En Ukraine, le combat d'un député géorgien contre l'«ennemi commun»

Le député géorgien Aleko Elisachvili assiste à une session parlementaire à Tbilissi le 27 mai 2022 (Photo, AFP).
Le député géorgien Aleko Elisachvili assiste à une session parlementaire à Tbilissi le 27 mai 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 16 juin 2022

En Ukraine, le combat d'un député géorgien contre l'«ennemi commun»

  • Comme le député, des centaines d'habitants de cette ex-république soviétique du Caucase ont rejoint l'Ukraine comme volontaires pour combattre au sein de la Légion étrangère ukrainienne et de la Légion géorgienne
  • Leur motivation s'explique en grande partie par l'histoire compliquée des relations entre la Russie et la Géorgie

TBILISSI: Lorsque Moscou a lancé son offensive contre l'Ukraine, le député géorgien Aleko Elisachvili n'a pas hésité: il est monté dans un avion et quelques jours plus tard, il affrontait les forces russes près de Kiev.

"Nous nous battons aux côtés des Ukrainiens contre notre ennemi commun: l'impérialisme (du président russe Vladimir) Poutine", déclare à l'AFP M. Elisachvili dans son bureau du parlement géorgien, où il a accroché un drapeau ukrainien.

Après une première guerre entre Moscou et Tbilissi en 2008, "la probabilité que la Russie attaque à nouveau la Géorgie est très élevée", estime l'élu de 44 ans.

"Il est donc encore plus important pour nous que la Russie soit battue en Ukraine. C'est pour cela que de nombreux Géorgiens y combattent actuellement", dit-il.

Comme le député, des centaines d'habitants de cette ex-république soviétique du Caucase ont rejoint l'Ukraine comme volontaires pour combattre au sein de la Légion étrangère ukrainienne et de la Légion géorgienne, des unités intégrées à l'armée régulière de Kiev.

Leur motivation s'explique en grande partie par l'histoire compliquée des relations entre la Russie et la Géorgie, et des aspirations pro-occidentales de Kiev comme de Tbilissi.

Annexée à deux reprises par la Russie, en 1801 et en 1921, la Géorgie a aussi été envahie en 2008 par les troupes russes lors d'une brève guerre de cinq jours qui a fait environ 700 morts. La Russie soutient aussi en Géorgie deux territoires séparatistes.

«Le sort de la Géorgie»

Selon Mamouka Mamoulachvili, commandant de la Légion géorgienne des forces armées ukrainiennes, jusqu'à un millier de Géorgiens se sont rendus en Ukraine et au moins 13 d'entre eux ont été tués.

"Le sort de la Géorgie est en train de se jouer en Ukraine. Si l'Ukraine tombe, (...) c'est l'existence même de la Géorgie qui sera sérieusement menacée", déclare-t-il à l'AFP lors d'un entretien téléphonique.

M. Elisachvili s'est battu en Ukraine pendant une quarantaine de jours au sein d'une unité de reconnaissance de la Légion étrangère ukrainienne, qui réunit des centaines de membres de nationalités différentes.

Il a notamment connu le feu à Irpine, dans la banlieue ouest de Kiev, où il a passé quatre jours dans un immeuble endommagé sur la ligne de front et dit avoir été témoin de "crimes de guerre" commis selon lui par les forces russes.

"Les troupes russes étaient déployées de l'autre côté de la rue. Un sniper russe tuait les passants, des civils. J'ai vu plusieurs civils tués dans une voiture, toute une famille", témoigne-t-il.

La bataille a débuté le 27 février, trois jours après le début de l'invasion et alors que les Russes menaient une offensive d'envergure sur Kiev. Les forces de Moscou se sont emparées d'une partie d'Irpine, avant d'être repoussés par les Ukrainiens, qui ont repris le contrôle total de cette ville le 28 mars.

"Je n'ai jamais vu des gens plus motivés que les Ukrainiens, parce qu'ils savent très bien pourquoi ils se battent: pour protéger leur patrie, leur famille", dit M. Elisachvili.

