Deux jours de conférence internationale en Suisse pour penser la reconstruction de l'Ukraine

Des policiers marchent à côté de l'entrée du Palazzo dei Congressi à Lugano le 3 juillet 2022 (Photo, AFP).
Des policiers marchent à côté de l'entrée du Palazzo dei Congressi à Lugano le 3 juillet 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 04 juillet 2022

Deux jours de conférence internationale en Suisse pour penser la reconstruction de l'Ukraine

  • Au total, la délégation ukrainienne comptera une centaine de personnes
  • La Banque européenne d'investissement doit proposer  la création d'un nouveau fonds pour l'Ukraine

LUGANO, Suisse: La Conférence de Lugano va tenter lundi et mardi de dessiner les contours de la future reconstruction de l'Ukraine, où la Russie continue de mener une guerre destructrice depuis plus de quatre mois.

La "tâche est vraiment colossale" ne serait-ce que dans les territoires libérés, a reconnu dimanche le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont les hôtes suisses espéraient la venue en personne mais qui participera -comme il en a désormais l'habitude- par visioconférence.

Et "il nous faut libérer 2.000 villages et villes dans l'est et le sud de l'Ukraine", a-t-il ajouté, dans un conflit dont l'issue reste incertaine malgré une aide militaire et financière conséquente des alliés de l'Ukraine.

Son Premier ministre Denys Schmigal est arrivé sur place dès dimanche -costume cravate- en compagnie du président du parlement, Rouslan Stefantchouk -polo et pantalon kaki- dans un appareil de l'armée de l'air suisse. Les deux hommes ont été accueilli par le président de la Confédération helvétique Ignazio Cassis.

Au total, la délégation ukrainienne comptera une centaine de personnes pour rencontrer responsables politiques, institutions internationales et représentants du secteur privé.

La présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, le Premier ministre tchèque, Petr Fiala, dont le pays vient de prendre la présidence de l'UE pour six mois, ainsi que son homologue Mateusz Morawiecki, de Pologne, pays qui accueille de loin le plus de réfugiés ukrainiens, seront à Lugano pour dessiner l'ébauche d'une sorte de "Plan Marshall", du nom du programme économique américain qui avait permis de relever l'Europe occidentale des ruines de la Deuxième guerre mondiale.

La conférence avait été planifiée bien avant que la Russie n'envahisse le pays et devait initialement discuter des réformes en Ukraine et notamment la lutte contre la corruption endémique avant d'être réorientée vers la reconstruction.

Feuille de route 

Il ne s'agira pas d'une conférence de donateurs mais plutôt de définir les principes et les priorités d'un processus de reconstruction.

La question s'est posée de l'intérêt de discuter de la reconstruction alors qu'il n'y a pas de fin en vue à la guerre et que les chiffrages vont de dizaines à des centaines de milliards de dollars.

Pour Robert Mardini, le directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, si la reconstruction à proprement parler devra attendre la fin des combats, il est vital de donner "une perspective positive aux civils", a-t-il expliqué à la chaîne publique RTS.

La Kyiv School of Economics (KSE) a estimé les dommages causés jusqu'à présent aux bâtiments et aux infrastructures à près de 104 milliards de dollars. L'économie du pays aurait déjà perdu 600 milliards de dollars selon certaines estimations.

Pour Simon Pidoux, l'ambassadeur suisse en charge de la conférence, il est trop tôt pour essayer d'estimer tous les besoins, insistant sur le fait que Lugano devrait plutôt fournir "une boussole" pour le travail à venir.

"Je pense que l'effort durera des années, voire des décennies", a-t-il déclaré.

La Banque européenne d'investissement doit proposer  la création d'un nouveau fonds pour l'Ukraine, qui pourrait éventuellement atteindre 100 milliards d'euros, selon des sources au fait du plan.

Le Royaume-Uni, l'un des alliés les plus actifs de l'Ukraine, soutiendra notamment la reconstruction de la ville et de la région de Kiev, à la demande du président Zelensky, indique le Foreign office britannique dimanche.

Londres compte également travailler avec Kiev et ses alliés pour accueillir la conférence sur la relance de l'Ukraine en 2023 et établira un bureau à Londres pour aider à coordonner ces efforts de reconstruction.

