Les Arabes et leurs attentes du prochain président US, qu’en disent les experts?

Vendredi, l'Unité de recherche et des études d’Arab News a organisé un débat virtuel pour discuter des résultats de l'enquête Arab News / YouGov sur la façon dont les Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord perçoivent les États-Unis et les élections 2020. L'événement a réuni des experts des États-Unis et du Moyen-Orient et a été présidé par Faisal Abbas, rédacteur en chef d’Arab News (Capture d'écran)
Vendredi, l'Unité de recherche et des études d’Arab News a organisé un débat virtuel pour discuter des résultats de l'enquête Arab News / YouGov sur la façon dont les Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord perçoivent les États-Unis et les élections 2020. L'événement a réuni des experts des États-Unis et du Moyen-Orient et a été présidé par Faisal Abbas, rédacteur en chef d’Arab News (Capture d'écran)
Short Url
Publié le Lundi 30 novembre 2020

Les Arabes et leurs attentes du prochain président US, qu’en disent les experts?

  • L'événement virtuel organisé par l'Unité de recherche et des études d’Arab News a discuté des résultats de l'étude panarabe Arab News / YouGov
  • Les panélistes ont pesé sur des points de vue concernant des sujets allant d'une éventuelle présidence de Biden au rôle américain dans la médiation israélo-palestinienne

LONDRES: Une nouvelle étude menée par Arab News et la firme de sondage YouGov a révélé les attitudes diverses, souvent surprenantes et parfois contradictoires des Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à l'égard des élections présidentielles américaines de 2020. De la Palestine à l'Iran, d'Obama à Trump, les Arabes ne sont pas toujours d'accord, mais il y a des domaines dans lesquels ils affichent un niveau d'unité remarquable.

Vendredi, l'Unité de recherche et des études d’Arab News a organisé un débat virtuel pour discuter des résultats de l'enquête Arab News / YouGov sur la façon dont les Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord perçoivent les États-Unis et les élections 2020. L'événement a réuni des experts des États-Unis et du Moyen-Orient et a été présidé par Faisal Abbas, rédacteur en chef d’Arab News.

L’une des principales conclusions de l’étude est que les Arabes, s’ils étaient forcés de choisir entre Donald Trump et Joe Biden, choisiraient sans aucun doute ce dernier. Mais ce soutien au candidat démocrate n'est pas sans réserve. Une majorité (58%) des 3000 personnes interrogées, des Arabes adultes originaires des 18 États du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, ont convenu que Biden, qui a été vice-président de Barack Obama jusqu'en 2017, doit prendre ses distances vis-à-vis des politiques de l'ère Obama.

yougov

Selon Ali Khedery, PDG de Dragoman Ventures, le fait que les Arabes perçoivent de manière extrêmement négative les politiques de l'ère Obama est loin d'être surprenant. Les Arabes reconnaissent que l'héritage de la politique étrangère d'Obama au Moyen-Orient a été n’est autre qu’une succession d’échecs, a-t-il révélé.

« Si nous faisons un rapide tour d'horizon de la région sous Obama, vous vous rappellerez qu'Obama est intervenu militairement en Libye, pour ensuite l'abandonner et la laisser glisser dans une guerre civile et un violent conflit tribal. Il a également abandonné (le président égyptien) Hosni Moubarak, ne réalisant pas le fait que le vide laissé serait comblé par les islamistes, les Frères musulmans en particulier.

Khedery a poursuivi: «Le président Obama a lancé des appels aux Syriens « des agriculteurs et des avocats », pendant qu'ils essayaient de se révolter, et il s'est ensuite assis en contemplant le (président syrien Bashar) Al-Assad perpétrer un génocide et une épuration ethnique, sans rien faire pour l’arrêter.

yougov

L'Iran, considéré par les Arabes comme l'une des principales menaces auxquelles sont confrontés les États-Unis dans le monde, est un autre échec majeur de l'administration Obama-Biden, et dont les Arabes sont particulièrement conscients.

«Obama a même fermé les yeux tandis que l'Iran et le CGRI (Corps des gardiens de la révolution islamique) accentuaient leur influence dans la région à travers la Syrie, l'Irak, le Liban, l'Afghanistan et le Yémen», a déclaré Khedery.

Ces échecs, a-t-il ajouté, n'ont pas échappé aux  Arabes de toute la région qui ne veulent plus un mandat similaire de quatre ans.

