Le KSrelief ne fait "aucune discrimination religieuse, ethnique ou politique"

#KSrelief poursuit son soutien aux victimes des inondations au #Soudan. Le Centre distribue 400 tentes et des logements et approvisionne de nombreuses zones en nourriture et en produits alimentaires. (Fourni)
#KSrelief poursuit son soutien aux victimes des inondations au #Soudan. Le Centre distribue 400 tentes et des logements et approvisionne de nombreuses zones en nourriture et en produits alimentaires. (Fourni)
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Publié le Vendredi 30 octobre 2020

Le KSrelief ne fait "aucune discrimination religieuse, ethnique ou politique"

  • Le Dr Abdullah Al-Rabeeah, superviseur général du Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane, dans un entretien exclusif avec Arab News
  • KSrelief mène actuellement 1 367 projets dans 54 pays différents, pour un coût total de 4,673 milliards de dollars

DJEDDAH : Le Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane (KSrelief) fournit de l’aide aux «personnes dans le besoin dans le monde entier, quelles que soient leurs appartenances religieuses, ethniques et politiques. L'aide accordée ne vise aucun objectif, mais se fonde plutôt sur la mission pour laquelle le Centre a été fondé». Par ces mots, le Dr Abdullah Al-Rabeeah, superviseur général du KSrelief (Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane), résume l'engagement de l'Arabie Saoudite pour promouvoir la paix, le sens sacré de la vie et de la dignité humaine. Dans une interview exclusive accordée à Arab News, Al-Rabeeah a évoqué quelques-uns des 1 367 projets du KSrelief en cours dans 54 pays, qui représentent un coût total de 4,673 milliards de dollars (17,52 milliards de SAR).

Parmi les domaines abordés par KSrelief figure l'élimination des mines terrestres. Selon le Dr Al-Rabeeah, les milices soutenues par l'Iran au Yémen ont installé jusqu'à 1,1 million de mines depuis le début du conflit. À ce jour, plus de 192 000 ont été enlevées en toute sécurité grâce au projet Masam, affilié à KSrelief.

Q : Les activités du KSrelief (le Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane) se limitent-elles aux pays arabes et islamiques?

R : Les activités humanitaires, ainsi que les activités de secours et de développement du KSrelief s'étendent à tous les pays du monde qui en ont besoin, y compris les pays arabes et islamiques. Cette action correspond à la mission du KSrelief qui consiste à fournir une aide à toutes les personnes nécessiteuses et défavorisées dans le monde entier sans la moindre discrimination (religieuse, ethnique, politique ou autre) et sans que l'aide soit liée à un programme quelconque. Les 1 367 projets et programmes du KSrelief couvrent 54 pays à travers le monde, répartis sur tous ses continents.

Q : Le développement à travers des projets d'éducation et de formation constitue une grande partie du travail du KSrelief. Quel en est le but?

R : À ce jour, le centre a lancé une série de 74 projets éducatifs, d'une valeur de 181,3 millions de dollars. Ces projets ont été réalisés au Yémen, en Syrie et en Somalie; ils bénéficient entre autres aux réfugiés rohingyas en Malaisie et au Bangladesh, et reposent sur la conviction de l'Arabie saoudite de l'importance de soutenir l'éducation des populations sinistrées, ainsi que d'améliorer les possibilités d'éducation des enfants non scolarisés. Pour le Royaume, cela représente une part importante de nos actions humanitaires et de secours. 

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Le Dr Abdullah Al-Rabeeah, superviseur général du KSrelief, assiste à la réunion humanitaire au plus haut niveau entre l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le BCAH, organisée au siège du KSrelief à Riyad, le 22 mai 2019. (AFP/File Photo)

Q : Quels sont les principaux pays qui ont bénéficié de l'aide du KSrelief, et quel est le montant de l'aide fournie?

R : KSrelief (Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane) est présent dans de nombreux pays sinistrés et veille sans cesse à leur apporter de l'aide pour soulager leurs souffrances et répondre à leurs besoins fondamentaux à travers un système intégré de services d'éducation, de santé, d'alimentation et d'hébergement. En tête de ces pays figure le Yémen, qui subit les conséquences d'un coup d'État perpétré par la milice houthie, soutenue par l'Iran.

