Paiements russes bloqués: quelles conséquences pour Moscou et ses créanciers?

Une pièce de monnaie en rouble russe est photographiée devant le Kremlin dans le centre de Moscou, le 28 avril 2022 (Photo, AFP).
Une pièce de monnaie en rouble russe est photographiée devant le Kremlin dans le centre de Moscou, le 28 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 27 juin 2022

Paiements russes bloqués: quelles conséquences pour Moscou et ses créanciers?

  • La Russie devait payer 100 millions d'intérêts sur sa dette le 27 mai, une échéance assortie d'une période de grâce d'un mois qui expirait dimanche
  • Pour contourner l'interdiction de payer sa dette en dollars, Moscou assure mettre à disposition, en roubles, les sommes qu'elle doit à ses créanciers auprès du NSD

PARIS: La Russie a reconnu lundi que deux versements d'intérêts sur sa dette n'étaient pas parvenus à ses créanciers, ravivant le spectre d'un défaut de paiement même si Moscou le récuse pour l'instant. Que va-t-il se passer maintenant?

Pourquoi la menace d'un défaut ressurgit-elle?

La Russie devait payer 100 millions d'intérêts sur sa dette le 27 mai, une échéance assortie d'une période de grâce d'un mois qui expirait dimanche.

Le ministère russe des Finances assurait avoir versé l'argent en devises étrangères dès le 20 mai. Mais il a reconnu lundi que l'argent n'était pas parvenu aux créanciers, car des intermédiaires bancaires ont bloqué les paiements du fait des sanctions prises par les pays occidentaux en conséquence de la guerre en Ukraine.

Les Etats-Unis interdisent depuis la fin mai à Moscou de payer ses dettes en dollars.

Comment savoir si la Russie est réellement en défaut?

Traditionnellement, ce sont les grandes agences de notation (Fitch, Moody's, S&P Global Ratings) qui officialisent le défaut de paiement d'un Etat.

Avec les sanctions, "il leur est maintenant interdit de noter des obligations souveraines russes. On pourrait bien avoir un défaut de fait sans proclamation officielle par une instance autorisée", explique Eric Dor, directeur des études économiques à l'école de commerce IESEG.

Il revient désormais à un comité de créanciers, le Credit Derivatives Determinations Committee (CDDC), d'évaluer si oui ou non la Russie rate des paiements. Ce comité avait ainsi acté début juin le non-paiement par Moscou de 1,9 million de dollars d'intérêts de retard sur une échéance précédente.

C'est aussi lui qui décidera d'activer le cas échéant les CDS (Credit Default Swap), des produits financiers qui servent d'assurance contre les défauts de paiement sur une dette.

De son côté, Moscou assure que "la non-obtention de l'argent par les investisseurs n'est pas le résultat d'une absence de paiement mais est causée par l'action de tierces parties, ce qui n'est pas directement considéré (...) comme un cas de défaut".

Quelles seraient les conséquences d'un défaut?

Le dernier défaut de paiement de la Russie sur sa dette extérieure remonte à 1918 et la décision de Lénine de ne pas s'acquitter des dettes du régime tsariste.

En cas de nouveau défaut, "la Russie ne pourra plus emprunter en devises internationales", avertit Slim Souissi, enseignant-chercheur à l'IAE de l'université de Caen et ancien analyste financier chez Fitch. "A court terme, elle aura du mal à lever des fonds sur les marchés internationaux" et cela pourrait durer "des années".

Un défaut de paiement peut être lourd de conséquences: en Argentine, le moratoire décrété en 2001 sur la paiement de la dette internationale d'environ 100 milliards de dollars avait plongé le pays dans une profonde crise économique, politique et sociale. Et le défaut mexicain de 1982 avait été suivi d'une crise de la dette dans d'autres pays en développement.

La situation de la Russie est toutefois un peu différente. "Il y a des paiements pour environ 2 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, mais ce n’est pas ça qui va déstabiliser" le système financier mondial, selon Eric Dor.

La situation pourrait en revanche virer au casse-tête sur le plan juridique: les obligations russes sont particulièrement floues concernant la juridiction à même de trancher les litiges entre prêteur et emprunteur, selon des experts en droit interrogés par l'AFP.

Comment la Russie tente-t-elle d'éviter le défaut?

Pour contourner l'interdiction de payer sa dette en dollars, Moscou assure mettre à disposition, en roubles, les sommes qu'elle doit à ses créanciers auprès du National Settlement Depository (NSD), une entité financière russe.

Si "le remboursement en rouble n'est pas prévu dans le contrat de ces obligations, c'est considéré comme un défaut de paiement"; prévient cependant Slim Souissi.

Moscou fait valoir que le système permet aux détenteurs occidentaux de dette russe de récupérer leur argent, en demandant la conversion dans la devise de leur choix des sommes déposées en roubles auprès du NSD.

Mais faire sortir les fonds de Russie reste délicat et "les investisseurs ont de toute manière été peu enclins à ouvrir des comptes au NSD", relève Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG.


