Après l'euphorie de 2021, la gueule de bois des marchés début 2022

Face à des taux d'inflation record, qui dépassent 8% aux Etats-Unis et dans la zone euro, les institutions garantes de la stabilité des prix sont contraintes d'agir. (AFP).
Face à des taux d'inflation record, qui dépassent 8% aux Etats-Unis et dans la zone euro, les institutions garantes de la stabilité des prix sont contraintes d'agir. (AFP).
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Publié le Mercredi 29 juin 2022

Après l'euphorie de 2021, la gueule de bois des marchés début 2022

  • Loin des gains de 2021, l'indice élargi de la Bourse de New York S&P 500 a perdu depuis le début de l'année 18%, un semestre catastrophique
  • La dégringolade concerne également les Bourses européennes, avec des baisses d'environ 15%, sauf à Londres, sauvée par ses entreprises pétrolières

PARIS: En 2021, les Bourses étaient à la fête et ont enregistré record sur record, mais le début de l'année 2022 a été l'un des pires de l'histoire des marchés, forcés de redescendre de leur petit nuage d'argent gratuit.

"C'est incroyable de voir comment le monde a changé vite ce semestre 2022", s'étonne Charlotte de Montpellier, économiste de la banque ING.

Loin des gains de 2021, l'indice élargi de la Bourse de New York S&P 500 a perdu depuis le début de l'année 18%, un semestre catastrophique comparable aux replis enregistrés en 1974, après le premier choc pétrolier, ou en 1962, année d'un krach boursier.

Il n'y a que le deuxième semestre de 2008, en pleine crise financière, et la période de la Grande Dépression du début des années 1930 qui ont vu l'indice chuter significativement plus fortement.

La dégringolade concerne également les Bourses européennes, avec des baisses d'environ 15%, sauf à Londres, sauvée par ses entreprises pétrolières qui ont bondi avec les prix du pétrole.

Pire que le Covid-19

Marko Kolanovic, co-directeur de la recherche de JP Morgan, note qu'un portefeuille classique "a plus fléchi que pendant la pandémie de 2020 ou n'importe quelle autre crise après 2008".

En plus des actions, le prix des obligations s'est en effet effondré: un investisseur qui n'aurait misé que sur les obligations aurait perdu 9,9% au niveau mondial et même 13,5% s'il s'était concentré uniquement sur les obligations américaines, rapporte à l'AFP Paul Jackson, responsable mondial de la recherche en allocation d'actifs d'Invesco.

Sur le marché des cryptomonnaies, c'est carrément le "chaos", "l'hémorragie" ou la "chute libre" selon les analystes: le bitcoin a perdu plus de 50% depuis le début de l'année et même 70% par rapport à son sommet historique de novembre 2021.

L'humeur générale des marchés est au "sauve-qui-peut mais il n'y a pas beaucoup d'endroits où se cacher", résume Vincent Juvyns, responsable de la stratégie de marché au sein de J.P. Morgan Asset Management.

Une inflation qui accélère mois après mois, une perturbation des chaînes d'approvisionnement mondiales, des confinements en Chine, une guerre en Ukraine qui fait flamber les prix de l'énergie... autant de facteurs qui accablent en effet l'économie mondiale depuis le début de l'année.

Plus rapide hausse des taux

Face à des taux d'inflation record, qui dépassent 8% aux Etats-Unis et dans la zone euro, les institutions garantes de la stabilité des prix sont contraintes d'agir, et de façon très marquée: la quasi-totalité des principales Banques centrales ont effectué, ou prévoient d'effectuer, des hausses importantes de leurs taux directeurs.

En réaction, les taux d'intérêt sur le marché obligataire ont dû s'ajuster, et très rapidement. Le taux de la dette de l'Etat allemand à dix ans, qui fait référence pour la zone euro, a grimpé de 1,80 point de pourcentage depuis le début de l'année, passant de -0,1% à +1,7%. C'est la hausse semestrielle la plus rapide de l'histoire.

