Les Arabes et leurs attentes du prochain président US, qu’en disent les experts?

Vendredi, l'Unité de recherche et des études d’Arab News a organisé un débat virtuel pour discuter des résultats de l'enquête Arab News / YouGov sur la façon dont les Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord perçoivent les États-Unis et les élections 2020. L'événement a réuni des experts des États-Unis et du Moyen-Orient et a été présidé par Faisal Abbas, rédacteur en chef d’Arab News (Capture d'écran)
Vendredi, l'Unité de recherche et des études d’Arab News a organisé un débat virtuel pour discuter des résultats de l'enquête Arab News / YouGov sur la façon dont les Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord perçoivent les États-Unis et les élections 2020. L'événement a réuni des experts des États-Unis et du Moyen-Orient et a été présidé par Faisal Abbas, rédacteur en chef d’Arab News (Capture d'écran)
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Publié le Lundi 30 novembre 2020

Les Arabes et leurs attentes du prochain président US, qu’en disent les experts?

  • L'événement virtuel organisé par l'Unité de recherche et des études d’Arab News a discuté des résultats de l'étude panarabe Arab News / YouGov
  • Les panélistes ont pesé sur des points de vue concernant des sujets allant d'une éventuelle présidence de Biden au rôle américain dans la médiation israélo-palestinienne

LONDRES: Une nouvelle étude menée par Arab News et la firme de sondage YouGov a révélé les attitudes diverses, souvent surprenantes et parfois contradictoires des Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à l'égard des élections présidentielles américaines de 2020. De la Palestine à l'Iran, d'Obama à Trump, les Arabes ne sont pas toujours d'accord, mais il y a des domaines dans lesquels ils affichent un niveau d'unité remarquable.

Vendredi, l'Unité de recherche et des études d’Arab News a organisé un débat virtuel pour discuter des résultats de l'enquête Arab News / YouGov sur la façon dont les Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord perçoivent les États-Unis et les élections 2020. L'événement a réuni des experts des États-Unis et du Moyen-Orient et a été présidé par Faisal Abbas, rédacteur en chef d’Arab News.

L’une des principales conclusions de l’étude est que les Arabes, s’ils étaient forcés de choisir entre Donald Trump et Joe Biden, choisiraient sans aucun doute ce dernier. Mais ce soutien au candidat démocrate n'est pas sans réserve. Une majorité (58%) des 3000 personnes interrogées, des Arabes adultes originaires des 18 États du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, ont convenu que Biden, qui a été vice-président de Barack Obama jusqu'en 2017, doit prendre ses distances vis-à-vis des politiques de l'ère Obama.

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Selon Ali Khedery, PDG de Dragoman Ventures, le fait que les Arabes perçoivent de manière extrêmement négative les politiques de l'ère Obama est loin d'être surprenant. Les Arabes reconnaissent que l'héritage de la politique étrangère d'Obama au Moyen-Orient a été n’est autre qu’une succession d’échecs, a-t-il révélé.

« Si nous faisons un rapide tour d'horizon de la région sous Obama, vous vous rappellerez qu'Obama est intervenu militairement en Libye, pour ensuite l'abandonner et la laisser glisser dans une guerre civile et un violent conflit tribal. Il a également abandonné (le président égyptien) Hosni Moubarak, ne réalisant pas le fait que le vide laissé serait comblé par les islamistes, les Frères musulmans en particulier.

Khedery a poursuivi: «Le président Obama a lancé des appels aux Syriens « des agriculteurs et des avocats », pendant qu'ils essayaient de se révolter, et il s'est ensuite assis en contemplant le (président syrien Bashar) Al-Assad perpétrer un génocide et une épuration ethnique, sans rien faire pour l’arrêter.

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L'Iran, considéré par les Arabes comme l'une des principales menaces auxquelles sont confrontés les États-Unis dans le monde, est un autre échec majeur de l'administration Obama-Biden, et dont les Arabes sont particulièrement conscients.

«Obama a même fermé les yeux tandis que l'Iran et le CGRI (Corps des gardiens de la révolution islamique) accentuaient leur influence dans la région à travers la Syrie, l'Irak, le Liban, l'Afghanistan et le Yémen», a déclaré Khedery.

