défiante vis-à-vis de sa nomination, même si les chiffres de confiance des Français à son égard varient selon les instituts de sondage.

Son prédécesseur, François Bayrou, avait déjà annoncé vouloir passer au crible ces privilèges ministériels: il avait confié fin août une mission à l'ex-député socialiste René Dosière pour identifier les "avantages indus, excessifs, inacceptables" dans un contexte de dérapage des finances publiques.

En réalité, l'économie à espérer de ces annonces est dérisoire par rapport aux dizaines de milliards d'euros recherchées par les gouvernements successifs. Les privilèges accordés au titre du décret de 2019 (chauffeur, secrétariat, véhicule) ont coûté 1,58 million d'euros à l'Etat en 2024, selon le gouvernement.

Un montant auquel il faut ajouter les dépenses de protection policière, évaluées à 2,8 millions d'euros par an dans un rapport parlementaire de 2019.


L’histoire de Donia, arrivée de Gaza à Paris, le quotidien morbide des Gazaouis qui ne veulent que vivre

Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous. (AFP)
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  • Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
  • Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable.

PARIS: Depuis le début de la guerre à Gaza, les récits qui parviennent à franchir les ruines et le silence imposé sont rares.
Derrière les chiffres et les bilans atones relayés par les médias, il y a des voix : celles de civils qui ont vu leur existence basculer en quelques heures.
Parmi elles, Donia Al-Amal Ismail, poète, journaliste et mère de quatre enfants, habitante de Gaza, arrivée à Paris il y a presque trois mois. Elle raconte son histoire à Arab News en français.
Difficile de ne pas se sentir anéantie face à ce visage doux et tendre, à ces yeux verts empreints d’une tristesse insondable. Donia témoigne de ce que signifie vivre la guerre : vivre avec la peur, la faim, fuir sous les bombes, errer d’un abri de fortune à un autre.
Marcher pour ne pas crever, marcher avec le seul souci de garder en vie ses deux enfants (une fille et un garçon) restés avec elle, les deux autres étant en Égypte.
Marcher la peur au ventre, occultant la faim et la fatigue, enjamber des gravats, des cadavres, marcher dans des égouts, tenir sans espoir aucun, se sachant, comme tous ses semblables, abandonnée par tous.
Son récit, émouvant par-dessus tout, saccadé par de longs silences et des larmes qui coulent spontanément sur les joues, n’en est pas moins ferme : pour elle, indéniablement, Gaza est le foyer des Gazaouis qui feront tout pour reconstruire.

 


Lecornu recevra les socialistes mercredi, annonce Olivier Faure

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure. (AFP)
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  • Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi
  • Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs

PARIS: Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu recevra mercredi matin les responsables du Parti socialiste, avec qui il devra négocier à l'automne un accord sur le budget 2026 pour éviter une censure, a annoncé leur Premier secrétaire Olivier Faure.

"On a rendez-vous mercredi matin et donc nous le verrons pour la première fois", a déclaré M. Faure lundi sur France 2. Les Ecologistes de Marine Tondelier et le Parti communiste de Fabien Roussel ont également indiqué à l'AFP être reçus mercredi, respectivement à 14H et 18H.

Depuis sa nomination mardi, Sébastien Lecornu a commencé ses consultations avec d'abord les partis de son "socle commun" (bloc central et LR), puis les syndicats et organisations patronales avec qui il a des entretiens encore lundi et mardi.

Mais le rendez-vous le plus attendu est celui avec les socialistes. Déjà menacé de censure par LFI et le RN, c'est eux qui peuvent éviter à M. Lecornu de connaître le même sort que ses prédécesseurs.

Au coeur de ce rendez-vous le projet de budget 2026 que le nouveau gouvernement devra présenter avant la mi-octobre au Parlement.

Les socialistes posent notamment comme conditions un moindre effort d'économies l'année prochaine que ce qu'envisageait François Bayrou et une fiscalité plus forte des plus riches, à travers la taxe sur les très hauts patrimoines élaborée par l'économiste Gabriel Zucman (2% sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros).

Mais Sébastien Lecornu, s'il s'est dit prêt samedi à "travailler sans idéologie" sur les questions "de justice fiscale" et de "répartition de l'effort", a déjà fait comprendre son hostilité à cette taxe Zucman, et notamment au fait de taxer le patrimoine professionnel "car c'est ce qui permet de créer des emplois".

"Quand on parle patrimoine professionnel, vous pensez à la machine outil ou aux tracteurs mais pas du tout. On parle d'actions, la fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions", lui a répondu M. Faure.

"Si vous dites que, dans la base imposable, on retire ce qui est l'essentiel de leur richesse, en réalité, vous n'avez rien à imposer", a-t-il argumenté.

"C'était déjà le problème avec l'Impôt sur la fortune (ISF, supprimé par Emmanuel Macron) qui touchait les +petits riches+ et épargnaient les +ultrariches+ parce que les +ultrariches+ placent leur argent dans des holdings", a-t-il reconnu.