KSrelief a alloué la plus grande partie de son aide à nos frères au Yémen. Les projets réalisés pour le Yémen s'élèvent ainsi à 513, évalués à 3,253 milliards de dollars. Le peuple syrien a également bénéficié d'une large part de l'aide du KSrelief, qui a réalisé 225 projets en Syrie d'une valeur totale de 296,9 millions de dollars. Le Centre a également entrepris 88 projets dans les territoires palestiniens occupés, évalués à 359,6 millions de dollars. Parmi les autres projets réalisés par KSrelief figurent 54 projets en Somalie dont la valeur s'élève à 197,8 millions de dollars et 113 projets au Pakistan de 120,4 millions de dollars, ainsi que de nombreux autres projets.

Q : Dans quelle mesure les projets réalisés récemment par KSrelief ont-ils aidé les personnes déplacées au Yémen et les communautés touchées par les explosions du port de Beyrouth et par les inondations au Soudan?

R : Depuis son lancement, KSrelief s'efforce de fournir différentes formes d'aide humanitaire à nos frères au Yémen, dans tous les gouvernorats, notamment en matière d'hébergement, de nourriture, de santé et d’éducation. De plus, le Centre a initié une aide d'urgence pour nos frères au Soudan, dans des régions récemment affectées par les inondations et les catastrophes naturelles qui ont fait des victimes et des dégâts aux propriétés. Un pont aérien a donc été établi pour leur fournir de la nourriture, des abris, une aide médicale et une assistance.

KSrelief a également lancé un pont aérien prévoyant une aide médicale, un logement et de la nourriture pour les personnes touchées par les explosions du port de Beyrouth, qui a entraîné de lourdes pertes de vies, de biens et d'infrastructures. Ces initiatives urgentes ont été dictées par le roi Salmane d'Arabie Saoudite, qui a généreusement ordonné de venir en aide aux pays sinistrés et à ceux qui sont dans le besoin.

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KSrelief a alloué la plus grande partie de l'aide au Yémen ; 513 projets ont été réalisés pour le Yémen, et sont évalués à 3,253 milliards de dollars. (Photo Fournie)

Q : KSrelief est la seule entité autorisée à recueillir des dons dans le Royaume. A-t-elle été populaire ? Les non-résidents peuvent-ils faire des dons?

R : KSrelief dispose d'une plate-forme de dons en ligne pour tous les programmes humanitaires et de secours qu’il entreprend. À travers cette plate-forme, les donateurs, qu'ils soient au Royaume ou à l'étranger, peuvent créer des comptes personnels qui leur donnent accès aux programmes qu'ils souhaitent soutenir et leur permettent ainsi de faire des dons par carte de crédit et par autres moyens de paiement électronique. La plate-forme offre également la possibilité de relier les dons directement aux pays et aux programmes de votre choix.

Cette plate-forme en ligne est la seule plateforme officielle à travers laquelle il est possible de faire des dons aux programmes du KSrelief, destinés à des bénéficiaires dans de nombreux pays à travers le monde. Il faut savoir que le centre ne déduit aucun frais administratif des dons effectués. Quant à sa notoriété, la plateforme est encore nouvelle, et nous espérons que le succès sera au rendez-vous dans l'avenir.

Q : Parmi les préoccupations du KSrelief figurent la santé et la protection des femmes et des enfants. Des fonds spéciaux leur sont-ils alloués?

R : Chaque secteur dispose d'un budget spécial et d'un montant qui lui est alloué, quel que soit le type du bénéficiaire. À titre d’exemple, à ce jour, 369 projets d'une valeur de 797,8 millions de dollars ont été mis en œuvre dans le secteur de la santé, contre 74 projets réalisés dans le domaine de l'éducation pour une valeur de 181,3 millions de dollars.

Par ailleurs, les femmes ont bénéficié de divers projets du KSrelief (Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane), soit plus de 225 projets, qui ont profité à plus de 62 millions de femmes dans le monde en quatre ans. Le coût de ces projets s'élève à 390 millions de dollars. Les enfants sont également au centre des préoccupations du KSrelief. Ainsi, depuis sa création, le centre a réussi à venir en aide à 114 millions d'enfants par le biais de 234 projets. Par conséquent, le montant alloué à chaque projet ou à chaque secteur varie en fonction de la taille et du type de projet.

