RDC: 61 ans après sa mort, Patrice Lumumba rentre chez lui

Le cercueil du premier Premier ministre et héros de l'indépendance de la République démocratique du Congo, Patrice Lumumba, est emporté après une cérémonie d'hommage à l'ambassade congolaise avant le départ de sa dernière dépouille vers la RD Congo, à Bruxelles le 21 juin 2022. Kenzo TRIBOUILLARD / AFP.
Le cercueil du premier Premier ministre et héros de l'indépendance de la République démocratique du Congo, Patrice Lumumba, est emporté après une cérémonie d'hommage à l'ambassade congolaise avant le départ de sa dernière dépouille vers la RD Congo, à Bruxelles le 21 juin 2022. Kenzo TRIBOUILLARD / AFP.
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Publié le Mercredi 22 juin 2022

RDC: 61 ans après sa mort, Patrice Lumumba rentre chez lui

  • Plus de 61 ans après son assassinat, le cercueil de Patrice Lumumba est ramené mercredi sur sa terre natale, deux jours après la restitution par la Belgique à la République démocratique du Congo (RDC) d'une dent
  • L'avion transportant depuis Bruxelles les restes du premier Premier ministre de l'ex-Congo belge est attendu au petit matin à Kinshasa pour une escale technique

TSHUMBE: Plus de 61 ans après son assassinat, le cercueil de Patrice Lumumba est ramené mercredi sur sa terre natale, deux jours après la restitution par la Belgique à la République démocratique du Congo (RDC) d'une dent, seul reste de la dépouille du héros de l'indépendance.

L'avion transportant depuis Bruxelles les restes du premier Premier ministre de l'ex-Congo belge est attendu au petit matin à Kinshasa pour une escale technique. Après un changement d'appareil, le cercueil et la délégation qui l'accompagne doivent s'envoler pour la province du Sankuru (centre), où naquit Lumumba en 1925, dans le village d'Onalua.

Ce sera le début d'un périple de neuf jours dans le pays, qui fera étape dans des sites emblématiques de la vie de Patrice Lumumba et s'achèvera le 30 juin dans la capitale où, après un deuil national de trois jours, un mausolée accueillera une cérémonie d'inhumation.

"Son esprit, qui était emprisonné en Belgique, revient ici", se console à Onalua Maurice Tasombo Omatuku, chef traditionnel et neveu de Lumumba, partagé entre la joie de pouvoir enfin "faire le deuil" de son oncle et la "tristesse" de savoir qu'il avait "réellement été assassiné".

Le village, qui fait partie depuis 2013 d'une commune "hommage" baptisée Lumumbaville, se préparait activement mardi à accueillir "le reste" de l'enfant du pays.

Sous un soleil accablant, des hommes dégageaient l'épaisse couche de sable recouvrant la voie qui relie Onalua à la ville voisine de Tshumbe. Les herbes et branches d'arbres étaient dégagées sous la supervision de la police, pendant que des feuilles de palmiers, symbole de deuil ou de fête, étaient installées au bord de la route, aux côtés de drapeaux congolais.

Un modeste podium aux couleurs de la RDC (jaune-bleu-rouge), des tentes, de grandes affiches à l'effigie de Lumumba, sont dressés sur la place du village qui va accueillir le cercueil. Des femmes et des hommes, certains en tenues traditionnelles, saluent les arrivants au son du tam-tam et de danses Tetela, l'ethnie de Lumumba.

«Le fils revient»

"Là, c'est la parcelle familiale où naquit Lumumba", indique à quelques mètres un habitant, montrant une grande maison en béton, inachevée, délabrée, une grande partie du toit emporté.

Un peu plus loin, Catherine Mbutshu, avancée en âge, dit sa joie à l'idée que la "relique" de Patrice Lumumba soit ramenée sur la terre de ses ancêtres. "Je suis vieille, j'ai mal aux jambes, mais je suis contente car le fils revient", déclare cette femme présentée comme ayant côtoyé Lumumba de son vivant. "J’ai parlé avec lui avant son départ à Kisangani", son fief politique, dans le nord-est, assure-t-elle.

Patrice Emery Lumumba est entré dans la légende le jour de la proclamation de l'indépendance du Congo, le 30 juin 1960, avec un discours aux mots très forts contre le racisme des colons. Dès le mois de septembre suivant, il était renversé, puis exécuté le 17 janvier 1961 avec deux frères d'armes, Maurice Mpolo et Joseph Okito, par des séparatistes de la région du Katanga (sud), avec l'appui de mercenaires belges.