«Erreur stratégique»

A son retour à Tbilissi, M. Elisachvili a repris son siège au Parlement, où il dirige un petit parti centriste d'opposition.

Bien qu'accusé de tendances pro-russes par certains opposants, le gouvernement géorgien se dit pro-occidental et a dénoncé l'invasion de l'Ukraine. Mais il a évité de s'en prendre trop durement au Kremlin.

Pour M. Elisachvili, il faut désormais que les Etats-Unis et les pays européens augmentent les livraisons d'armes à Kiev.

Il estime que l'Occident a commis une "erreur stratégique" en ne faisant pas entrer la Géorgie et l'Ukraine dans l'Otan, de peur de fâcher Moscou.

"Cette guerre ne serait pas arrivée si l'Ukraine avait été membre de l'Otan. Poutine n'aurait jamais osé attaquer un membre de l'Otan", affirme-t-il.

Il pense que "Poutine ne s'arrêtera pas, de même qu'Hitler ne s'est pas arrêté avant d'être défait", jugeant que la Pologne et les pays baltes pourraient être ciblés.

Pour  lui, si la Russie "n'est pas défaite en Ukraine, (...) elle restera une menace permanente pour la paix mondiale".


Incendies en Turquie: "amélioration" autour d' Izmir, craintes pour les jours à venir

De la fumée et des flammes s'élèvent d'une zone forestière après un incendie de forêt dans le district de Seferihisar à Izmir, en Turquie, le 30 juin 2025 Les sauveteurs ont évacué plus de 50 000 personnes, principalement dans la province d'Izmir, à l'ouest de la Turquie, alors que les pompiers luttent contre une série d'incendies de forêt, a déclaré lundi l'agence des catastrophes AFAD. (AFP)
De la fumée et des flammes s'élèvent d'une zone forestière après un incendie de forêt dans le district de Seferihisar à Izmir, en Turquie, le 30 juin 2025 Les sauveteurs ont évacué plus de 50 000 personnes, principalement dans la province d'Izmir, à l'ouest de la Turquie, alors que les pompiers luttent contre une série d'incendies de forêt, a déclaré lundi l'agence des catastrophes AFAD. (AFP)
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  • La situation s'améliore mardi autour d'Izmir (ouest) où les incendies font rage depuis dimanche mais le ministre turc de l'Agriculture et des forêts s'alarme du redoublement des vents pour les jours à venir
  • Cinquante mille personnes au total dont 42.000 personnes autour d'Izmir et plus de cinq mille à Hatay ont dû être évacuées lundi

ISTANBUL: La situation s'améliore mardi autour d'Izmir (ouest) où les incendies font rage depuis dimanche mais le ministre turc de l'Agriculture et des forêts s'alarme du redoublement des vents pour les jours à venir.

"La situation est bien meilleure qu'hier concernant les incendies (autour) d'Izmir", sur la côte égéenne, a déclaré le ministre İbrahim Yumaklı lors d'un point de presse.

Il a cependant précisé que six incendies sont toujours en cours dans le pays, attisés par des vents violents qui risquent de redoubler encore dans les prochains jours, particulièrement dans la région de Hatay et Antakya (sud), "la plus problématique", selon lui.

Cinquante mille personnes au total dont 42.000 personnes autour d'Izmir et plus de cinq mille à Hatay ont dû être évacuées lundi et des centaines d'habitations ont été brûlées lundi dans le pays, a annoncé l'autorité turque de gestion des urgences AFAD.

La province de Hatay qui abrite notamment l'antique Antioche avait été dévastée par un violent séisme en février 2023.

Selon M. Yumakli, "342 incendies de forêt se sont déclarés depuis vendredi".

"Nous traversons des périodes difficiles en raison de vents violents et instables" et alors que les températures, normales pour la saison, dépassent les 30°C.

