L'Otan s'engage à soutenir Kiev, Poutine dénonce les «ambitions impérialistes» de l'Alliance

L'Otan a promis mercredi de soutenir l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire (Photo, Reuters).
L'Otan a promis mercredi de soutenir l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 30 juin 2022

L'Otan s'engage à soutenir Kiev, Poutine dénonce les «ambitions impérialistes» de l'Alliance

  • «L'Ukraine peut compter sur nous aussi longtemps qu'il le faudra», a déclaré le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg
  • Le sommet de Madrid a également été l'occasion de lancer officiellement le processus d'adhésion de la Suède et la Finlande, qui ont décidé de rejoindre l'Otan en réaction à l'offensive russe en Ukraine

MADRID: L'Otan a promis mercredi de soutenir l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire face à la "cruauté" de la Russie, lors d'un sommet à Madrid, tandis que le président russe a dénoncé les "ambitions impérialistes" de l'Alliance qui cherche à affirmer son "hégémonie".

"L'Ukraine peut compter sur nous aussi longtemps qu'il le faudra", a déclaré le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, évoquant une "obligation morale et politique" pour l'Alliance atlantique, réunie jusqu'à jeudi à Madrid, où elle a validé le futur élargissement à la Suède et à la Finlande.

Dans une déclaration commune, les pays membres de l'Otan, qui ont déjà fourni des milliards de dollars d'armes à Kiev, ont précisé s'être mis d'accord sur un nouveau plan d'aide passant par la "livraison d'équipements militaires non létaux" et par un renforcement des défenses ukrainiennes contre les cyber-attaques.

"L'épouvantable cruauté de la Russie provoque d'immenses souffrances humaines et des déplacements massifs", ont-ils écrit, estimant que Moscou portait "l'entière responsabilité de cette catastrophe humanitaire".

Des annonces saluées par le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, qui s'est félicité de cette "position forte" et "lucide" sur la Russie.

En réponse aux déclarations des dirigeants de l'Otan, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé mercredi, lors d'une conférence de presse à Achkhabad, la capitale turkmène, les "ambitions impériales" de l'Alliance Otan qui cherche selon lui à affirmer son "hégémonie" via le conflit ukrainien.

"L'Ukraine et le bien du peuple ukrainien, ce n'est pas l'objectif de l'Occident et de l'Otan, mais un moyen de défendre leurs propres intérêts", a-t-il dit.

Poutine: «Pas de problème» pour la Russie, si la Finlande et la Suède adhèrent à l'Otan

La Russie ne voit "pas de problème" dans une éventuelle adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Otan, a assuré mercredi le président russe Vladimir Poutine.

"Nous n'avons pas de problèmes avec la Suède et la Finlande, tels qu'on a avec l'Ukraine", a déclaré M. Poutine, lors d'une conférence de presse à Achkhabad, la capitale turkmène.

"Nous n'avons pas de différends territoriaux (...), il n'y a rien qui pourrait nous déranger du point de vue de l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan", a assuré le maître du Kremlin.

"Si la Finlande et la Suède le souhaitent, qu'elles y adhèrent. C'est leur affaire, elles peuvent adhérer où elles veulent", a-t-il souligné.

Mais "en cas de déploiement de contingents militaires et d'infrastructures militaires là-bas, nous serons obligés de répondre de manière symétrique et de créer les mêmes menaces pour les territoires d'où émanent les menaces pour nous", a averti Vladimir Poutine.

«Menace significative»

Le sommet de l'Otan a permis aux pays membres de l'Alliance d'adopter une nouvelle feuille de route stratégique qualifiant la Russie "de menace la plus significative et directe pour la sécurité des alliés".

"Nous ne pouvons pas écarter la possibilité d'une attaque contre la souveraineté ou l'intégrité territoriale des alliés", assure ce document, qui n'avait pas été révisé depuis 2010.

Cette nouvelle feuille de route cible aussi pour la première fois la Chine qui représente, selon l'Otan, un "défi" pour sa "sécurité".

Affichant leur unité, les pays de l'Otan ont validé un renforcement de leur présence militaire sur le flanc oriental de l'Alliance, qui va porter à plus de 300.000 militaires les effectifs de ses "forces à haut niveau de préparation".

"C'est la réorganisation la plus importante de notre défense collective depuis la Guerre froide", a souligné Jens Stoltenberg.

"Nous sommes au rendez-vous" et "nous prouvons que l'Otan est plus nécessaire que jamais", a insisté le président américain Joe Biden, qui a annoncé pour sa part un renforcement de la présence militaire américaine dans toute l'Europe et notamment dans les Etats baltes.