Son corps, dissous dans l'acide, n'a jamais été retrouvé. Il a fallu des décennies pour découvrir que des restes humains avaient été conservés en Belgique, quand un policier belge ayant participé à la disparition s'en est vanté dans les médias. Une dent que ce policier avait en sa possession a été saisie en 2016 par la justice belge.

Contenue dans un coffret, elle a été placée dans un cercueil remis aux autorités congolaises lundi à Bruxelles en présence de la famille du leader assassiné, lors d'une cérémonie empreinte d'émotion. "Père, nous pleurions ta disparition sans avoir fait d'oraison funèbre (...) notre devoir de descendant c'était de (t') offrir une sépulture digne", a dit sa fille Juliana.

Le Premier ministre belge Alexander De Croo a de son côté renouvelé les "excuses" du gouvernement de Bruxelles pour sa "responsabilité morale" dans la disparition de Patrice Lumumba. Il y a deux semaines, c'était le roi Philippe de Belgique, en visite pour la première fois en RDC, qui réitérait à Kinshasa ses "plus profonds regrets pour les blessures" infligées durant la colonisation.


Le Golden Gate Bridge de San Francisco bloqué par des manifestants pro-palestiniens

Le Golden Gate Bridge est photographié après que des manifestants pro-palestiniens l'ont bloqué pendant des heures à San Francisco, en Californie, le 15 avril 2024. (AFP)
Le Golden Gate Bridge est photographié après que des manifestants pro-palestiniens l'ont bloqué pendant des heures à San Francisco, en Californie, le 15 avril 2024. (AFP)
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  • Les manifestants, qui empêchaient les entrées ou sorties par ce côté de la ville californienne, arboraient une banderole "Arrêtez le monde pour Gaza"
  • Des actions doivent se dérouler dans de multiples pays, dont le Canada, la Belgique, l'Italie, la Colombie et la Corée du Sud

SAN FRANCISCO: Le Golden Gate Bridge, pont emblématique de la ville de San Francisco, a été bloqué par des manifestants pro-palestiniens pendant plusieurs heures lundi, dans le cadre d'une action mondiale pour protester contre la guerre menée par Israël à Gaza.

Une longue file de voitures a été coincée sur ce célèbre pont rouge du sud-ouest des Etats-Unis, tandis que les voies en sens inverse étaient complètement désertes, selon des images aériennes.

Les manifestants, qui empêchaient les entrées ou sorties par ce côté de la ville californienne, arboraient une banderole "Arrêtez le monde pour Gaza".

La manifestation était organisée par "A15 Action", un mouvement qui cherche à bloquer des infrastructures clés dans une quarantaine de métropoles du monde entier "en solidarité avec la Palestine". Elle a pris fin vers la mi-journée (heure locale).

"Dans chaque ville, nous identifierons et bloquerons les principaux points d'étranglement de l'économie, en nous concentrant sur les points de production et de circulation, dans le but d'avoir le plus grand impact économique", expliquent les organisateurs sur leur site web.

Plus de six mois après le début de la guerre à Gaza, les manifestants protestaient contre le lourd bilan humain de l'offensive israélienne: 33.797 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans le territoire palestinien, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

Israël a juré d'anéantir le Hamas après l'attaque sans précédent menée sur son sol le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien, qui a fait 1.170 morts, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Ralentir l'économie  

Les manifestants espéraient ralentir l'économie. "Nous avons senti qu'il était temps de dépasser l'action symbolique pour prendre des risques plus calculés contre le système capitaliste, parce que nous savons que l'argent est vraiment ce qui parle aux dirigeants", a confié au San Francisco Chronicle une organisatrice, qui dit s'appeler Hayshawiya.

De multiples actions ont eu lieu aux Etats-Unis ce lundi. Un rassemblement a notamment perturbé l'accès à l'aéroport de Chicago (nord), forçant les passagers à s'y rendre à pied, selon les médias locaux.

Des manifestants ont également bloqué l'accès à une usine d'aérospatiale dans le Connecticut (nord-est) et une autoroute dans l'Oregon (nord-ouest).

A Los Angeles (sud-ouest), quelques centaines de personnes ont défilé dans le centre-ville, derrière une banderole "Stop au siège de Gaza, stop au financement américain d'Israël".

Des actions doivent se dérouler dans de multiples pays, dont le Canada, la Belgique, l'Italie, la Colombie et la Corée du Sud.

Le compte Twitter d'A15 montre notamment des photos de manifestations autour du port d'Athènes en Grèce, de celui de Barcelone en Espagne, ou devant le bureau de la ministre des Affaires étrangères australienne à Adélaïde.

