Sri Lanka: Le campement de la contestation brutalement démantelé, inquiétudes pour la dissidence

Un manifestant s’adresse aux forces spéciales de la police (Photo, AFP).
Un manifestant s’adresse aux forces spéciales de la police (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 23 juillet 2022

Sri Lanka: Le campement de la contestation brutalement démantelé, inquiétudes pour la dissidence

  • Les forces de sécurité, armées de fusils d'assaut automatiques et de matraques, ont délogé les manifestants
  • Selon les témoignages, des soldats ont agressé des individus, dont des journalistes, à coups de matraque

COLOMBO: Des centaines de soldats et policiers sri-lankais ont brutalement démantelé peu avant l'aube vendredi le campement des manifestants antigouvernementaux à Colombo, suscitant l'inquiétude de la communauté internationale quant au sort réservé à la dissidence par le nouveau président de ce pays en faillite.

Moins de 24 heures après l'investiture de Ranil Wickremesinghe, les forces de sécurité en tenue anti-émeutes, armées de fusils d'assaut automatiques et de matraques, ont délogé les manifestants, démonté les barricades et encerclé le complexe présidentiel.

Il avait été partiellement envahi par des milliers de manifestants, précipitant la chute du président Gotabaya Rajapaksa, il y a près de deux semaines.

"La police et les forces de sécurité ont agi pour évacuer les manifestants qui occupaient le Secrétariat présidentiel (palais présidentiel), la porte principale et les environs", a annoncé la police dans un communiqué, "neuf personnes ont été arrêtées" dont "deux ont été blessées."

Des témoins ont vu des soldats interpeller plusieurs personnes et détruire les tentes dressées le long de l'avenue menant au palais présidentiel, tandis que la police bloquait les rues adjacentes pour empêcher de nouveaux manifestants d'arriver sur place.

Selon les témoignages, des soldats ont agressé des individus, dont des journalistes, à coups de matraque, alors qu'ils avançaient vers de petits groupes de manifestants rassemblés sur le campement baptisé "GotaGoGama" ("Village Va-t'en Gota (baya)").

Ces violences ont suscité l'inquiétude de la communauté internationale. L'Union européenne a rappelé que la liberté d'expression était essentielle. "On voit mal comment le fait de la restreindre sévèrement peut aider à trouver des solutions aux crises politique et économique actuelles", a déclaré la délégation de l'UE à Colombo.

L'ambassadrice américaine à Colombo, Julie Chung, a exprimé sur Twitter, sa "grave préoccupation concernant l'escalade inutile et très inquiétante de la violence contre les manifestants du jour au lendemain". "Ce n’est pas le moment de sévir contre les citoyens", a-t-elle souligné, après une rencontre entre le président Wickremesinghe et plusieurs diplomates en poste à Colombo.

Le haut-commissaire canadien David McKinnon a également jugé "crucial que les autorités agissent avec retenue et évitent la violence".

Amnesty International a exhorté les autorités sri-lankaises à respecter la dissidence et a condamné le recours à la force contre des journalistes, dont un photographe de la BBC, qui couvraient l'opération militaire.

Selon Human Rights Watch, plus de 50 personnes ont été blessées au cours de l'opération qui, estime l'ONG, "envoie un message dangereux au peuple sri-lankais, à savoir que le nouveau gouvernement a l'intention d'agir par la force brute plutôt que par la voie légale".

Comportement de «bêtes»

Les manifestants affirmaient leur intention de poursuivre la contestation, mais le mouvement semblait s'essouffler après quatre mois de manifestations contre l'autorité du clan Rajapaksa.

Le président Wickremesinghe, élu grâce aux voix du parti des Rajapaksa, "est un autre dictateur en devenir" estimait le militant Nuzly Hameem, un ingénieur de 28 ans.

Manifestante de la première heure sur le campement, Nirosha Daniel, elle, hurlait aux forces de l'ordre : "Vous vous êtes comportés comme des bêtes !"

Selon Basantha Samarasinghe, dirigeant syndical et homme d'affaires de 45 ans, "la population souhaite un changement de système" et "le parlement devrait être dissous" car "il n'a pas de mandat public".

Le nouveau président avait mis en garde mercredi soir "les fauteurs de troubles" et promis la sévérité s'ils tentaient de perturber son gouvernement.

"Si on essaye de renverser le gouvernement, d'occuper le bureau du président et celui du Premier ministre, il ne s'agit pas de démocratie, et nous traiterons ceux-là avec fermeté", avait-il déclaré.

Lundi, alors encore président par intérim, M. Wickremesinghe avait instauré l'état d'urgence, accordant aux forces armées et à la police des pouvoirs étendus.

Avocat de Rajapaksa au gouvernement 

Il hérite d'un pays ravagé par une crise économique catastrophique, à court de devises, marqué par de longues pannes d'électricité, des pénuries de nourriture, d'électricité, de carburant et de médicaments depuis des mois.

Le chef de l'Etat, élu pour la période restante du mandat de M. Rajapaksa qui se termine en novembre 2024, a nommé vendredi matin, sans surprise, Dinesh Gunawardena, son ami d'enfance, au poste de Premier ministre.

Les deux hommes, qui ont étudié ensemble, ont sur le papier des positions idéologiques diamétralement opposées. M. Wickremesinghe, pro-occidental, est un chantre du libre-échange, tandis que M. Gunawardena est un nationaliste cinghalais convaincu qui croit au socialisme et au contrôle de l'État sur l'économie.

"Nous avons des différences, mais nous avons suffisamment d'amitié pour nous unir afin de traiter le principal problème du pays, à savoir l'économie", a déclaré M. Gunawardena aux journalistes peu après son investiture.

Ce dernier, ex-ministre de la Fonction publique et fervent partisan du clan Rajapaksa, a prêté serment et formé un gouvernement, investi quelques heures plus tard.

Dans ce nouveau cabinet apparaît Ali Sabry, l'avocat personnel de Gotabaya Rajapaksa, aux Affaires étrangères.

M. Wickremesinghe a, quant à lui, conservé le portefeuille des Finances afin de poursuivre les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) dans l'espoir de renflouer le pays, miné par une dette extérieure colossale de 51 milliards dollars.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.