Veto turc levé

Le sommet de Madrid a aussi permis de lancer officiellement le processus d'adhésion de la Suède et la Finlande, qui ont décidé de rejoindre l'Otan en réaction à l'offensive russe en Ukraine, rompant avec une longue tradition de non-alignement.

Cette adhésion était jusqu'à présent bloquée par la Turquie qui accusait notamment Stockholm et Helsinki d'abriter des militants de l'organisation kurde PKK, qu'Ankara considère comme "terroriste".

Mais au terme de longues tractations, Ankara a donné mardi soir son accord à l'entrée dans l'Otan de ces deux pays nordiques, le président turc Recep Tayyip Erdogan ayant estimé avoir obtenu leur "pleine coopération" dans sa lutte contre le PKK.

Cet élargissement à venir de l'Otan aux deux pays nordiques a suscité la colère de Moscou.

C'est "un facteur profondément déstabilisateur pour les affaires internationales", a dit le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, qui a dénoncé un mouvement "agressif" à l'égard de la Russie.

Dans un communiqué, la diplomatie russe a également menacé de représailles la Norvège, accusant ce pays membre de l'Otan de bloquer le transit de marchandises à destination des Russes installés sur un archipel arctique norvégien, le Svalbard.

Vladimir Poutine "espérait moins d'Otan sur son front occidental" mais "il s'est complètement trompé": "il obtient plus d'Otan", a lancé le Premier ministre britannique Boris Johnson après l'accord trouvé à Madrid.

Londres augmente massivement son soutien militaire à Kiev

Le gouvernement britannique a annoncé mercredi débloquer un milliard de livres (1,16 milliard d'euros) d'aide supplémentaire à l'Ukraine pour répondre à l'invasion russe, comprenant des systèmes de défense anti-aérienne et des drones.

Ces nouveaux fonds vont porter l'aide militaire britannique à Kiev à 2,3 milliards de livres, a précisé Downing Street dans un communiqué, qualifiant cette augmentation importante de "nouvelle phase" dans le soutien occidental qui doit permettre à l'armée ukrainienne de lancer des contre-offensives.

"Alors que Poutine ne parvient pas à réaliser les gains qu'il avait prévus et espérés et que la futilité de cette guerre devient évidente pour tous, ses attaques contre le peuple ukrainien sont de plus en plus barbares", a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson, cité dans le communiqué.

"Les armes, les équipements et les formations britanniques transforment les défenses de l'Ukraine contre cette attaque. Et nous continuerons à soutenir fermement le peuple ukrainien pour faire en sorte que Poutine échoue en Ukraine", a-t-il ajouté.

Londres y voit "un premier pas" permettant à l'Ukraine de passer de la "défense vaillante" contre l'invasion russe à des "opérations offensives" pour regagner du terrain.

Le Royaume-Uni a été l'un des premiers pays à fournir des armes létales à Kiev, avec notamment plus de 5.000 missiles anti-chars et a depuis considérablement renforcé son soutien militaire, avec des armements mais aussi des formations pour les soldats ukrainiens.

«Pic d'intensité»

Sur le terrain, l'Ukraine a néanmoins continué de payer un lourd tribut à la guerre, avec de nouvelles attaques meurtrières contre des civils, notamment à Mikolaïv (sud), où cinq personnes sont décédées dans une frappe sur un immeuble résidentiel, selon les autorités régionales.

Ces bombardements sont survenus deux jours après une frappe qui a ravagé un centre commercial bondé à Krementchouk, à 330 kilomètres au sud-est de Kiev, faisant au moins 18 morts et une quarantaine de disparus, selon le gouvernement ukrainien.

M. Poutine a rejeté mercredi soir la responsabilité de l'armée russe dans cette frappe. "Notre armée ne frappe aucun site d'infrastructure civile", a-t-il martelé.

À Lyssytchansk, dans l'est de l'Ukraine, la "fréquence" des bombardements russes est "énorme", a estimé le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï. "Nous assistons à un pic d'intensité dans les combats", a poursuivi à la télévision ukrainienne.

Par ailleurs, les autorités ukrainiennes ont annoncé avoir récupéré 144 soldats, dont 95 "défenseurs d'Azovstal" à Marioupol dans le cadre du "plus gros échange (de prisonniers avec Moscou) depuis le début de l'invasion russe".

Dans une vidéo mercredi soir, M. Zelensky a également annoncé qu'il mettait fin aux relations diplomatiques avec la Syrie, après que le régime de Damas a reconnu l'indépendance des républiques séparatistes prorusses de Donetsk et de Lougansk, soutenues par Moscou depuis 2014.

