L'équipe Biden «a pris conscience de l'importance des relations» avec l'Arabie saoudite

Le président américain Joe Biden (Photo, AFP).
Le président américain Joe Biden (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 24 juin 2022

L'équipe Biden «a pris conscience de l'importance des relations» avec l'Arabie saoudite

  • Les États-Unis ont besoin du Royaume sur plusieurs fronts. Le président n'a jamais eu l'intention de traiter Riyad comme un paria, affirme Elise Labott
  • Biden rencontrera le roi et le prince héritier saoudiens pour discuter de questions communes, selon le porte-parole de l'ambassade saoudienne

CHICAGO: Le président américain Joe Biden a publiquement qualifié l'Arabie saoudite de «paria», tout en envoyant en privé des émissaires en coulisses pour tenter de rétablir les relations entre les deux alliés, a déclaré un analyste influent à Arab News.
Elise Labott, ancienne correspondante pour les affaires mondiales de la chaîne télévisée CNN et aujourd'hui chroniqueuse au magazine Politico, a eu accès à des sources américaines et saoudiennes très bien placées, à titre officiel et officieux, pour un article publié récemment dans le magazine.
S'exprimant lors de l’émission «The Ray Hanania Show», produite par Arab News et diffusée chaque semaine sur le réseau de la radio arabe américaine, Labott a signalé: «Soyons honnêtes, je ne pense pas que le président Biden ait jamais eu l'intention de traiter l'Arabie saoudite comme un paria lorsqu'il est entré en fonction et d'en faire sa politique. Mais la politique s'en est mêlée et ils ont essayé d'avancer sur cette voie, mais en secret à cause de la politique. Après un certain temps, les Saoudiens ont voulu rétablir les relations. Ils ont donc fait une grande partie de ce que les États-Unis leur ont demandé de faire.
«Mais finalement, ils se sont dit: d'accord, on entre ou on sort? Il y a eu une série de visites au cours de l'année dernière. Le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, et le directeur de la CIA, Bill Burns, se sont rendus en Arabie saoudite.»
D'autres problèmes ont conduit à ce recalibrage, notamment l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la flambée des prix du carburant aux États-Unis, a souligné Labott.
«Je pense que lorsque le président Biden était en campagne électorale, il a promis, bien sûr, de traiter l'Arabie saoudite comme un État paria, de lui faire payer le prix, et pendant un certain temps, les deux pays ont été assez distants. Mais je pense qu’au fil du temps, et la guerre en Ukraine a certainement été un véritable catalyseur pour cela, les États-Unis ont vu que la relation avec l'Arabie saoudite était trop importante pour s'en défaire. Et puis les prix du gaz ont augmenté. Il y a eu la guerre en Ukraine. Il y a eu toute une série de choses pour lesquelles les États-Unis se sont tournés vers ce partenaire solide depuis des années. Leur relation avec l’Arabie saoudite est vieille de soixante-quinze ans.
«Et parce que les Saoudiens, et le prince héritier, Mohammed ben Salmane, en particulier, étaient en quelque sorte ostracisés, ils en ont finalement eu assez. Même si le président Biden le disait en public ou en privé, il envoyait des émissaires en Arabie saoudite pour dire: “Écoutez, nous voulons réamorcer la relation. Nous voulons aller de l'avant.”
«Et presque en secret cette diplomatie en coulisses dure depuis environ un an. Une diplomatie dans laquelle les deux parties essayaient de faire progresser toute une série de questions.»
Labott a affirmé que l'influence saoudienne sur le prix mondial du pétrole, dans un contexte de colère américaine face au coût du carburant à la pompe, était un moteur de l'action de la Maison Blanche, mais loin d'être le seul. «Eh bien, beaucoup de gens le réduisent au pétrole et les Saoudiens sont le plus grand producteur d’appoint», a-t-elle déclaré.
«Les États-Unis se tournent vers eux pour stabiliser les marchés, tout le monde va faire le plein à la pompe, l’essence est à plus de 4,75 euros et à certains endroits elle est à 6,65 euros. La pensée initiale est de savoir si nous pouvons inciter les Saoudiens à augmenter la production de pétrole pour atténuer la douleur.
«Je pense qu'en fin de compte, les Saoudiens ne sont pas faciles à convaincre, les États-Unis ayant accepté une certaine production de pétrole, mais je ne pense pas que cela fasse une grande différence pour l'économie américaine à long terme, c'est ce que disent les experts.