«Obama-Biden un grand zéro dans la région»

«Dans l'ensemble, je donnerais à la politique d'Obama-Biden un grand zéro dans la région», a déclaré Khedery, « je ne suis donc pas surpris qu'une majorité d'Arabes veuille que Biden se distancie de l'héritage d'Obama».

Compte tenu du bilan d’Obama, il faut peut-être s’attendre à ce que les Arabes considèrent le meilleur plan d’action de Biden comme un écart par rapport aux politiques de cette époque. Cependant, les sondages d’Arab News-YouGov ont également révélé des opinions surprenantes, et peut-être contradictoires, de la population de la région.

Par rapport à la question palestinienne, et le rôle que les États-Unis devraient jouer pour la résoudre, l’enquête panarabe a fourni certaines données des plus révélatrices.

yougov

Une légère majorité de Palestiniens interrogés dans les territoires occupés (52/48 pour cent) a soutenu les efforts américains pour jouer un plus grand rôle dans la médiation israélo-palestinienne. Dans la même marge, les répondants des 18 pays réunis se sont opposés à cette proposition.

Compte tenu du statut de superpuissance indéniable de Washington, Robert Ford, ancien ambassadeur des États-Unis en Syrie et chercheur principal à l'Institut du Moyen-Orient, a déclaré que le résultat de cette enquêté ne devrait pas surprendre. «Je crois comprendre le résultat du sondage, par rapport aux Palestiniens dans les territoires occupés, c'est qu'ils veulent de l'aide. Ils veulent une influence américaine sur l’ami des États-Unis, Israël, afin de garantir ce que les Palestiniens considèrent comme leurs justes revendications».

Mais la question de savoir si une présidence démocrate répondrait ou non à ce sujet est une autre affaire, a-t-il déclaré. Il a également mentionné qu'il existe un grand ecart au sein du parti entre les jeunes, qui soutiennent la cause palestinienne, et l'aile traditionnelle, dont Biden fait partie, c'est-à-dire « nous ne sommes pas encore là », a déclaré Ford.

Si Biden gagne, «il va y avoir une rupture entre les plus jeunes du parti, qui sont plus à gauche, et certains des démocrates plus traditionnels, dont Biden, qui a déjà indiqué, par exemple, qu'il n'utilisera pas l'aide américaine à Israël pour l’influencer.

Influente mais pas déterminante

Regardant vers l'avenir, Ford a déclaré: «En fait, je ne pense pas qu'il y aura une énorme différence entre les politiques de Donald Trump et celles de Joe Biden au Moyen-Orient.  Je ne pense pas que le président Trump ou le président Biden feront du Moyen-Orient leur priorité majeure. Cela signifie que l’Amérique sera certainement influente dans la région, mais elle ne sera pas déterminante car elle ne veut même pas être résolue.

«Les États-Unis ne quitteront pas le Moyen-Orient, mais nous pouvons nous attendre à davantage politiques dans la même lignée que celles adoptées envers la Syrie. Les forces d'opérations spéciales et les drones, c'est le modèle pour un engagement futur au Moyen-Orient, et cela, des deux côtés, que ce soit, Trump ou Biden.

yougov

Dania Koleilat Khatib, directrice exécutive du Centre de consultation stratégique a fait écho aux vues de Ford sur la division entre les Palestiniens et le monde arabe dans son ensemble. Elle a affirmé que les résultats du sondage soulignent le pragmatisme nécessaire adopté par les Palestiniens, qui sont directement impliqués dans le conflit, qui contraste avec l’idéalisme des Arabes venus d’ailleurs, qui n’ont aucun intérêt direct dans une résolution du conflit apparemment difficile à résoudre.

«Les États-Unis sont une superpuissance. Les Palestiniens le savent, et ils savent qu'ils ont besoin d'eux pour résoudre le dilemme, afin de parvenir à une résolution équitable », a-t-elle déclaré.

Mais elle a ajouté qu'il y avait une autre dimension en jeu dans la question palestinienne: la stabilité régionale et mondiale.

«Les Frères musulmans et l'Iran», a-t-elle dit, «revendiquent une légitimité en s'attachant à la cause palestinienne, qu'ils s'en soucient vraiment ou non. Nous savons qu’ils ne s’en soucient pas, mais ils le revendiquent quand même pour leur légitimité.