"À partir de demain, des vents violents nous attendent dans une grande partie de Marmara, de l'Égée et de la Méditerranée. Les températures augmenteront de manière significative", a mis en garde le ministre en lançant un appel aux à ne pas allumer de feux à l'extérieur.

"Ne jetez pas vos cigarettes dans les zones herbeuses. Je demande une prise de conscience collective à ce sujet", a insisté le ministre.

La Turquie, épargnée ces derniers jours par les vagues de chaleur qui touchent l'Europe du Sud, est confrontée à des sécheresses récurrentes sous l'effet du changement climatique.


Trump met fin aux sanctions visant la Syrie sauf pour Assad

Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
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  • Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie
  • Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité et de stabilité

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie, une nouvelle étape dans le rapprochement entre les deux pays après la chute de Bachar al-Assad.

"Il s'agit d'un effort pour promouvoir et soutenir le chemin du pays vers la stabilité et la paix", a déclaré à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avant la signature du décret à huis clos.

Le président Trump avait créé la surprise en annonçant lors d'une visite à Ryad le 13 mai la levée des sanctions américaines, disant vouloir "donner une chance de grandeur" aux nouvelles autorités de Damas.

Il avait aussi rencontré le lendemain le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, à la tête de la coalition rebelle dirigée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ayant renversé en décembre le président syrien.

Depuis, Washington a assoupli la plupart de ses sanctions pour faciliter le retour de la Syrie dans le système financier international et met en oeuvre des autorisations pour encourager de nouveaux investissements en Syrie.

Le département d'Etat a délivré une dérogation au titre de la "loi César" sur la protection des civils en Syrie. Cette loi de 2020 prévoyait des sanctions sévères contre toute entité ou entreprise coopérant avec le pouvoir déchu de Bachar al-Assad.

La Syrie, dirigée par le clan Assad pendant plusieurs décennies, fait l'objet de sanctions internationales depuis 1979. Celles-ci ont été renforcées après la répression par le pouvoir de Bachar al-Assad de manifestations prodémocratie en 2011, élément déclencheur de la guerre.

Le décret présidentiel, qui évoque les "mesures positives" prises par les autorités syriennes depuis la chute d'Assad, démantèle l'architecture globale qui entoure les sanctions américaines, dont une déclaration "d'urgence nationale" en date de 2004.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité, de stabilité et d'ouverture sur la communauté internationale".

" Avec la levée de ce grand obstacle à la reprise économique, s'ouvrent les portes tant attendues de la reconstruction et du développement, ainsi que de la réhabilitation des infrastructures vitales, créant ainsi les conditions nécessaires pour un retour digne et sûr des déplacés syriens dans leur patrie", a-t-il ajouté.

- Normalisation ? -

Les Etats-Unis maintiennent toutefois les sanctions visant Assad, qui a fui en Russie, "ses associés, les auteurs de violations des droits de l'homme, les trafiquants de drogue et personnes liées à l'Etat islamique", selon le décret.

Le retrait de la Syrie de la liste américaine des pays accusés de soutenir le terrorisme n'est pas encore à l'ordre du jour mais le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a clairement fait savoir que Washington envisageait de le faire.

"Je réexaminerai les désignations de HTS et du président al-Chareh comme terroristes mondiaux spécialement désignés, ainsi que la désignation de la Syrie comme Etat soutenant le terrorisme", a-t-il dit dans un communiqué.

La levée des sanctions américaines survient alors que le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a affirmé lundi qu'Israël était "intéressé" par une normalisation de ses relations avec la Syrie et le Liban dans le cadre des accords d'Abraham de 2020.

Parrainés par le président américain lors de son premier mandat à la Maison Blanche, ces accords ont vu Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Maroc et le Soudan établir des liens formels avec Israël.

L'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack a assuré à ce sujet lundi que les frappes israéliennes contre l'Iran avait offert une "fenêtre de tir qui n'a jamais existé" auparavant au Moyen-Orient.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.