«Je pense que s'il s'agit de stabiliser certaines économies de la région comme le Liban, par exemple, de jouer un rôle de médiateur en Irak, de nouer des liens avec l'Iran ou de normaliser les relations avec Israël. Et puis l'Arabie Saoudite est sur la mer Rouge, comme vous le savez, et le maintien des voies commerciales ouvertes dans la mer Rouge et de médiation avec l'Afrique sont des questions importantes.
«Si vous regardez à travers le monde, la plupart des principaux problèmes de politique étrangère, en particulier dans cette partie du monde, l'Arabie saoudite est trop importante, et vous ne pouvez effectivement rien faire si les Saoudiens ne sont pas à inclus», a-t-elle estimé.
Washington a entretenu des relations fonctionnelles avec de nombreux États sans être d'accord avec eux sur tous les sujets, a déclaré Labott, et il est important que les États-Unis réalisent qu'ils ne peuvent pas plier un pays à leur volonté. «Que ce soit aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite, au Bahreïn ou dans ces États du Golfe, ce sont des monarchies, ce ne sont pas des démocraties, mais si vous demandez aux gens, dans l'ensemble, il n'y a pas beaucoup de dissidence... si vous demandez aux Saoudiens s'ils approuvent Mohammed ben Salman, si vous organisiez une élection, je pense qu'il gagnerait haut la main. Je pense que l’essentiel, c'est reconnaître ces dirigeants aussi imparfaits qu'ils soient, et essayer de trouver un moyen d'aller de l'avant au lieu d'essayer de les plier à notre volonté.»
Sur les attentes de Washington envers l'Arabie Saoudite, «je pense que les États-Unis cherchent simplement à faire preuve de leadership dans la région, et cela peut aller de la prise de position en faveur de la démocratie à la guerre en Ukraine.
«Nous n’avons qu’un seul objectif à l'heure actuelle, c'est de battre Poutine, et nous avons besoin de l’aide des Saoudiens pour y parvenir. Cela signifie ne rien faire sur le marché pétrolier qui puisse enhardir le président Poutine... peut-être ne pas soutenir les sanctions de la manière dont les États-Unis le souhaitent, mais ne rien faire non plus qui puisse aider le président Poutine, et je pense que si les Saoudiens veulent être ce leader, c'est ce que les États-Unis attendent d'eux.»
L'émission de radio comportait également une interview avec Fahad Nazer, porte-parole de l'ambassade saoudienne à Washington, qui a déclaré que, contrairement à l'opinion de certains experts, il y avait une véritable appréciation à Washington du rôle important joué par l'Arabie saoudite et de l'importance de la relation avec les États-Unis. La décision de Biden de se rendre en Arabie saoudite le mois prochain dans le cadre de son premier voyage au Moyen-Orient en est la preuve, a affirmé Nazer.
«Ce dialogue va loin, mais je crois qu'il y a une prise de conscience à Washington, pour autant que je puisse dire parmi les leaders du Congrès et dans l'administration Biden, que l'Arabie saoudite joue un rôle très important au niveau mondial, en stabilisant les marchés internationaux de l'énergie», a-t-il souligné.
«Nous jouons un rôle important en contribuant à la stabilité et à la résolution de certaines crises politiques dans la région, notamment la guerre au Yémen... et nous avons joué le rôle principal au fil des ans en repoussant les acteurs non étatiques militants comme Daech, Al-Qaïda, les Houthis, le Hezbollah et d'autres. Je pense donc que l’on apprécie le rôle très constructif que joue le Royaume.»
Nazer a confirmé que Biden tiendrait des réunions séparées pendant sa visite avec le roi Salmane et le prince héritier, avec un large éventail de questions à l'ordre du jour. «Les deux dirigeants discuteront de la coopération bilatérale et des efforts conjoints pour relever les défis régionaux et mondiaux, y compris certains des défis les plus récents auxquels la communauté internationale est confrontée, notamment la cybersécurité, le changement climatique et les initiatives environnementales», a-t-il signalé.
«Dans le même temps, le Royaume accueille un sommet qui comprendra les dirigeants des pays du CCG, ainsi que les dirigeants de la Jordanie, de l'Égypte et de l'Irak, et évidemment le président Biden y participera également.»
Les pays arabes restent des acteurs essentiels dans ces discussions avec «notre allié stratégique le plus important au monde», a soutenu Nazer.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'organisation humanitaire controversée GHF, dit avoir terminé sa mission à Gaza