Le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a estimé pour sa part mercredi que la Russie avait "échoué sur tous ses objectifs majeurs" sur le plan militaire. La guerre a un "coût massif" pour Moscou, a-t-il assuré dans un entretien à la radio LBC, estimant à "25.000" le nombre de soldats russes tués depuis le début du conflit.

Un bilan attribué par Boris Johnson à la "toxicité masculine" de Vladimir Poutine. "Si Poutine était une femme, (...) je ne pense vraiment pas qu'il se serait embarqué dans cette guerre folle de macho", a estimé le Premier ministre britannique sur la chaîne de télévision allemande ZDF.


Israël rejette l'avis de la CIJ sur l'acheminement d'aide à Gaza

Israël "rejette catégoriquement" l'avis mercredi de la Cour internationale de justice (CIJ) selon lequel Israël doit faciliter l'acheminement de l'aide à Gaza en vertu du droit international, a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. (AFP)
Israël "rejette catégoriquement" l'avis mercredi de la Cour internationale de justice (CIJ) selon lequel Israël doit faciliter l'acheminement de l'aide à Gaza en vertu du droit international, a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. (AFP)
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  • L'avis de la plus haute juridiction de l'ONU, consultatif, est "une nouvelle tentative politique visant à imposer des mesures politiques contre Israël sous le couvert du 'droit international'"
  • Il intervient alors que les organisations humanitaires s'efforcent d'intensifier l'acheminement de l'aide humanitaire vers la bande de Gaza, profitant d'un fragile cessez-le-feu conclu au début du mois

JERUSALEM: Israël "rejette catégoriquement" l'avis mercredi de la Cour internationale de justice (CIJ) selon lequel Israël doit faciliter l'acheminement de l'aide à Gaza en vertu du droit international, a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

L'avis de la plus haute juridiction de l'ONU, consultatif, est "une nouvelle tentative politique visant à imposer des mesures politiques contre Israël sous le couvert du 'droit international'", a réagi dans un message publié sur le réseau social X le porte-parole du ministre des Affaires étrangères israélien Oren Marmorstein.

Il intervient alors que les organisations humanitaires s'efforcent d'intensifier l'acheminement de l'aide humanitaire vers la bande de Gaza, profitant d'un fragile cessez-le-feu conclu au début du mois.

L'"avis consultatif" n'est pas contraigant juridiquement, mais la CIJ estime qu'il revêt "une grande importance juridique et une grande autorité morale".

L'Autorité palestinienne (AP), basée en Cisjordanie occupée, a salué cette avis qui, selon elle, indique très clairement qu'"Israël doit mettre fin à ces politiques illégales".

"Les États ont l'obligation de faire en sorte qu'Israël respecte ses obligations à cet égard", a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué sur X.

"Israël doit immédiatement lever l'interdiction illégale frappant l'UNRWA et permettre à toutes les autres organisations internationales invitées par la Palestine d'opérer librement et en toute sécurité à Gaza et dans le reste du territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est", ajoute le texte.

Israël a interdit à l'UNRWA d'opérer sur son sol après avoir accusé certains de ses employés d'avoir participé à l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 qui a déclenché la guerre à Gaza.

Le Hamas a également salué l'avis consultatif de la CIJ, qui stipule qu'Israël ne doit pas utiliser la famine comme moyen de guerre à Gaza.

"La décision de la Cour interdisant l'utilisation de la famine comme méthode de guerre confirme que l'occupation, en affamant délibérément les Palestiniens, commet une forme de génocide", a déclaré le groupe militant dans un communiqué.


Le désarmement du Hamas sera «très difficile» reconnaît Vance à Jérusalem

Arrivé mardi en Israël, M. Vance a aussitôt rencontré les deux émissaires de Donald Trump pour la région, Steve Witkoff et Jared Kushner, déjà sur place, avant de s'entretenir mercredi à Jérusalem avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. (AFP)
Arrivé mardi en Israël, M. Vance a aussitôt rencontré les deux émissaires de Donald Trump pour la région, Steve Witkoff et Jared Kushner, déjà sur place, avant de s'entretenir mercredi à Jérusalem avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. (AFP)
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  • Dans la bande de Gaza, Imran Skek, un Palestinien âgé de 34 ans réduit à vivre sous une tente, espère que la trêve va tenir et que le territoire pourra renaître rapidement
  • De son côté, Israël a annoncé mardi soir avoir récupéré, via la Croix-Rouge internationale à Gaza, deux nouvelles dépouilles d'otages restituées par le Hamas, les 14e et 15e sur les 28 qu'ils s'est engagé à rendre

JERUSALEM: Le désarmement du Hamas et la reconstruction de la bande de Gaza seront "très difficiles", a reconnu mercredi le vice-président américain JD Vance à Jérusalem, où il a tenté de rassurer Israël sur le projet de paix américain pour la région.