«Donc, si nous trouverons une solution juste pour le problème israélo-palestinien, la principale source de légitimité sur laquelle s'appuient ces mouvements de déstabilisation disparaîtra. Cela fait de la résolution du conflit une question primordiale pour la stabilité de la région, et ainsi pour la stabilité du monde entier», a déclaré Khatib.

Citant l'importance de l'enquête Arab News-YouGov, elle a déclaré que «de telles discussions factuelles, de tels sondages et même du lobbying sont nécessaires pour que les États-Unis aient une approche plus équilibrée envers le conflit israélo-palestinien».

Trump «comprend la vraie nature du régime iranien»

Khalid-Abdulla Janahi, président de Vision 3, a parlé de la tendance à la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes, estimant que l'accord de normalisation entre Israël et le Bahreïn «s’est fait longtemps attendre». Il a déclaré que les Arabes ne devraient pas dépendre des États-Unis pour résoudre les conflits du Moyen-Orient, mais plutôt affirmer leurs droits en tant que citoyens pour y répondre.

Alors que les Arabes étaient divisés sur certaines questions, une seule question a été à l'origine d'un accord écrasant: indépendamment du candidat vainqueur le 3 novembre, les États-Unis doivent poursuivre la ligne dure de Trump envers l'Iran.

«Contenir l'Iran et le Hezbollah» figurait parmi les quatre principaux problèmes sur lesquels les répondants voulaient que le prochain président américain se concentre. Un tiers des répondants dans les 18 pays ont convenu que les États-Unis devraient poursuivre leurs sanctions en adoptant une posture de guerre.

Pour les Arabes et tous les autres habitants de la région, la question de l'Iran «est l'une des plus épineuses… et ce depuis la révolution de 1979», a déclaré Khedery, qui a servi comme assistant spécial de cinq ambassadeurs américains et autant en tant que conseiller de trois chefs du commandement central américain de 2003 à 2009.

Il a révélé qu'il est plus optimiste quant à la politique de Trump sur l'Iran que de Biden, car Trump «comprend la vraie nature du régime iranien».

«Trump sait bien qu'il ne peut y avoir de paix avec ce qui est, essentiellement, un régime fasciste et génocidaire qui opprime son propre peuple tout en cherchant à répandre la révolution khomeiniste à travers l'Arabie», a-t-il déclaré.

«Obama a dit que les Arabes doivent apprendre à partager l'Arabie avec les perses; cela, par définition, ne peut pas se produire. Le régime iranien actuel cherche à s'étendre et à reconstituer ce qui était autrefois l'empire perse par tous les moyens nécessaires y compris le terrorisme, les génocides ainsi que d’autres activités malignes».

C'est pourquoi, malgré la préférence arabe pour Biden, un deuxième mandat de Trump en tant que président pourrait en fait mieux servir leurs intérêts, a-t-il déclaré.

«Trump reconnaît l'Iran pour ce qu'il est et applique une pression maximale et bien supérieur à ce qu'Obama a fait et que Biden peut faire. En d’autres termes; vivre dans le déni de ce qu'est l'Iran c’est traiter avec ce régime pour ce qu'ils souhaitaient être, par opposition à ce qu'ils sont vraiment», a affirmé Khedery.

Si Biden revient au pouvoir, a déclaré Khedery, il est susceptible de reprendre les négociations avec l'Iran, mais ce faisant, Biden pourrait par mégarde «donner aux Iraniens une autre bouée de sauvetage pour essayer de dominer la région».

S'exprimant au nom de YouGov, Lara Al-Barazi, directrice de recherche de YouGov MENA, a déclaré: «Tout type d'enquête ne peut atteindre tout le monde, donc cela reste un échantillon représentatif de la population qui reflète autant que possible la réalité du terrain».

Les partenaires du débat de vendredi étaient l’Université de l’État de Wayne, Newstalk de la Floride et le Centre pour les initiatives médiatiques et de paix.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite et l'Arménie: une «feuille de route» pour renforcer les relations diplomatiques, déclare le ministre des AE, Ararat Mirzoyan, à Arab News

Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
Short Url
  • «Aucune limite» aux opportunités de coopération entre l’Arabie saoudite et l’Arménie, déclare le ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, lors de sa visite «historique» à Riyad
  • Il affirme que le gouvernement arménien soutient un cessez-le-feu à Gaza et la solution des deux États pour Israël-Palestine

RIYAD: L'Arménie s'engage à établir une «feuille de route» pour renforcer ses relations diplomatiques avec l'Arabie saoudite, a déclaré Ararat Mirzoyan, ministre arménien des Affaires étrangères, lors d'une interview exclusive accordée à Arab News jeudi en marge d'une visite dans le Royaume.

