A six mois de la COP15 biodiversité, quelques progrès et encore du travail

Les délégués réunis à Nairobi pour préparer la COP15 biodiversité se quitteront dimanche soir après six jours de travail acharnés. (AFP)
Les délégués réunis à Nairobi pour préparer la COP15 biodiversité se quitteront dimanche soir après six jours de travail acharnés. (AFP)
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Publié le Dimanche 26 juin 2022

A six mois de la COP15 biodiversité, quelques progrès et encore du travail

  • Une déléguée se disait «désespérée». «C'est une étape», relativisait dimanche un autre délégué, en espérant la mise en place de réunions informelles d'ici à décembre
  • «Ce n'est plus uniquement un problème écologique (...) mais un problème qui affecte notre économie, notre société, notre santé, notre bien-être, c'est un enjeu sécuritaire pour l'humanité», a rappelé le directeur général de WWF International

NAIROBI: Au terme de six jours de travail acharnés à Nairobi, quelques progrès ont été réalisés pour préparer la COP15 biodiversité, mais un travail important reste à accomplir à moins de six mois de cette rencontre internationale cruciale.

Cette réunion à Nairobi devait permettre, au moins en partie, d'aplanir des différends entre les 196 membres de la Convention pour la diversité biologique (CDB) de l'ONU pour arriver à la COP15 à Montréal en décembre avec un texte ambitieux et un nombre le plus limité possible de points d'achoppement restants à régler.

Ils négocient depuis plus de deux ans un cadre mondial visant à mieux protéger d'ici 2050 la nature et ses ressources indispensables aux humains, alors que la communauté internationale a échoué à tenir ses engagements sur la décennie écoulée.

"Des progrès ont été faits, limités", a commenté Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive de la CDB, lors de la conférence de presse finale. Les délégations "sont parvenues à un consensus sur plusieurs objectifs", souligne un communiqué de presse du secrétariat de la CDB.

Les ONG, des observateurs et une partie des délégués ont une vision autre: ils jugent les divergences entre trop importantes, alors que l'adoption du texte à Montréal se fera par consensus. Des ONG évoquent déjà le risque d'un "Copenhague bis", en référence à la COP15 climat en 2009 qui avait été un échec.

"La majeure partie du temps a servi à des chamailleries techniques, laissant les décisions majeures irrésolues et repoussées à la COP", se désole Brian O'Donnell, directeur de Campaign for Nature, auprès de l'AFP. Une déléguée du Sud se disait samedi soir "désespérée".

"Nous ne pouvons pas nous permettre d'échouer", a insisté Elizabeth Maruma Mrema lors de la conférence de presse.

Blocage?

"Il y a beaucoup de travail, beaucoup plus que ce que nous pensions", mais "ce travail est faisable", a insisté Basile van Havre, un des co-présidents des négociations.

Pour préparer les négociations finales, une autre session de travail aura lieu "juste avant la COP", a fait savoir Basile van Havre. Avant cela, des rencontres seront organisées en plus petit comité.

Le temps presse, alors qu'un million d'espèces sont menacées de disparition, que les forêts tropicales disparaissent, que l'agriculture intensive épuise les sols et que des pollutions atteignent les zones les plus reculées de la planète.

"Ce n'est plus uniquement un problème écologique (...) c'est un enjeu sécuritaire pour l'humanité", a rappelé Marco Lambertini, directeur général de WWF International, lors d'une conférence de presse, appelant à un "accord à l'image de celui de Paris" pour le climat.

Des pays tentent de retarder ces négociations fondées sur le consensus, a-t-il reproché: "C'est le Brésil, suivis par d'autres". Dans les couloirs, l'Argentine et l'Afrique du Sud sont aussi pointées du doigt par certains délégués.

"Le Brésil a été utile ici" et "personne n'a bloqué les autres", a assuré Francis Ogwal, autre co-président des négociations, lors de la conférence de presse.

Un des principaux points d'achoppement concerne l'agriculture. Des délégués du Sud mettent en avant le besoin de produire plus, dans un contexte de crise alimentaire, quand d'autres, l'Union européenne en particulier, veulent réduire la pollution par les pesticides et les intrants chimiques et favoriser des types d'agriculture plus bénéfique à la biodiversité comme l'agro-écologie, ce qui ne fait pas l'unanimité.

Les pays se divisent aussi sur la question des ressources financières. Le Brésil, soutenu par 22 pays dont l'Argentine, l'Afrique du Sud, le Cameroun, l'Egypte ou encore l'Indonésie, a renouvelé la demande que les pays riches fournissent "au moins 100 milliards de dollars par an jusqu'en 2030" pour aider les pays en développement à préserver leur riche biodiversité.

Bien que les dirigeants de 93 pays se soient engagés en septembre 2020 à mettre fin à la crise de la biodiversité, ce thème peine à s'imposer dans l'agenda politique international au même niveau que le climat.

"Un succès à la COP15 nécessitera un leadership politique, une véritable ambition (...), pas seulement des déclarations et des promesses", réclame An Lambrechts de Greenpeace International.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.


