Optimisme prudent à l'ouverture de la réunion ministérielle de l'OMC

La directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-Iweala (Photo, AFP).
La directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce, Ngozi Okonjo-Iweala (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 13 juin 2022

Optimisme prudent à l'ouverture de la réunion ministérielle de l'OMC

  • L'OMC fonctionnant par consensus, il suffit qu'un seul membre s'oppose pour tout faire capoter
  • Une des attentes fortes est de trouver une parade au risque de grave crise alimentaire que fait planer sur le monde entier l'invasion de l'Ukraine par la Russie

GENEVE: La première réunion ministérielle de l'OMC depuis plus de quatre ans a démarré dimanche à Genève avec l'espoir fragile que les 164 Etats membres se mettent d'accord sur la pêche, les brevets des vaccins anti-Covid ou une stratégie pour éviter une crise alimentaire mondiale, mais les divergences restent grandes.

D'emblée, la directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, s'est dite "prudemment optimiste" et a affiché des ambitions mesurées. Elle estime que si l'organe de décision suprême de l'OMC arrive à tomber d'accord sur au moins "un ou deux" sujets, "ce sera un succès".

Le chemin "sera chaotique et il y aura peut-être quelques mines le long de la route, il nous faudra les éviter", a déclaré Mme Ngozi, aux commandes de l'organisation depuis 15 mois.

L'OMC fonctionnant par consensus, il suffit de l'opposition d'un seul membre pour tout faire capoter. L'organisation a perdu en pertinence faute de pouvoir conclure des accords majeurs, le dernier remontant à 2013.

Il n'y a aucune garantie de résultats importants à Genève malgré les efforts vigoureux déployés par Mme Okonjo-Iweala, première femme et première personnalité originaire d'Afrique à diriger l'organisation.

Crise alimentaire 

Il s'agira notamment d'aider à une solution face au risque de grave crise alimentaire que fait planer sur le monde entier l'invasion par la Russie de l'Ukraine, dont les terres fertiles nourrissent traditionnellement des centaines de millions de personnes sur la planète. Le conflit débuté le 24 février par Moscou a provoqué une flambée des prix.

Les tensions se sont manifestées dimanche lors d'une réunion à huis clos pendant laquelle des délégués ont pris la parole pour condamner l'agression russe. Le délégué ukrainien, qui s'est aussi exprimé, a été accueilli par une ovation debout, selon le porte-parole de l'OMC, Dan Pruzin.

Puis, juste avant que le ministre russe du Développement économique Maxime Rechetnikov parle, une trentaine de délégués "ont quitté la salle", a expliqué M. Pruzin.

Un projet de déclaration ministérielle promet "de prendre des mesures concrètes" pour faciliter le commerce et améliorer le fonctionnement des marchés, "y compris les céréales et les engrais".

Le texte porte une attention particulière aux pays les plus démunis. Les responsables internationaux n'ont pas oublié les émeutes de la faim et le Printemps arabe il y a une dizaine d'années.

"J'espère que vous ferez collectivement ce qu'il faut faire", a lancé Mme Ngozi aux délégués.

Peu avant, plus d'une cinquantaine de pays dont l'UE et les Etats-Unis avaient redit leur solidarité avec l'Ukraine en présence du représentant ukrainien du Commerce, Taras Kachka, dans une cérémonie et une déclaration communes.

Pêche miraculeuse ? 

La pêche reste le dossier phare de la réunion. Le texte, qui s'inscrit dans les objectifs du millénaire de l'ONU, doit en particulier supprimer les subventions qui peuvent encourager la surpêche ou les prélèvements illégaux.

Des progrès ont été faits ces derniers mois sur des contentieux qui paraissaient jusque-là insurmontables. L'idée que les querelles d'appartenance territoriale – nombreuses et ultra-sensibles – se traitent à l'OMC a été écartée.

Des progrès ont aussi été faits pour définir le mécanisme de traitement préférentiel réservé aux pays en développement, mais l'Inde réclame une période d'exemption de 25 ans. Trop long, rétorquent de nombreux membres, qui visent plutôt 2030.

"Nos enfants nous pardonneront-ils, les pêcheurs pauvres nous pardonneront-ils si nous acceptons que nos océans soient vidés?", a lancé Mme Ngozi, alors que le succès de la réunion dépendra en bonne partie du sort de ce texte.

Intransigeance indienne 

L'intransigeance indienne, soulignée par de nombreux diplomates, pourrait faire capoter d'autres dossiers.

"Il n'y a pas un seul sujet que l'Inde ne bloque pas", déplore un ambassadeur basé à Genève, citant notamment la réforme de l'OMC et l'agriculture.

Dans son premier discours, le ministre indien du Commerce Piyush Goyal n'a pas donné de signe d'ouverture. Il a rappelé qu'en matière agricole, des promesses fermes faites aux pays en développement il y a presque 10 ans n'étaient toujours pas tenues. Il a aussi souligné que les droits des pêcheurs indiens "ne peuvent être limités d'aucune manière", assurant que c'est aux pays qui ont vidé les océans à coup de subventions "d'assumer leurs responsabilités".

Les ministres sont également attendus sur la pandémie de Covid-19, avec deux textes en discussion. L'un doit faciliter la circulation des ingrédients nécessaires à la lutte contre les pandémies, l'autre doit permettre une levée temporaire des brevets des vaccins anti-Covid.

Ce dernier sujet divise, l'industrie pharmaceutique y voyant un affaiblissement de la propriété intellectuelle, alors que pour les ONG, le texte ne va pas assez loin. Là aussi l'issue reste incertaine.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.