A Avignon, fin de partie pour Olivier Py, défenseur de «l'utopie» du théâtre

Pendant neuf ans, Olivier Py a été porteur d'un Festival d'Avignon, dans le sud de la France, un peu à son image: engagé, utopique, poétique, amoureux du texte, beaucoup de textes. (AFP)
Pendant neuf ans, Olivier Py a été porteur d'un Festival d'Avignon, dans le sud de la France, un peu à son image: engagé, utopique, poétique, amoureux du texte, beaucoup de textes. (AFP)
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Publié le Jeudi 28 juillet 2022

A Avignon, fin de partie pour Olivier Py, défenseur de «l'utopie» du théâtre

  • Semblable à un personnage de théâtre porté aux envolées lyriques, Olivier Py avait été directeur du Centre dramatique national à Orléans puis patron de l'Odéon à Paris
  • «Qu’est-ce qu’il y a de plus beau sur cette terre que notre Festival?»: deux jours avant la clôture de la 76e édition du festival, le directeur sortant, ému, a lu une véritable lettre d'amour à cette manifestation théâtrale

PARIS: Pendant neuf ans, Olivier Py a été porteur d'un Festival d'Avignon, dans le sud de la France, un peu à son image: engagé, utopique, poétique, amoureux du texte, beaucoup de textes.

"Qu’est-ce qu’il y a de plus beau sur cette terre que notre Festival?": deux jours avant la clôture de la 76e édition du festival, le directeur sortant, ému, a lu une véritable lettre d'amour à cette manifestation théâtrale, la plus prestigieuse au monde avec celle d'Edimbourg. "C'était ma vie", a-t-il notamment déclaré.

Il sera remplacé par le Portugais Tiago Rodrigues.

Egalement comédien, dramaturge et metteur en scène prolifique, M. Py n'a pas non plus caché une sorte d'incompréhension face à des critiques essuyées durant ses deux mandats (2014-2022).

"Garde la pureté de ton coeur quand les sempiternelles bêtises sur l'art élitiste, l’entre-soi, l'intellectualisme, ou l'institution te seront crachées au visage", a-t-il dit à l'adresse de son successeur.

C'est sous sa houlette que le Festival a atteint un taux record de fréquentation (95,5% en 2019), un chiffre en léger recul cette année après deux ans de crise sanitaire (92%).

Il se targue d'avoir introduit le tarif de 10 euros pour les moins de 26 ans (20% du public a moins de 30 ans, contre 16% à sa prise de fonction).

«Le théâtre est politique»

Premier artiste à avoir dirigé la tête du festival depuis son fondateur Jean Vilar, il a défendu avec passion un "théâtre du verbe", un "théâtre populaire et "soucieux du monde", alors que ses prédécesseurs, le duo Hortense Archambault et Vincent Baudriller, avaient privilégié l'esthétique et la radicalité artistique.

Le nombre de metteuses en scène augmentera sensiblement sous son mandat (près de 45%), même si des féministes lui reprocheront de n'avoir jamais programmé une femme pour l'ouverture du Festival.

Il a invité de grands noms comme le Néerlandais Ivo van Hove qui va faire sensation en 2016 avec "Les Damnés", portée par la Comédie-Française; les Allemands Thomas Ostermeier et Frank Castorf et bien sûr, le Russe Kirill Serebrennikov, star de l'édition 2022.

Mais il a fait surtout la part belle à la jeune génération -- Thomas Jolly, Julien Gosselin, Jean Bellorini, Caroline Guiela Nguyen--, aux émergences et aux voix extra-européennes, de l'Amérique Latine au Moyen-Orient en passant par l'Afrique.

Face à la critique qui lui a parfois reproché d'avoir trop donné la priorité au politique, il avait martelé, dans un entretien avec l'AFP, en 2019: "Le théâtre est politique, même si ça en gêne certains".

Marathons théâtraux 

Il a personnellement travaillé avec des détenus dans un centre pénitentiaire d'Avignon, les transformant en Macbeth ou Antigone; instauré un "feuilleton théâtral" accessible gratuitement dans un jardin public de la ville, et la tradition d'un spectacle itinérant autour de la Cité des papes; impliqué 5.000 collégiens et lycéens, chaque année, dans des ateliers de théâtre, favorisé des spectacles jeune public et invité du rap et de l'électro dans la programmation.

Lui-même metteur en scène de marathons théâtraux (de "La Servante" en 24 heures qui l'a révélé au festival en 1995 à "Ma jeunesse exaltée" cette année, en dix heures), il a renforcé cette tradition lancée depuis "Le Mahabharata" mythique de Peter Brook (1985, neuf heures).

Semblable à un personnage de théâtre porté aux envolées lyriques, Olivier Py, né le 24 juillet 1965 à Grasse (Alpes-Maritimes) avait été directeur du Centre dramatique national à Orléans (centre) puis patron de l'Odéon à Paris.

Connu pour son goût du baroque et du flamboyant, il a continué durant ses mandats à écrire et à mettre en scène, au théâtre comme à l'opéra, s'irritant contre ceux qui estimaient qu'il ne pouvait pas tout faire.

Et la suite? "Continuer à faire du théâtre! J'aimerais revenir à la direction d'un théâtre le long de l'année", affirmait-il récemment.


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com