Sécurité

Si Lugano est le troisième centre financier de Suisse et un lieu de villégiature très prisé, y compris de très nombreux riches russes, elle n'a pas l'habitude de recevoir ce type de réunion diplomatique internationales. Mais le président de la Confédération est originaire d'ici et les hôtes veulent éviter tout incident.

Sous un soleil écrasant, les forces de l'ordre patrouillaient dimanche le périmètre de sécurité autour du palais des Congrès, qui doit accueillir les délégations pendants deux jours, à quelques pas du lac de Lugano enserré dans l'écrin d'un cirque montagneux majestueux. Toute l'après-midi une vedette de la police y inspectait un à un les passagers des nombreux pédalos, venus se rafraîchir sur l'eau.


JO-2024: le CIO autorise la participation des Russes et Bélarusses sous bannière neutre

Cette photo prise le 14 août 2023 montre l'entrée du siège du Cojo de Paris 2024 à Saint-Denis, au nord de Paris. (Photo de BERTRAND GUAY / AFP)
Cette photo prise le 14 août 2023 montre l'entrée du siège du Cojo de Paris 2024 à Saint-Denis, au nord de Paris. (Photo de BERTRAND GUAY / AFP)
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  • La question est cruciale puisque la crainte de voir une délégation ukrainienne absente ou très affaiblie à Paris a longtemps inquiété l'instance olympique
  • Après avoir banni Russes et Bélarusses du sport mondial fin février 2022, dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine, le CIO a donc raisonné en deux temps pour organiser leur retour

LAUSANNE: Le Comité international olympique a autorisé vendredi les sportifs russes et bélarusses à participer sous bannière neutre aux JO-2024 de Paris, hors épreuves par équipes et pour peu qu'ils n'aient pas activement soutenu l'invasion russe de l'Ukraine.

Seuls onze "athlètes individuels neutres" se sont pour l'instant qualifiés pour la compétition, soit huit Russes et trois Bélarusses, a précisé le CIO dans un communiqué, contre une soixantaine de sportifs ukrainiens.

La question est cruciale puisque la crainte de voir une délégation ukrainienne absente ou très affaiblie à Paris a longtemps inquiété l'instance olympique, et aurait rendu politiquement plus délicate encore la présence de sportifs russes, même sans hymne ni drapeau.

Après avoir banni Russes et Bélarusses du sport mondial fin février 2022, dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine, le CIO a donc raisonné en deux temps pour organiser leur retour, expliquant à maintes reprises que les sportifs ne devaient pas "payer" pour les actions de leur gouvernement.

En mars dernier, l'organisation olympique a d'abord recommandé aux fédérations internationales de réintégrer les Russes et Bélarusses sous bannière neutre à leurs compétitions, tout en repoussant "à un moment approprié" sa décision sur les JO-2024 de Paris comme sur les JO-2026 de Milan-Cortina.

L'instance olympique s'est donné le temps d'évaluer le déroulement des compétitions, jugé globalement satisfaisant, et de voir évoluer la position du gouvernement ukrainien, qui a d'abord imposé à ses sportifs de boycotter tout événement impliquant des Russes avant d'assouplir sa position cet été.

Par ailleurs, si les fédérations internationales ont suivi cette recommandation en ordre dispersé - l'athlétisme en particulier refuse toujours de réintégrer les Russes -, le 12e Sommet olympique organisé mardi à Lausanne a débouché sur un signal clair du monde sportif.

Les représentants des fédérations internationales, des 206 comités nationaux olympiques et des athlètes ont tous réclamé une décision "rapide", pour permettre la présence à Paris du petit nombre de sportifs russes et bélarusses qui ont pu franchir l'obstacle des qualifications.


Poutine annonce se présenter à la présidentielle russe de mars 2024

Après une année 2022 marquée par des revers sur le front des combats et une volée de sanctions occidentales, Vladimir Poutine apparaît fin 2023 en meilleure posture. (AFP)
Après une année 2022 marquée par des revers sur le front des combats et une volée de sanctions occidentales, Vladimir Poutine apparaît fin 2023 en meilleure posture. (AFP)
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  • Le chef de l'Etat russe, qu'une révision constitutionnelle de 2020 autorise à être candidat encore en 2024 et 2030, peut théoriquement se maintenir au Kremlin jusqu'en 2036, l'année de ses 84 ans
  • M. Poutine s'exprimait au Kremlin à l'occasion d'un échange avec des combattants en uniforme, la mère d'un soldat tué en Ukraine, une médecin et un ouvrier d'une mine à qui il venait de remettre des décorations

MOSCOU: Pas "d'autre choix" : Vladimir Poutine a annoncé être candidat pour un cinquième mandat à la présidentielle du 17 mars en Russie, sa réélection faisant peu de doute après près d'un quart de siècle au pouvoir et la répression de l'opposition.