L'ONU appelle à « relancer le moteur du développement » face au « chaos climatique » et aux conflits

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
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  • Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement »
  • « Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres.

SEVILLE, ESPAGNE : Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement », alors que le monde est confronté à un « chaos climatique », à une multiplication des conflits et à un ralentissement économique global. Il s’exprimait lors de l’ouverture de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui se tient à Séville, dans le sud de l’Espagne, sous une chaleur accablante.

« Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres. Il a dressé un tableau sombre de la situation mondiale : « Un monde où la confiance s’effrite, où le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Un monde ralenti par les tensions commerciales, des budgets d’aide amputés, secoué par les inégalités, la crise climatique et des conflits déchaînés. »

Face à ces défis, le chef de l’ONU a insisté sur la nécessité d’« accélérer les investissements à la hauteur des enjeux » afin de « réparer et relancer » la dynamique du développement. Il a rappelé que « les deux tiers des objectifs de développement durable » adoptés dans le cadre de l’Agenda 2030 accusaient déjà un sérieux retard.

« Il ne s’agit pas seulement d’une crise de chiffres, mais d’une crise humaine », a-t-il martelé, appelant les États à renforcer la mobilisation des ressources domestiques et à investir dans les domaines à fort impact, tels que l’éducation, la santé et les énergies renouvelables.

Jusqu’à jeudi, la conférence réunit quelque 50 chefs d’État et de gouvernement, dont le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, aux côtés des dirigeants des principales institutions financières internationales et de plus de 4 000 représentants de la société civile. Il s’agit de la quatrième conférence de ce type depuis 2002.

L’un des objectifs centraux de cette rencontre est de trouver des solutions concrètes au déficit de financement auquel font face les pays du Sud. Selon l’ONU, ce manque est estimé à 4 000 milliards de dollars par an pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.

Ce sommet intervient dans un contexte particulièrement tendu pour l’aide internationale, fragilisée notamment par la réduction drastique des fonds alloués à l’aide humanitaire par l’administration de Donald Trump. L’ancien président américain avait en effet supprimé 83 % du budget de l’USAID consacré aux programmes de développement à l’étranger, mettant en péril de nombreux projets dans les pays les plus vulnérables.


Ottawa annule une taxe visant les géants de la tech, reprise des négociations avec Washington

Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
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  • Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis
  • Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain

Ottawa, Canada: Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis, et la reprise des négociations en ce sens rompues deux jours plus tôt par Donald Trump.

Le ministre canadien des Finances, François-Philippe Champagne, "a annoncé aujourd'hui (dimanche, NDLR) que le Canada annulerait la taxe sur les services numériques (TSN)", selon un communiqué du gouvernement. Celui-ci précise que la reprise des négociations doit déboucher sur un accord commercial avec Washington d'ici au 21 juillet.

Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain, qui avait qualifié de "coup direct et évident" porté au Etats-Unis la taxe d'Ottawa visant les géants du numérique.

Cette ponction de 3% sur les revenus tirés de la publicité en ligne, des plateformes de vente, des réseaux sociaux ou de la vente de données personnelles, devait entrer en vigueur lundi et toucher particulièrement les poids lourds américains de la tech.

Elle ciblait notamment les mastodontes Google, Apple, Meta (Facebook), Amazon ou Microsoft. Ceux-ci sont accusés de profiter du caractère immatériel de leur activité pour échapper à l'impôt.

"Retirer la taxe sur les services numériques fera avancer les discussions et appuiera nos efforts pour créer des emplois et bâtir de la prospérité", a estimé sur X le ministre canadien des Finances François-Philippe Champagne.

Donald Trump et la Maison Blanche n'ont pas réagi dans l'immédiat.

La TSN avait été adoptée l'an dernier à titre temporaire, dans l'attente de l'aboutissement de négociations internationales sur la taxation des multinationales.

Cette taxe ciblait les acteurs du numérique qui génèrent un chiffre d'affaires mondial annuel supérieur à 1,1 milliard de dollars canadiens, et des revenus annuels au Canada supérieurs à 20 millions de dollars canadiens.

- Droits de douane -

Vendredi, Donald Trump avait qualifié la TSN de "scandaleuse" sur son application Truth Social et indiqué que les Etats-Unis communiqueraient au Canada, dans les sept jours, le niveau des droits de douane qui lui serait imposé.

Le Premier ministre canadien Mark Carney avait promis en retour de "continuer à mener ces négociations complexes, dans l'intérêt supérieur des Canadiens".

Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier, l'administration américaine a annoncé –- puis suspendu, dans l'attente de négociations -– plusieurs taxes sur les importations canadiennes aux Etats-Unis, tandis que le Canada a riposté en imposant des droits de douane.

Le président américain a visé en particulier les secteurs canadiens de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium, alors que les Etats-Unis et le Canada sont, avec le Mexique, membre d'un accord de libre-échange (ACEUM ou USMCA en anglais).

Les relations entre Ottawa et Washington se sont détériorées sous le second mandat de Donald Trump, qui a demandé à plusieurs reprises que le Canada devienne le 51e Etat américain.