Haïti: Au moins 234 morts ou blessés à Cité Soleil entre le 8 et le 12 juillet

Depuis plus de deux ans, les gangs qui jouissent d'une très large impunité à Haiti (Photo, AFP).
Depuis plus de deux ans, les gangs qui jouissent d'une très large impunité à Haiti (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 17 juillet 2022

Haïti: Au moins 234 morts ou blessés à Cité Soleil entre le 8 et le 12 juillet

  • Sur la période de janvier à fin juin, les services de Michelle Bachelet ont enregistré 934 meurtres, 684 blessés et 680 enlèvements
  • Depuis vendredi, les rafales d'armes automatiques crépitent à longueur de journée à Cité Soleil, où deux gangs s'affrontent

GENÈVE: Les violences des gangs qui sévissent à Cité Soleil, dans la capitale haïtienne, ont fait au moins 234 morts ou blessés sur la seule période du 8 au 12 juillet, rendant encore plus difficiles les conditions de vie déjà très précaires des habitants de la commune la plus défavorisée de Port-au-Prince, a annoncé l'ONU samedi.

"La plupart des victimes ne sont pas directement liées aux gangs mais ont été visées par des membres des gangs et nous avons aussi reçu de nouvelles informations sur des violences sexuelles", écrit le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, dans un communiqué.

Sur la période de janvier à fin juin, les services de Michelle Bachelet ont enregistré 934 meurtres, 684 blessés et 680 enlèvements.

"Nous nous inquiétons profondément de l'aggravation des violences à Port-au-Prince et de la hausse des violations des droits humains qui sont commises contre la population locale par des gangs lourdement armés", écrit Jeremy Laurence, porte-parole du Haut commissariat.

"Les autorités de l'Etat semblent dépassées par la situation : les institutions sont paralysées par le manque de ressources, la corruption et la violence, ce qui favorise l'impunité", note le porte-parole, qui ne peut que constater que "bien que la Police nationale haïtienne ait réagi rapidement et autant que possible, ses ressources limitées n’ont pas permis d’endiguer la violence".

"Nous exhortons les autorités à faire respecter tous les droits humains et à les mettre au coeur de leurs actions dans cette crise", poursuit-il.

"La lutte contre l'impunité et les violences sexuelles, tout comme le renforcement des droits humains et la surveillance de leur mise en application doivent rester une priorité", explique-t-il, exhortant les responsables à cesser "immédiatement" les violences.

Rafales

Depuis vendredi, les rafales d'armes automatiques crépitent à longueur de journée à Cité Soleil, où deux gangs s'affrontent.

Le long des corridors de bidonvilles qui s'y sont formés au fil des quatre dernières décennies, des milliers de familles n'ont d'autre choix que de se terrer chez elles, sans pouvoir se ravitailler en eau et nourriture. Certains habitants sont victimes de balles perdues.

Ces affrontements meurtriers entre gangs affectent l'ensemble des activités à travers la capitale car c'est à Cité Soleil que se situe le terminal pétrolier qui alimente Port-au-Prince et tout le nord d'Haïti.

À travers la capitale, les stations-service ne distribuent plus une goutte de carburant, faisant drastiquement flamber les prix au marché noir.

Depuis plus de deux ans, les gangs qui jouissent d'une très large impunité ont multiplié les rapts crapuleux et le Haut commissariat note que depuis le début du mois de juin, des gangs ont également attaqué des institutions clés à Port-au-Prince, comme le Palais de justice et l'administration portuaire.

Pas d'embargo

Face à ce déferlement de violence, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi à l'unanimité une résolution des Etats-Unis et du Mexique demandant aux Etats membres de l'organisation d'interdire le transfert d'armes légères à ces gangs.

La Chine, qui avait réclamé en vain un embargo sur les armes légères à destination des gangs en Haïti, a estimé que "cette résolution était un avertissement" pour ces derniers.

Des sanctions individuelles pourraient être prises dans les 90 jours en vertu de la résolution à l'encontre de leurs chefs, a souligné après le vote l'ambassadeur chinois à l'ONU, Zhang Jun.

Le texte aurait "pu être meilleur", a-t-il ajouté, estimant cependant qu'il s'agissait "d'un bon pas dans le bon sens".

Le Conseil de sécurité a aussi prolongé le mandat du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), "qui permettra de renforcer la réponse internationale collective à la crise des droits humains qui se déroule dans le pays, ainsi que de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire", souligne le Haut commissariat.


