Macron, Scholz et Draghi en visite de «soutien» en Ukraine, avant une décision cruciale de l'UE

Le chancelier allemand Olaf Scholz, critiqué lui pour le peu de livraisons d'armes allemandes à l'Ukraine, n'a pas fait de déclaration formelle pour l'instant (Photo, AFP).
Le chancelier allemand Olaf Scholz, critiqué lui pour le peu de livraisons d'armes allemandes à l'Ukraine, n'a pas fait de déclaration formelle pour l'instant (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 16 juin 2022

Macron, Scholz et Draghi en visite de «soutien» en Ukraine, avant une décision cruciale de l'UE

  • A l'issue de leur visite, le président français a loué «l'héroïsme» des Ukrainiens, évoquant «les stigmates de la barbarie, les premières traces de ce que sont les crimes de guerre» 
  • Le chancelier allemand Olaf Scholz a dénoncé «la brutalité de la guerre d'agression russe, qui vise simplement à détruire et à conquérir»

KIEV: Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi ont promis jeudi de soutenir « sans ambiguité » l'Ukraine face à l'agression russe, lors d'une visite inédite à Kiev programmée quelques jours avant une décision de l'Union européenne sur les chances de ce pays de rejoindre le bloc européen. 

Arrivé en gare de Kiev après près de dix heures de train depuis le sud-est de la Pologne, le président français, qui assume jusqu'au 30 juin la présidence tournante de l'Union européenne, a déclaré que les dirigeants étaient venus adresser « un message d'unité européenne » et de « soutien » à Kiev « à la fois pour le présent et pour l'avenir ». 

Le chancelier allemand Olaf Scholz, critiqué lui pour le peu de livraisons d'armes allemandes à l'Ukraine, n'a pas fait de déclaration formelle pour l'instant. Il a indiqué que la visite visait « à manifester notre solidarité » et à « assurer que l'aide que nous organisons, financière, humanitaire, mais aussi lorsqu'il s'agit d'armes, se poursuivra (...) aussi longtemps qu'il le faudra pour la lutte pour l'indépendance de l'Ukraine », dans un entretien au quotidien Bild accordé pendant leur voyage en train. 

En visitant ensuite Irpin, une des banlieues de Kiev dévastées au début de la guerre par l'offensive russe ratée sur la capitale, le président français s'est défendu de toute « ambiguïté » dans son soutien à Kiev, lui qui a été très critiqué pour avoir affirmé qu'il ne fallait pas « humilier » la Russie. 

« Il faut que l'Ukraine puisse résister et l'emporter » face à l'armée russe, a-t-il déclaré. « La France est aux côtés de l'Ukraine depuis le premier jour (...) nous sommes aux côtés des Ukrainiens sans ambiguïté », a-t-il affirmé. 

« Faites l'Europe, pas la guerre »  

Comme d'autres dirigeants européens venus à Kiev avant eux, les dirigeants ont déambulé dans les rues d'Irpin, s'arrêtant devant des bâtiments détruits par les combats ou une voiture calcinée, posant des questions à leur guide, le ministre ukrainin de la Décentralisation Oleksiï Tchernychov. 

Le président français s'est notamment arrêté devant un dessin sur un mur, accompagné du message « Make Europe Not War » ( »Faites l'Europe, pas la guerre »). 

« C'est le bon message », a-t-il commenté. « C'est très émouvant de voir cela ». 

« Nous reconstruirons tout », a promis de son côté Mario Draghi. 

A l'issue de leur visite, le président français a loué « l'héroïsme » des Ukrainiens, évoquant « les stigmates de la barbarie, « les premières traces de ce que sont les crimes de guerre. » 

Le chancelier allemand a lui dénoncé « la brutalité de la guerre d'agression russe, qui vise simplement à détruire et à conquérir ». 

« Des civils innocents ont été touchés, des maisons ont été détruites. Une ville entière a été détruite alors qu'elle ne comportait aucune infrastructure militaire », a-t-il écrit sur son compte Twitter. 

Des centaines de civils ont été tués dans les villes d'Irpin, Boutcha et Borodianka, pendant l'occupation russe de cette région en mars. Des enquêtes internationales sont en cours pour déterminer les coupables de ces crimes de guerre dont les Ukrainiens accusent les forces russes. 

« Signaux politiques clairs »  

Les quatre dirigeants ont ensuite retrouvé le président ukrainien Volodymyr Zelensky au palais présidentiel, au centre de Kiev, avant une conférence de presse commune dans l'après-midi. 