Lors d'une discussion approfondie qui a couvert divers aspects, notamment le développement des liens bilatéraux, le processus de paix dans le Caucase du Sud et la guerre à Gaza, Mirzoyan a souligné que l'établissement de relations diplomatiques officielles en novembre dernier marquait le début d’une nouvelle ère de coopération entre les deux pays.

Img
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)

«Il est essentiel de souligner que nos liens historiques avec le monde arabe, avec tous les pays arabes, reposent sur des relations amicales ancrées dans la tradition entre nos peuples respectifs,», a-t-il déclaré. «Nous devons garder à l’esprit que de nombreux pays arabes ont accueilli des réfugiés survivants du génocide arménien. Mais bien sûr, nos liens culturels et nos relations existaient même avant cela.»

Mirzoyan a rencontré son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane, à Riyad mercredi, et il a également été reçu aux ministères saoudiens de l'Éducation et de l'Économie.

«Nous ne voulons pas nous arrêter là. Il existe de nombreux domaines où nous pouvons approfondir notre coopération et explorer de nouvelles opportunités. Nous espérons qu’après cette visite une feuille de route pour le développement des relations émergera», a-t-il ajouté.

Img
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane (à droite), reçoit le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, avant leur rencontre à Riyad, le 17 avril 2024. (Photo, SPA)

Ces dernières années ont été marqués par un réchauffement progressif des relations entre les deux pays. En octobre 2021, le président arménien de l'époque, Armen Sarkissian, s'était rendu en Arabie saoudite, marquant ainsi le début d'un nouvel avenir diplomatique pour l'Arménie.

Bien que les relations diplomatiques formelles soient récentes, M. Mirzoyan est très optimiste quant aux avantages mutuels de développer ces liens.

«Franchement, il n'y a pas de limite», a-t-il déclaré. «L'éducation, les sciences, les technologies de pointe, le développement urbain, l'agriculture, le tourisme, les contacts entre les peuples, le commerce, les investissements et les infrastructures. Il se passe tellement de choses ici en Arabie saoudite, mais aussi en Arménie».

Img
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, s'est également entretenu avec le ministre saoudien de l'Économie et de la Planification, Faisal F. Al-Ibrahim, à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a salué le lancement des vols commerciaux entre Riyad et la capitale arménienne, Erevan, par la compagnie aérienne saoudienne Flynas, en juin de l'année dernière, affirmant qu'il s'attend à ce que cette initiative stimule le tourisme entre les deux nations.

Le ministre des Affaires étrangères a également félicité l'Arabie saoudite pour avoir remporté sa candidature pour l'Expo 2030, candidature que l'Arménie a soutenue en 2022.

«Notre vision est que nous devrions établir une coopération très étroite et solide avec l'Arabie saoudite, y compris en ce qui concerne les affaires régionales, mais aussi les forums internationaux», a-t-il déclaré.

«J’entrevois également la possibilité d’une coopération étroite dans les forums internationaux. Encore une fois, je tiens à mentionner que lorsque l'Arabie saoudite a présenté sa candidature pour l'Expo 2030, l'Arménie figurait parmi les pays qui l'ont soutenue.»

Img
Les ministres des Affaires étrangères saoudien et arménien, accompagnés de leurs délégations respectives, réunis à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a également exprimé son soutien à une solution à deux États et à un cessez-le-feu en Palestine. En décembre de l'année dernière, l'Arménie s'est jointe à l'Arabie saoudite et à plus de 150 autres pays à l'Assemblée générale des Nations unies pour voter en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza. En outre, l'Arménie serait prête à agir en tant que facilitateur potentiel entre les deux parties, si nécessaire et sur demande.

«L'Arménie a toujours soutenu la solution à deux États pour la Palestine et Israël, et condamne fermement la violence et le ciblage des populations civiles», a déclaré Mirzoyan, soulignant que l'Arménie avait très récemment été victime de cette violence.

«Nous condamnons fermement toute violence à l'encontre des populations civiles», a-t-insisté.

