Sondage: Les Arabes soutiennent la ligne dure américaine contre l’Iran

Les Arabes estiment que les États-Unis devraient maintenir une position ferme à l’égard de l'Iran, mais ils restent divisés sur la stratégie que Washington devrait employer, selon une enquête panarabe Arab News / YouGov (AN)
Les Arabes estiment que les États-Unis devraient maintenir une position ferme à l’égard de l'Iran, mais ils restent divisés sur la stratégie que Washington devrait employer, selon une enquête panarabe Arab News / YouGov (AN)
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Publié le Mardi 27 octobre 2020

Sondage: Les Arabes soutiennent la ligne dure américaine contre l’Iran

  • Les répondants en Irak et au Yémen, deux pays aux relations étroites avec l'Iran, sont fermement en faveur d'une ligne dure
  • De nombreux habitants de la région considèrent la perspective d'une présidence de Joe Biden avec un certain malaise

DUBAÏ: Les Arabes estiment que les États-Unis devraient maintenir une position ferme à l’égard de l'Iran, mais ils restent divisés sur la stratégie que Washington devrait employer, selon une enquête panarabe Arab News / YouGov menée avant l'élection présidentielle du 3 novembre.

L'étude révèle que les Arabes sont divisés sur ce que le prochain président américain doit faire vis-à-vis de l'Iran, mais ils soutiennent la ligne dure en force.

Dr Majid Rafizadeh, politologue irano-américain et président du Conseil international américain, trouve que les divergences d’opinion pourraient être liées à l’étendue de l’influence de l’Iran dans chaque pays.

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«Si l'objectif principal est d’affronter le régime iranien, certains voient encore dans la diplomatie et les négociations les meilleures marches à suivre, alors que d'autres pensent que faire pression est la politique la plus efficace», a déclaré Rafizadeh à Arab News. «Mais comme l’indique le sondage, l'écrasante majorité se penche vers une position plus ferme envers le régime de Téhéran. Tout observateur avisé peut voir que les tensions dans de nombreux États arabes ont pour source l’Iran et à ses mandataires. »

Les répondants en Irak et au Yémen, deux pays aux relations étroites avec l'Iran, sont fermement en faveur d'une ligne dure. Interrogée sur la stratégie que le prochain président américain devrait adopter dans ses futures relations avec l'Iran, une large proportion - 49% en Arabie saoudite, 53% en Irak et 54% au Yémen - s'est prononcée en faveur du maintien de sanctions strictes et d'une position de guerre.

Dans ces pays «l'Iran a de puissantes milices, groupes terroristes et mandataires ", déclare Rafizadeh. «Il n’est pas surprenant que nombreux dans ces États arabes soient frustrées par l’ingérence active de l’Iran dans leurs affaires intérieures, et qui fait des ravages dans la vie des gens en Irak, au Liban et au Yémen. Voilà pourquoi beaucoup de manifestants au Liban et en Irak ont commencé à lancer des slogans contre l’Iran.»

De nombreux répondants sont également favorables au maintien de sanctions strictes, ainsi qu’à la rédaction d'un accord nucléaire plus sévère avec la République islamique. «Croire que les sanctions apporteront un changement à la politique iranienne, et que le Moyen-Orient n’aura pas à passer par une guerre, c’est le meilleure scénario», a déclaré Alex Vatanka, chercheur principal au Middle East Institute à Washington.

«Les Arabes préfèrent les sanctions à la guerre. Mais une nouvelle guerre au Moyen-Orient entraînera inexorablement des États arabes dans son sillage. Que ce soit l'Irak, les États du Golfe, la Syrie, le Liban, et même potentiellement la Jordanie».

Les gens qui soutiennent les sanctions espèrent que la pression économique sera à elle seule suffisante pour modifier la politique, les intentions, et les priorités de l’Iran, et ce sans avoir recours au conflit armé, dit Vatanka.

«L'idée qu'il y aura une nouvelle grande guerre entre les États-Unis et l'Iran et que le monde arabe peut simplement rester à distance et observer de loin ne va pas se produire», a-t-il déclaré. «L'Iran a des sympathisants qui peuvent lui venir en aide lorsque Téhéran le demande, C'est une erreur de croire qu’il n'a pas d'amis dans la région».

Quant au vainqueur de l'élection présidentielle américaine, Rafizadeh estime qu'il est plus urgent que jamais de travailler en étroite collaboration avec les pays du CCG. «Les sables géopolitiques ont entièrement changé, et l'Iran s'est positionné contre les alliés américains et les États du Golfe», a-t-il déclaré.

«Le renforcement des relations avec les États du Golfe aurait pour objectif de se prémunir contre la destruction de la marée montante iranienne, et continuer à développer des partenaires de sécurité fiables et fiables dans la région. Ceci devrait à la tête de l'agenda politique présidentiel iranien en janvier».

«Il serait naïf d’espérer que les politiques d’apaisement puissent contenir les forces d’instabilité iraniennes. C’est ce qu’a fait l’administration américaine précédente, et ce n’est tout simplement pas une option pour la stabilité régionale future et la protection des intérêts américains au Moyen-Orient».

Rafizadeh conçoit que de nombreux habitants de la région considèrent la perspective d'une présidence de Joe Biden avec un certain malaise. «Un retour à toute forme d’acceptation de la politique régionale du régime iranien, ou l’envoi d’avions d’argent liquide à Téhéran risque de saboter la paix au Moyen-Orient», a-t-il déclaré. «Les deux candidats à l'élection présidentielle doivent chercher à s'appuyer sur le bon travail accompli lors des accords d'Abraham pour lutter contre ce discours».

Pour Vatanka, un tel dialogue pourrait largement contribuer à remédier au manque profond de confiance politique dans la région. «La région est fatiguée, elle a connu la guerre, elle est en ruine, et on dépense sur les armes l’argent qui aurait dû être consacré à la création d’emplois et aux écoles», a-t-il déclaré. «Cela ne peut pas durer éternellement, car les premières victimes seront les peuples du Moyen-Orient. Et le monde entier souffrira avec. Il être optimiste et espérer un dialogue politique plus élargi entre les États du Moyen-Orient dans le futur».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk