Une saison «en enfer»: près de 50 degrés et l'été irakien ne fait que débuter

Les fils de Nateq Khafaji sont assis dans une piscine vide à côté d'un ventilateur devant leur maison dans la ville de Nasiriyah, dans la province irakienne de Dhi Qar, le 10 juin 2022. ASAAD NIAZI AFP
Les fils de Nateq Khafaji sont assis dans une piscine vide à côté d'un ventilateur devant leur maison dans la ville de Nasiriyah, dans la province irakienne de Dhi Qar, le 10 juin 2022. ASAAD NIAZI AFP
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Publié le Mardi 21 juin 2022

Une saison «en enfer»: près de 50 degrés et l'été irakien ne fait que débuter

  • Il fait 45 degrés à Bassora, dans le sud de l'Irak, et l'été ne fait que commencer
  • A Bassora, où l'air est chargé d'une lourde humidité venue du Golfe, même les Irakiens «vacillent», raconte Oum Mohammed, «réveillée en pleine nuit» par la chaleur

BASSORA: Elle veut "de l'air" mais tout ce qu'elle brasse avec son éventail, c'est de la chaleur. Sous son toit de tôle, Oum Mohammed, 74 ans, suffoque. Il fait 45 degrés à Bassora, dans le sud de l'Irak, et l'été ne fait que commencer.

"Par Dieu, nous sommes fatigués", chuchote Oum Mohammed.

Une inhabituelle canicule s'est abattue en juin sur l'Irak, où les fortes chaleurs sont pourtant la norme. A Bagdad, le mercure a éraflé les 50 degrés sous abri au début du mois, selon la chaîne d'Etat Iraqiya.

A Bassora, où l'air est chargé d'une lourde humidité venue du Golfe, même les Irakiens "vacillent", raconte Oum Mohammed, "réveillée en pleine nuit" par la chaleur.

Par manque d'entretien et de capacité, le réseau électrique est défaillant et n'assure que quelques heures de courant par jour. Payer le propriétaire d'un groupe électrogène privé n'est pas à la portée de toutes les bourses: environ 100 euros par mois pour une famille de quatre personnes.

Comme nombre d'Irakiens, Oum Mohammed n'a pas autant d'argent à débourser. Elle en veut au gouvernement de ne pas assurer la couverture en électricité. "Pourquoi fait-il ça? Il devrait aider les pauvres, pas les combattre. Même Dieu n'est pas d'accord", maugrée la vieille dame, enveloppée dans son abaya noire.

«Priorité nationale»

Un été en enfer, après un printemps ponctué d'une dizaine de tempêtes de sable et de poussière, elles-mêmes causées par le changement climatique et la désertification de l'Irak, selon les météorologistes.

"Avec les canicules et les tempêtes de sable qui vont se multiplier, nous nous attendons à traiter davantage de patients pour des pathologies liées au climat", explique Seif Al-Badr, porte-parole du ministère de la Santé à l'AFP.

Le climat change, les températures augmentent et l'Irak est aux premières loges, avertit son président Barham Saleh. Il a appelé à faire de la lutte contre les effets du changement climatique "une priorité nationale, car c'est une menace existentielle pour les générations futures".

Dans les campagnes, les récoltes s'annoncent catastrophiques. "La désertification affecte 39% des terres irakiennes, la raréfaction de l'eau est un problème dans toutes nos régions", a lancé M. Saleh.

Mais pour l'heure, le climat est relégué au second plan de l'agenda politique.

Huit mois après les élections législatives, les partis chiites, majoritaires, n'ont toujours pas réussi à se mettre d'accord sur le nom du nouveau Premier ministre. L'actuel chef du gouvernement Moustafa Kazimi expédie les affaires courantes.

Pour Nataq al-Khafaji, habitant de Nassiriya (sud), cela signifie "vivre sans électricité". Ce jour- là il fait 44 degrés. "Moi, ça va encore, mais pour les enfants et les personnes âgées, c'est très dur", dit-il. "C'est l'enfer".

«La chaleur nous tue»

L'Irak a beau être l'un des pays les mieux dotés en hydrocarbures au monde, il est confronté à une pénurie énergétique. Il s'est donc tourné vers l'Iran qui lui fournit un tiers de sa consommation en gaz pour faire tourner ses centrales électriques.

Or, Bagdad a laissé pendant deux ans en souffrance une note de 1,6 milliard de dollars à Téhéran qui lui a coupé le gaz pendant quelques semaines au printemps. L'Irak a finalement réglé sa facture mi-juin.

Mais cela n'empêche pas les coupures de courant plusieurs fois par jour.