Outre les mots de soutien, l'Arménie a pris des mesures concrètes pour aider les populations civiles touchées par le conflit. Le mois dernier, elle a envoyé 30 tonnes de nourriture et de médicaments aux civils palestiniens déplacés et réfugiés à Rafah.

«L'Arménie déplore des dizaines de milliers de victimes innocentes de l'escalade des hostilités à Gaza. Nous-mêmes avons vécu l'horreur des attaques contre les civils et les infrastructures civiles, et nous nous joignons aux appels de la communauté internationale en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza», a déclaré le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan lors d'une conférence de presse donnée à l’occasion de sa visite en Égypte pour discuter de la livraison d'aide.

Img
Des Palestiniens inspectent une maison détruite par une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 avril 2024. (Reuters)

Mirzoyan a exprimé son espoir que l’assistance «puisse aider un tant soit peu à alléger la situation et soulager la souffrance de ces personnes».

Concernant les relations plus proches, Mirzoyan a exprimé son désir d’aboutir à la paix entre l'Arménie et les autres nations du Caucase du Sud, tout en admettant que la paix durable nécessitera des efforts pour surmonter les obstacles.

«Il y a vraiment une opportunité, un élan tout à fait réaliste, pour construire une paix et une stabilité durables dans le Caucase du Sud. Mon gouvernement est pleinement engagé dans la voie de la paix, et nous sommes engagés dans des négociations de bonne foi et constructives. Cependant, pour être honnête, il reste encore quelques problèmes cruciaux où les positions des parties divergent. Le premier problème étant, bien entendu, la question des frontières et de la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale.» 

Dans le Caucase du Sud, les tensions territoriales sont fréquentes entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan depuis la chute de l'Union soviétique en 1991.

Pour normaliser les relations, Mirzoyan a souligné l’importance du respect des principes de souveraineté, de juridiction, d'égalité et de réciprocité par toutes les parties concernées.

«Nous sommes convaincus que tout peut être débloqué, y compris les voies ferrées, et nous pensons que tout ce qui sera débloqué doit rester sous la souveraineté des pays respectifs.»

«L'infrastructure sur le territoire arménien doit demeurer sous la souveraineté de l’Arménie tout comme l'infrastructure azérie sous la souveraineté de l'Azerbaïdjan. De plus, toutes ces infrastructures doivent fonctionner conformément à nos législations nationales, dans le respect des principes d'égalité et de réciprocité.»

Mirzoyan a ajouté que l'Arménie était en mesure de garantir la sécurité des personnes et des marchandises traversant son territoire sans nécessiter la présence d'un pays tiers.

Il a également expliqué que son pays avait lancé une initiative visant à améliorer les perspectives de stabilité et de paix en débloquant les infrastructures de transport dans la région.

«Nous avons proposé une initiative que nous avons baptisée “Carrefour de la paix” parce que nous croyons fermement que le déblocage complet des infrastructures de transport dans le Caucase du Sud, notamment les routes et les chemins de fer arméniens, azéris et turcs, aura non seulement des retombées économiques positives, mais constituera également un facteur majeur de paix et de stabilité dans notre région.»

Carte illustrée montrant les «carrefours de la paix» proposés par l'Arménie.

Même en dehors de l'Arménie et du Caucase du Sud, l'initiative pourrait avoir un impact mondial significatif, selon Mirzoyan.

«Il y a un intérêt croissant de la part de plusieurs pays pour la mise en œuvre de ce projet, le Carrefour de la Paix, en raison de ses avantages évidents. Je parle notamment des connexions est-ouest, mais nous devons également envisager les liens sud-nord ou nord-sud. C'est pourquoi nous le qualifions de “carrefour”», a-t-il expliqué.

Il a également souligné: «Ce projet pourrait s'avérer très bénéfique pour relier, par exemple, le monde arabe, y compris l'Arabie saoudite, avec la région de la mer Noire, et même au-delà.»

Img
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

L'Arménie s'apprête à établir des relations diplomatiques avec plusieurs pays et organisations multilatérales, dont l'Union européenne, s'éloignant ainsi de son allié historique le plus puissant, la Russie.

«Il convient de noter que les relations entre l'Arménie et la Fédération de Russie ne sont pas au beau fixe, dirais-je», a déclaré M. Mirzoyan. «Bien sûr, des difficultés subsistent, et nous n’en faisons pas mystère». 

