L'Irak condamne la Turquie et exige une enquête urgente sur les bombardements

La police anti-émeute irakienne garde le bureau des visas turcs à Bagdad le 21 juillet 2022 (Photo, AFP).
La police anti-émeute irakienne garde le bureau des visas turcs à Bagdad le 21 juillet 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 22 juillet 2022

L'Irak condamne la Turquie et exige une enquête urgente sur les bombardements

  • L'Irak a enterré neuf vacanciers - dont un jeune marié - tués dans le bombardement d'artillerie d'un village de montagne kurde
  • L'Irak a accusé la Turquie voisine, qui a nié que ses troupes étaient responsables et a rejeté la faute sur les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)

ANKARA: L'Irak en colère et endeuillée a enterré jeudi neuf vacanciers - dont un jeune marié - tués dans le bombardement d'artillerie d'un village de montagne kurde.

Le gouvernement irakien a accusé la Turquie voisine, qui a nié que ses troupes soient responsables et a rejeté la faute sur les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

L'Allemagne a réclamé une enquête urgente.

À Bagdad, des dizaines de manifestants ont protesté devant le bureau des visas turcs tôt jeudi, malgré une forte présence policière.

Des haut-parleurs ont diffusé des chants patriotiques tandis que les manifestants scandaient des slogans exigeant l'expulsion de l'ambassadeur turc, a rapporté un journaliste de l'AFP.

«Nous voulons brûler l'ambassade. L'ambassadeur doit être expulsé», a averti le manifestant Ali Yassin, 53 ans.

Des manifestations similaires ont eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi dans les villes sanctuaires chiites de Najaf et Karbala et dans la ville d’An-Nasiriyah, dans le sud du pays.

Le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré que «les circonstances de l'attaque et les responsables» devaient faire l'objet d'une enquête urgente.

«Le gouvernement allemand accorde une grande importance au respect de la souveraineté de l'État irakien et du droit international», a-t-il insisté.

Le ministère turc des Affaires étrangères a nié toute responsabilité dans le bombardement, affirmant que ces «types d'attaques» étaient commis par des «organisations terroristes».

Le Dr Salim Cevik, associé au Centre d'études turques appliquées de l'Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité à Berlin, a révélé que les opérations militaires de la Turquie en Irak envenimaient les relations avec les acteurs locaux et régionaux.

«Le mécontentement a grandi au fil des ans, à mesure que les opérations turques pénétraient de plus en plus profondément dans le sud du territoire irakien et que la présence militaire turque devenait plus permanente. Pour la plupart des acteurs irakiens et pour le gouvernement de Bagdad, ces opérations sont des violations flagrantes de l'intégrité territoriale de l'Irak, tandis que Téhéran considère la présence militaire de la Turquie comme un empiètement sur sa sphère d'influence», a déclaré Cevik à Arab News.

«Toutefois, Bagdad est trop faible pour affronter la Turquie, et l'Iran évite une confrontation ouverte avec la Turquie. Pourtant, les milices pro-iraniennes ont sporadiquement pris pour cible les bases militaires turques dans le nord de l'Irak afin de limiter l'avancée de la Turquie. En revanche, le gouvernement régional du Kurdistan (GRK) soutient passivement les opérations militaires de la Turquie et lui fournit également un soutien logistique», a signalé Cevik.

Selon Cevik, le bombardement a donné à ces groupes mécontents l'occasion de repousser la Turquie.

«Il peut s'agir d'un bombardement turc qui a mal tourné ou d'une opération sous faux drapeau menée par d'autres acteurs (le PKK ou des milices pro-iraniennes). Je ne dispose pas d'informations permettant de trancher à ce stade, mais à moins que la Turquie n'apporte la preuve du contraire, l'opinion publique semble accepter qu'il s’agisse d'une attaque turque. De plus, la Turquie étant considérée comme l'agresseur sur le territoire irakien, la charge de la preuve pèse sur les épaules d’Ankara. À moins que la Turquie ne prouve que l'attentat ne constitue pas une attaque turque, le public irakien, le gouvernement et les acteurs locaux continueront à augmenter la pression sur Ankara pour qu'elle mette fin à sa présence militaire en Irak», a-t-il avisé.

Toujours selon Cevik, ce bombardement et la réaction ultérieure des groupes irakiens qui doivent également être considérés dans le contexte d'une rivalité irano-turque plus large dans la région.

«Ces dernières années, l'Iran et la Turquie ont de plus en plus divergé au niveau de leurs politiques régionales, notamment en ce qui concerne l'Irak, la Syrie et le Caucase. Dans le cadre des tentatives de réconciliations de la Turquie avec les ennemis régionaux de l'Iran - l'Arabie saoudite et Israël - elle se retrouve sur une trajectoire de collision avec l'Iran. Alors que l'Iran continuera à éviter une confrontation directe avec la Turquie en Irak, il augmentera la pression sur la Turquie par l'intermédiaire de ses milices mandataires», a-t-il expliqué.

D’aprés Cevik, cette attaque donnera également à l'Iran l'occasion d'accroître la pression diplomatique et de mobiliser le public irakien contre la Turquie.

«Pourtant, je ne m'attends pas à ce que la Turquie se retire définitivement de l'Irak, mais elle pourrait limiter temporairement ses activités militaires en Irak pour éviter de nouvelles critiques», a-t-il souligné.

Bagdad a rappelé son chargé d'affaires d'Ankara et convoqué l'envoyé de la Turquie en Irak.

Alors que les tensions s'exacerbent entre la Turquie et l'Irak au sujet de la frappe au Kurdistan irakien, Samuel Ramani, chercheur associé au Royal United Services Institute du Royaume-Uni, estime que les violations de la souveraineté sont une question sensible pour l'Irak et que les préoccupations quant au comportement de la Turquie se sont accrues au cours des derniers mois.

«La Turquie a des ambitions stratégiques à long terme en Irak, qui incluent l'objectif commercial de 48,9 milliards d’euros discuté l'année dernière. Je soupçonne donc que cette attaque, comme les précédentes, ne sera qu'une source temporaire de perturbation de la coopération entre Ankara et Bagdad», a-t-il assuré à Arab News.

Mehmet Alaca, chercheur au groupe de réflexion Orsam basé à Ankara, a déclaré que le malaise des groupes pro-iraniens en Irak alimentait depuis un certain temps le malaise concernant la présence militaire de la Turquie dans le pays.

«Avec la mort massive de civils, la capacité du Premier ministre Al-Kadhimi et du GRK à gérer les événements s'est réduite. En ce sens, nous avons atteint un nouveau seuil en ce qui concerne l'avenir de la présence turque en Irak. Cette question sera probablement de plus en plus remise en question à partir de maintenant», a-t-il déclaré à Arab News.

Selon Alaca, la colère envers les opérations militaires turques, qui a récemment augmenté au sein de la société irakienne, a atteint son apogée avec le dernier incident, et le gouvernement de Bagdad va tenter d'apaiser le public.

«Il y a déjà eu des morts civiles, mais il s'agissait principalement de citoyens du Kurdistan. Cette fois, la mort d'Arabes irakiens sera dans le collimateur des politiciens chiites. Par conséquent, cette question restera à l'ordre du jour pendant un certain temps», a-t-il soutenu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Short Url
  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Short Url
  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Short Url
  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com