Vol dérouté par le Bélarus: l'agence onusienne clôture son enquête et condamne Minsk

Un Boeing 737-8AS de Ryanair (numéro de vol FR4978) est stationné sur le tarmac de l'aéroport international de Minsk, le 23 mai 2021 (Photo, AFP).
Un Boeing 737-8AS de Ryanair (numéro de vol FR4978) est stationné sur le tarmac de l'aéroport international de Minsk, le 23 mai 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 juillet 2022

Vol dérouté par le Bélarus: l'agence onusienne clôture son enquête et condamne Minsk

  • Le 23 mai 2021, le vol Ryanair FR4978 reliant la Grèce à la Lituanie avait été contraint d'atterrir à Minsk
  • L'enquête avait été prolongée début janvier pour établir «les faits manquants» et examiner de nouvelles informations

MONTRÉAL: L'agence onusienne en charge de l'investigation sur le déroutement d'un vol Ryanair par le Bélarus a annoncé mardi avoir terminé son enquête, pointant une nouvelle fois du doigt l'action "illégale" de ce pays dans l'affaire.

Le 23 mai 2021, le vol Ryanair FR4978 reliant la Grèce à la Lituanie avait été contraint d'atterrir à Minsk et les autorités bélarusses avaient arrêté un journaliste dissident, Roman Protassevitch, et sa compagne Sofia Sapega qui se trouvaient à bord.

"Le conseil de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a terminé ses discussions hier (...) en condamnant les actions du gouvernement du Bélarus qui a commis un acte d'ingérence illégale", écrit dans un communiqué l'agence basée à Montréal.

L'enquête avait été prolongée début janvier pour établir "les faits manquants" et examiner de nouvelles informations. L'OACI a notamment étudié un entretien et des enregistrements audio du contrôleur aérien de Minsk qui suivait ce vol.

L'agence rappelle que l'alerte à la bombe à l'origine du déroutement était "délibérément fausse", ce qu'elle avait déjà conclu en janvier dernier. Elle ajoute que la menace "a été communiquée à l'équipage sur instruction de hauts fonctionnaires du Bélarus".

D'après le document, le représentant du Conseil pour la Russie a contesté, au nom de cet Etat, le fait que "le Bélarus soit identifié comme étant à l'origine de cette ingérence illégale".

Il est précisé que le conseil, où siègent 36 Etats, a demandé à son président de transmettre ce rapport d'enquête au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

L'OACI a pour mission d'édicter les règles régissant le transport aérien civil mais elle n'a aucun pouvoir de sanctions.

En cas de violation avérée des règles internationales, son rôle consiste à "aider les pays qui le voudraient à mener les discussions, à prononcer les condamnations, à appliquer les sanctions, etc., conformément à la Convention de Chicago", rappelle l'institution sur son site.

Durant le temps de cette enquête, qui avait débuté quatre jours après le détournement de l'avion, l'affaire s'est aussi poursuivie sur le plan judiciaire.

Fin juin, la jeune Russe Sofia Sapega a demandé à être graciée par le président Alexandre Loukachenko après avoir été condamnée à six ans de prison par un tribunal bélarusse pour "incitation à la haine sociale" et "collecte illégale de données personnelles".

M. Protassevitch est actuellement assigné à résidence dans l'attente de son procès.


Ukraine: Zelensky se rend sur le front, près de Bakhmout

Sur les images, on le voit dans un hangar sans équipements de protection mais accompagné de gardes de corps lourdement armés remettre des décorations à des soldats en tenue de combat. (Photo, AFP)
Sur les images, on le voit dans un hangar sans équipements de protection mais accompagné de gardes de corps lourdement armés remettre des décorations à des soldats en tenue de combat. (Photo, AFP)
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  • Sa visite près de Bakhmout, épicentre des combats face aux Russes, intervient quelques heures après le départ de Moscou du président chinois Xi Jinping, à l'issue d'un sommet avec Vladimir Poutine où ils ont affiché leur union face aux Occidentaux
  • Plus tôt mercredi, la Russie avait lancé 21 drones de combat de fabrication iranienne Shahed-136/131 contre l'Ukraine, une opération qui a commencé peu avant minuit, a déclaré l'armée de l'air ukrainienne, assurant en avoir abattu 16

KIEV: Le président Volodymyr Zelensky s'est rendu mercredi sur le front dans l'Est près de Bakhmout, ville devenue symbole de la résistance ukrainienne, tandis qu'une frappe russe sur un immeuble d'habitation a fait une trentaine de blessées et un mort à Zaporijjia.