Ces échecs, a-t-il ajouté, n'ont pas échappé aux  Arabes de toute la région qui ne veulent plus un mandat similaire de quatre ans.

«Obama-Biden un grand zéro dans la région»

«Dans l'ensemble, je donnerais à la politique d'Obama-Biden un grand zéro dans la région», a déclaré Khedery, « je ne suis donc pas surpris qu'une majorité d'Arabes veuille que Biden se distancie de l'héritage d'Obama».

Compte tenu du bilan d’Obama, il faut peut-être s’attendre à ce que les Arabes considèrent le meilleur plan d’action de Biden comme un écart par rapport aux politiques de cette époque. Cependant, les sondages d’Arab News-YouGov ont également révélé des opinions surprenantes, et peut-être contradictoires, de la population de la région.

Par rapport à la question palestinienne, et le rôle que les États-Unis devraient jouer pour la résoudre, l’enquête panarabe a fourni certaines données des plus révélatrices.

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Une légère majorité de Palestiniens interrogés dans les territoires occupés (52/48 pour cent) a soutenu les efforts américains pour jouer un plus grand rôle dans la médiation israélo-palestinienne. Dans la même marge, les répondants des 18 pays réunis se sont opposés à cette proposition.

Compte tenu du statut de superpuissance indéniable de Washington, Robert Ford, ancien ambassadeur des États-Unis en Syrie et chercheur principal à l'Institut du Moyen-Orient, a déclaré que le résultat de cette enquêté ne devrait pas surprendre. «Je crois comprendre le résultat du sondage, par rapport aux Palestiniens dans les territoires occupés, c'est qu'ils veulent de l'aide. Ils veulent une influence américaine sur l’ami des États-Unis, Israël, afin de garantir ce que les Palestiniens considèrent comme leurs justes revendications».

Mais la question de savoir si une présidence démocrate répondrait ou non à ce sujet est une autre affaire, a-t-il déclaré. Il a également mentionné qu'il existe un grand ecart au sein du parti entre les jeunes, qui soutiennent la cause palestinienne, et l'aile traditionnelle, dont Biden fait partie, c'est-à-dire « nous ne sommes pas encore là », a déclaré Ford.

Si Biden gagne, «il va y avoir une rupture entre les plus jeunes du parti, qui sont plus à gauche, et certains des démocrates plus traditionnels, dont Biden, qui a déjà indiqué, par exemple, qu'il n'utilisera pas l'aide américaine à Israël pour l’influencer.

Influente mais pas déterminante

Regardant vers l'avenir, Ford a déclaré: «En fait, je ne pense pas qu'il y aura une énorme différence entre les politiques de Donald Trump et celles de Joe Biden au Moyen-Orient.  Je ne pense pas que le président Trump ou le président Biden feront du Moyen-Orient leur priorité majeure. Cela signifie que l’Amérique sera certainement influente dans la région, mais elle ne sera pas déterminante car elle ne veut même pas être résolue.

«Les États-Unis ne quitteront pas le Moyen-Orient, mais nous pouvons nous attendre à davantage politiques dans la même lignée que celles adoptées envers la Syrie. Les forces d'opérations spéciales et les drones, c'est le modèle pour un engagement futur au Moyen-Orient, et cela, des deux côtés, que ce soit, Trump ou Biden.

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Dania Koleilat Khatib, directrice exécutive du Centre de consultation stratégique a fait écho aux vues de Ford sur la division entre les Palestiniens et le monde arabe dans son ensemble. Elle a affirmé que les résultats du sondage soulignent le pragmatisme nécessaire adopté par les Palestiniens, qui sont directement impliqués dans le conflit, qui contraste avec l’idéalisme des Arabes venus d’ailleurs, qui n’ont aucun intérêt direct dans une résolution du conflit apparemment difficile à résoudre.

«Les États-Unis sont une superpuissance. Les Palestiniens le savent, et ils savent qu'ils ont besoin d'eux pour résoudre le dilemme, afin de parvenir à une résolution équitable », a-t-elle déclaré.

Mais elle a ajouté qu'il y avait une autre dimension en jeu dans la question palestinienne: la stabilité régionale et mondiale.

