Les réseaux sociaux peuvent être un outil pour le bien, malgré la haine

Des gens faisant la queue devant le stand de nourriture Baba ka Dhaba à Delhi après qu'une publication sur les réseaux sociaux est devenue virale.
Des gens faisant la queue devant le stand de nourriture Baba ka Dhaba à Delhi après qu'une publication sur les réseaux sociaux est devenue virale.
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Publié le Samedi 24 octobre 2020

Les réseaux sociaux peuvent être un outil pour le bien, malgré la haine

Les réseaux sociaux peuvent être un outil pour le bien, malgré la haine
  • malgré toute cette négativité, nous devons nous rappeler que les réseaux sociaux peuvent aussi être un outil pour le bien
  • Les gens étaient-ils plus gentils et plus doux avant les réseaux sociaux ? Pas vraiment

Nous avons vu l’effet néfaste que les réseaux sociaux peuvent avoir — nous sommes tentés de penser que cette année était pire que toutes les autres à ce niveau. Les semeurs de haine y ont eu recours pour cracher leur venin, répandre des mensonges et inciter à la violence.

L’absence de gardien, rôle traditionnellement joué par les rédacteurs des journaux, permet à toute personne qui possède un portable (c’est souvent un portable, d’ailleurs) de « publier » toutes les idées qui lui passent par la tête — aussi stupides, aussi dangereuses et aussi fausses soient-elles.

Mais, malgré toute cette négativité, nous devons nous rappeler que les réseaux sociaux peuvent aussi être un outil pour le bien. Le mal a déjà été fait : nous ne pouvons pas nous débarrasser de Twitter, Facebook, Instagram, et tout le reste, mais nous pouvons tenter de mettre en valeur le bien qu’ils font et espérer qu’il domine le mal.

Prenons cet exemple : ce mois-ci, une publication est devenue virale et a changé la vie de deux personnes en Inde. Tout a commencé avec une vidéo déchirante d’un couple de personnes âgées racontant les difficultés auxquelles ils ont fait face avec leur stand de nourriture durant la pandémie de coronavirus. Le vieil homme avait les larmes aux yeux en parlant ; personne ne visitait leur stand modeste.

La vidéo ne dure que quelques secondes, mais cela était suffisant pour émouvoir les utilisateurs de Twitter. Après quelques centaines de retweets, de plus en plus de personnes se sont rendues au stand du couple. À l’heure actuelle, cette publication a reçu plus de 53 000 retweets et 170 000 likes. Depuis, le couple a été photographié servant joyeusement de longues files de clients et leur stand a été récemment reconstruit grâce au miracle moderne qu’est le financement participatif.

Cette histoire a inspiré de nombreuses autres publications soutenant des petits commerces locaux pendant une pandémie qui semble interminable. Elle a encouragé un grand nombre de personnes — y compris moi-même — à visiter les petits magasins qui ont été les plus touchés par la crise économique.

La leçon ici serait que, au milieu de toute la négativité, les gens aiment les histoires pleines d’espoir : c’est pour cela que les vidéos attendrissantes de bébés et d’animaux sont souvent les plus partagées et motivent les gens à aider les enfants et les animaux en danger. C’est pourquoi les organismes de protection, les environnementalistes, les défenseurs des refuges pour animaux et d'autres se tournent vers les réseaux sociaux.

Selon une enquête réalisée en 2018 par la Société américaine pour la prévention de la cruauté envers les animaux, les réseaux sociaux sont très efficaces pour dénoncer la cruauté, renforcer le soutien à la faune et sensibiliser le public. Pour toutes ces raisons, une écrasante majorité des personnes interrogées ont affirmé qu'ils augmenteraient leur utilisation des réseaux sociaux (une victoire pour le bien).

C’est peut-être ainsi que David Attenborough, naturaliste et personnalité de la télévision, a réussi en un temps record —  4 heures et 44 minutes, plus exactement, à amener 1 million d'utilisateurs d’Instagram à écouter son avertissement selon lequel « le monde est en difficulté », battant le record précédent du million de followers fixé par l'actrice Jennifer Aniston.

Les réseaux sociaux sont là pour rester. Ils continueront à répandre la joie, mais aussi à enflammer les instincts les plus vils de l’humanité.

Rym Tina Ghazal

Cependant, comme je l’ai déjà mentionné, les réseaux sociaux ont également la capacité de blesser. Prenons pour exemple une publication Instagram datant de 2016. Nazer Al-Islam Abdel Karim, un éboueur bangladais travaillant dans le Golfe, a été photographié en train de regarder d’un air mélancolique des bijoux dans une vitrine. Le pathos dans un cadre ; il y avait tellement de tristesse dans cette photo. Pourtant, au lieu de la sympathie qu'il méritait, il a d'abord été moqué. Un utilisateur d'Instagram a écrit : « Cet homme mérite de ne regarder que les ordures ».

Vous souvenez-vous de l’espoir qui domine le mal ? Dans le cas de M. Abdel Karim, la bonté a fini par l’emporter. Des centaines d’utilisateurs des réseaux sociaux ont exprimé leur consternation face à la méchanceté dont il a souffert. Ils ont récolté de l'argent pour lui et lui ont offert des cadeaux.

Les gens étaient-ils plus gentils et plus doux avant les réseaux sociaux ? Pas vraiment. Et, d’ailleurs, il y a autant de chances de revenir à une époque sans réseaux sociaux que de revenir à une époque sans Internet. Les réseaux sociaux sont là pour rester, au moins jusqu'à ce que quelque chose de « mieux » vienne les remplacer. Ils continueront à répandre la joie —  comme le pur plaisir des merveilleuses vidéos TikTok —  mais aussi à enflammer les instincts les plus vils de l’humanité. La réglementation est douteuse en tant que remède au mal ; et arrêtez d'essayer de vérifier les faits publiés par les 4,6 milliards de personnes qui utilisent les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux sont le bien et le mal dans une seule application.

Il est très facile de faire du mal, alors qu’il faut activement vouloir le bien. Faites-en autant et peut-être pourrons-nous, plus souvent qu’autrement, espérer écraser le mal.

 

Rym Tina Ghazal est rédactrice en chef du magazine Ithraeyat, une publication d’art et de culture.

Droits d’auteur : « Syndication Bureau »

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com