L'armée russe a de son côté affirmé avoir "repoussé" une attaque de drones en Crimée annexée, quelques jours après une très rare visite du président russe Vladimir Poutine sur place.

"Région de Donetsk. Positions de première ligne des militaires ukrainiens en direction de Bakhmout", a annoncé Volodymyr Zelensky sur Telegram en publiant une vidéo de son déplacement mercredi dans les environs de cette ville, "presque encerclée" par les forces russes selon un responsable des séparatistes prorusses.

Sa visite près de Bakhmout, épicentre des combats face aux Russes, intervient quelques heures après le départ de Moscou du président chinois Xi Jinping, à l'issue d'un sommet avec Vladimir Poutine où ils ont affiché leur union face aux Occidentaux.

Volodymyr Zelensky effectuait ainsi sa deuxième visite dans la zone de Bakhmout, la première datant du 20 décembre, juste avant d'effectuer un déplacement historique aux Etats-Unis.

Sur les images, on le voit dans un hangar sans équipements de protection mais accompagné de gardes de corps lourdement armés remettre des décorations à des soldats en tenue de combat.

"Je suis honoré de décorer les meilleurs de nos héros, de vous serrer la main et remercier pour la défense de notre Etat et de la souveraineté", leur a-t-il déclaré.

« Frappes criminelles »

Plus tôt mercredi, la Russie avait lancé 21 drones de combat de fabrication iranienne Shahed-136/131 contre l'Ukraine, une opération qui a commencé peu avant minuit, a déclaré l'armée de l'air ukrainienne, assurant en avoir abattu 16.

Outre l'envoi de ces "drones meurtriers iraniens", les Russes ont tiré des missiles, il y a eu de "nombreux bombardements". "Tout cela, c'est juste la dernière nuit de terreur russe", a dénoncé M. Zelensky, condamnant des "frappes criminelles".

Sept personnes ont péri et neuf autres ont été blessées quand un lycée professionnel de Rjychtchiv, une localité à environ 80 kilomètres au sud de Kiev, a été touché dans la nuit de mardi à mercredi au cours d'un raid de drones, selon Andriï Nebytov, le chef de la police de la région de Kiev.

Dans une autre frappe, au moins une personne a été tuée et ont été 32 blessées, dont trois enfants, selon les secours, lorsque "deux missiles russes" se sont abattus sur un immeuble d'habitation à Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, d'après les autorités locales.

Volodymyr Zelensky a aussitôt accusé la Russie de "bombarder la ville avec une sauvagerie bestiale".

La Russie a pour sa part assuré avoir "repoussé" mercredi une attaque de drones sur Sébastopol, le port d'attache de la Flotte russe de la mer Noire, dans le sud de la Crimée, quatre jours après une rare visite sur place de Vladimir Poutine.

"Les trois appareils ont été détruits", a assuré le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou.

Il n'y a eu aucune victime et "la situation est sous contrôle", a précisé le gouverneur local Mikhaïl Razvojaïev, installé par les Russes.

Depuis le début de l'offensive contre l'Ukraine, la Crimée, annexée par Moscou en 2014, a plusieurs fois été la cible de drones de combat, sans que Kiev ne revendique les attaques.

Xi Jinping a quitté Moscou

Xi Jinping est quant à lui reparti dans la matinée de Russie où il a affiché son entente avec Vladimir Poutine face à l'Occident.

Les deux hommes avaient loué, la veille, l'entrée dans une "nouvelle ère" de leur relation "spéciale", le président russe appuyant prudemment le plan chinois destiné à régler le conflit en Ukraine, tout en accusant Kiev de le rejeter.

