Les Bourses mondiales fléchissent à cause de la hausse des taux

Des piétons passent devant un panneau de cotation électronique affichant les cours des actions de l'indice de référence Nikkei 225 à Tokyo, le 13 juin 2022. (Photo de Kazuhiro NOGI / AFP)
Des piétons passent devant un panneau de cotation électronique affichant les cours des actions de l'indice de référence Nikkei 225 à Tokyo, le 13 juin 2022. (Photo de Kazuhiro NOGI / AFP)
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Publié le Lundi 13 juin 2022

Les Bourses mondiales fléchissent à cause de la hausse des taux

  • L'inflation aux Etats-Unis a atteint un nouveau record en mai, à 8,6% sur an, soit bien plus que ce qu'anticipaient les analystes
  • L'Europe a ouvert largement dans le rouge: vers 07H30 GMT, Paris perdait 1,76%, Francfort 1,61%, Milan 1,55% et Londres reculait de 1,14%

PARIS : Les craintes d'une forte hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis et d'une récession ébranlaient les marchés mondiaux lundi après la publication d'une inflation américaine plus élevée que prévu.

L'Europe a ouvert largement dans le rouge: vers 07H30 GMT, Paris perdait 1,76%, Francfort 1,61%, Milan 1,55% et Londres reculait de 1,14% après la publication d'une baisse de 0,3% du Produit intérieur brut (PIB) britannique en avril pour le deuxième mois consécutif.

L'inflation aux Etats-Unis a atteint un nouveau record en mai, à 8,6% sur an, soit bien plus que ce qu'anticipaient les analystes. La hausse des prix à la consommation a de plus recommencé à accélérer le mois dernier alors que les investisseurs espéraient que le pic avait été atteint.

Ces chiffres ont fait chuter fortement la Bourse de New York vendredi, de 2,73% pour le Dow Jones et 3,52% pour le Nasdaq.

L'Asie a suivi le mouvement. Tokyo a cédé 3,01%, et le yen a atteint un plus bas niveau face au dollar depuis 1998.

Shanghai a perdu 0,89% et Hong Kong chutait de 3,07% dans les derniers échanges.

De nouvelles mesures de confinement à Shanghai et Pékin réimposées par les autorités chinoises, peu après les avoir levées, créent en outre de nouvelles craintes concernant la deuxième économie mondiale.

"Les données (des prix à la consommation) ont anéanti l'espoir d'un pic de l'inflation et ont réanimé les attentes des pro-resserrement monétaire qui estiment que la Réserve fédérale (Fed) devrait se montrer plus agressive si elle veut maîtriser l'inflation", résume Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

La banque centrale américaine tiendra sa réunion de politique monétaire mardi et mercredi. Une hausse de ses taux directeurs d'un demi-point de pourcentage, ou 50 points de base, semble acquise mais désormais les marchés s'inquiètent d'un relèvement plus fort de 75 points de base.

Avant les données sur l'inflation, l'activité des marchés "évaluait à environ 5% la probabilité d'une hausse de 75 points de base", contre "23% de probabilité" actuellement, note Ipek Ozkardeskaya. Et concernant la réunion de la Fed de juillet, "la probabilité d'une hausse de 75 points de base est désormais supérieure à 50%, et le marché accorde même une probabilité de 14% pour une hausse de 100 points de base", explique-t-elle.

L'hypothèse d'une hausse des taux si agressive provoque des craintes concernant l'entrée en récession l'année prochaine de l'économie américaine.

Le marché de la dette montre les premiers signes de ce risque: le taux de la dette américaine à cinq ans dépassait 3,33% vers 07H20 GMT, s'inscrivant au-dessus des taux à 10 et 30 ans, ce qui est "généralement un indicateur clé de l'imminence d'une récession", selon Michael Hewson, analyste de CMC Markets.

Autre signe de l'aversion au risque des investisseurs, le bitcoin chutait de 7,72% à 25 245 dollars. Et le dollar, valeur refuge, était recherché.

Le bitcoin au plus bas depuis fin 2020, la plateforme crypto Celsius menacée

Le bitcoin plongeait lundi à son plus bas niveau depuis 18 mois dans un marché sans appétit pour le risque, souffrant par ailleurs de la suspension des retraits sur la plateforme de placements en cryptomonnaies Celsius.

Alors que les Bourses voient rouge à travers le monde et que les investisseurs se ruent vers le dollar, valeur refuge, "le plus gros carnage est probablement dans le monde de la crypto", commente Jeffrey Halley, analyste chez Oanda.

