Moscou et Pékin fustigent l'Otan, voie maritime pour sortir du blé d'Ukraine

Moscou et Pékin ont fait front commun contre l'Alliance atlantique, dont le sommet s'achève jeudi à Madrid (Photo, AFP).
Moscou et Pékin ont fait front commun contre l'Alliance atlantique, dont le sommet s'achève jeudi à Madrid (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 30 juin 2022

Moscou et Pékin fustigent l'Otan, voie maritime pour sortir du blé d'Ukraine

  • La guerre en Ukraine, l'un des premiers exportateurs mondiaux de céréales, a exacerbé les risques d'une crise alimentaire mondiale
  • L'Ukraine accuse depuis des semaines la Russie de voler ses récoltes de blé dans les régions occupées par l'armée russe dans le Sud ukrainien pour le revendre illégalement à l'international

MADRID: Accusés par l'Otan de "déstabiliser l'ordre international", Moscou et Pékin ont fait front commun contre l'Alliance atlantique, dont le sommet s'achève jeudi à Madrid, alors que la Russie a ouvert une voie maritime pour exporter du blé d'Ukraine vers des pays tiers.

"Les pays leaders de l'Otan souhaitent (...) affirmer leur hégémonie, leurs ambitions impériales", a fustigé mercredi soir le président russe Vladimir Poutine lors d'un déplacement à Achkhabad, la capitale turkmène.

"L'appel à l'Ukraine à poursuivre les combats et à refuser les négociations ne fait que confirmer notre hypothèse que l'Ukraine et le bien du peuple ukrainien, ce n'est pas l'objectif de l'Occident et de l'Otan, mais un moyen de défendre leurs propres intérêts", a-t-il insisté.

Pékin a fait jeudi front commun avec Moscou contre l'Otan, alors que cette dernière a publié mercredi une feuille de route stratégique présentant pour la première fois la Chine comme un "défi" pour ses "intérêts".

L'Otan "s'obstine (...) à salir la politique étrangère chinoise", a accusé un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian.

La feuille de route stratégique de l'Otan, qui n'avait pas été révisée depuis 2010, présente par ailleurs la Russie comme "la menace la plus significative et directe pour la sécurité des alliés" et dénonce "le partenariat stratégique approfondi" entre Pékin et Moscou "et leurs tentatives mutuelles pour déstabiliser l'ordre international".

Exportation de céréales

Les autorités installées par les forces d'occupation russes dans le sud de l'Ukraine ont annoncé jeudi le départ d'un premier navire chargé de 7 000 tonnes de céréales ukrainiennes depuis le port de Berdiansk, une première.

La guerre en Ukraine, l'un des premiers exportateurs mondiaux de céréales, a exacerbé les risques d'une crise alimentaire mondiale et les appels se sont multipliés ces dernières semaines pour que Moscou permette les exportations depuis l'Ukraine.

L'Ukraine accuse depuis des semaines la Russie de voler ses récoltes de blé dans les régions occupées par l'armée russe dans le Sud ukrainien pour le revendre illégalement à l'international.

Jusqu'ici, les chargements partaient, selon des médias et Kiev, par la route et les trains.

Parallèlement, l'armée russe a annoncé s'être retirée de l'île aux Serpents, une position stratégique en mer Noire conquise par Moscou et qui subissait des bombardements ukrainiens ces dernières semaines.

Cette petite île emblématique, située dans le nord-ouest de la mer Noire, près des côtes ukrainiennes et roumaines, avait été conquise dès le début de l'offensive en Ukraine, lancée le 24 février.

Présentée comme un "geste de bonne volonté", "cette décision ne permettra plus à Kiev de faire des spéculations sur une crise alimentaire imminente en disant qu'il est impossible d'exporter des céréales à cause du contrôle total exercé par la Russie sur le nord-ouest de la mer Noire", a souligné Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère russe de la Défense.

L'armée ukrainienne a salué aussitôt "la libération d'un territoire stratégique".

«Autant qu'il le faudra»

A Madrid, les pays de l'Otan ont validé par ailleurs une hausse des effectifs "à haut niveau de préparation" de l'Alliance, qui vont être portés à plus de 300 000 militaires, avec un renforcement des effectifs prévu sur son flanc oriental.

L'organisation, qui a validé son élargissement à la Suède et la Finlande, après la levée du véto jusque-là opposé par la Turquie, s'est par ailleurs mis d'accord sur un nouveau plan d'aide à l'Ukraine, passant notamment par la "fourniture d'équipements militaires non létaux".

Plusieurs Etats membres ont annoncé en parallèle de nouvelles livraisons d'armes à Kiev, à l'image du Royaume-Uni, qui va débloquer un milliard de livres (1,16 milliard d'euros) d'aide supplémentaire.

"L'Ukraine peut compter sur nous aussi longtemps qu'il le faudra", a insisté le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, en évoquant une "obligation morale et politique" pour l'Alliance.

Un message salué par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s'est félicité dans son adresse quotidienne du front uni à Madrid des pays de l'Otan. "C'est un sommet spécial, un sommet de transformation, l'Alliance change sa stratégie dans la réponse aux politiques anti-européennes agressives de la Russie".

«Bombardement ininterrompu»

Sur le front, les bombardements se sont poursuivis jeudi matin dans la région du Donbass (est), où se concentrent la majorité des combats.

La ville de Lyssytchansk "vit sous un bombardement ininterrompu de toutes sortes d'armes", a déploré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, estimant que 15 000 civils restent dans la cité.

Il s'agit de la dernière grande ville à conquérir pour les Russes dans la région de Lougansk, l'une des deux provinces du bassin industriel du Donbass, que Moscou entend entièrement contrôler.

Selon l'agence russe Ria Novosti, les forces de Moscou et les séparatistes pro-russes revendiquaient jeudi matin la prise de la raffinerie de la ville.

Toutefois, l'état-major de l'armée ukrainienne affirmait dans le même temps que les combats continuaient autour de ce site, alors que les forces russes tentent aussi de bloquer les accès à la ville.

Près de Dnipro, dans le centre-est du pays, un bombardement a par ailleurs touché une entreprise agricole, détruisant 40 tonnes de maïs, selon les autorités régionales.

Ces combats surviennent alors que les autorités ukrainiennes ont annoncé avoir récupéré 144 soldats, dont 95 "défenseurs d'Azovstal" à Marioupol dans le cadre du "plus gros échange (de prisonniers avec Moscou) depuis le début de l'invasion russe".

Cet échange a été confirmé jeudi matin par la Russie, qui a affirmé jeudi détenir "plus de 6 000" prisonniers de guerre ukrainiens.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.