En l'absence de percée sur cette question, leur sommet a avant tout eu pour objectif de démontrer la solidité des liens unissant la Russie à la Chine.

Le Kremlin a dit mercredi ne pas être surpris des commentaires critiques venant de l'Occident.

"En ce qui concerne la réaction des pays de l'Occident collectif, le fait que leur réaction sur tous les sujets était de nature inamicale et hostile n'est une nouvelle pour personne", a raillé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Dans ce contexte, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a jugé que la fourniture par Londres à l'Ukraine de munitions contenant de l'uranium appauvri, récemment évoquée par une responsable britannique, constituerait une "aggravation sérieuse" du conflit.

Vladimir Poutine avait averti mardi que la Russie serait "contrainte de répliquer" si une telle livraison avait lieu, sans fournir plus de précisions.


Mig-29 à l'Ukraine: la Slovaquie reçoit une offre d'armes américaines d'une valeur d'un milliard de dollars

Un chasseur Mig-29 de l'armée de l'air yougoslave survole Belgrade, en juin 1998, lors d'une patrouille. (Photo, AP)
Un chasseur Mig-29 de l'armée de l'air yougoslave survole Belgrade, en juin 1998, lors d'une patrouille. (Photo, AP)
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  • «La valeur de ce matériel est légèrement supérieure à un milliard de dollars (...) La Slovaquie paierait environ 340 millions de dollars sur une période de trois à quatre ans», a déclaré sur Facebook le ministre slovaque de la Défense Jaroslav Nad
  • Parmi ces 13 avions destinés à l'Ukraine, trois seront utilisés pour fournir des pièces détachées

BRATISLAVA: La Slovaquie a indiqué mercredi avoir obtenu des Etats-Unis une offre pour des armes d'une valeur de plus d'un milliard de dollars, à taux réduit, en compensation de ses treize chasseurs MiG-29 promis à l'Ukraine.

"La valeur de ce matériel est légèrement supérieure à un milliard de dollars (...) La Slovaquie paierait environ 340 millions de dollars sur une période de trois à quatre ans", a déclaré sur Facebook le ministre slovaque de la Défense Jaroslav Nad.

L'offre américaine était proposée en échange "de 13 vieux MiG et d'une partie du système de défense aérienne", a-t-il affirmé. "Nous étions les premiers à recevoir leur offre extrêmement avantageuse. Si nous ne la saisissons pas, ils se tourneront vers un autre pays".

Parmi ces 13 avions destinés à l'Ukraine, trois seront utilisés pour fournir des pièces détachées.

L'offre inclut 12 hélicoptères neufs de type Bell AH-1Z Viper, avec accessoires et entraînement de pilotes et techniciens, ainsi que plus de 500 missiles 500 AGM-114 Hellfire, a-t-il précisé.

La Slovaquie avait annoncé vendredi qu'elle donnerait des MiG-29 à Kiev, devenant après la Pologne le deuxième pays membre de l'Otan à fournir des avions au pays attaqué par la Russie depuis février 2022. Leur transport vers l'Ukraine prendra quelques semaines, avaient alors précisé les responsables slovaques.

Kiev a demandé à plusieurs reprises à ses alliés occidentaux de lui envoyer des chasseur-bombardiers modernes, dans l'espoir d'obtenir des F-16 américains.

Bratislava compte remplacer ses avions chasseurs par des F-16 américains, d'ici janvier 2024. Jaroslav Nad a avancé que l'accord avec les Etats-Unis visait aussi à rattraper le retard dans la livraison de ces F-16.

L'offre américain "doit également être considérée dans le contexte d'une compensation indirecte pour le retard des avions de combat F-16, pour lesquels nous demandons depuis longtemps une forme de compensation", a-t-il expliqué.