Le traité sur la pollution plastique n'est pas mort, affirme la cheffe de l'environnement de l'ONU

Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
Un homme marche sur un pont près de la vallée de Vjosa, récemment désignée comme site de l'UNESCO, à Tepelene, en Albanie. (Reuters)
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  • Malgré l’échec de deux cycles de négociations et la démission du président du comité, la cheffe du PNUE Inger Andersen reste optimiste : un traité mondial contre la pollution plastique est encore possible
  • Alors que la production de plastique pourrait tripler d’ici 2060, les négociations patinent entre pays favorables à une réduction de la production et ceux qui préfèrent miser sur la gestion des déchets

GENEVE: Un traité mondial historique sur la lutte contre la pollution plastique reste à portée de main, assure la cheffe de l'agence de l'ONU pour l'environnement, malgré l'échec cuisant de deux rounds de négociations successifs et la démission soudaine du président du comité des négociations cette semaine.

Dans un entretien exclusif accordé à l'AFP, la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), Inger Andersen, estime que les pays ne feront pas marche arrière, malgré leurs profondes divergences sur la lutte contre ce problème croissant, notamment dans les océans.

Un grand bloc de pays souhaite des mesures audacieuses, comme la réduction de la production de plastique, tandis qu'un groupe plus restreint de pays producteurs de pétrole souhaite se concentrer davantage sur la gestion des déchets.

Les négociations censées se terminer en 2024 en Corée du Sud se sont soldées par un échec, et les efforts repris à Genève en août ont également échoué.

Beaucoup de pays ont exprimé leur colère et leur frustration face à l'échec des discussions, mais ont affirmé souhaiter de nouvelles négociations, dans la foulée de six cycles déjà tenus en trois ans sous l'égide du PNUE.

"Le résultat était-il glorieux ? Non. Mais était-ce la fin ? Non", martèle Mme Andersen.

"Nous sommes repartis avec une plus grande lucidité. Et personne n'a quitté la table. Personne n'est reparti en disant: +C'est trop désespéré, on abandonne+. Personne. Et tout cela me donne du courage", assure l'économiste danoise.

Le problème de la pollution plastique est si omniprésent que des microplastiques ont été retrouvés sur les plus hauts sommets, dans les fosses océaniques les plus profondes et dispersés dans presque toutes les parties du corps humain.

Le sujet est d'autant plus urgent que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les 50 années précédentes. Et la tendance s'accélère: si rien n'est fait, la production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d'ici 2060, selon les prévisions de l'OCDE. Moins de 10% est recyclé.

- "Tout à fait faisable" -

À l'heure actuelle, aucun calendrier n'a été fixé pour la tenue de nouvelles négociations, et aucun pays n'a proposé officiellement de les accueillir. Mais Mme Andersen est "absolument" convaincue qu'un accord est à portée de main.

"C'est tout à fait faisable. Il faut juste persévérer", avance-t-elle. "Nous sommes si proches".

Selon elle, l'état d'esprit général est le suivant: "Nous sommes toujours en négociation. Nous ne nous éloignons pas. Nous avons nos lignes rouges, mais nous comprenons mieux celles des autres. Et nous voulons tous" un accord.

La Norvège et le Kenya ont organisé une réunion très suivie lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York le mois dernier, souligne Mme Andersen.

La COP30, qui se tiendra au Brésil en novembre, offrira une nouvelle occasion de sonder les esprits avant l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement à Nairobi en décembre.

Mais Luis Vayas Valdivieso, ambassadeur d'Équateur en Grande-Bretagne et président du comité des trois derniers des six cycles de négociations, a jeté l'éponge en annonçant cette semaine sa démission.

"Il a essayé d'écouter attentivement toutes les parties et de proposer des textes", rappelle la cheffe du PNUE, manifestant une "profonde gratitude (...) car il a travaillé d'arrache-pied et a tout donné".

- "Grave allégation" -

Le journal britannique The Guardian a rapporté mardi que des employés du PNUE avaient tenu une réunion secrète la veille à Genève, afin de convaincre des membres de la société civile de faire pression sur M. Vayas pour qu'il démissionne.

"Il s'agit d'une allégation extrêmement grave", a réagi Mme Andersen. "Je n'étais pas au courant et, de toute évidence, je n'avais demandé à personne de faire une telle chose".

Elle a précisé que ce dossier avait été transmis au Bureau des services de contrôle interne des Nations unies.

Quant à la question de savoir si un nouveau président pourrait insuffler un nouvel élan, elle a déclaré : "Comme toujours, lorsqu'il y a un changement, l'ambiance change légèrement", mais, souligne-t-elle "les enjeux resteront les mêmes".