La capitale ukrainienne a repris vie depuis le retrait russe de la région, mais est encore occasionnellement frappée par des tirs russes. Les sirènes d'alerte y retentissent fréquemment, comme cela a été le cas peu après l'arrivée des dirigeants européens jeudi. 

La question d'une adhésion de l'Ukraine à l'UE devait être au coeur des discussions. M. Zelensky martèle que son pays, en défendant « les valeurs » de l'Europe face à l'agression russe, a gagné le droit de rejoindre le bloc européen, que l'UE refusait d'envisager avant le début de l'invasion russe. 

Les Vingt-Sept doivent décider, lors d'un sommet les 23-24 juin, s'ils accordent à l'Ukraine le statut officiel de candidat à une adhésion, début d'un processus de négociations qui peut durer des années. 

La Commission européenne doit faire connaître sa recommandation vendredi. 

Mercredi, depuis la Roumanie, le président français avait souligné la nécessité d'envoyer des « signaux politiques clairs » aux Ukrainiens dans une « situation géopolitique inédite ». 

Parmi les 27, les pays d'Europe de l'Est appuient cette candidature, mais d'autres comme le Danemark ou les Pays-Bas ont exprimé des réserves. Toute décision nécessite l'unanimité. 

L'Ukraine pourrait obtenir un statut de candidat sous conditions ou assorti d'une date pour l'ouverture des négociations, selon certains experts. 

La France se dit « ouverte » à cette candidature, mais propose la création d'une Communauté politique européenne qui permettrait d'ancrer plus vite l'Ukraine à l'Europe, en l'associant à des projets concrets de défense, d'énergie ou d'infrastructures, sans attendre une adhésion. 

Une proposition mal accueillie à Kiev, qui redoute qu'elle renvoie une adhésion à l'UE aux calendes grecques. 

En attendant de connaître la décision de l'UE, le chancelier Scholz a confirmé que M. Zelensky avait « accepté (son) invitation » à participer au prochain sommet du G7, du 26 au 28 juin, en Bavière, puis au sommet de l'Otan qui se déroulera dans la foulée à Madrid. 

« Moment-charnière » 

Le président ukrainien devait également réitérer aux dirigeants européens sa demande d'accélération de livraisons d'armes lourdes. 

« L'Ukraine doit obtenir tout ce qui est nécessaire pour remporter la victoire », avait-il insisté mercredi devant les députés tchèques. 

La visite intervient alors que les forces ukrainiennes sont en difficulté dans le Donbass, région de l'est de l'Ukraine partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et que Moscou s'est fixé pour objectif de contrôler en totalité. 

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi une nouvelle tranche d'aide militaire à l'Ukraine d'un milliard de dollars, qui comprend notamment des pièces d'artillerie et des obus supplémentaires. 

« Je veux dire ma gratitude pour ce soutien, il est particulièrement important pour notre défense dans le Donbass », a réagi M. Zelensky dans son message vidéo quotidien. 

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a appelé mercredi ses alliés à « intensifier » les livraisons d'armes aux Ukrainiens. 

« L'Ukraine est confrontée à un moment charnière sur le champ de bataille », a-t-il déclaré lors d'une réunion à Bruxelles des pays du « groupe de contact » créé par les Etats-Unis pour aider militairement l'Ukraine. « Nous devons donc intensifier notre engagement commun » et « redoubler d'efforts pour qu'elle puisse se défendre », a-t-il ajouté.  

Les combats se concentrent depuis plusieurs semaines sur Severodonetsk et Lyssytchansk, deux villes voisines clé pour le contrôle du Donbass, soumises à des bombardements constants et dont la quasi-totalité des infrastructures - électricité, eau, communications - ne fonctionnent plus. 

« C'est de plus en plus difficile tous les jours, les Russes amènent de plus en plus d'armes dans la ville et essaient d'attaquer depuis plusieurs directions », a déclaré jeudi Oleksandr Striouk, maire de Severodonetsk. 

« La situation à Severodonetsk est compliquée », a reconnu le chef des forces ukrainiennes, Oleksiy Gromov. 

Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans la grande usine chimique Azot, emblématique de cette ville qui comptait avant la guerre quelque 100 000 habitants. Plus de 500 civils seraient réfugiés à l'intérieur, selon le maire de Severodonetsk. 

Moscou a proposé mardi un « couloir humanitaire » qui permettrait d'évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, avant d'accuser Kiev mercredi d'avoir « fait échouer » l'opération. 

Au total, quelque 10 000 civils sont encore présents à Severodonetsk, a indiqué jeudi Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk. 

« L'armée russe perd des centaines de combattants, mais trouve des réserves et continue de détruire Severodonetsk », a-t-il affirmé. Mais « nos militaires tiennent la défense ». 


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.