L'organisation humanitaire GHF, soutenue par Israël et les Etats-Unis et vivement critiquée par l'ONU, a annoncé lundi avoir terminé sa mission à Gaza, se prévalant d'y avoir fourni des dizaines de millions de repas gratuits "sans détournement" de l'aide par le Hamas. (AFP)
L'organisation humanitaire GHF, soutenue par Israël et les Etats-Unis et vivement critiquée par l'ONU, a annoncé lundi avoir terminé sa mission à Gaza, se prévalant d'y avoir fourni des dizaines de millions de repas gratuits "sans détournement" de l'aide par le Hamas. (AFP)
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  • L'organisme au financement opaque, déployé en mai dans le territoire palestinien en guerre, après deux mois de blocus humanitaire total imposé par Israël, a été vivement critiquée par la communauté humanitaire internationale
  • Ses distributions de nourriture ont été entachées par des violences qui ont tué plus de 1.000 personnes à proximité de ses sites, selon le bureau des droits de l'Homme de l'ONU

JERUSALEM: L'organisation humanitaire GHF, soutenue par Israël et les Etats-Unis et vivement critiquée par l'ONU, a annoncé lundi avoir terminé sa mission à Gaza, se prévalant d'y avoir fourni des dizaines de millions de repas gratuits "sans détournement" de l'aide par le Hamas.

La Gaza Humanitaran Foundation (GHF) a annoncé dans un communiqué "la fin réussie de sa mission d'urgence à Gaza après avoir distribué plus de 187 millions de repas gratuits directement aux civils dans le cadre d'une opération humanitaire record qui a permis de garantir que l'aide alimentaire parvienne aux familles palestiniennes en toute sécurité et sans détournement par le Hamas ou d'autres entités".

L'organisme au financement opaque, déployé en mai dans le territoire palestinien en guerre, après deux mois de blocus humanitaire total imposé par Israël, a été vivement critiquée par la communauté humanitaire internationale.

Ses distributions de nourriture ont été entachées par des violences qui ont tué plus de 1.000 personnes à proximité de ses sites, selon le bureau des droits de l'Homme de l'ONU.

L'ONG a rejeté les critiques et sa responsabilité dans ces violences.

"A un moment critique, nous sommes fiers d’avoir été la seule opération d'aide capable de fournir de manière fiable et sûre des repas gratuits directement au peuple palestinien de Gaza, à grande échelle et sans détournement, s'est félicité son directeur John Acree, cité par le communiqué.

"Le modèle de la GHF, dans lequel le Hamas ne pouvait plus piller et tirer profit du détournement de l'aide, a joué un rôle majeur pour amener le Hamas à la table des négociations et parvenir à un cessez-le-feu. Nous les remercions pour tout ce qu’ils ont apporté aux Gazaouis", a salué sur X le porte-parole du département d'Etat, Tommy Pigott.

 

 


Israël: des généraux limogés, d'autres sanctionnés, en lien avec le 7-Octobre

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  • Ces mesures prises par le chef d'état-major Eyal Zamir ont provoqué un regain de tension avec le ministre israélien de la Défense Israël Katz
  • Le limogeage de généraux de premier plan le 7-Octobre met en exergue la façon dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réussi jusque-là à esquiver ses torts dans le fiasco du 7-Octobre

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé le limogeage de trois généraux à des postes clés le 7 octobre 2023 et des sanctions disciplinaires contre plusieurs autres à cause de leur échec à empêcher ce jour-là l'attaque la plus meurtrière qu'ait connue Israël.

Ces mesures prises par le chef d'état-major Eyal Zamir ont provoqué un regain de tension avec le ministre israélien de la Défense Israël Katz, qui a annoncé lundi avoir demandé un "examen approfondi" du rapport, commandité par l'armée, qui leur a servi de base pour prendre ces mesures.

Le limogeage de généraux de premier plan le 7-Octobre met en exergue la façon dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réussi jusque-là à esquiver ses torts dans le fiasco du 7-Octobre, malgré les appels de l'opinion publique et de l'opposition à la formation d'une commission d'enquête nationale.

M. Netanyahu a répété que les fautes de la direction politique ayant mené au 7-Octobre ne pourraient être examinées qu'après la fin de la guerre.