L'Arabie saoudite lance 16 grands projets d'aide en Syrie

Abdullah Al-Rabeeah, superviseur général du KSrelief, et Raed Al-Saleh, ministre syrien de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence, ont lancé les projets humanitaires à Damas dimanche. (AN Photo/Abdulrhman Bin Shalhoub)
Abdullah Al-Rabeeah, superviseur général du KSrelief, et Raed Al-Saleh, ministre syrien de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence, ont lancé les projets humanitaires à Damas dimanche. (AN Photo/Abdulrhman Bin Shalhoub)
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  • Nous visons à faire passer le peuple syrien de la dépendance à l'aide humanitaire à une période de rétablissement", déclare le chef de KSrelief à Arab News
  • Nos projets renforcent les communautés, les femmes, les enfants et les jeunes à travers la Syrie", ajoute Abdullah Al-Rabeeah

DAMASCUS : Le Dr Abdullah Al-Rabeeah, superviseur général de l'agence d'aide saoudienne KSrelief, a lancé dimanche 16 initiatives humanitaires globales en République arabe syrienne.

M. Al-Rabeeah, qui était accompagné d'une importante délégation saoudienne de haut niveau, a déclaré à Arab News : "Aujourd'hui est un jour historique. Comme tout le monde le sait, l'Arabie saoudite soutient le peuple syrien depuis des décennies.

"Et aujourd'hui, c'est un nouveau signal : Nous l'avons soutenu avant le conflit, pendant le conflit, et maintenant, nous l'espérons, (pendant) cette période de réforme en Syrie, nous soutenons (à nouveau) le peuple syrien."


Il a ajouté : "Aujourd'hui, nous avons lancé de nombreux projets dans le secteur de la santé et des abris, dans le soutien aux communautés. Dans le domaine de la sécurité alimentaire, notre objectif est d'autonomiser la communauté, les femmes, les enfants et les jeunes, afin que le peuple syrien passe d'une situation de dépendance aux secours à une période de rétablissement. Et nous espérons que cette période sera suivie d'une période de développement".

La première initiative annoncée est le programme d'équipements médicaux vitaux, qui vise à équiper 17 hôpitaux centraux de tomodensitomètres, d'équipements de pointe pour les soins intensifs et d'unités de dialyse modernes, en plus de la livraison de 454 appareils de dialyse ultramodernes dans l'ensemble du pays.

Le programme prévoit également le déploiement de 1 220 médecins spécialistes saoudiens dans plus de 45 spécialités, notamment les implants cochléaires, la neurochirurgie, la chirurgie du cancer pédiatrique et le traitement des brûlures.

En outre, 128 159 heures de bénévolat ont été engagées, avec un déploiement continu par rotation.

Raed Al-Saleh, ministre syrien de la gestion des catastrophes et des interventions d'urgence, a félicité KSrelief pour ses efforts en faveur de la Syrie.

M. Al-Saleh a déclaré : "Ce partenariat sera un pilier essentiel de l'aide apportée à la Syrie : "Ce partenariat sera un pilier essentiel dans la lutte contre la crise humanitaire au niveau national. Nous croyons en l'avenir de la Syrie et en notre capacité à coexister, quels que soient les défis à relever."

La deuxième annonce majeure de la cérémonie concerne le programme de sécurité alimentaire et de relance de l'agriculture, qui fournit un soutien stratégique à l'agriculture, y compris la réhabilitation de 33 boulangeries publiques dans huit gouvernorats.

L'initiative comprend également le programme de soutien à l'agriculture des sept céréales, qui offre des outils, des semences et une formation aux familles d'agriculteurs.

Dans le cadre du programme de restauration des infrastructures éducatives de KSrelief, 34 écoles réparties dans trois gouvernorats seront restaurées et dotées de systèmes d'énergie solaire intégrés et d'environnements d'apprentissage modernes afin de contribuer au redressement post-conflit.

Six projets d'approvisionnement en eau et d'assainissement ont également été lancés, bénéficiant à plus de 300 000 Syriens.

Dans le cadre d'initiatives globales de prise en charge des orphelins, 1 000 enfants vont bénéficier d'un parrainage et d'un soutien mensuel par le biais du programme de prise en charge et d'autonomisation dans le nord-ouest de la Syrie.

Le programme Basma Hope offrira une prise en charge globale des orphelins, y compris l'éducation, les loisirs et les besoins essentiels.

KSrelief va également former 400 femmes soignantes à la couture afin de promouvoir l'autonomie économique.

L'événement a également annoncé une aide d'urgence comprenant des ambulances, de l'équipement lourd, des machines de déblaiement, des kits d'abris d'urgence et la distribution de paniers alimentaires.

M. Al-Rabeeah a souligné à Arab News l'importance d'une aide humanitaire complète pour la Syrie.

Il a déclaré : "Il n'y a aucun doute (sur l'importance) de l'aide humanitaire : "Il n'y a pas de doute (sur son importance). Elle s'inscrit en fait dans le cadre des relations étroites entre les deux pays.

