Ukraine: 23 morts dans de nouvelles frappes russes sur une ville, le chef de l'ONU « atterré»

Les pompiers inspectent un bâtiment endommagé à la suite d'une frappe aérienne russe dans la ville de Vinnytsia, dans le centre-ouest de l'Ukraine, le 14 juillet 2022 (Photo, AFP).
Les pompiers inspectent un bâtiment endommagé à la suite d'une frappe aérienne russe dans la ville de Vinnytsia, dans le centre-ouest de l'Ukraine, le 14 juillet 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 15 juillet 2022

Ukraine: 23 morts dans de nouvelles frappes russes sur une ville, le chef de l'ONU « atterré»

  • Ces nouvelles frappes sont intervenues précisément au moment où se préparait à La Haye une conférence sur les crimes commis en Ukraine organisée par la Cour pénale internationale (CPI)
  • Les principaux combats restent concentrés sur l'est de l'Ukraine et le Donbass, bassin industriel et minier que Moscou a promis de conquérir entièrement

KIEV: Le secrétaire général de l'ONU s'est dit "atterré" et l'Union européenne a dénoncé de nouvelles "atrocités" jeudi après des frappes russes sur une ville du centre de l'Ukraine qui ont fait au moins 23 morts, un "acte ouvertement terroriste" pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

A Vinnytsia, une ville très éloignée des lignes de front, bien à l'ouest de la capitale Kiev, les images publiées par le service ukrainien des Situations d'urgence montraient des dizaines de carcasses de voitures calcinées et un immeuble d'une dizaine d'étages ravagé par l'explosion et l'incendie ayant suivi.

Les secours ukrainiens ont fait état jeudi soir de 23 morts, 29 disparus, 71 personnes hospitalisées et plus d'une centaine de blessés soignés sur place.

Selon l'armée ukrainienne, "trois missiles" ont touché le parking et cet immeuble commercial du centre de la ville, abritant des bureaux et de petits commerces. Ils ont été tirés depuis des sous-marins en mer Noire, a précisé le porte-parole de l'armée de l'air ukrainienne Iouri Ignat.

"Cette journée démontre une nouvelle fois que la Russie doit être reconnue officiellement comme un Etat terroriste. (...) Aucun autre pays au monde ne se permet de détruire chaque jour des villes paisibles et des vies humaines ordinaires avec des missiles de croisière et de l'artillerie", a déclaré jeudi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, soulignant qu'un centre médical avait été détruit.

Il a précisé que trois enfants de moins de dix ans figuraient parmi les 23 morts, "et ce n'est malheureusement pas le nombre final" car "des dizaines de personnes sont portées disparues" et il y a des "blessés très gravement".

Il a réclamé de nouveau la création d'un tribunal spécial ainsi qu'un "mécanisme de compensation" et de nouvelles sanctions contre Moscou, estimant qu'il était "temps que le monde démocratique consacre tout cela dans des instruments légaux appropriés".

Plus tôt, il avait dénoncé le fait que "la Russie tue des civils, tue des enfants ukrainiens, tire des missiles sur des cibles civiles où il n'y a rien de militaire. Qu'est-ce que c'est, si ce n'est un acte ouvertement terroriste?".

Le ministère russe de la Défense, cité sur Telegram par la rédactrice en chef du groupe de médias public Rossia Segodnya, Margarita Simonian, a affirmé avoir visé à Vinnytsia "la Maison des officiers, où des nationalistes avaient été déployés".

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "atterré", rappelant que l'organisation condamnait "toute attaque contre des civils ou des infrastructures civiles", selon son porte-parole.

L'UE a fustigé le "comportement barbare" de la Russie.

"Ces atrocités à Vinnytsia sont les dernières d'une longue série d'attaques brutales visant les civils et les infrastructures civiles", ont indiqué dans un communiqué le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell et le commissaire européen à la gestion des crises Janez Lenarcic. "Il ne peut y avoir aucune impunité pour les violations et crimes commis par les forces russes et leurs responsables politiques".

Tribunal spécial

Ces nouvelles frappes sont intervenues précisément au moment où se préparait à La Haye une conférence sur les crimes commis en Ukraine organisée par la Cour pénale internationale (CPI), la Commission européenne et les Pays-Bas.

Dans une intervention en visioconférence, Volodymyr Zelensky a appelé à la création d'un "tribunal spécial" chargé de juger "les crimes de l'agression russe contre l'Ukraine".

Au même moment, l'OSCE s'est alarmée du traitement infligé par Moscou aux civils ukrainiens dans des "camps de filtrations" pour déterminer d'éventuels liens avec les forces armées. "Si c'est le cas, ces personnes sont séparées des autres et souvent disparaissent purement et simplement", soulignent les experts de l'OSCE dans un rapport.

