Législatives en France: Une fin de campagne en mode surchauffe

Jean-Luc Melenchon prend la parole lors d'une conférence de presse à Paris le 15 juin 2022 (Photo, AFP).
Jean-Luc Melenchon prend la parole lors d'une conférence de presse à Paris le 15 juin 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 17 juin 2022

Législatives en France: Une fin de campagne en mode surchauffe

  • Dans cette drôle de campagne, qui se déroule sous une canicule exceptionnelle en France, les deux camps ont brandi l'épouvantail Donald Trump
  • Selon les dernières projections de l'Institut Ifop-Fiducial, la coalition présidentielle Ensemble! obtiendrait entre 265 et 300 sièges

PARIS: La campagne des élections législatives en France s'achève vendredi sur un ton envenimé, alors que le président Emmanuel Macron, de retour d'Ukraine, joue dimanche sa majorité absolue face à une gauche revigorée.

A J-2 du second tour, le camp du président Macron et l'alliance de gauche de Jean-Luc Mélenchon se livrent une bataille acharnée qui s'est accélérée dans la dernière ligne droite avec le déplacement impromptu d'Emmanuel Macron en Ukraine jeudi et en Roumanie et Moldavie mardi et mercredi.

Le voyage de trois jours a été vivement dénoncé par ses adversaires au moins sur la forme.

Alors que la France assure la présidence de l'Union européenne jusqu'au 30 juin, M. Macron s'en est défendu, disant jouer "pleinement son rôle", mais l'opposition de droite comme de gauche a crié au "mépris" ou à "la mise en scène" d'un chef de l'Etat esquivant le débat en pleine campagne électorale.

Le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon s'est associé jeudi "à son message de solidarité avec l'Ukraine", mais "on peut évidemment s'interroger sur le sens de ce voyage", a-t-il dit.

Mardi, il avait dénoncé le "mépris" du président à l'égard des Français, tandis que la responsable d'extrême droite Marine Le Pen a estimé jeudi qu'il "se sert de cette posture de chef de guerre pour tenter d'avoir une influence" sur le scrutin.

La polémique a pris un tour d'autant plus virulent que le président a dramatisé l'enjeu juste avant de décoller mardi, mettant en garde contre des "extrêmes" qui viendraient semer le "désordre" en France.

L'enjeu du second tour dimanche est de savoir si le président Macron, confortablement réélu le 24 avril pour un second mandat de cinq ans, disposera d'une majorité absolue ou simple à l'Assemblée nationale à l'issue du scrutin.

Au-delà, Emmanuel Macron joue ses projets de réformes en profondeur de la France, sur les retraites notamment.

A gauche, M. Mélenchon, arrivé troisième à la présidentielle, a réussi un coup politique en rassemblant socialistes, communistes, écologistes et son propre mouvement, la France insoumise, et s'appuie sur la forte poussée de la gauche au premier tour le 12 juin, arrivée au coude-à-coude avec le camp Macron en voix.

Il caresse l'espoir, si son alliance l'emporte dimanche, de devenir Premier ministre.

Selon les dernières projections de l'Institut Ifop-Fiducial, la coalition présidentielle Ensemble! obtiendrait entre 265 et 300 sièges, contre 180 à 210 pour la gauche unie Nupes, devant la droite classique LR et UDI (40 à 65 sièges) et l'extrême droite du RN (20 à 40). La majorité absolue est de 289 sièges.

Mais comme au premier tour, l'abstention devrait être de nouveau massive.

L'ombre de Trump

Dans cette drôle de campagne, qui se déroule sous une canicule exceptionnelle en France, les deux camps ont brandi l'épouvantail Donald Trump, s'accusant mutuellement d'imiter l'ancien président américain.

Le ministre de l'Europe, Clément Beaune, lui-même en difficulté dans une circonscription à Paris face à une candidate de la Nupes, a reproché à M. Mélenchon son "trumpisme à la française", des "hurlements" ou des "fake news".

Ce dernier avait raillé M. Macron pour son "sketch à la Trump" en référence à son discours mardi sur le tarmac de l'aéroport d'Orly, devant l'avion présidentiel avant de s'envoler pour la Roumanie.

Signe des tensions, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin l'a qualifié jeudi de "funeste agitateur".

Parmi les enjeux du scrutin: un troisième bloc constitué de l'extrême droite de Marine Le Pen espère atteindre la barre des 15 élus pour former un groupe dans l'Assemblée nationale. Ce serait seulement la deuxième fois dans l'histoire du parti.

La droite table sur une soixantaine de députés pour jouer les arbitres dans la future Assemblée nationale.

Plusieurs ministres dont M. Beaune ou la ministre de la Transition écologique Amélie de Montchalin jouent eux leur avenir politique dans des courses serrées en région parisienne. La Première ministre Elisabeth Borne est en ballottage favorable en Normandie (ouest).

La campagne prend fin vendredi à minuit, les candidats n'ayant plus le droit de s'exprimer sur les ondes ou de faire campagne jusqu'aux résultats dimanche soir. La publication des sondages est également interdite.


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.