Le bitcoin voit son prix chuter de plus de 10% à 24 580 dollars vers 08H40 GMT (10H40 à Londres), un plus bas depuis décembre 2020 et une chute de plus de 65% depuis son plus haut historique en novembre 2021.

Alors que le marché des cryptomonnaies valait plus de 3 000 milliards de dollars à son sommet il y a sept mois, il approche de la barre des 1 000 milliards de dollars, selon le site Coingecko, qui recense plus de 13 000 différentes cryptomonnaies.

En 2021, ce secteur encore naissant avait attiré de plus en plus d'acteurs de la finance traditionnelle, dont l'appétit pour le risque était alimenté par les politiques ultra-souples des banques centrales à travers le monde.

Mais la hausse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui tente de lutter contre l'inflation galopante, pèse sur les marchés.

Par ailleurs, la baisse du bitcoin s'est accélérée "après que la plateforme Celsius a 'suspendu' les retraits", commente Mark Haefele, analyste chez UBS.

Cette entreprise valorisée à 12 milliards de dollars proposait notamment à ses utilisateurs de placer leurs cryptomonnaies "historiques", comme le bitcoin et l'ether, pour investir dans de nouvelles cryptomonnaies.

En octobre, Celsius avait notamment levé 400 millions de dollars auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) qui se félicitait de s'associer au "principal prêteur de cryptomonnaies au monde".

"En raison de conditions de marchés extrêmes, nous suspendons tous les retraits et transferts entre comptes", a annoncé la plateforme lundi.

"Il y a de la casse dans l'espace crypto et cela risque d'empirer", prévient Neil Wilson, analyste chez Markets.com.

Début mai, le terra, une cryptomonnaie dont le prix était censé être fixé au cours du dollar, s'était écroulé, provoquant l'inquiétude des investisseurs.

Yen et roupie au plus bas

Les craintes d'un resserrement monétaire plus agressif de la Fed pesaient sur les devises autres que le dollar.

Peu après 04H00 GMT, le dollar est monté jusqu'à 135,19 yens, un record face à la devise japonaise depuis octobre 1998. A 07H20 GMT le yen s'échangeait 134,62 yens pour un dollar, en baisse de 0,29%.

La roupie indienne a plongé lundi à un plus bas historique, s'échangeant à 78,28 roupies pour un dollar.

L'euro perdait 0,34% à 1,0482 pour un dollar.

La tech en chute libre

L'envolée des taux d'intérêt pénalisaient les valeurs de la tech qui ont besoin d'émettre de la dette pour financer leur croissance.

A Francfort, Delivery Hero lâchait 4,23%, Zalando 2,83% et Infineon 2,55%. A Paris, Worldline baissait de 4,15%, STMicroelectronics de 3,55%. A Londres, Deliveroo chutait de 5,95%.

Les géants de la tech chinoise n'ont par été épargnés: -7,34% pour Baidu, -7,45% pour Alibaba, -4,99% pour Tencent à Hong Kong.

Le pétrole en baisse

La possibilité de nouveaux confinements dans les plus grandes villes chinoises tirait les prix du pétrole vers le bas.

Vers 07H15 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord cédait 1,65% à 120,01 dollars et celui du baril de WTI américain perdait 1,68% à 118,69 dollars.


L'aéroport de Riyad presque à l'arrêt en raison de problèmes opérationnels

 L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
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  • Les compagnies aériennes publient des déclarations, tandis que des sources indiquent à Arab News que la pluie est à blâmer
  • Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne"

RIYAD: Des milliers de passagers voyageant vers et depuis l'aéroport international King Khalid de Riyad ont été laissés en plan alors que les principales compagnies aériennes se sont efforcées de proposer des vols alternatifs suite à une série d'annulations et de retards.

Saudia et flyadeal ont été parmi les compagnies aériennes qui ont rencontré des difficultés, les deux compagnies ayant publié des déclarations attribuant ces problèmes à des problèmes opérationnels temporaires.

Une déclaration de l'aéroport sur son compte officiel X a exhorté les voyageurs à contacter directement les compagnies aériennes avant de se rendre à la plate-forme d'aviation pour vérifier l'état actualisé et l'horaire de leurs vols.

Le communiqué dit ceci : "L'aéroport international King Khalid souhaite vous informer qu'en raison de la concomitance d'un certain nombre de facteurs opérationnels au cours des deux derniers jours - y compris plusieurs vols détournés d'autres aéroports vers l'aéroport international King Khalid, en plus des travaux de maintenance programmés dans le système d'approvisionnement en carburant - cela a eu un impact sur les horaires de certains vols, y compris le retard ou l'annulation d'un certain nombre de vols opérés par certaines compagnies aériennes".