Soutien américain à Israël 

Ces manifestations se déroulent au moment où le conflit menace d'embraser plus largement le Moyen-Orient. Ce week-end, l'Iran a pour la première fois lancé une attaque depuis son sol contre Israël, avec 350 drones et missiles.

La quasi-totalité a été interceptée par la défense antiaérienne israélienne avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays alliés.

Israël envisage actuellement une riposte à cette attaque massive et sans précédent, que Téhéran présente comme une riposte à la frappe sur son consulat à Damas le 1er avril, attribuée à Israël et qui a tué sept membres des Gardiens de la Révolution.

Le président américain Joe Biden a dit lundi vouloir éviter un embrasement au Moyen-Orient.

Son soutien "inébranlable" à Israël place le démocrate dans une position délicate, à l'approche de l'élection présidentielle de novembre où il doit affronter le républicain Donald Trump.

Une partie de la gauche américaine et des jeunes électeurs dénoncent la responsabilité des Etats-Unis, qui reste le plus grand allié d'Israël et son principal fournisseur d'armes.

Depuis plusieurs mois, certains affublent le président du surnom "Joe le génocidaire" et assurent qu'ils ne voteront pas pour lui si son gouvernement maintient cette ligne.


Scholz presse Xi Jinping d'agir pour une «paix juste» en Ukraine

Le président chinois Xi Jinping (à droite) accueille le chancelier allemand Olaf Scholz au Grand Hall de Pékin, le 4 novembre 2022. (AFP)
Le président chinois Xi Jinping (à droite) accueille le chancelier allemand Olaf Scholz au Grand Hall de Pékin, le 4 novembre 2022. (AFP)
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  • «La Chine et l'Allemagne sont les deuxième et troisième économies mondiales», a souligné M. Xi
  • Cette visite intervient au moment où l'UE a engagé un bras de fer avec la Chine, qu'elle accuse de fausser le marché européen en l'inondant de produits à bas prix

PEKIN: Le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré mardi à Pékin lors d'une rencontre avec le président chinois Xi Jinping qu'il voulait discuter avec la Chine sur la façon d'aboutir à une "paix juste" en Ukraine.

Olaf Scholz est arrivé en Chine dimanche, accompagné d'une importante délégation composée de ministres et de chefs d'entreprise. Il s'agit de sa deuxième venue dans le pays asiatique depuis son entrée en fonction fin 2021.

Durant sa visite de trois jours, qui l'a déjà conduit dans la grande ville de Chongqing (sud-ouest), la capitale économique Shanghai et désormais à Pékin, le chancelier allemand est confronté à un exercice d'équilibriste.

Il entend renforcer les liens économiques de son pays avec la Chine, principal partenaire commercial de l'Allemagne, tout en représentant une Union européenne (UE) qui désire moins dépendre économiquement du géant asiatique.

Lors d'une rencontre mardi avec Xi Jinping dans le complexe diplomatique de Diaoyutai à Pékin, Olaf Scholz a déclaré selon ses services vouloir discuter avec lui de la manière de "contribuer davantage à une paix juste en Ukraine".

Sur la crise ukrainienne, la Chine appelle au dialogue, s'oppose à tout recours à l'arme nucléaire et exhorte au respect de l'intégrité territoriale "de tous les pays" - sous-entendu Ukraine comprise.

Mais Pékin n'a jamais condamné publiquement Moscou pour l'invasion de l'Ukraine et appelle régulièrement à prendre en considération les préoccupations de sécurité de toutes les parties, dont celles de la Russie face à l'Otan.

«Impact négatif»

"La guerre d'agression russe en Ukraine et l'armement de la Russie ont un impact négatif très important sur la sécurité en Europe", a déclaré Olaf Scholz à Xi Jinping, d'après un enregistrement fourni par les services du chancelier.

"Ils affectent directement nos intérêts fondamentaux", a poursuivi M. Scholz. "Indirectement, ils nuisent à l'ensemble de l'ordre international parce qu'ils violent un principe de la Charte des Nations unies - le principe de l'inviolabilité des frontières des Etats", a-t-il ajouté.

La Chine et la Russie se rapprochent depuis plus d'une décennie en raison de leur dénonciation commune de ce qu'ils présentent comme l'hégémonie occidentale sur la scène internationale.

Les deux pays ont renforcé leur coopération économique, militaire et diplomatique depuis l'invasion de l'Ukraine. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov était encore à Pékin la semaine dernière.

Olaf Scholz a également évoqué avec Xi Jinping les domaines de coopération bilatérale, notamment le climat.