Pour le taux américain à dix ans, la remontée est également historique (+1,70 point de pourcentage), à peine moins qu'en 1984 ou en 1980, années marquées par une inflation très élevée aux Etats-Unis et des hausses de taux de la Réserve fédérale.

Avant 2022, "on était habitué depuis plusieurs années à des Banques centrales" qui soutenaient l'économie et les marchés, amenant ces derniers "dans une situation de croissance artificielle", explique à l'AFP Charlotte de Montpellier.

Pour elle, le changement de ton des Banques centrales a provoqué "un changement complet de paradigme".

L'ajustement des portefeuilles d'actifs a dû se faire de façon aussi rapide et abrupte, selon Shamik Dhar, chef économiste de BNY Mellon IM, qui estime que les marchés boursiers pourraient bien baisser encore un peu, au moins jusqu'à ce que les entreprises revoient à la baisse leurs prévisions de bénéfices. Vu le contexte actuel, "une baisse des bénéfices est inévitable", dit-il.


Monnaie numérique, IA et santé mentale au programme de l’Open Forum Riyadh

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
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  • Cet événement se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale
  • «Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions»

LONDRES: L'Open Forum Riyadh, une série de tables rondes publiques qui se tiendront dans la capitale saoudienne dimanche et lundi, «mettra l’accent sur les défis et les opportunités au niveau mondial», selon les organisateurs.

Cet événement, fruit d’une collaboration entre le Forum économique mondial (WEF) et le ministère saoudien de l’Économie et de la Planification, se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement, qui aura lieu à Riyad les 28 et 29 avril.

«Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions, favorisant l’échange de connaissances et d’idées innovantes», affirme dans un communiqué de presse Faisal F. Alibrahim, ministre saoudien de l’Économie et de la Planification. Ce dernier précise que l’organisation de l’Open Forum de cette année à Riyad «témoigne de l’influence et du rôle croissants de la ville sur la scène internationale».

Le forum est ouvert au public et «vise à faciliter le dialogue entre les leaders éclairés et le grand public sur une série de sujets, notamment les défis environnementaux, la santé mentale, les monnaies numériques, l’intelligence artificielle [IA], le rôle des arts dans la société, l’entrepreneuriat moderne et les villes intelligentes», indique un communiqué.

Au programme, des tables rondes qui portent sur l’impact des monnaies numériques au Moyen-Orient, sur le rôle de la culture dans la diplomatie publique, sur le développement urbain pour les villes intelligentes ainsi que sur les actions qui ont pour objectif d’améliorer le bien-être mental dans le monde.

L’Open Forum, qui a lieu chaque année, a été créé en 2003 dans le but de permettre à un public plus large de participer aux activités du WEF. Il a été organisé dans plusieurs pays, dont le Cambodge, l’Inde, la Jordanie et le Vietnam.

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes.

Parmi les intervenants de cette année figurent Yazid A. al-Humied, gouverneur adjoint et responsable des investissements dans la région Mena au Fonds public d’investissement saoudien (PIF), la princesse Rima bent Bandar al-Saoud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis, et la princesse Beatrice, fondatrice du Big Change Charitable Trust et membre de la famille royale britannique.

Michèle Mischler, responsable des affaires publiques suisses et de la durabilité au WEF, a fait savoir dans un communiqué de presse que la participation du public aux tables rondes de l’Open Forum «favorise la diversité des points de vue, enrichit le dialogue mondial et renforce les solutions collectives pour un avenir plus inclusif et durable».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le FMI ouvre son premier bureau dans la région Mena à Riyad

Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
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  • Ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication
  • Il permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes

RIYAD: Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert son premier bureau dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) à Riyad.

Le bureau a été inauguré lors de la Conférence régionale conjointe sur les politiques industrielles de diversification, organisée conjointement par le FMI et le ministère des Finances le 24 avril.

Selon l’agence de presse saoudienne (SPA), ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication afin de favoriser la stabilité, la croissance et l’intégration régionale, promouvant ainsi les partenariats au Moyen-Orient et au-delà.