Turquie: le parti prokurde apporte un soutien tacite à l'alliance de l'opposition

Kemal Kilicdaroglu, le candidat commun de l'alliance de l'opposition turque, au centre, informe les médias après avoir rencontré Pervin Buldan et Mithat Sancar, co-dirigeants du Parti démocratique populaire pro-kurde, le 20 mars 2023. (Parti républicain du peuple via Reuters)
Kemal Kilicdaroglu, le candidat commun de l'alliance de l'opposition turque, au centre, informe les médias après avoir rencontré Pervin Buldan et Mithat Sancar, co-dirigeants du Parti démocratique populaire pro-kurde, le 20 mars 2023. (Parti républicain du peuple via Reuters)
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  • «Nous ne présenterons pas de candidat à la prochaine élection présidentielle», a déclaré la co-présidente du HDP (Parti démocratique des peuples), Pervin Buldan
  • La formation prokurde, elle-même alliée à des micro-partis de gauche et d'extrême gauche, a été tenue à l'écart de l'alliance des six partis de l'opposition de par la présence en son sein du Bon Parti (nationaliste)

ISTANBUL: Le parti prokurde HDP, troisième force politique turque, a annoncé mercredi qu'il ne présenterait pas de candidat à la présidentielle du 14 mai, apportant un soutien tacite au candidat de l'alliance de l'opposition qui défiera le président Recep Tayyip Erdogan.

"Nous ne présenterons pas de candidat à la prochaine élection présidentielle", a déclaré la co-présidente du HDP (Parti démocratique des peuples), Pervin Buldan, lors d'une conférence de presse.

"La Turquie a besoin de réconciliation, pas de conflit", a lancé Mme Buldan, disant vouloir mettre fin au "règne" du président Erdogan.

Le HDP, dont le candidat à la présidentielle de 2018 avait terminé troisième avec 8,4% des suffrages exprimés, est considéré comme le faiseur de rois du scrutin de mai que les sondages prédisent disputé.

La formation prokurde, elle-même alliée à des micro-partis de gauche et d'extrême gauche, a été tenue à l'écart de l'alliance des six partis de l'opposition de par la présence en son sein du Bon Parti (nationaliste).

A moins de huit semaines de la présidentielle, l'annonce du HDP est susceptible de fragiliser les chances de réélection du président Erdogan, qui s'est maintenu au pouvoir depuis vingt ans en profitant des divisions de l'opposition.

Le chef de l'Etat doit en outre affronter les conséquences du séisme dévastateur du 6 février qui a fait plus de 50.000 morts dans le pays.

"Cette annonce sera suivie d'effets parmi les Kurdes qui soutiennent le HDP depuis son origine. Cet électorat suit dans une très large mesure les décisions du parti", estime Ulas Tol, directeur général de l'institut de sondages Team, citant l'exemple des élections municipales de 2019.

A Istanbul, le HDP avait appelé à voter pour le candidat du CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate), Ekrem Imamoglu, contribuant à son élection.

En ravissant au parti présidentiel AKP la plus grande ville de Turquie, M. Imamoglu avait infligé un revers cinglant à Recep Tayyip Erdogan.

Fort du succès de 2019, le candidat de l'alliance de l'opposition pour la présidentielle, Kemal Kiliçdaroglu, patron du CHP, a multiplié ces derniers mois les contacts avec les cadres du HDP.

Lundi, il s'était entretenu avec ses deux co-présidents, s'engageant à l'issue de leur rencontre à résoudre le "problème kurde" une fois élu.

M. Kiliçdaroglu a notamment dénoncé les "discriminations" contre la langue kurde en Turquie, ainsi que le remplacement dans le Sud-Est à majorité kurde de dizaines de maires HDP par des administrateurs nommés par le gouvernement.

Le HDP est accusé par le gouvernement turc d'être lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé qualifié de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux, et se trouve sous le coup d'une menace d'interdiction.

Selahattin Demirtas, sa figure de proue, est lui-même emprisonné depuis fin 2016 pour "propagande terroriste".

La coalition d'opposition, baptisée Alliance de la nation, rassemble six partis aux tendances diverses, dirigés pour deux d'entre eux par d'anciens lieutenants d'Erdogan, l'ex-ministre des Affaires étrangères et Premier ministre Ahmet Davutoglu et l'ancien ministre de l'Economie et chef de la diplomatie Ali Babacan.