«Les Frères musulmans et l'Iran», a-t-elle dit, «revendiquent une légitimité en s'attachant à la cause palestinienne, qu'ils s'en soucient vraiment ou non. Nous savons qu’ils ne s’en soucient pas, mais ils le revendiquent quand même pour leur légitimité.

«Donc, si nous trouverons une solution juste pour le problème israélo-palestinien, la principale source de légitimité sur laquelle s'appuient ces mouvements de déstabilisation disparaîtra. Cela fait de la résolution du conflit une question primordiale pour la stabilité de la région, et ainsi pour la stabilité du monde entier», a déclaré Khatib.

Citant l'importance de l'enquête Arab News-YouGov, elle a déclaré que «de telles discussions factuelles, de tels sondages et même du lobbying sont nécessaires pour que les États-Unis aient une approche plus équilibrée envers le conflit israélo-palestinien».

Trump «comprend la vraie nature du régime iranien»

Khalid-Abdulla Janahi, président de Vision 3, a parlé de la tendance à la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes, estimant que l'accord de normalisation entre Israël et le Bahreïn «s’est fait longtemps attendre». Il a déclaré que les Arabes ne devraient pas dépendre des États-Unis pour résoudre les conflits du Moyen-Orient, mais plutôt affirmer leurs droits en tant que citoyens pour y répondre.

Alors que les Arabes étaient divisés sur certaines questions, une seule question a été à l'origine d'un accord écrasant: indépendamment du candidat vainqueur le 3 novembre, les États-Unis doivent poursuivre la ligne dure de Trump envers l'Iran.

«Contenir l'Iran et le Hezbollah» figurait parmi les quatre principaux problèmes sur lesquels les répondants voulaient que le prochain président américain se concentre. Un tiers des répondants dans les 18 pays ont convenu que les États-Unis devraient poursuivre leurs sanctions en adoptant une posture de guerre.

Pour les Arabes et tous les autres habitants de la région, la question de l'Iran «est l'une des plus épineuses… et ce depuis la révolution de 1979», a déclaré Khedery, qui a servi comme assistant spécial de cinq ambassadeurs américains et autant en tant que conseiller de trois chefs du commandement central américain de 2003 à 2009.

Il a révélé qu'il est plus optimiste quant à la politique de Trump sur l'Iran que de Biden, car Trump «comprend la vraie nature du régime iranien».

«Trump sait bien qu'il ne peut y avoir de paix avec ce qui est, essentiellement, un régime fasciste et génocidaire qui opprime son propre peuple tout en cherchant à répandre la révolution khomeiniste à travers l'Arabie», a-t-il déclaré.

«Obama a dit que les Arabes doivent apprendre à partager l'Arabie avec les perses; cela, par définition, ne peut pas se produire. Le régime iranien actuel cherche à s'étendre et à reconstituer ce qui était autrefois l'empire perse par tous les moyens nécessaires y compris le terrorisme, les génocides ainsi que d’autres activités malignes».

C'est pourquoi, malgré la préférence arabe pour Biden, un deuxième mandat de Trump en tant que président pourrait en fait mieux servir leurs intérêts, a-t-il déclaré.

«Trump reconnaît l'Iran pour ce qu'il est et applique une pression maximale et bien supérieur à ce qu'Obama a fait et que Biden peut faire. En d’autres termes; vivre dans le déni de ce qu'est l'Iran c’est traiter avec ce régime pour ce qu'ils souhaitaient être, par opposition à ce qu'ils sont vraiment», a affirmé Khedery.

Si Biden revient au pouvoir, a déclaré Khedery, il est susceptible de reprendre les négociations avec l'Iran, mais ce faisant, Biden pourrait par mégarde «donner aux Iraniens une autre bouée de sauvetage pour essayer de dominer la région».

S'exprimant au nom de YouGov, Lara Al-Barazi, directrice de recherche de YouGov MENA, a déclaré: «Tout type d'enquête ne peut atteindre tout le monde, donc cela reste un échantillon représentatif de la population qui reflète autant que possible la réalité du terrain».

Les partenaires du débat de vendredi étaient l’Université de l’État de Wayne, Newstalk de la Floride et le Centre pour les initiatives médiatiques et de paix.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.