Le chef de l'Etat russe, qu'une révision constitutionnelle de 2020 autorise à être candidat encore en 2024 et 2030, peut théoriquement se maintenir au Kremlin jusqu'en 2036, l'année de ses 84 ans.

"A une autre époque, j'ai eu d'autres pensées concernant cette question. Mais je comprends qu'aujourd'hui il n'y a pas d'autre choix possible. Je vais donc me présenter au poste de président de la Russie", a déclaré l'intéressé, âgé de 71 ans.

M. Poutine s'exprimait au Kremlin à l'occasion d'un échange avec des combattants en uniforme, la mère d'un soldat tué en Ukraine, une médecin et un ouvrier d'une mine à qui il venait de remettre des décorations, pendant une cérémonie télévisée.

Fait inhabituel, l'annonce avait été faite aux médias russes quelques minutes plus tôt par un participant à cette réunion, Artiom Joga, un combattant et membre du Parlement local russe à Donetsk, une ville occupée de l'est de l'Ukraine.

"La candidature est chargée de symboles : des héros, des "pères du Donbass" (un territoire ukrainien revendiqué par Moscou, NDLR) veulent voir Poutine à nouveau président.... Poutine a choisi la guerre, la guerre choisit Poutine", a commenté sur Telegram l'analyste Tatiana Stanovaïa.

"Il ne s'agit pas tant de prospérer que de survivre", a-t-elle ajouté, estimant que cette annonce, se voulant informelle, visait à donner l'image d'un "Poutine modeste, occupé par (le règlement) de vraies questions".

Posture favorable 

Le président de la chambre basse du Parlement, Viatcheslav Volodine, a réagi sur Telegram en insistant sur les "qualités uniques" de Vladimir Poutine, tandis que pour son homologue à la chambre haute, Valentina Matvienko, le chef de l'Etat "ne fuira jamais ses responsabilités".

Aucun détracteur du Kremlin ne devrait être en mesure de se présenter au scrutin, les autorités écrasant depuis des années l'opposition. Cette répression s'est accélérée avec l'offensive en Ukraine.

L'élection se déroulera du 15 au 17 mars, peu après le deuxième anniversaire du déclenchement de l'attaque contre l'Ukraine, toujours en cours, et à la veille du dixième anniversaire de l'annexion par la Russie, en 2014, d'un premier territoire ukrainien, la péninsule de Crimée.

L'élection aura d'ailleurs lieu dans les régions ukrainiennes occupées par la Russie, où la loi martiale est actuellement en vigueur.

Après une année 2022 marquée par des revers sur le front des combats et une volée de sanctions occidentales, Vladimir Poutine apparaît fin 2023 en meilleure posture avec l'échec de la contre-offensive entamée cet été par l'Ukraine, l'effritement du soutien européen et américain à Kiev et le redressement de l'économie nationale.

La quasi-totalité des opposants d'envergure, à l'exemple du militant anticorruption Alexeï Navalny, ont été jetés en prison ou poussés à l'exil.

Aucun concurrent 

La Commission électorale russe a annoncé vendredi que le scrutin se déroulerait sur trois jours, une pratique instaurée pendant la pandémie de Covid-19 mais dénoncée par l'opposition comme étant un moyen de faciliter les fraudes et d'obtenir les résultats attendus par le pouvoir.

M. Poutine a été président de 2000 à 2008 et l'est de nouveau depuis 2012. Touché par la limite du nombre des mandats, il avait cédé le Kremlin de 2008 à 2012 à un allié, Dmitri Medvedev, mais était resté en tant que Premier ministre l'homme fort de la Russie.

Né en 1952 à Léningrad (redevenue Saint-Pétersbourg), il a d'abord eu une carrière d'agent du KGB, les services secrets soviétiques, notamment en Allemagne de l'Est, avant de rentrer en Russie à la dislocation de l'URSS.