Img
Cette photo prise le 17 novembre 2020 montre des véhicules de soldats de la paix russes stationnés à un poste de contrôle sur la route de Shusha, dans le Haut-Karabakh. Le porte-parole du président Vladimir Poutine a déclaré le 17 avril 2024 que les forces russes se retiraient de la région du Karabakh, où elles étaient stationnées en tant que forces de maintien de la paix depuis la fin d'une guerre en 2020. (Photo AP /Dossier)

«Il y a des problèmes ainsi que des interrogations au sein de la société arménienne, notamment en ce qui concerne le comportement des soldats de la paix russes au Nagorno-Karabakh, mais aussi celui de nos alliés russes lors des attaques sur nos territoires souverains en 2022, 2023 et bien avant. Il est vrai que des questions subsistent à ce sujet. Cependant, nous y travaillons.»

Les relations de l’Arménie avec l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) sont gelées depuis l'automne dernier. Fondée en 2002, l'OTSC est une alliance militaire regroupant six États post-soviétiques: Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Russie et Tadjikistan. Mirzoyan a déclaré dans une interview en mars avec TRT World de Turquie que la candidature de l'Arménie à l'UE était en discussion.

Img
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, en visite dans le Royaume cette semaine, s'est entretenu en exclusivité avec la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali. (Photo AN)

Abordant la question avec Arab News, Mirzoyan a déclaré: «Les aspirations européennes du peuple de la république d'Arménie se renforcent de plus en plus, surtout face à la frustration ressentie par les Arméniens à l’égard des relations avec la Russie, bien que cela ne soit pas le seul élément en jeu.

«L'Arménie approfondit véritablement et de manière significative ses liens avec les États-Unis et l'UE. Ce sont nos principaux partenaires dans notre programme de réformes démocratiques. Ces derniers montrent désormais un engagement fort à soutenir l'Arménie et à renforcer sa résilience économique.

Nous entamons avec l'UE une nouvelle voie de partenariat étroit et, jusqu'à présent, personne ne peut prédire avec certitude où cela nous mènera.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite déplore l’échec de la candidature de la Palestine à l’ONU

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
Short Url
  • Le Royaume réaffirme son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination
  • La Jordanie exprime également sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver la résolution.

DUBAI : L'Arabie saoudite a exprimé son regret face à l'échec du Conseil de sécurité des Nations Unies à adopter une résolution acceptant l'adhésion à part entière de la Palestine à l'ONU.

Dans une déclaration officielle du ministère des Affaires étrangères sur la plateforme de médias sociaux X, le Royaume a déclaré que "la non-adoption de la résolution permet à l'occupation israélienne de poursuivre ses violations du droit international sans dissuasion et ne rapprochera pas la paix souhaitée".

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza.

Le Royaume a également réaffirmé son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à l'établissement d'un État palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à l'initiative de paix arabe et aux résolutions internationales pertinentes.

La Jordanie a également exprimé sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver une résolution qui aurait admis la Palestine comme membre à part entière des Nations unies, en raison du droit de veto des États-Unis.

Dans une déclaration, le ministère des affaires étrangères du pays a réaffirmé "que la communauté internationale est en faveur de la solution à deux États, qu'Israël est en train de saper".

"Le Conseil de sécurité doit reconnaître l'État palestinien afin d'empêcher Israël de priver le peuple palestinien de son droit à la liberté et à son propre État", a rapporté l'agence de presse nationale Petra.

"La reconnaissance de l'État palestinien et son adhésion pleine et entière sont une étape nécessaire pour imposer une paix juste qui mette fin à l'occupation et au conflit et qui respecte le droit de tous les peuples de la région à vivre dans la sécurité et la stabilité", a déclaré le porte-parole du ministère, Sufian Qudah.

"La Jordanie exige que toutes les nations reconnaissent l'État de Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, comme condition préalable à l'instauration de la paix et de la sécurité dans la région.

Le Qatar, dans une déclaration publiée par son ministère des affaires étrangères, a également exprimé son "profond regret face à l'échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution acceptant l'adhésion à part entière de l'État de Palestine aux Nations unies".

L'Organisation de la coopération islamique a également exprimé son profond regret face à l'incapacité du Conseil de sécurité "d'assumer ses responsabilités en accordant à l'État de Palestine le statut de membre à part entière des Nations unies, à un moment où le peuple palestinien est confronté aux formes les plus dures d'agression, de persécution et de génocide".