Des militaires américains vont «superviser » la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza

Les drapeaux des États-Unis et d'Israël sont projetés sur les murs de la vieille ville de Jérusalem le 9 octobre 2025, pour célébrer l'accord conclu entre Israël et le Hamas sur la première phase du plan du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre à Gaza. (REUTERS)
Les drapeaux des États-Unis et d'Israël sont projetés sur les murs de la vieille ville de Jérusalem le 9 octobre 2025, pour célébrer l'accord conclu entre Israël et le Hamas sur la première phase du plan du président américain Donald Trump visant à mettre fin à la guerre à Gaza. (REUTERS)
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  • Le nouveau chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l'amiral Brad Cooper, "aura au départ 200 hommes sur le terrain"
  • Un second haut responsable a précisé qu'il n'y aurait pas de militaires américains déployés "dans Gaza"

WASHINGTON: Deux cents militaires américains seront mobilisés pour "superviser" et "observer" la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza, a fait savoir jeudi un haut responsable américain sous le couvert de l'anonymat.

Le nouveau chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom), l'amiral Brad Cooper, "aura au départ 200 hommes sur le terrain", a dit cette source pendant un échange avec la presse, sans préciser de quel "terrain" il s'agissait.

Un second haut responsable a précisé qu'il n'y aurait pas de militaires américains déployés "dans Gaza".

Leur rôle sera de "superviser, observer, de s'assurer qu'il n'y a pas de violations, pas d'incursions", a expliqué le premier haut responsable.

"Ce sera surtout de la supervision", a-t-il ajouté.

"Dans cette équipe de 200 personnes seront intégrés probablement un groupe de membres de l'armée égyptienne qui vont aider, des membres de l'armée qatarie qui vont aider, également des Turcs et probablement des Emiratis", a-t-il encore dit.

Selon ce premier haut responsable, "l'idée est d'être collégial. Et les Israéliens seront évidemment en relation constante avec eux".

"Impliquer l'amiral Cooper a apporté beaucoup de confiance et de sécurité pour les pays arabes et de cette manière, il a été communiqué au Hamas que nous prenons un rôle très important, que le président américain prend une position très forte d'engagement derrière ses garanties", a-t-il aussi déclaré.

Le deuxième haut responsable a, lui, expliqué qu'après l'accord du gouvernement israélien s'ouvrait une fenêtre de "72 heures" pendant laquelle l'armée israélienne doit se retirer sur des positions convenues à l'avance et pendant laquelle doit s'effectuer un échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Ensuite l'objectif sera, avec le soutien donc de l'armée américaine, de poser les bases d'une "force de stabilisation internationale", a-t-il dit.

"Il n'est pas prévu d'envoyer des militaires américains dans Gaza. Il s'agit vraiment seulement de créer un centre de contrôle commun et d'intégrer les autres forces de sécurité", a insisté cette même source.


Trump dit qu'il «essaiera» d'aller en Egypte pour la signature de l'accord sur Gaza

Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Nous allons essayer de nous y rendre, et nous travaillons sur le timing, le timing exact. Nous allons aller en Egypte, où nous (...) allons avoir une signature officielle" de l'accord, a-t-il affirmé pendant un conseil des ministres à la Maison Blanche
  • Il a indiqué que les autorités israéliennes lui "avaient demandé de parler à la Knesset", le parlement israélien, et ajouté: "J'ai donné mon accord."

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi qu'il "essaierait" de se rendre en Egypte pour la signature de l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages retenus par le Hamas dans la bande de Gaza.

"Nous allons essayer de nous y rendre, et nous travaillons sur le timing, le timing exact. Nous allons aller en Egypte, où nous (...) allons avoir une signature officielle" de l'accord, a-t-il affirmé pendant un conseil des ministres à la Maison Blanche.

Il a indiqué que les autorités israéliennes lui "avaient demandé de parler à la Knesset", le parlement israélien, et ajouté: "J'ai donné mon accord."

"C'est la première fois qu'un président le fait, ce qui rend la chose très intéressante", a-t-il affirmé.

Trois présidents américains ont en réalité déjà parlé devant une session plénière de la Knesset: Jimmy Carter en 1979, Bill Clinton en 1994 et George W. Bush en 2008.

Donald Trump a par ailleurs assuré qu'il y aurait "un désarmement" et un "retrait" de troupes dans une prochaine phase de l'accord sur Gaza, tout en déclarant que la priorité était le retour des derniers otages, qui devrait selon lui survenir "lundi ou mardi".

A ce sujet, le président américain a reconnu que les corps de certains otages seraient "un peu difficiles à trouver".