Il a commencé son parcours politique à la mairie de Saint-Pétersbourg, avant de rapidement rejoindre le Kremlin et d'y gravir les échelons en cultivant l'image d'un homme efficace, en plein tumulte des années 1990 en Russie.

Désigné Premier ministre, puis succédant à Boris Eltsine après sa démission le 31 décembre 1999, Vladimir Poutine a progressivement redressé l'économie grâce à la manne des hydrocarbures et mis au pas son pays, en démontant les acquis démocratiques des années 1990 et prônant une politique de puissance nostalgique de l'URSS, de plus en plus conservatrice et anti-occidentale.

Il a livré ou soutenu quatre guerres depuis son arrivée au pouvoir : la seconde guerre de Tchétchénie (1999-2009), l'invasion d'une partie de la Géorgie (2008), l'intervention en Syrie (2015) et les attaques contre l'Ukraine, d'abord en 2014, puis en 2022.


UE: le Premier ministre hongrois contre des négociations d'adhésion avec l'Ukraine

Le président français Emmanuel Macron accueille le Premier ministre hongrois Viktor Orban à l'Elysée présidentielle à Paris, le 7 décembre 2023. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille le Premier ministre hongrois Viktor Orban à l'Elysée présidentielle à Paris, le 7 décembre 2023. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • Viktor Orban est revenu sur la réforme de l'asile actuellement en discussions à l'UE
  • «En Hongrie, il n'y a aucun migrant, et j'en suis fier», s'enorgueillit le Premier ministre hongrois

PARIS: Le Premier ministre hongrois Viktor Orban reste farouchement opposé à des négociations d'adhésion de l'Union européenne avec l'Ukraine, arguant que le pays est gangrené par la corruption et représente une menace pour l'agriculture européenne.

"L'Ukraine est connue pour être l'un des pays les plus corrompus du monde. C'est une plaisanterie ! Nous ne pouvons pas prendre la décision d'entamer un processus de négociation d'adhésion", fait valoir M. Orban, dans un entretien avec l'hebdomadaire Le Point publié vendredi à quelques jours d'un Conseil européen qui doit aborder le sujet.

En outre, il met en garde les Français sur "ce que signifierait économiquement cette adhésion pour la France".

"Chaque année, il vous faudra verser au budget commun de l'Union plus de 3,5 milliards d'euros supplémentaires", dit-il.

Et de souligner l'importance de l'agriculture de l'Ukraine. "Si vous laissez cette agriculture entrer dans le système agricole européen, elle le détruira le lendemain", assure-t-il.

Le Premier ministre, qui a rencontré jeudi soir le président français Emmanuel Macron, explique par ailleurs que sa position est inflexible car "plus des deux tiers de l'opinion publique hongroise sont opposés à l'ouverture de toute négociation".

Mais "l'Ukraine est en difficulté", reconnaît-il car "elle subit l'invasion russe" et il est "légitime que l'ensemble du Conseil européen (lui) envoie de bons signaux", tel qu'un "partenariat stratégique" avec l'UE plutôt que des négociations pour une adhésion.

"Lorsque nous parviendrons (...) à rapprocher l'Ukraine de l'Europe, dans plusieurs années, nous verrons alors", a-t-il également confié avant son entretien avec Emmanuel Macron jeudi, sur lequel l'Elysée n'a pas communiqué.

Viktor Orban est par ailleurs revenu sur la réforme de l'asile actuellement en discussions à l'UE.

Elle "est peut-être meilleure que la précédente, mais ce n'est pas une solution", estime-t-il. "La solution ultime est que personne ne puisse entrer sur le territoire européen sans obtenir l'autorisation d'une autorité basée sur une procédure".

"Je suis le seul à avoir construit une clôture, s'enorgueillit le Premier ministre hongrois. En Hongrie, il n'y a aucun migrant, et j'en suis fier."

Et d'ajouter : "Si vous pensez qu'accepter les migrants aboutirait à quelque chose d'agréable, à une nouvelle société, à quelque chose de moralement plus élevé que la société traditionnelle, faites-le. C'est votre choix. Mais nous, Hongrois, nous pensons que c'est trop risqué."