En outre, le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes, indique la SPA. Cette dernière indique que le FMI a remercié l’Arabie saoudite de sa contribution financière visant à renforcer le développement des capacités dans ses États membres, y compris les pays fragiles.

Abdoul Aziz Wane, chef de mission chevronné du FMI qui a une connaissance approfondie de l’institution et dispose d’un vaste réseau de décideurs et d’universitaires dans le monde entier, sera le premier directeur du bureau de Riyad.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'UE impose des règles renforcées au champion chinois du prêt à porter Shein

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. (Photo, AFP)
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  • L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes
  • Shein revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée

BRUXELLES: Bruxelles a ajouté vendredi le champion du prêt-à-porter bon marché Shein à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

L'application fondée en Chine en 2012, emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix, devient la 23ème plateforme, aux côtés de X, TikTok, Google ou Facebook, à se voir imposer les règles de l'UE les plus strictes pour "protéger les consommateurs contre les contenus illégaux", a annoncé la Commission européenne dans un communiqué.

Shein, spécialiste de la "fast-fashion", qui a son siège social à Singapour, vend ses vêtements exclusivement en ligne, auprès d'une clientèle jeune très présente sur les réseaux sociaux. Elle revendique chaque mois 108 millions d'utilisateurs de son site dans l'Union européenne, soit nettement plus que le seuil de 45 millions à partir duquel les acteurs peuvent être soumis à la régulation renforcée.

Ces entreprises doivent notamment analyser les risques liés à leurs services en matière de diffusion de contenus ou produits illégaux et mettre en place les moyens pour les atténuer. Cette analyse doit faire l'objet d'un rapport annuel remis à la Commission européenne qui assume désormais un rôle de gendarme du numérique dans l'UE.

"Des mesures devront être mises en œuvre pour protéger les consommateurs contre l'achat de produits dangereux ou illégaux, en mettant particulièrement l'accent sur la prévention de la vente et de la distribution de produits qui pourraient être nocifs pour les mineurs", a expliqué la Commission.

Les très grandes plateformes doivent aussi fournir au régulateur un accès à leurs algorithmes pour que le respect du règlement puisse être contrôlé. Elles doivent se soumettre une fois par an à un audit externe indépendant, à leurs propres frais.

Ces obligations s'appliqueront à Shein à partir de fin août.

Les contrevenants aux règles peuvent se voir infliger des amendes jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires annuel mondial, voire une interdiction d'opérer en Europe en cas de violations graves et répétées.

Réagissant à sa désignation comme très grande plateforme vendredi, Shein a affirmé sa volonté de se conformer aux règles européennes. "Nous partageons l'ambition de la Commission de faire en sorte que les consommateurs de l'UE puissent faire leurs achats en ligne en toute sérénité et nous nous engageons à jouer notre rôle", a déclaré Leonard Lin, responsable mondial des affaires publiques du groupe.

Les très grandes plateformes concernées par les contrôles européens renforcés incluent aussi le géant du commerce en ligne Amazon et son concurrent AliExpress, filiale du géant chinois Alibaba.

Une autre application chinoise de e-commerce, Temu, devrait s'ajouter prochainement à cette liste après avoir annoncé en avril qu'elle comptait environ 75 millions d'utilisateurs mensuels dans l'Union européenne.

Le DSA a montré son efficacité cette semaine en imposant à TikTok de suspendre dans l'UE la fonctionnalité de sa nouvelle application TikTok Lite qui récompense les utilisateurs pour le temps passé devant les écrans.

La Commission craignait des risques d'addiction, notamment pour les adolescents, et a ouvert une enquête. Elle soupçonne le réseau social, propriété du groupe chinois ByteDance, de ne pas avoir conduit l'analyse obligatoire des risques, en particulier pour la santé mentale des utilisateurs.

Toujours dans le cadre du DSA, Bruxelles a aussi ouvert en décembre une enquête visant le réseau social X pour des manquements présumés aux obligations de modération des contenus.