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KSrelief a également lancé une aide d'urgence pour le Soudan, qui a récemment connu des inondations et des catastrophes naturelles qui ont fait des victimes et des dégâts aux propriétés. (Fourni)

Q : Le projet Masam est l'une des plus importantes initiatives du KSrelief mises en œuvre au Yémen. Son action se limite-t-elle au déminage?

R : Le projet Masam est un projet humanitaire saoudien spécialisé dans le déminage des terres yéménites. Les milices soutenues par l'Iran ont posé plus de 1,1 million de mines dans différentes régions du Yémen. De grandes quantités d'entre elles ont été posées dans des zones peuplées par des civils.

Le projet Masam procède à la suppression de ces mines. Il a jusqu'à présent désamorcé plus de 192 000 mines sur les terrains, dans les écoles et les maisons. Beaucoup d'entre elles se camouflent sous différentes formes et couleurs et ont été posées selon différentes méthodes, tuant et blessant un grand nombre d'enfants, de femmes et de personnes âgées.

Q : Combien d'enfants yéménites ont été aidés par le projet de réhabilitation des enfants-soldats?

R : KSrelief a mis en place un programme qualitatif pour réhabiliter les enfants qui ont été recrutés par la milice des Houthis et précipités dans le conflit comme boucliers humains. Le centre les réhabilite, les intègre dans la société, les ramène à une vie normale et leur apporte un soutien social afin qu'ils puissent vivre leur enfance. 

Ce programme, reconnu internationalement, vise à éduquer les parents sur les dangers du recrutement des enfants et s'efforce de créer des environnements familiaux sains en organisant des séances de sensibilisation et d'éducation et en introduisant les lois qui pénalisent le recrutement des enfants.

J'insiste ici sur l'importance de sensibiliser au danger du recrutement des enfants dans les conflits armés, de l'expliquer aux sociétés et de mettre l'accent sur les principes des droits de l'homme et du droit international qui interdisent l'exploitation des enfants dans les conflits armés.

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Grâce au soutien du KSrelief, un cinquième lot de paniers alimentaires a été distribué à Madagascar pour aider les personnes touchées par les inondations et les ouragans ; la situation dans ce pays a récemment  empiré en raison de la propagation de la Covid-19. (Photo fournie)

Q : Quelles sont les aides offertes aux réfugiés en Arabie Saoudite et comment sont-elles traitées?

R : Le Royaume accueille des centaines de milliers de réfugiés yéménites, syriens et rohingyas qui vivent sur son territoire en tant qu'invités d'honneur et visiteurs et non en tant que réfugiés. Ils disposent de la liberté de déplacement, de l'inscription dans les écoles publiques, de l'engagement sur le marché du travail et de l'accès aux services de santé.

KSrelief a mis en place une plate-forme pour les réfugiés, les personnes déplacées et les visiteurs en vue de mettre en évidence le type et le volume de l'aide qui leur est fournie par l'Arabie saoudite, aussi bien dans le Royaume que dans les autres pays. L'aide qui leur a été fournie s'élève à 13,7 milliards de dollars à ce jour.

Q : KSrelief collabore avec plusieurs organisations internationales. Comment la coordination avec ces organisations est-elle assurée au Yémen et dans les autres pays bénéficiaires?

R : KSrelief est en coordination constante et permanente avec les organisations humanitaires internationales pour apporter de l'aide aux personnes dans le besoin. Dans tous les gouvernorats et les régions du Yémen, KSrelief représente l'un des plus grands soutiens dans le domaine du travail humanitaire. De ce fait, toutes les organisations humanitaires opérant au Yémen cherchent à établir une coordination avec le centre afin de faciliter l'acheminement de l'aide aux personnes touchées. KSrelief dispose de succursales au Yémen qui organisent des réunions périodiques avec les organisations humanitaires afin de fournir un travail exemplaire dans les domaines des secours et de l'aide humanitaire.

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Le Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane (KSrelief) fournit de l’aide aux « personnes dans le besoin dans le monde entier, quelles que soient leurs appartenances religieuses, ethniques et politiques ». (Photo fournie)

Q : Quel est le nombre de bénévoles qui soutiennent le KSrelief? Comment sont-ils intégrés dans ses activités?

R : KSrelief a mis en place une plateforme destinée aux bénévoles. 15 562 volontaires ont été enregistrés, classifiés selon leurs spécialités et les besoins du centre pour leurs services. Les programmes de volontariat du KSrelief s'inscrivent dans la Vision 2030 du Royaume et reposent sur le principe du volontariat qui est l'un des sept principes reconnus comme humanitaires par le droit international.

