Espions russes en Ukraine et perte d'une région clé: Zelensky fait tomber des têtes

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre néerlandais, à la suite de pourparlers à Kyiv, le 11 juillet 2022. (Photo, AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre néerlandais, à la suite de pourparlers à Kyiv, le 11 juillet 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 19 juillet 2022

Espions russes en Ukraine et perte d'une région clé: Zelensky fait tomber des têtes

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre néerlandais, à la suite de pourparlers à Kyiv, le 11 juillet 2022. (Photo, AFP)
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a renvoyé son chef des services de sécurité et la procureure générale, premier remaniement majeur depuis le début de l'invasion russe de son pays
  • Au moins trois hauts responsables du SBU ont été accusés de haute trahison au profit de Moscou ces dernières mois

VARSOVIE: Infiltration d'espions russes et pertes d'une région stratégique dans le sud: le président ukrainien Volodymyr Zelensky a renvoyé son chef des services de sécurité et la procureure générale, premier remaniement majeur depuis le début de l'invasion russe de son pays. 

L'annonce est tombée dimanche soir, d'abord sous forme de décrets présidentiels suspendant le chef des services de sécurité (SBU) Ivan Bakanov, ami d'enfance du chef de l'Etat, et la procureure Iryna Venediktova. 

Dans son adresse vidéo quotidienne, M. Zelensky leur a alors reproché des efforts insuffisants en matière de la lutte contre les espions et collaborateurs de Moscou. 

Plus de 650 enquêtes pour « haute trahison et « collaboration avec Moscou visent des collaborateurs du parquet et des forces de l'ordre ukrainiennes, ce qui soulève « des questions très sérieuses au sujet des deux dirigeants, a souligné le président. 

Sur sa demande, le Parlement a voté mardi le limogeage M. Bakanov et Mme Venediktova. 

« Tout le monde attendait d'eux des « résultats plus tangibles dans le « nettoyage des collaborateurs et traîtres infiltrés, a détaillé lundi un chef adjoint de l'administration présidentielle, Andriï Smyrnov. 

Négociations mises à mal 

« Le président et son cabinet n'étaient pas contents du travail de Bakanov et de Venediktova depuis longtemps et l'invasion russe a encore exacerbé la tension, a de son côté estimé le politologue ukrainien Volodymyr Fessenko. 

Au moins trois hauts responsables du SBU ont été accusés de haute trahison au profit de Moscou ces dernières mois. L'un d'eux, Oleg Koulinitch, limogé en mars et arrêté dimanche, avait été basé à Kherson. 

Située aux portes de la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par Moscou en 2014, cette région stratégique a été très rapidement occupée par les troupes russes après le début de l'invasion, ce qui a valu au gouvernement d'être accusé d'avoir mal préparé sa défense. 

« Censé aider Bakanov, cet homme a collaboré avec les services spéciaux russes. C'était un échec gravissime, à mon avis c'est la goutte qui a fait déborder le vase pour Zelensky, analyse M. Fessenko. 

Zelensky avait par ailleurs limogé fin mars le chef du SBU dans cette région, Serguiï Kryvoroutchko. Un autre responsable régional du SBU est soupçonné d'avoir livré aux Russes des cartes secrètes de champs de mines censées empêcher leur progression, selon le chef du conseil régional. 

M. Zelensky a annoncé lundi soir une « révision des cadres au sein du SBU, précisant que 28 de ses agents devraient être licenciés prochainement pour « résultats insatisfaisants et limogeant dans la foulée un des adjoints de Bakanov. 

Mme Venediktova a elle notamment dirigé l'enquête sur les atrocités commises par les forces russes depuis le début de l'invasion, notamment dans la ville de Boutcha, près de Kiev, devenue un symbole des « crimes de guerre de Moscou en Ukraine. 

Selon l'influent site d'information Ukraïnska Pravda, elle s'est attiré les foudres de la présidence par la médiatisation jugée excessive de ses activités mais surtout par le lancement de procès rapides de soldats russes. 

Ces procès ont mis à mal les très difficiles négociations sur l'échange de prisonniers de guerre avec la Russie, une priorité du président Zelensky, souligne le site. 

Remplaçants dociles 

Pour beaucoup en Ukraine, ce remaniement ressemble pourtant à une manœuvre visant à renforcer le contrôle du chef de l'Etat sur les forces de l'ordre, les successeurs de M. Bakanov et Mme Venediktova étant considérés comme plus dociles. 

M. Zelensky a remplacé les responsables limogés par leurs adjoints respectifs - Vassyl Maliouk et Oleksiï Symonenko - en les nommant par intérim. 

« Il est clair que ces hommes « vont exécuter tous les ordres politiques de la présidence, estime Tetiana Chevtchouk, une experte de l'ONG ukrainienne Centre d'action contre la corruption, citée par le site Forbes Ukraine. 

Alors que l'Ukraine, sous la pression de l'Occident, est sur le point de se doter d'un procureur anticorruption indépendant, le nouveau procureur général aura les moyens de « bloquer ou annuler les décisions de ce dernier selon les souhaits de la présidence, prévient de son côté le directeur de cette ONG, Vitaly Chabounine. 


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.