La macronie face au fiasco auquel elle ne croyait pas

Le président français Emmanuel Macron quitte l'isoloir alors qu'il vote lors de la deuxième étape des élections législatives françaises dans un bureau de vote du Touquet, dans le nord de la France, le 19 juin 2022. (Michel Spingler / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron quitte l'isoloir alors qu'il vote lors de la deuxième étape des élections législatives françaises dans un bureau de vote du Touquet, dans le nord de la France, le 19 juin 2022. (Michel Spingler / POOL / AFP)
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Publié le Mardi 21 juin 2022

La macronie face au fiasco auquel elle ne croyait pas

  • A partir du lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron, fin avril, les sondages ont accompagné cette quasi-certitude d'une reconduction de la majorité, a minima dans son ampleur de 2017
  • Désormais au pied du mur, en n'ayant fait élire que 245 députés - MoDem et Horizons compris -, la majorité semble désemparée

PARIS: Depuis la réélection d'Emmanuel Macron, l'idée que le président n'obtienne qu'une majorité relative à l'Assemblée a été balayée presque jusqu'au fiasco de dimanche soir, qui a brusquement dégrisé la macronie.

"Mon feeling, c'est qu'on aura une majorité trop confortable..." A quelques jours du deuxième tour de l'élection présidentielle, ce ministre n'a qu'une interrogation: "Je vois mal comment on échappera à un groupe d'Horizons", le parti d'Edouard Philippe", "mais c'est jouable que La République en marche ait la majorité absolue, même sans le MoDem".

Le précédent de la réélection de François Mitterrand en 1988, qui n'avait alors obtenu qu'une majorité relative? "Et alors? Michel Rocard, c'est le meilleur gouvernement de gauche qu'on ait eu sous la Ve République!", souriait Edouard Philippe, en avril, lorsqu'on l'interrogeait sur le sujet.

"La situation n'a de toutes façons rien à voir", complétaient plusieurs pontes de la macronie, qui tablaient encore sur "une quinzaine de socialistes et une vingtaine de LR" prêts à rejoindre la majorité.

A partir du lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron, fin avril, les sondages ont accompagné cette quasi-certitude d'une reconduction de la majorité, a minima dans son ampleur de 2017, peut-être même davantage.

"Et puis, progressivement, après l'affaire Abad, après l'affaire du Stade de France, dans les semaines précédant le premier tour des législatives, on a senti qu'on s'éloignait de la majorité absolue" fixée à 289 sièges à l'Assemblée nationale, relève un parlementaire LREM.

"A la toute, toute fin, on s'est dit qu'on allait avoir une majorité étriquée", poursuit-il.

Le soir du premier tour, la douche est tiède, pas encore froide. Lors d'une réunion du groupe macroniste au Sénat dans les jours suivants, Alain Richard présente ses tableaux et prédit 280 sièges pour la majorité. Son collègue François Patriat est davantage optimiste: il a calculé que 310 candidats de la coalition Ensemble! seront gagnants.

"Peut-être ont-ils voulu ne pas trop effrayer. Parce que certains d'entre nous ne trouvaient que 250 élus", remarque un proche d'Emmanuel Macron, qui a "compris que nos modèles de reports de voix étaient dépassés: le front républicain n'existe plus et on le savait".

«Changer du sol au plafond»

Les cafouillages de la majorité présidentielle au soir du premier tour quant à l'absence de consigne de vote claire face aux duels Nupes/RN ont achevé d'effriter le socle de l'électorat macroniste à la présidentielle, désormais décidé à "exprimer une déception, ou qui voulait un rééquilibrage: c'est ce que me disaient les gens sur les marchés", se rappelle un candidat LREM défait.

Pourtant, au siège du parti présidentiel, jusqu'à la veille du second tour, deux lignes persistent à s'affronter.

D'un côté les optimistes, convaincus que Jean-Luc Mélenchon sera un repoussoir dans l'isoloir et qui rappellent que la campagne de réélection d'Emmanuel Macron avait suscité des doutes ensuite balayés par la victoire.

Mais les Cassandre sont toujours là, "furibards après l'espèce de ni-ni entre Mélenchon et Le Pen" et qui sentent "pas du tout un mouvement pour nous dimanche prochain", s'époumonait un ministre-candidat la semaine dernière en disant "ne pas croire du tout à ce qu'on obtienne la majorité absolue".

Dès lors, comment se préparer au risque d'une majorité relative ? "Il n'y a eu aucune réunion dans la majorité pour parler de ça", jurait un responsable du parti en fin de semaine dernière, faisant par ailleurs observer que "si ça devait arriver, il n'y aura pas beaucoup de débauchages", imaginant plutôt des majorités se construisant "projet de loi par projet de loi".

Désormais au pied du mur, en n'ayant fait élire que 245 députés - MoDem et Horizons compris -, la majorité semble désemparée. "Personne ne dit rien, les téléphones ne sonnent pas", note un parlementaire.

Une nouvelle ligne de fracture se dessine toutefois, entre "ceux qui pensent qu'il faut tâtonner et rester dans une forme de statu quo gouvernemental, et ceux qui veulent tout changer du sol au plafond, avec un nouveau Premier ministre", relève un familier de l'exécutif, selon qui "ça flotte beaucoup".

"Mais Macron peut aussi s'amuser", poursuit-il, "en essayant de montrer aux oppositions qu'elles ne veulent pas voter un texte sur le pouvoir d'achat ou l'écologie", alors que Emmanuel Macron a convié mardi et mercredi les responsables politiques.

Pour, lui, "maintenant, il va falloir faire de la politique à 200%".


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.