 


Nouveaux bombardements israéliens au Liban malgré des discussions «positives»

Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays. (AFP)
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  • Le président libanais Joseph Aoun, saluant les réactions "positives" à la réunion de mercredi, a annoncé que les discussions reprendraient le 19 décembre afin d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban
  • "Il n'y a pas d'autre option que la négociation", a-t-il ajouté

JBAA: Israël a de nouveau bombardé jeudi le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah pro-iranien qu'elle accuse de se réarmer, au lendemain des premières discussions directes depuis plusieurs décennies entre des représentants des deux pays.

L'armée israélienne, qui a multiplié ses frappes ces dernières semaines, a encore frappé jeudi le sud du Liban après avoir appelé des habitants de plusieurs villages à évacuer.

Les bombardements ont touché quatre localités, où des photographes de l'AFP ont vu de la fumée et des maisons en ruines.

Dans le village de Jbaa, Yassir Madir, responsable local, a assuré qu'il n'y avait "que des civils" dans la zone. "Quant aux dégâts, il n'y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc", a-t-il ajouté. 


« La Syrie n’est pas condamnée » : les leçons d’un an de transition, selon Hakim Khaldi

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  • Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
  • Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide

PARIS: La Syrie post-Assad, carnets de bord, de Hakim Khaldi, humanitaire chez Médecins sans frontières, publié chez L’Harmattan, n’est pas seulement un récit de témoins, mais une immersion dans la réalité d’un pays brisé mais pas vaincu, où la chute d’un pouvoir omnipotent n’a pas suffi à étouffer l’exigence de dignité.
Ce qu’il raconte, c’est l’envers des discours diplomatiques, la géographie vécue d’une société projetée brutalement hors d’un demi-siècle d’autoritarisme dans un vide politique, économique et moral.

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel.

Dans ses carnets, comme dans ses réponses à Arab News en français, revient une même conviction : la chute d’un régime ne signifie pas la naissance immédiate d’un pays. La Syrie, aujourd’hui, est entre les deux, « en état de transformation ».

Les premiers jours après la chute du régime de Bachar Al-Assad ressemblent, selon Khaldi, à un moment de bascule irréel : « On ne savait pas si c’était la fin d’une époque ou le début d’une autre tragédie », confie-t-il.
Dans les villes « libérées », les scènes oscillent entre euphorie et sidération ; la population découvre, sans y croire encore, la possibilité de parler librement, de respirer autrement.

Il raconte ces familles qui, pendant quarante ans, n’avaient jamais osé prononcer le mot « moukhabarat » (services secrets en arabe), ne serait-ce qu’à voix basse chez elles.
Et brusquement, les voilà qui se mettent à raconter : les disparitions, les tortures, les humiliations, et la peur devenue routine.
Des parents ressortent des photos d’adolescents morts sous la torture, des certificats de décès maquillés, des lettres écrites depuis la prison mais jamais envoyées.

Parmi les scènes les plus marquantes, Khaldi se souvient d’une vieille dame de Homs qui, voyant les portraits d’Assad retirés des bâtiments officiels, murmure : « On peut respirer ? Est-ce que c’est vrai ? »
Ce qui l’a le plus frappé, c’est « ce sentiment presque physique d’un poids qui tombe. C’est ce que j’ai le plus entendu », affirme-t-il.

Mais ce soulagement intense laisse rapidement place à une inquiétude plus sourde : celle du vide. En quelques jours, l’État s’est évaporé : plus de police, plus d’électricité, plus d’école, plus de justice.
Les anciens bourreaux disparaissent dans la nature, mais les réseaux de corruption se reconstituent, et les premières milices locales émergent, prêtes à occuper le terrain déserté par les institutions.

Pourtant, au fil de ses déplacements, Khaldi est frappé par la force de résilience et d’auto-organisation de la population : « Les Syriens n’ont jamais cessé d’exister comme société, même quand l’État les avait réduits au silence », assure-t-il.
Dans les villages, des comités improvisés se forment et organisent la distribution alimentaire, la remise en marche d’une station d’eau, la sécurité ou la scolarisation d’urgence.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides.