L'aéroport a ajouté que les équipes opérationnelles travaillent "24 heures sur 24 en étroite coordination avec nos partenaires aériens et les parties prenantes concernées pour faire face aux développements et rétablir la régularité opérationnelle dès que possible", tout en prenant toutes les mesures nécessaires pour minimiser l'impact sur l'expérience des passagers.

Des sources aéroportuaires ont déclaré à Arab News que le problème était lié aux fortes pluies qui se sont abattues sur Riyad plus tôt dans la journée de vendredi. De l'eau s'est apparemment infiltrée dans les réservoirs de carburant censés ravitailler les avions à réaction avant leur décollage, et plusieurs compagnies aériennes se sont alors efforcées de reprogrammer les vols des passagers.

Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne : "Les clients concernés sont contactés par le biais de divers canaux de communication, et tous les changements de billets sont effectués sans frais supplémentaires.

Arab News a contacté Saudia pour de plus amples informations.

Toujours dans un communiqué publié sur X, flyadeal a déclaré que tous ses passagers touchés par la perturbation "seront informés directement par e-mail et SMS des options de rebooking et d'assistance".


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.


Mercosur: Paris et Rome contrarient les plans de l'UE, ultimatum de Lula

Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Italie rejoint la France pour demander un report de l’accord UE–Mercosur, menaçant la signature espérée par Ursula von der Leyen et ouvrant la voie à une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept
  • Le Brésil met la pression, tandis que les divisions européennes persistent entre défense des agriculteurs et impératif économique face à la concurrence chinoise et américaine

BRUXELLES: L'Italie a rejoint la France mercredi pour réclamer un report de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ce qui risque d'empêcher Ursula von der Leyen de parapher ce traité en fin de semaine, au grand dam du Brésil.

Une signature dans les prochains jours est "prématurée", a lâché Giorgia Meloni à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.

La cheffe du gouvernement italien veut d'abord des garanties "suffisantes" pour le secteur agricole, et se dit "convaincue qu'au début de l'année prochaine, toutes ces conditions seront réunies".

Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n'a cessé de marteler ces derniers jours qu'une signature était indispensable avant la fin de l'année, pour la "crédibilité" de l'Union européenne et afin de ne pas contrarier les partenaires latino-américains.

Prudent, l'exécutif européen fait mine d'y croire encore. "Les chefs d'Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen" ce jeudi, a dit à l'AFP Olof Gill, porte-parole de la Commission.

Au Brésil, le président Lula, qui avait appelé à la responsabilité Emmanuel Macron et Georgia Meloni, a posé une forme d'ultimatum.

"Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l'accord tant que je serai président", a-t-il menacé. "Si jamais ils disent non, nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu'il était possible de céder diplomatiquement".

- "Billet remboursable" -

La prise de position de Rome sur ce dossier est potentiellement décisive.

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l'Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.

"Ca risque d'être très chaud", convient un diplomate européen anonymement, alors que l'Allemagne comme l'Espagne insistent pour approuver ce traité de libre-échange le plus vite possible.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d'exercer une pression "intensive" sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas "chipoter" avec les grands traités commerciaux.

Emmanuel Macron a prévenu que "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de l'Union européenne, a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Paris ne considère pas encore comme "acquis" le report de la signature du traité, mais les déclarations de Giorgia Meloni sont la "preuve" que "la France n'est pas seule", a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles.

"J'espère qu'elle a un billet (d'avion) remboursable", glisse une source diplomatique européenne.

- Manifestation à Bruxelles -

Cet accord commercial avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Les agriculteurs européens ne décolèrent pas et annoncent une dizaine de milliers de manifestants jeudi à Bruxelles contre ce traité.

Pour rassurer la profession, l'UE a ajouté des mesures de sauvegarde: un suivi des produits agricoles sensibles et une promesse d'intervention en cas de déstabilisation du marché.

Un compromis a été trouvé mercredi soir sur ce volet entre des eurodéputés et des représentants des États membres: les garanties pour les agriculteurs y sont supérieures à ce qu'avaient voté les Vingt-Sept en novembre, mais en deçà de la position adoptée par le Parlement européen mardi.

Elles ne devraient toutefois pas suffire à la France. Le bras de fer avec Bruxelles s'inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l'Hexagone contre la gestion par les autorités de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Et au sein de l'Union européenne, une série d'États redoutent que Paris ne se contente pas d'un report du Mercosur mais essaye de faire échouer le traité, malgré plus de 25 ans de négociations.

Allemands, Espagnols et Scandinaves comptent quant à eux sur cet accord pour relancer une économie européenne à la peine face à la concurrence chinoise et aux taxes douanières des États-Unis.