Pendant les vacances d'été, les trois enfants de Nataq n'ont nulle part où aller, aucun parc aquatique, aucun espace vert. Ils restent chez eux à ne rien faire, plongés dans la pénombre à peine rafraîchissante de leur maison.

Pour apporter un tout petit peu d'air, Nataq a investi dans un dérisoire ventilateur à piles et il se demande "comment supporter les six mois où il va faire presque 50 degrés". "L'hiver dernier, il n'a presque pas plu à cause du changement climatique", dit-il.

Le niveau des fleuves ne cesse de baisser à cause des déficits en précipitations et des barrages construits par les voisins turcs et iraniens.

Et ça n'est qu'un début. La Banque mondiale a estimé qu'en l'absence de politiques adaptées, l'Irak pourrait connaître d'ici 2050 une chute de 20% de ses ressources en eau douce disponible.

A Bagdad, Abbas Nasser, 20 ans, est journalier sur les chantiers. Aujourd'hui, il transporte des brouettes de sable.

"La chaleur nous tue", dit-il, en se versant une rasade d'eau fraîche sur le crâne. Il dit travailler 11 heures par jour pour 30.000 dinars (environ 20 euros). C'est très peu, "mais celui qui reste assis à ne rien faire meurt de faim".

Abbas demande parfois à son patron une pause, "mais il n'accepte pas. Il dit que je dois travailler".


L'Iran assure aux Etats-Unis ne pas vouloir «une expansion des tensions » avec Israël

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré que son pays avait « essayé de dire clairement aux États-Unis » que l’Iran « ne cherchait pas une expansion des tensions dans la région ».
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a déclaré que son pays avait « essayé de dire clairement aux États-Unis » que l’Iran « ne cherchait pas une expansion des tensions dans la région ».
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  • «Ce qui peut accroître les tensions dans la région, c'est le comportement du régime sioniste», a dit Hossein Ami-Abdollahian à son arrivée dans la nuit de mercredi à jeudi à New York pour une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
  • A New York, M. Amir-Abdollahian a prévu de s'entretenir avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et avec d'autres ministres des Affaires étrangères en marge de la réunion du Conseil de sécurité

TÉHÉRAN: Le chef de la diplomatie iranienne a déclaré que son pays avait fait passer plusieurs "messages" aux Etats-Unis pour assurer que l'Iran ne cherchait "pas une expansion des tensions" au Moyen-Orient avec Israël, a indiqué jeudi son ministère.

"Ce qui peut accroître les tensions dans la région, c'est le comportement du régime sioniste", a dit Hossein Ami-Abdollahian à son arrivée dans la nuit de mercredi à jeudi à New York pour une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

Israël a indiqué mercredi qu'il se réservait "le droit de se protéger" face à l'Iran à la suite de l'attaque menée dans la nuit de samedi à dimanche par Téhéran contre son territoire avec des drones et des missiles.

M. Ami-Abdollahian a insisté sur le fait que "des messages avaient été envoyés avant et après l'opération" aux Etats-Unis, essentiellement par l'intermédiaire de l'ambassade suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains en Iran en l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays. Ces échanges visaient "à établir une compréhension correcte de l'action de l'Iran", selon lui.

"Nous avons dit clairement aux Américains que la décision (...) de répondre au régime" israélien, à la suite de la frappe attribuée à Israël contre le consulat iranien à Damas le 1er avril, était "définitive", a dit le ministre.

"Nous avons essayé de dire clairement aux Etats-Unis dans ces messages que nous ne sommes pas à la recherche d'une expansion des tensions dans la région", a-t-il ajouté.

A New York, M. Amir-Abdollahian a prévu de s'entretenir avec le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et avec d'autres ministres des Affaires étrangères en marge de la réunion du Conseil de sécurité qui doit débattre d'une demande des Palestiniens de devenir un membre à part entière des Nations unies.


"Sortir de la destruction et de la mort" : des Gazaouis à la plage comme avant la guerre

Des enfants palestiniens jouent sur une plage à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 avril 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo AFP)
Des enfants palestiniens jouent sur une plage à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 avril 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo AFP)
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  • Une météo estivale a offert mercredi un moment de répit aux Gazaouis déplacés à Deir el-Balah, dans le centre du territoire palestinien,
  • "Les enfants étaient heureux", assure Naji Abou Waseem, lui aussi déplacé de Gaza-ville. "C'était notre but, les sortir de la destruction et de la mort, de l'atmosphère de la guerre, même s'ils entendent tout le temps des explosions et les avions"

Deir El-Balah (Territoires Palestiniens) : Une météo estivale a offert mercredi un moment de répit aux Gazaouis déplacés à Deir el-Balah, dans le centre du territoire palestinien, qui par centaines se sont baignés dans les eaux encore fraîches de la Méditerranée pour se laver des affres de la guerre.