"Le lien entre l'Arabie saoudite et la Syrie se situe au niveau des gouvernements et des populations, sur les plans politique, économique et humanitaire. Et j'en passe. Il s'agit donc d'une nouvelle journée de soutien de l'Arabie saoudite à la Syrie.

M. Al-Saleh a ajouté : "KSrelief a toujours été un partenaire important de la Syrie : "KSrelief a toujours été actif dans les domaines de l'aide d'urgence, des abris, de l'éducation, de la santé et du soutien aux moyens de subsistance. Ce soutien a contribué de manière significative à la résilience des Syriens au cours des dernières années."


L'Allemagne menacée par la peur des réformes, selon le patron de Deutsche Bank

Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
Le Chancelier allemand Friedrich Merz. (AFP)
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  • "Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur"
  • Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement"

FRANCFORT: Le président du premier groupe bancaire allemand Deutsche Bank a estimé mercredi que l'Allemagne est moins menacée par les tensions commerciales que par son incapacité à mener des réformes urgentes pour relancer son activité économique en panne.

"Le plus grand risque économique pour l'Allemagne n'est pas les droits de douane et autres barrières commerciales, mais notre manque de courage, notre prudence, notre lourdeur", a déclaré Christian Sewing, également président du lobby des banques privées allemandes (BdB), en ouverture d'un congrès bancaire à Francfort.

"Ce qui nous manque, ce n'est pas la compétence, mais le courage et un engagement clair en faveur du changement", a souligné le banquier, au moment où le gouvernement de coalition mené par le chancelier Friedrich Merz a promis un "automne des réformes" après des débuts poussifs depuis le printemps.

Les dirigeants des partis de la coalition au pouvoir, conservateurs de la CDU-CSU et sociaux-démocrates (SPD), se réunissent mercredi à Berlin pour discuter des réformes à mener dans les mois à venir.

La réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à la Chancellerie, a été précédée de déclarations dissonantes entre les ténors de la coalition, notamment sur le besoin de réformer les systèmes sociaux.

Les entreprises réclament aussi des réformes urgentes pour réduire la bureaucratie et abaisser les prix de l'énergie.

"C'est pourquoi nous avons urgemment besoin de l'automne des réformes annoncées, et ce, de manière à ce qu'il mérite vraiment son nom", a lancé M. Sewing.

Berlin a brisé un tabou au printemps en lâchant la bride sur le frein constitutionnel à la dette, afin de permettre le vote de programmes d'investissements en centaines de milliards d'euros pour muscler la défense et moderniser les infrastructures du pays.

"On ne peut pas seulement augmenter la dette et ne pas mettre en place de réforme, les deux doivent aller de pair", a prévenu M. Sewing.

 


TotalEnergies: accord de production sur une zone au large du Nigeria

Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
Photo prise le 14 septembre 2023, montrant le siège et le logo de Total Energy dans le quartier de La Défense, près de Paris. (AFP)
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  • TotalEnergies obtient deux permis d’exploration dans le bassin du West Delta
  • L’opération s’inscrit dans la stratégie du groupe visant à développer un portefeuille d’exploration axé sur des projets à faibles coûts techniques et à faibles émissions, tout en poursuivant la croissance de sa production

PARIS: TotalEnergies, en partenariat avec South Atlantic Petroleum, a signé un contrat de partage de production pour deux permis d'exploration au large du Nigeria, qui couvrent une superficie de 2.000 kilomètres carrés, a indiqué le géant pétrolier français mardi.

Ces permis d'exploitation, PPL 2000 et PPL 2001, se situent dans le "bassin prolifique du West Delta", précise le groupe. Le programme comprend le forage d'un puits d'exploration.

TotalEnergies se dit "honorée d'être la première compagnie internationale à se voir attribuer des licences d'exploration lors d'un appel d'offres au Nigeria depuis plus d'une décennie, marquant une nouvelle étape dans notre partenariat de long terme avec le pays", a déclaré Kevin McLachlan, directeur exploitation au sein du groupe pétrolier.

"L'entrée dans ces deux blocs prometteurs" correspond à "notre stratégie qui vise à enrichir notre portefeuille d'exploration de +prospects+ à fort potentiel et prêts à explorer, en vue de générer des développements à faible coût et à faibles émissions (...)", ajoute-t-il.

TotalEnergies est partenaire à 80% et South Atlantic Petroleum à 20%.

Lundi, le groupe français avait annoncé avoir reçu un nouveau permis d'exploration offshore en République du Congo (Congo-Brazzaville), étendant ainsi de 1.000 kilomètres carrés sa zone d'opération au large du pays.

Au Nigeria, TotalEnergies avait annoncé en mai la prochaine cession, au britannique Shell, de sa participation dans un important champ pétrolier en eaux profondes, le champ de Bonga.

TotalEnergies avait alors justifié cette vente par la volonté de "se concentrer sur des actifs à coûts techniques bas et à faibles émissions" et de "baisser le point mort cash", autrement dit réduire ses coûts pour améliorer sa rentabilité.

TotalEnergies prévoit une hausse de sa production d'hydrocarbures d’environ 3% par an jusqu'en 2030.