Le général de division Aharon Haliva, à l'époque chef des renseignements militaires, le général de division Oded Basyuk, alors chef des opérations, et le général de division Yaron Finkelman, qui commandait ce jour-là depuis peu la région militaire sud d'Israël, vont être déchargés "du cadre de réserve et ne (feront) plus partie" de l'armée, indique un communiqué de l'armée publié dimanche soir.

Le général Haliva a été le premier responsable militaire à démissionner, en 2024, en invoquant sa responsabilité pour le drame du 7-Octobre. Le général Finkelman a lui aussi démissionné en invoquant les mêmes motifs. Quant au général Basyuk, il a pris sa retraite après la guerre de 12 jours lancée par Israël contre l'Iran en juin.

Selon le communiqué de l'armée, les trois hommes portent chacun une responsabilité personnelle dans l'échec de l'institution militaire à anticiper et à repousser l'attaque lancée par le mouvement islamiste palestinien Hamas à partir de la bande de Gaza sur le sud d'Israël.

"Défaillance systémique" 

Ces mesures, prises par Eyal Zamir, font suite à la publication au début du mois du rapport d'un comité d'experts qu'il avait mandaté et qui a marqué la fin des enquêtes au sein de l'armée sur les défaillances ayant mené au drame du 7-Octobre.

Le rapport concluait à une "défaillance systémique et organisationnelle de longue date" au sein de l'appareil militaire.

Déplorant des "processus de prise de décision et de déploiement des forces déficients dans la nuit du 7 octobre 2023", le comité pointait des échecs au niveau de l'état-major général, de la direction des opérations, de la direction du renseignement militaire, du Commandement Sud, mais aussi de l'armée de l'Air et de la Marine.

Israël Katz, dont l'inimitié avec le chef d'état-major est connue, a réagi lundi à l'annonce des limogeages et mesures disciplinaires  en annonçant "un examen en profondeur" de ce rapport.

"A la suite des mesures annoncées hier par le chef d'état-major concernant la responsabilité des commandants dans les événements du 7 octobre, j'ai décidé de charger le contrôleur de l'établissement de la Défense, le général de division (à la retraite) Yaïr Wolansky, d'examiner en profondeur le rapport présenté par l'équipe dirigée par le général de division (à la retraite) Sami Turgeman", a annoncé le ministre de la Défense dans un communiqué.

Joute 

Il a précisé que le "contrôleur sera également invité à formuler une recommandation concernant des critères équitables pour l'élaboration de conclusions personnelles", faisant allusion aux limogeages et mesures disciplinaires annoncés par Eyal Zamir.

Selon les médias israéliens, il s'agit d'une énième joute dans le bras de fer qui oppose les deux hommes, M. Katz ayant cette fois-ci été ulcéré de ne pas avoir été prévenu directement des mesures qu'il a apprises par les médias.

En outre, le chef d'état-major s'est publiquement dissocié du gouvernement, notamment en appelant le 10 novembre à une "enquête systémique" sur le 7-Octobre.

Malgré les pressions de l'opinion publique et les demandes de l'opposition, le gouvernement israélien refuse l'établissement d'une commission nationale d'enquête dans l'échec des autorités à prévenir l'attaque.

Outre les trois généraux limogés, l'armée a annoncé des sanctions disciplinaires contre le général de division aérienne Tomer Bar et le vice-amiral David Saar Salma, respectivement à la tête de l'armée de l'Air et de la Marine.

Sont également visés par des mesures disciplinaires quatre autres généraux et quatre officiers supérieurs.

Le général Herzi Halévy, qui était à la tête de l'armée le 7 octobre 2023, a annoncé sa démission en janvier et quitté ses fonctions en mars. Il n'est pas concerné par les mesures.

 


Le Hezbollah enterre son chef militaire tué dans un bombardement israélien

Le Hezbollah a porté en terre lundi son chef militaire Haitham Ali Tabatabai, tué la veille par Israël dans la banlieue sud de Beyrouth, une attaque qui accentue encore la pression sur le Liban pour désarmer le mouvement pro-iranien. (AFP)
Le Hezbollah a porté en terre lundi son chef militaire Haitham Ali Tabatabai, tué la veille par Israël dans la banlieue sud de Beyrouth, une attaque qui accentue encore la pression sur le Liban pour désarmer le mouvement pro-iranien. (AFP)
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  • A l'appel de la formation chiite, des centaines de ses partisans sont descendus dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth, pour les funérailles de celui que le mouvement a qualifié de "grand leader"
  • Jusque-là largement inconnu du grand public au Liban, il est le plus haut responsable du Hezbollah tué depuis la fin, il y a un an, de la dernière guerre qui a opposé le mouvement à Israël

BEYROUTH: Le Hezbollah a porté en terre lundi son chef militaire Haitham Ali Tabatabai, tué la veille par Israël dans la banlieue sud de Beyrouth, une attaque qui accentue encore la pression sur le Liban pour désarmer le mouvement pro-iranien.