Depuis plusieurs semaines, les frappes russes loin des lignes de front étaient relativement rares.

Mais la guerre fait désormais rage autour de villes comme le port stratégique de Mykolaïv (sud), proche de la mer Noire, qui a été touché tôt jeudi matin par une "frappe massive de missiles" pour le second jour consécutif.

L'Ukraine a de son côté lancé depuis plusieurs semaines une contre-offensive pour reprendre Kherson, unique capitale régionale capturée par Moscou depuis le 24 février. Si la ligne de front reste relativement stable, ces attaques sont de plus en plus puissantes, avec de nouveaux systèmes de roquettes américains et européens, ciblant les dépôts d'armes.

Victoire totale

Les principaux combats restent toutefois concentrés sur l'est de l'Ukraine et le Donbass, bassin industriel et minier que Moscou a promis de conquérir entièrement.

Selon le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, "les attaques massives d'artillerie et de mortier se poursuivent (et) les Russes tentent de percer vers Siversk et d'ouvrir la voie vers Bakhmout", où un civil est mort dans des bombardements dans la nuit de mercredi à jeudi.

Les séparatistes prorusses soutenus par Moscou affirment de leur côté être proches d'y remporter une nouvelle victoire, quelques jours après avoir pris plusieurs villes d'importance.

"Siversk est sous notre contrôle opérationnel, ce qui signifie que l'ennemi peut être touché par nos tirs dans toute la zone", a déclaré un responsable séparatiste, Daniïl Bezsonov, cité par l'agence de presse russe TASS.

L'AFP n'était pas en mesure de confirmer de façon indépendante cette information.

Un peu plus au nord, dans la région d'Izioum, "on creuse quand c'est calme, on se cache quand ça tire", confiait à l'AFP un soldat ukrainien dans des tranchées labyrinthiques de plusieurs dizaines de mètres de longueur construites par l'armée ukrainienne, au son des tirs d'artillerie.

Un des officiers déclarait toutefois que "la situation est sous contrôle", affirmant que l'armée russe n'avançait plus dans cette zone et que l'objectif pour l'Ukraine était désormais "la victoire totale".

Espoir sur les céréales

Mercredi, au cours d'une réunion d'experts militaires à Istanbul, la Russie et l'Ukraine ont par ailleurs progressé sur l'épineuse question du blocage des exportations de céréales à partir des ports ukrainiens.

Des "progrès réellement substantiels" ont été réalisés, a commenté Antonio Guterres, espérant qu'un "accord formel" puisse être prochainement conclu et évoquant "une lueur d'espoir pour soulager la souffrance humaine et la faim dans le monde".

La négociation lancée il y a plus de deux mois vise à exporter par la mer Noire quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans des silos ukrainiens, en particulier à Odessa, tout en facilitant les exportations russes de grains et d'engrais.

L'Ukraine est l'un des principaux exportateurs mondiaux de blé et d'autres céréales et le temps presse, face à la hausse mondiale des prix des denrées alimentaires qui fait peser des risques de famine, notamment sur l'Afrique.

La guerre en Ukraine est le "plus grand défi" pour l'économie mondiale, a estimé jeudi la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, avant une réunion du G20 en Indonésie.

Pas de restrictions à la vente de matériel agricole à Moscou, dit Washington

Les Etats-Unis ont dit jeudi qu'ils n'interdiraient pas la vente de matériel agricole à la Russie, niant à nouveau les allégations de Moscou selon lesquelles les sanctions occidentales -- et non son invasion de l'Ukraine -- sont à l'origine de la crise alimentaire mondiale.

Le département du Trésor, dans un document officiel sur les exemptions de sanctions, a indiqué qu'il ne stopperait pas les transactions américaines liées à la production, à la vente ou au transport d'équipement agricole.

Conformément aux règles précédentes établies après l'invasion du 24 février, le Trésor a également dit qu'il n'interdirait pas les produits agricoles tels que les engrais, ni les appareils médicaux et les tests Covid-19.

Les cours du pétrole ont d'ailleurs brièvement dévissé de plus 5% jeudi, retombant à des niveaux plus vus depuis le début de la guerre, emportés par les craintes de récession mondiale dans un contexte d'inflation record aux Etats-Unis et en zone euro.

Le président Emmanuel Macron a averti que le conflit en Ukraine allait "durer" et que les Français devaient se préparer à se passer du gaz russe, dont Moscou se sert comme "arme de guerre".


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.