"Ce n'est qu'ensemble que nous parviendrons à trouver des solutions pour stopper le changement climatique et gérer la transition énergétique verte de manière socialement équitable", a plaidé le chancelier.

Promenade bucolique 

De son côté, Xi Jinping a jugé "indispensable" une "coopération entre grandes puissances" afin d'affronter les "risques et défis croissants" auxquels est confrontée la communauté internationale, selon la télévision d'Etat chinoise CCTV.

"La Chine et l'Allemagne sont les deuxième et troisième économies mondiales", a souligné M. Xi. "L'importance de la consolidation et du développement des relations sino-allemandes dépasse le cadre des relations bilatérales et a un impact important sur le continent eurasien et même sur le monde entier."

CCTV a diffusé la vidéo des deux hommes se promenant après leurs discussions au milieu des arbres en fleurs, des ponts de pierre et de bâtiments chinois traditionnels aux colonnes rouges.

Olaf Scholz doit s'entretenir mardi après-midi avec le Premier ministre chinois Li Qiang, rencontrer un comité économique Chine-Allemagne, puis s'adresser à la presse dans la soirée.

Sa visite intervient au moment où l'UE a engagé un bras de fer avec la Chine, qu'elle accuse de fausser le marché européen en l'inondant de produits à bas prix, des véhicules électriques aux éoliennes en passant par les panneaux solaires.


Attaque de Sydney: une célèbre présentatrice britannique accusée d’islamophobie

Rachel Riley est accusée de racisme et d’islamophobie et des appels à son limogeage par Channel 4 ont été lancés. (AFP)
Rachel Riley est accusée de racisme et d’islamophobie et des appels à son limogeage par Channel 4 ont été lancés. (AFP)
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  • Rachel Riley semble établir un lien entre l’attaque au couteau de Sydney, samedi, et les manifestations en cours appelant à une intifada ou un soulèvement palestinien
  • «Je suis désolée si ce message a été mal compris, ce n’était nullement mon intention», écrit-elle

LONDRES: La présentatrice de télévision britannique Rachel Riley a répondu aux critiques qu’elle a reçues après avoir publié sur X un message dans lequel elle semble établir un lien entre une attaque au couteau dans un centre commercial de Sydney, samedi, qui a fait six morts, et les manifestations en cours appelant à une intifada ou un soulèvement palestinien.

La célébrité, connue surtout pour son apparition dans les jeux télévisés «Countdown» et «8 out of 10 Cats Does Countdown» sur Channel 4, se dit désolée si ses paroles ont été «mal comprises».

Dans un message publié peu de temps après les attentats, Riley, dont la mère est juive, a écrit: «Cela fait six mois maintenant que les gens appellent fièrement à l’intifada dans nos rues. Si vous voulez savoir à quoi ressemble l’intifada mondialisée, il faut aller au centre commercial de Sydney.»

Elle a immédiatement fait l’objet de réactions négatives, notamment des accusations de racisme et d’islamophobie, exigeant son limogeage par Channel 4.

Elle a alors publié, dimanche, un message dans lequel elle déclare que son tweet n’a pas pour but d’établir un lien entre l’attaque de Sydney et l’extrémisme islamique, mais plutôt de remettre en question la tolérance persistante à l’égard des manifestations à Londres et dans le monde appelant à l’intifada, qu’elle assimile à «la violence dans nos rues».

Elle écrit: «Malheureusement, l’attaque à laquelle on a assisté hier à Sydney est exactement le genre de violence induit par la précédente intifada et j’espère que nous pourrons l’éviter à l’avenir. Mais, à mon avis, ignorer le problème ne le fera pas disparaître.»

«Les attaques contre les juifs ont récemment été qualifiées de “résistance” dans certains cercles et nous devrions condamner d’une seule voix tous les actes de violence, quels qu’en soient les auteurs ou les victimes.»

«Je suis désolée si ce message a été mal compris, ce n’était nullement mon intention.»

Malgré ses explications, elle continue de faire l’objet de critiques en ligne, notamment d’accusations selon lesquelles sa réponse serait «insuffisante» et une sorte d’«autovictimisation égocentrique» dans le but d’échapper à ses responsabilités.

Samedi, Joel Cauchi a attaqué un certain nombre de personnes, pour la plupart des femmes, au centre commercial Westfield Bondi Junction. Il a tué cinq femmes et un homme. Plusieurs autres personnes, dont une petite fille, ont été blessées avant que Cauchi ne soit abattu par la police. Les autorités australiennes ont déclaré que l’attaque n’a pas de lien avec le terrorisme et découle très probablement des problèmes de santé mentale de l’agresseur.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com