"Aujourd'hui, c'était l'occasion pour nous d'aller à la mer. A cause de la forte chaleur, la tente est comme un four, et l'air est comme le feu", raconte à l'AFP Mahmoud Al-Khatib, 28 ans, qui a dû fuir la ville de Gaza, au nord, avec sa femme et ses enfants.

En attendant le jour où ils pourront rentrer chez eux, ils vivent dans un camp, sous des tentes chauffées à blanc par le soleil d'avril et un mercure qui a atteint les 34°C mercredi à Deir el-Balah.

"Les enfants étaient heureux", assure Naji Abou Waseem, lui aussi déplacé de Gaza-ville. "C'était notre but, les sortir de la destruction et de la mort, de l'atmosphère de la guerre, même s'ils entendent tout le temps des explosions et les avions".

Un photographe de l'AFP a saisi ces instants de calme et de joie simple, une denrée rare dans le petit territoire palestinien ravagé par six mois de frappes aériennes incessantes et de combats acharnés entre Israël et le Hamas.

Des hommes étendus sur le sable, les regards au large, devisent à quelques pas d'enfants bravant les vagues ou barbotant sur l'estran. Un petit groupe de femmes et de jeunes filles en tunique longue et hijab posent pour la photo.

Un cheval, un chien s'ébrouent dans l'eau. Des gamins piaffent d'aise, juchés sur un chameau.

Des adolescents tapent dans le ballon, d'autres volleyent, de plus jeunes sautillent sur un improbable trampoline.

Selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste Hamas, qui a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007, femmes et enfants sont les premières victimes de l'opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, qui a fait près de 39.000 morts, majoritairement des civils.

Originaire d'un quartier du nord de Gaza, Oum Ramadan, son mari Younis Abou Ramadan, leurs enfants et petits-enfants vivent eux aussi sous des tentes, "comme dans une boîte de sardines", résume-t-elle.

"Nous avons passé la journée à la plage", raconte Younis Abou Ramadan. "Nous avons essayé d'oublier ce que nous vivons, mais c'est difficile".

L'offensive militaire israélienne a été déclenchée par les attaques sanglantes et sans précédent perpétrées le 7 octobre par des commandos infiltrés du Hamas dans le sud d'Israël qui ont fait 1.170 morts, en majorité des civils, d'après un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels israéliens.

Leur massacre commis, les assaillants ont enlevé 250 personnes. Dans le cadre d'une trêve d'une semaine fin novembre, une centaine d'otages, dont 80 Israéliens ou binationaux, ont été libérés en échange de 240 prisonniers palestiniens.

Israël estime que 129 otages restent captifs dans la bande de Gaza, dont 34 sont morts.


Les rois de Jordanie et de Bahreïn discutent de coopération arabe régionale

Le roi Abdallah II de Jordanie et le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, à Aqaba. (Petra)
Le roi Abdallah II de Jordanie et le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, à Aqaba. (Petra)
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  • La réunion a mis en lumière l’importance du prochain sommet de la Ligue arabe, qui devrait être inauguré à Manama, le 16 mai
  • Le roi Hamad a félicité la Jordanie pour son rôle au niveau de la promotion de la paix dans la région et son soutien aux causes arabes et islamiques, en particulier la question palestinienne

AMMAN: Le roi Abdallah II de Jordanie et le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa al-Khalifa, se sont rencontrés, mercredi, à Aqaba, pour discuter de la solidarité et de la coordination arabes, rapporte l’Agence de presse jordanienne.

La réunion a mis en lumière l’importance du prochain sommet de la Ligue arabe, qui devrait être inauguré à Manama, la capitale du royaume de Bahreïn, le 16 mai, à la lumière des défis auxquels la région fait désormais face.

Le roi Abdallah a salué les efforts déployés par Bahreïn pour organiser l’événement.

Lors de la réunion, à laquelle a également participé le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdallah, les dirigeants ont insisté sur les liens étroits entre la Jordanie et Bahreïn et ont exprimé leur engagement à poursuivre la coopération et l’intégration économique.

Le roi Hamad a félicité la Jordanie pour son rôle au niveau de la promotion de la paix dans la région et son soutien aux causes arabes et islamiques, en particulier la question palestinienne.

Les dirigeants ont souligné la nécessité urgente d’une intervention internationale pour parvenir à un accord de cessez-le-feu à Gaza, et ils ont appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à prendre des mesures immédiates pour protéger les civils, garantir l’acheminement de l’aide humanitaire et empêcher une escalade du conflit.

Ils se sont également fermement opposés à toute action susceptible d’élargir le conflit, notamment l’offensive terrestre israélienne à Rafah ou le déplacement des Palestiniens.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com