Dans une déclaration, l'organisation a affirmé que "l'utilisation du droit de veto des États-Unis contrevient aux dispositions de la Charte des Nations Unies, qui permet l'adhésion de tous les États acceptant les obligations qu'elle contient, et continue d'empêcher le peuple palestinien d'obtenir ses droits légitimes, perpétuant ainsi l'injustice historique subie par le peuple palestinien au cours des 75 dernières années", a rapporté l'agence de presse qatarie.

L'OCI a également affirmé le droit légitime de la Palestine à incarner son statut politique et juridique au sein des Nations unies, "considérant qu'il s'agit d'un droit en souffrance depuis des décennies, fondé sur les droits politiques, juridiques, historiques et naturels du peuple palestinien sur sa terre, comme le confirment les résolutions pertinentes des Nations unies".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un tribunal ordonne la libération d'une éminente professeure palestinien soupçonné d'incitation à la violence

La professeure a été suspendue par son université le mois dernier après avoir appelé à l’abolition du sionisme et suggéré que les récits d’agressions sexuelles lors des attaques dirigées par le Hamas contre Israël ont été fabriqués. (X/File)
La professeure a été suspendue par son université le mois dernier après avoir appelé à l’abolition du sionisme et suggéré que les récits d’agressions sexuelles lors des attaques dirigées par le Hamas contre Israël ont été fabriqués. (X/File)
Short Url
  • Nadera Shalhoub-Kevorkian était sous enquête après avoir interrogé les atrocités du Hamas, critiquant Israël
  • Justification insuffisante de l’arrestation, selon le tribunal. La détention fait partie d’une campagne plus large, selon l’avocat

LONDRES : Nadera Shalhoub-Kevorkian, éminente professeure de l'Université hébraïque de Jérusalem, a été libérée vendredi après qu'une décision de justice ait rejeté les conclusions de la police.

La criminologue et professeur de droit avait été arrêtée la veille, soupçonnée d'incitation à la haine. Elle faisait l'objet d'une enquête pour des remarques concernant les attaques du 7 octobre menées par le Hamas et pour avoir déclaré que les Israéliens commettaient des "crimes génocidaires" dans la bande de Gaza et qu'ils devaient en craindre les conséquences.

Vendredi, le tribunal a rejeté une demande de la police visant à prolonger sa détention provisoire, estimant que l'arrestation n'était pas suffisamment justifiée, selon les médias hébraïques.

Des manifestants se sont rassemblés devant le palais de justice pour protester contre l'arrestation de Mme Shalhoub-Kevorkian.

La chaîne israélienne Channel 12, qui a rapporté la nouvelle en premier, n'a pas précisé où Shalhoub avait été arrêtée, mais son avocat a confirmé plus tard qu'elle avait été appréhendée à son domicile dans le quartier arménien de Jérusalem.

"Elle n'était pas en bonne santé ces derniers temps et a été arrêtée à son domicile", a déclaré Alaa Mahajna. "La police a fouillé la maison et a saisi son ordinateur et son téléphone portable, des livres de poésie [palestinienne] et des documents liés à son travail.

M. Mahajna a décrit l'arrestation de Mme Shalhoub-Kevorkian comme faisant partie d'une campagne plus large menée contre elle, qui a comporté de nombreuses menaces de mort et de violence. 

La professeure a été suspendue par son université le mois dernier après avoir appelé à l'abolition du sionisme et suggéré que les récits d'agressions sexuelles lors des attaques menées par le Hamas contre Israël avaient été fabriqués.

La suspension a d'abord été critiquée par la communauté universitaire, qui y a vu une atteinte à la liberté académique en Israël. Toutefois, la décision a été annulée après que Mme Shalhoub-Kevorkian a présenté ses excuses et admis que des agressions sexuelles avaient eu lieu.

Depuis le début des hostilités l'année dernière, de nombreuses voix dissidentes en Israël ont été arrêtées pour avoir exprimé leur solidarité avec les victimes des bombardements à Gaza.

En octobre, le célèbre journaliste israélien ultraorthodoxe Israel Frey a été contraint de se cacher à la suite d'une violente attaque à son domicile.

Bayan Khateeb, étudiante au Technion-Israel Institute of Technology, a été arrêtée l'année dernière pour incitation après avoir posté une histoire Instagram montrant la préparation d'un plat populaire à base d'œufs épicés avec la légende : "Nous mangerons bientôt la shakshuka de la victoire".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com