La France rapatrie 35 mineurs et 16 mères, dont Emilie König, détenus dans des camps syriens

Emilie König (Photo, AFP).
Emilie König (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 juillet 2022

La France rapatrie 35 mineurs et 16 mères, dont Emilie König, détenus dans des camps syriens

  • La question reste aujourd'hui lancinante dans le débat politique en France où avocats, parlementaires, ONG et instances indépendantes exhortent régulièrement les autorités à suivre le pas de leurs voisins européens
  • L'Allemagne et, plus récemment, la Belgique ont récupéré une grande partie de leurs ressortissants détenus dans les camps syriens qui regroupent déplacés de guerre et proches de djihadistes

PARIS: La France a rapatrié mardi 35 mineurs et 16 mères des camps de déplacés en Syrie, dont Emilie König, l'une des djihadistes françaises les plus connues, éveillant l'espoir des ONG et familles de voir cesser la politique "inhumaine" du "cas par cas".

Mardi, quelques heures après la formation d'un nouveau gouvernement, le ministère des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que la France avait "procédé ce jour au retour sur le territoire national de 35 enfants mineurs français qui se trouvaient dans les camps du Nord-Est de la Syrie" ainsi que de "16 mères en provenance de ces mêmes camps".

Il s'agit du premier rapatriement massif d'enfants et de leurs mères depuis la chute en 2019 du "califat" du groupe État islamique (EI) d'où avaient été notamment planifiés les attentats meurtriers du 13 novembre 2015 en France.

Selon un communiqué du Parquet national antiterroriste (PNAT), sur les 35 mineurs, sept sont des enfants isolés. Quant aux 16 femmes, âgées de 22 à 39 ans, "quatre avaient déjà consenti au retour de leurs enfants au cours des derniers mois" et "12 sont revenues accompagnées de leurs enfants". Elles ont la nationalité française "sauf deux d’entre elles qui ont en revanche des enfants français".

Huit mères ont été placées en garde à vue "en exécution d'un mandat de recherche" et "huit (autres) font l'objet d'un mandat d'arrêt", toujours selon le PNAT. Ces dernières devraient se voir notifier dès mardi leur mise en examen.

Un mineur de 17 ans et sept femmes ont été placés en garde à vue à la DGSI (sécurité intérieure), selon une source proche du dossier. La huitième a été placée en garde à vue à la Section antiterroriste (SAT) de la préfecture de police de Paris.

A l'issue de leur garde à vue, ces personnes devraient être présentées à un juge antiterroriste en vue de leur mise en examen.

Parmi les femmes rapatriées, figure Emilie König, 37 ans, originaire de Lorient (Morbihan), partie en Syrie en 2012 et soupçonnée d'avoir agi comme recruteuse, notamment, pour l'EI.

Elle a été placée en détention provisoire après avoir été mise en examen par un juge antiterroriste, a constaté l'AFP lors d'une audience devant le juge des libertés et de la détention (JLD).

"Elle a l'intention de coopérer pleinement avec la justice française", a déclaré à l'AFP son avocat Me Emmanuel Daoud.

Une femme atteinte d'un cancer du colon, qui a déjà subi deux ablations, a également été rapatriée avec ses quatre enfants. Sa mère avait imploré le 23 juin Emmanuel Macron et son épouse de la faire rentrer en France.

"Il était temps", a commenté Me Daoud, qui la défend également. "L'heure du droit et de l'humanité est enfin venue car il fallait la protéger ainsi que ses enfants et faire en sorte que les traitements inhumains et dégradants qu'elle subissait cessent", a-t-il ajouté.

Opération secrète 

"Les services de renseignement sont venus hier matin dans les camps de Roj avec des listes et photos des familles qu’ils entendaient rapatrier", a témoigné sous le couvert de l'anonymat l'oncle de deux enfants encore sur place.

"Je sais à quel point les enfants français laissés dans les camps souffrent de ne pas avoir été emmenés avec leurs copains et leurs mères", a souligné Me Marie Dosé, conseil de familles encore sur place. "Il reste plus de 150 enfants et leurs mères", selon elle.

"Ma soeur ne s'y attendait pas. C’est un grand soulagement, on n’aura plus à s’inquiéter jour et nuit pour leur vie", témoigne auprès de l'AFP la tante d'un mineur rentré avec sa mère.

Ces 35 enfants, pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance, rejoignent les 126 mineurs déjà revenus depuis 2016 de territoires repris à l'EI.

En 2019, près de sept Français sur dix étaient opposés au retour des enfants de djihadistes, selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro.

La question reste aujourd'hui lancinante dans le débat politique en France où avocats, parlementaires, ONG et instances indépendantes exhortent régulièrement les autorités à suivre le pas de leurs voisins européens. L'Allemagne et, plus récemment, la Belgique ont récupéré une grande partie de leurs ressortissants détenus dans les camps syriens qui regroupent déplacés de guerre et proches de djihadistes.

Mardi, la secrétaire d’État à l'Enfance Charlotte Caubel a twitté: "Nous poursuivrons leur rapatriement tant qu’il le faudra pour les protéger".

Le "Collectif des familles unies" a de son côté indiqué dans un communiqué "espérer" que ce rapatriement "signe la fin de cette abjecte politique du +cas par cas+ qui revient à trier des enfants, à séparer les fratries et à arracher des enfants à leurs mères".

La Défenseure des droits Claire Hédon a souligné "l'urgence" à les rapatrier, décrivant "les conditions épouvantables de vie, avec des problèmes de nutrition, des problèmes de santé, un non-accès à l’école".


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».