L'administration Trump intensifie ses efforts diplomatiques pour consolider la première phase du fragile cessez-le-feu à Gaza, en vigueur depuis le 10 octobre, et aborder les sujets sensibles des phases à venir comme l'administration et la reconstruction de ce territoire ravagé par deux ans de guerre.

Arrivé mardi en Israël, M. Vance a aussitôt rencontré les deux émissaires de Donald Trump pour la région, Steve Witkoff et Jared Kushner, déjà sur place, avant de s'entretenir mercredi à Jérusalem avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio est quant à lui attendu jeudi en Israël dans le cadre de cette offensive diplomatique américaine auprès de son allié israélien.

"Nous avons une tâche très, très difficile devant nous, qui est de désarmer le Hamas et de reconstruire Gaza, de rendre la vie meilleure pour les gens de Gaza, mais aussi de s'assurer que le Hamas ne soit plus une menace pour nos amis en Israël", a déclaré JD Vance à l'issue de sa rencontre avec M. Netanyahu.

Le mouvement islamiste palestinien a jusque-là refusé d'envisager son désarmement et ses combattants se sont redéployés dans des secteurs de Gaza après la trêve, s'affrontant avec des groupes armés dont il accuse certains de "collaborer" avec Israël.

"Lendemain incroyable" 

L'accord de cessez-le-feu a permis jusqu'à présent la libération de 20 otages israéliens vivants et de centaines de prisonniers palestiniens, et prévoit l'afflux d'aide humanitaire pour la population gazaouie.

Mais un regain des affrontements dimanche, fatals à 45 Palestiniens et deux soldats israéliens, et des retards dans la remise prévue par le Hamas des 28 dépouilles d'otages décédés retenues à Gaza ont fait craindre de voir cette trêve voler en éclats.

"Cet accord sur Gaza est un élément clé pour déverrouiller les accords d'Abraham, et pourrait ainsi permettre la création d'une alliance au Moyen-Orient qui perdure", a ajouté M. Vance en référence au projet américain d'étendre la normalisation des relations entre Israël et des pays de la région à la faveur d'un règlement à Gaza.

"Nous sommes en train de créer un lendemain incroyable avec une vision complètement nouvelle" sur "comment avoir un gouvernement civil, sur la manière d'assurer la sécurité là-bas", a déclaré à ses côtés M. Netanyahu. "Ce ne va pas être facile" et cela "va nécessiter beaucoup de travail", mais je pense que c'est possible", a-t-il ajouté.

Soldats turcs ?

Une étape ultérieure du plan Trump prévoit le retrait progressif des forces israéliennes dans la bande de Gaza et le déploiement d'une force de sécurité internationale. Les Etats-Unis n'enverront pas de troupes à Gaza et cherchent des pays près à contribuer à cet effort militaire, a assuré mardi M. Vance.

"Nous ne cherchons pas à imposer quoi que ce soit à nos amis israéliens en ce qui concerne la présence de troupes étrangères sur leur sol, mais nous pensons qu'il y a un rôle constructif que les Turcs peuvent jouer", a-t-il ajouté.

"J'ai des opinions très tranchées à ce sujet. Voulez-vous deviner lesquelles?", a dit de son côté M. Netanyahu, alors qu'une partie de l'opinion publique israélienne voit d'un mauvais oeil le déploiement de soldats turcs, pays dont les relations avec Israël sont actuellement tendues.

"Souffrance" 

Dans la bande de Gaza, Imran Skek, un Palestinien âgé de 34 ans réduit à vivre sous une tente, espère que la trêve va tenir et que le territoire pourra renaître rapidement.

"La guerre a cessé et on n'entend plus de bruit de bombes ni de bombardements comme avant. Nous espérons que le cessez-le-feu tiendra et qu'Israël et le Hamas le respecteront", dit-il à l'AFP.

"Nous commençons à peine à nous reposer, mais de nombreux problèmes subsistent. Devrons-nous vivre sous des tentes ? Cela est une autre forme de souffrance", ajoute-t-il.

