Démission du plus grand bloc parlementaire, l'Irak s'enfonce dans la crise politique

Le religieux populiste chiite Moqtada al-Sadr prend la parole lors d'une conférence de presse à Najaf, en Irak (Photo, AP).
Le religieux populiste chiite Moqtada al-Sadr prend la parole lors d'une conférence de presse à Najaf, en Irak (Photo, AP).
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Publié le Lundi 13 juin 2022

Démission du plus grand bloc parlementaire, l'Irak s'enfonce dans la crise politique

  • Le leader chiite, avait lui-même demandé à ses députés jeudi de «préparer» leur démission
  • Tous les délais impartis par la Constitution ont été dépassés

BAGDAD: L'impasse est totale: les 73 députés du courant du leader chiite Moqtada Sadr, plus importante formation du Parlement irakien, ont présenté dimanche leur démission, un geste vraisemblablement destiné à faire pression pour accélérer la formation du gouvernement, en panne depuis les législatives de 2021.

"Nous avons accepté à contrecœur les demandes de nos frères et sœurs, représentants du bloc sadriste, de démissionner", a annoncé le président du Parlement, Mohammed al-Halboussi, sur Twitter après avoir reçu les lettres de démission des 73 élus de Moqtada Sadr.

Le leader chiite, habitué des symboles politiques, avait lui-même demandé à ses députés jeudi de "préparer" leur démission.

Les services du Parlement n'étaient pas disponibles dans la soirée pour commenter les implications constitutionnelles de cette décision.

Mais selon le politologue irakien Hamzeh Hadad "le Parlement doit encore entériner" ces démissions "à la majorité absolue" pour qu'elles deviennent effectives. Or, les vacances parlementaires ont débuté jeudi et les élus ne doivent retrouver l'hémicycle qu'au mois d'août.

"Encore un peu plus de théâtre politique de la part du mouvement sadriste et de Halboussi", a jugé M. Hadad.

Au-delà de la symbolique, ce soubresaut vient souligner l'impasse politique totale dans laquelle se trouve l'Irak, avec un goût de déjà-vu, les tractations entre partis pour mettre sur pied un gouvernement et nommer un Premier ministre jouant généralement les prolongations, comme cette fois-ci.

Depuis huit mois et les législatives anticipées d'octobre 2021, desquelles le mouvement sadriste est sorti grand gagnant, le gouvernement du Premier ministre Moustafa Kazimi se contente d'expédier les affaires courantes.

M. Kazimi, au pouvoir depuis 2020 et qui n'appartient à aucun parti politique, n'a pas les coudées franches pour tenter de résorber la crise sociale que traversent les 41 millions d'habitants du pays pétrolier.

Le pays souffre de plusieurs maux: le népotisme, la corruption -- l'Irak pointant à une piètre 157e place sur 180 pays dans le classement de Transparency International -- et les problèmes énergétiques, notamment.

«Majoritaire» versus «Consensus»

Bien qu'étant l'un des pays les mieux dotés en hydrocarbures, l'Irak n'arrive pas à fournir d'électricité à ses citoyens de manière régulière, ce qui provoque des délestages et alimente la colère de la population, surtout en ce début d'été où les températures frôlent les 50 degrés.

Ce sont d'ailleurs ces revendications qui avaient poussé des milliers d'Irakiens dans la rue à l'automne 2019, à l'occasion d'une révolte inédite.

Au Parlement, les deux pôles du chiisme politique -celui de Moqtada Sadr et les pro-Iran du Cadre de coordination- continuent à revendiquer une majorité et le droit de nommer le Premier ministre.

Moqtada Sadr, allié à des forces sunnites et kurdes, entend briser la tradition qui veut que toutes les forces chiites soient parties prenantes dans un "gouvernement de consensus".

Le clerc chiite veut un "gouvernement majoritaire" qui repousserait dans l'opposition ses adversaires du Cadre de coordination.

Il n'y est pas parvenu jusqu'à aujourd'hui et, en signe de protestation, a lui-même affirmé récemment que ses députes siégeaient "dans l'opposition", laissant au Cadre de coordination l'apanage de la formation d'un gouvernement.

Le "gouvernement majoritaire" que Moqtada Sadr appelle de ses voeux s'articulerait autour de son courant, du parti du président sunnite du Parlement Mohammed al-Halboussi et du Parti démocratique du Kurdistan (PDK). Ces trois formations regroupent 155 députés sur 329 et n'ont donc pas de majorité dans l'hémicycle.

Le Cadre de coordination compte notamment l'Alliance de la Conquête, vitrine politique des anciens paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi. Il rassemble 83 élus.

Faute de majorité claire et de consensus, le Parlement a échoué par trois fois depuis le début de l'année à organiser l'élection du président de la République, première étape avant la désignation du Premier ministre et la formation du gouvernement.

Tous les délais impartis par la Constitution ont été dépassés.

Une des pistes évoquées pour sortir de l'impasse serait de dissoudre le Parlement et d'organiser de nouvelles législatives mais pour ce faire, les députés devraient eux-mêmes dissoudre l'Assemblée.


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.