Cette responsabilité populaire est, pour Khaldi, l’un des rares points lumineux du paysage syrien, la preuve qu’une société peut exister en dehors de l’appareil répressif qui prétendait être l’État.

Un an après la chute du régime (le 8 décembre 2024), la Syrie tente de se relever lentement, mais elle demeure une mosaïque de composants hybrides, de milices rivales, de zones d’influence et d’ingérences étrangères. « Une mosaïque qui ne ressemble plus au pays d’avant », estime Khaldi.
Le territoire est éclaté entre forces locales, groupes armés (notamment les milices druzes à Soueida, au nord-est du pays), gouvernances provisoires ou structures étrangères. Les routes sont coupées, les administrations doublées ou contradictoires.

Avec des infrastructures détruites, une monnaie en chute libre et un secteur productif quasi paralysé, la survie quotidienne est devenue un exercice d’équilibriste.
Les Syriens ne nourrissent plus d’illusions sur l’arrivée immédiate d’un modèle démocratique idéal : il s’agit d’abord de survivre, de reconstruire, de retrouver un minimum de continuité.

Le traumatisme est profond, à cause des disparitions massives, de l’exil et des destructions psychologiques. Pourtant, affirme Khaldi, « jamais je n’ai entendu un Syrien regretter que la dictature soit tombée ».

De ses observations et des témoignages qu’il a collectés en arpentant le pays, Khaldi tire les priorités pour éviter que la Syrie ne devienne ni un conflit gelé ni un espace livré aux milices.
De son point de vue, la reconstruction politique ne peut se réduire à remplacer un gouvernement par un autre : il faut rebâtir les fondations, à savoir une justice indépendante, une police professionnelle et des administrations locales.

Des dizaines de groupes armés contrôlent aujourd’hui une partie du territoire, et une transition politique sérieuse est impensable sans un processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, soutenu par une autorité légitime et par un cadre international solide.
Au-delà des aides internationales, la Syrie a besoin d’un cadre empêchant la capture des fonds par les anciens réseaux de corruption ou les factions armées.
Elle doit donner la priorité à la relance de l’agriculture, au rétablissement de l’électricité, des réseaux routiers et des petites industries, les seules capables à court terme de soutenir la vie quotidienne.

Le pays porte une blessure immense : celle des prisons secrètes, des fosses communes, des disparitions et des exactions documentées. « Sans justice, il n’y aura pas de paix durable », affirme Khaldi.
Il ne s’agit ni de vengeance ni de tribunaux-spectacle, mais de vérité et de reconnaissance, conditions indispensables à une réconciliation nationale.

De cet entretien se dégage une idée forte : malgré la faim, la peur, les ruines, malgré la fragmentation politique et l’ingérence étrangère, les Syriens n’ont pas renoncé à eux-mêmes.
Ils ouvrent des écoles improvisées, réparent des routes avec des moyens dérisoires, organisent l’entraide, résistent au chaos. « La Syrie n’est plus la Syrie d’avant, mais elle n’est pas condamnée pour autant », affirme Khaldi.
Son témoignage rappelle qu’un pays ne meurt pas quand un régime tombe ; il meurt lorsque plus personne ne croit possible de le reconstruire. Et les Syriens, eux, y croient encore.


Liban: Israël annonce des frappes dans le sud, appelle à des évacuations

L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région. (AFP)
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  • Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région"
  • Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi après-midi des frappes imminentes dans le sud du Liban contre ce qu'elle présente comme des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah, et a appelé à des évacuations dans deux villages de cette région.

Cette annonce survient au lendemain d'une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d'une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, présentée comme de premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Les forces israéliennes vont "bientôt attaquer des infrastructures terroristes du Hezbollah à travers le sud du Liban afin de contrer ses tentatives illégales de rétablir ses activités dans la région", a annoncé le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne pour le public arabophone.

Dans un "message urgent" en arabe, le colonel Adraee signale, cartes à l'appui, deux bâtiments dans les villages de Jbaa et Mahrouna, dont il appelle les riverains dans un rayon d'au moins 300 mètres à s'écarter.

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur fin novembre 2024, l'armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV cette semaine.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth le 23 novembre pour y éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.

Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu.

Mais Israël, qui peut compter sur l'aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu'il ne fait qu'appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran, ennemie d'Israël, "de se reconstruire et de se réarmer".

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s'étaient déroulées dans "une atmosphère positive", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence "incontournable" pour son pays.