De son côté, Israël a annoncé mardi soir avoir récupéré, via la Croix-Rouge internationale à Gaza, deux nouvelles dépouilles d'otages restituées par le Hamas, les 14e et 15e sur les 28 qu'ils s'est engagé à rendre.

Il s'agit de Tamir Adar, 38 ans, et d'Aryeh Zalmanovich, un des fondateurs du kibboutz Nir Oz, l'un des plus touchés lors de l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023 qui a déclenché la guerre, et entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait 68.229 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.

 


Aide humanitaire à Gaza: la CIJ statue sur les obligations d'Israël

Israël n'a pas participé aux audiences. Son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, les a qualifiées de "partie intégrante d'une persécution et d'une délégitimation systématiques d'Israël". (AFP)
Israël n'a pas participé aux audiences. Son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, les a qualifiées de "partie intégrante d'une persécution et d'une délégitimation systématiques d'Israël". (AFP)
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  • L'ONU a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye de clarifier les obligations d'Israël, en tant que puissance occupante, envers les Nations unies et d'autres organismes
  • Un avis de la CIJ n'est pas juridiquement contraignant, mais la cour estime qu'elle a "un grand poids juridique et une grande autorité morale"

LA HAYE: La plus haute juridiction de l'ONU va statuer mercredi sur les obligations d'Israël envers les organismes fournissant une aide aux Palestiniens à Gaza, où les organisations humanitaires s'efforcent d'intensifier leur assistance après le cessez-le-feu.

L'ONU a demandé à la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye de clarifier les obligations d'Israël, en tant que puissance occupante, envers les Nations unies et d'autres organismes, "y compris s'agissant d'assurer et de faciliter la fourniture sans entrave d'articles de première nécessité essentiels à la survie" des Palestiniens.

Un avis de la CIJ n'est pas juridiquement contraignant, mais la cour estime qu'elle a "un grand poids juridique et une grande autorité morale".

En avril, les juges ont entendu pendant une semaine des témoignages de dizaines de pays et d'organisations, dont une grande partie concernait le statut de l'UNRWA, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens.

Israël n'a pas participé aux audiences. Son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, les a qualifiées de "partie intégrante d'une persécution et d'une délégitimation systématiques d'Israël".

Israël a interdit à l'UNRWA d'opérer sur son sol après avoir accusé certains de ses employés de participation à l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.

Une série d'enquêtes, dont une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA.

Cependant, ce rapport d'avril 2024 indiquait qu'Israël n'avait "pas encore fourni de preuves" à l'appui de ses allégations selon lesquelles "un nombre important d'employés de l'UNRWA sont membres d'organisations terroristes".

Lors d'audiences devant la cour de La Haye, un responsable américain a exprimé de "sérieuses inquiétudes" quant à l'impartialité de l'UNRWA et a allégué que le Hamas utilisait des installations de l'agence.

Le responsable américain, Josh Simmons, a déclaré qu'Israël n'avait "aucune obligation d'autoriser spécifiquement l'UNRWA à fournir une aide humanitaire".

Le responsable palestinien Ammar Hijazi a dit aux juges de la CIJ qu'Israël bloquait l'aide, la considérant comme une "arme de guerre", provoquant ainsi la famine à Gaza.

"Bouée de sauvetage" 

Le directeur général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a décrit son organisation comme une "bouée de sauvetage" pour les près de six millions de réfugiés palestiniens.

L'agence compte encore quelque 12.000 employés à Gaza et entend jouer un rôle majeur dans sa reconstruction après le fragile cessez-le-feu conclu plus tôt ce mois-ci.

Plus de 370 employés de l'UNRWA ont été tués depuis le début de la guerre, selon l'agence.

Mardi, Abeer Etefa, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies, a indiqué que 530 camions de l'organisation étaient entrés dans Gaza depuis la prise d'effet du cessez-le-feu.

Ces camions ont apporté plus de 6.700 tonnes de nourriture, ce qui, selon elle, "suffit pour nourrir près d'un demi-million de personnes pendant deux semaines".

Israël fait face à plusieurs procédures en droit international concernant ses opérations à Gaza.

En juillet 2024, la CIJ a rendu un autre avis consultatif estimant que l'occupation israélienne des territoires palestiniens était "illégale" et devait cesser au plus vite.

La cour examine également une affaire portée par l'Afrique du Sud, qui accuse Israël de violation de la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948.

Une autre juridiction de La Haye, la Cour pénale internationale, a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés.

Elle a aussi émis un mandat d'arrêt contre le commandant du Hamas Mohammed Deif, qui, selon Israël, a été tué lors d'une frappe aérienne.