La souveraineté, «vrai choix de société» au défi de son acceptabilité

Axelle Lemaire, ancienne secrétaire d'Etat au numérique, visite le siège de Spotify, Swedish Music Streaming Services, le 24 octobre 2016 à Stockholm. (Photo, AFP)
Axelle Lemaire, ancienne secrétaire d'Etat au numérique, visite le siège de Spotify, Swedish Music Streaming Services, le 24 octobre 2016 à Stockholm. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 10 juillet 2022

La souveraineté, «vrai choix de société» au défi de son acceptabilité

  • En matière numérique, plutôt que de souveraineté synonyme de marchés nationaux fermés à double tour, Axelle Lemaire préfère parler d'autonomie stratégique
  • Pour l'Etat, comme en attestent le plan de relance post-Covid ou le plan France 2030, les montants à engager pour relocaliser se chiffrent en dizaines de milliards

AIX-EN-PROVENCE: "Un choix qui concerne tout le monde": qu'elle soit industrielle ou numérique, la souveraineté économique est revenue à la mode en France, mais la question de son acceptabilité auprès de la population est loin d'être réglée.

En matière de souveraineté numérique, "nous sommes tous très schizophrènes", juge Axelle Lemaire, ancienne secrétaire d'Etat au numérique invitée à s'exprimer aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.

De fait, si l'idée de lutter contre la toute-puissance des Gafam (Google, Apple, Meta, Amazon et Microsoft) peut paraître séduisante, "on n’a pas envie de laisser tomber des outils tellement faciles à utiliser et gratuits", comme WhatsApp ou Instagram, au nom d'une "notion théorique" de souveraineté française ou européenne.

Le problème se pose aussi en matière de souveraineté industrielle.

"Tout le monde est d’accord pour dire que c’est important qu’on ait plus d’industrie et qu’on retrouve notre souveraineté, mais est-ce qu’on est d’accord pour rouvrir des mines de terres rares, des industries chimiques au bout de la rue?", s'interroge Patrice Morot, président de PwC France et Maghreb.

"On est face à des choix de société importants. Il faut qu’on en parle davantage" car "c’est un choix qui concerne tout le monde", poursuit-il.

Malgré l'importance des enjeux, la notion de souveraineté semble en effet susciter une certaine confusion.

"Je pense qu’il ne faut pas assimiler la souveraineté industrielle à la relocalisation", avance auprès de l'AFP Mary-Françoise Renard, animatrice d'un débat sur le sujet aux Rencontres d'Aix.

"On ne peut pas tout relocaliser, loin de là", insiste la professeure d'économie à l'université Clermont-Auvergne.

"On ne va pas refaire des T-shirts en France, c’est pas l’objectif", a confirmé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire lors d'une rencontre avec la presse.

"Mais que ce soit sur les batteries, l'hydrogène, l'électrolyse, les semi-conducteurs, l'espace, l'aéronautique, c’est notre intérêt de rapatrier un maximum de chaînes de valeurs, pour ne pas être exposés à un nouveau choc économique comme celui que nous avons connu avec le Covid et l'inflation", a-t-il aussitôt détaillé.

En matière numérique, plutôt que de souveraineté synonyme de marchés nationaux fermés à double tour, Axelle Lemaire préfère parler d'autonomie stratégique.

Coût

"Il faut pouvoir moins dépendre des autres, mais de là à dire qu’on produit tous nos médicaments, tous nos logiciels, toutes nos infrastructures en France, non, ça ne sera pas possible", avertit-elle.

Or "personne n’assume ce discours de vérité", regrette celle qui est désormais directrice déléguée de la Croix-Rouge.

Autre enjeu d'importance dans un contexte de remontée des taux d'intérêt et d'inflation: celui du coût des produits fabriqués plus près de chez nous.

Pour l'Etat, comme en attestent le plan de relance post-Covid ou le plan France 2030, les montants à engager pour relocaliser se chiffrent en dizaines de milliards.

Or dans un contexte de dégradation des finances publiques françaises, récemment dénoncé tant par la Banque de France que la Cour des comptes, l'heure n'est pas nécessairement aux dépenses somptuaires.

La question se pose avec autant d'acuité pour les consommateurs français, pas forcément prêts à assumer le surcoût d'une production locale à l'heure où le pouvoir d'achat est rogné par l'inflation (+5,8% sur un an en juin).

"C'est sûr que les produits agricoles français sont plus chers", reconnaît Bruno Le Maire à titre d'exemple. "Mais on est bien contents d'avoir encore une agriculture, d'être encore indépendants, d'avoir des produits de qualité", ajoute-t-il.

Pas sûr néanmoins que ces critères suffisent à convaincre tous les Français d'acheter local ou de se passer des services offerts par les géants américains du numérique.

"Un pays ne peut pas être souverain quand il est archipelisé", fait valoir Jacques Biot, président de Huawei France.

"Se dire qu’on va être souverains sur le plan nuémrique alors que des gens ne peuvent pas remplir leur déclarations de revenus, parce qu’ils n’ont pas accès à internet, c’est un vrai sujet", conclut l'ancien patron de Polytechnique.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com