A l'appel de la formation chiite, des centaines de ses partisans sont descendus dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth, pour les funérailles de celui que le mouvement a qualifié de "grand leader".

Jusque-là largement inconnu du grand public au Liban, il est le plus haut responsable du Hezbollah tué depuis la fin, il y a un an, de la dernière guerre qui a opposé le mouvement à Israël.

Dans cette banlieue densément peuplée de la capitale, des membres du Hezbollah en treillis ont porté son cercueil et ceux d'autres compagnons tués dans la frappe ciblée de dimanche, recouverts des drapeaux jaunes du groupe, au son de chants religieux, a rapporté un correspondant de l'AFP.

La foule, d'où émergeaient des portraits des dirigeants du Hezbollah et du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a scandé des slogans contre Israël et les États-Unis.

Cet assassinat est intervenu alors qu'Israël a intensifié ces derniers temps ses frappes sur le territoire libanais malgré le cessez-le-feu, disant viser des membres ou infrastructures du Hezbollah qu'il accuse de se réarmer, ce que le mouvement dément.

"Voie diplomatique" 

Le gouvernement libanais est sous forte pression de Washington pour contraindre le Hezbollah à rendre ses armes conformément à l'accord de cessez-le-feu du 27 novembre 2024, ce que le mouvement islamiste refuse jusqu'à présent.

Après l'assassinat de Haitham Ali Tabatabai, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a réaffirmé qu'Israël "ne permettra(it) pas au Hezbollah de reconstruire son pouvoir" et appelé Beyrouth  à "respecter son engagement" à le désarmer.

A Paris, la diplomatie française a appelé à la "retenue" après la frappe israélienne qui fait "peser un risque d'escalade dans un contexte déjà marqué par de fortes tensions".

Les options du Hezbollah apparaissent désormais limitées: le mouvement est sorti très affaibli du conflit qu'il avait enclenché avec Israël après le début de la guerre à Gaza, et a perdu sa voie d'approvisionnement via la Syrie depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier.

Washington presse également Beyrouth de lui couper les financements iraniens. Téhéran, principal allié du Hezbollah, a dénoncé lundi un "lâche assassinat".

Il existe aujourd'hui "deux tendances au sein du groupe", explique à l'AFP une source proche du Hezbollah, sous couvert d'anonymat. "Ceux qui veulent répondre à l'assassinat et ceux qui préfèrent s'abstenir, et pour l'instant, la direction du groupe préfère la voie diplomatique".

"Les options du Hezbollah sont très limitées", affirme à l'AFP Nicholas Blanford, analyste à l'Atlantic Council. "Sa base réclame vengeance, mais si le Hezbollah répond directement (...) Israël ripostera très durement et personne au Liban ne remerciera le Hezbollah pour ça".

Selon lui, la frappe sur le chef militaire du Hezbollah "montre qu'Israël peut toujours localiser et cibler les hauts responsables (du mouvement) malgré toutes les mesures de protection".

"Rejeter les pressions" 

L'assassinat de Haitham Ali Tabatabai visait à "effrayer et affaiblir" le Hezbollah pour qu'il "se rende et se soumette, mais cet objectif ne sera jamais atteint", a lancé lors des funérailles un haut responsable du mouvement, Ali Damuch.

Israël était "inquiet de la réponse possible du Hezbollah, et doit le rester", a-t-il ajouté, exhortant les autorités libanaises à "affronter l'agression par tous les moyens (...) et à rejeter les pressions (...) à se conformer aux diktats américains et aux conditions israéliennes".

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kms entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.

Un responsable militaire libanais a affirmé à l'AFP la semaine dernière que les demandes américaines et israéliennes d'un désarmement d'ici fin 2025 étaient "impossibles" à satisfaire, faute de personnel et d'équipement, et au vu du risque de confrontations avec les communautés locales soutenant le Hezbollah.