Les Arabes et leurs attentes du prochain président US, qu’en disent les experts?

Vendredi, l'Unité de recherche et des études d’Arab News a organisé un débat virtuel pour discuter des résultats de l'enquête Arab News / YouGov sur la façon dont les Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord perçoivent les États-Unis et les élections 2020. L'événement a réuni des experts des États-Unis et du Moyen-Orient et a été présidé par Faisal Abbas, rédacteur en chef d’Arab News (Capture d'écran)
Vendredi, l'Unité de recherche et des études d’Arab News a organisé un débat virtuel pour discuter des résultats de l'enquête Arab News / YouGov sur la façon dont les Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord perçoivent les États-Unis et les élections 2020. L'événement a réuni des experts des États-Unis et du Moyen-Orient et a été présidé par Faisal Abbas, rédacteur en chef d’Arab News (Capture d'écran)
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Publié le Lundi 30 novembre 2020

Les Arabes et leurs attentes du prochain président US, qu’en disent les experts?

  • L'événement virtuel organisé par l'Unité de recherche et des études d’Arab News a discuté des résultats de l'étude panarabe Arab News / YouGov
  • Les panélistes ont pesé sur des points de vue concernant des sujets allant d'une éventuelle présidence de Biden au rôle américain dans la médiation israélo-palestinienne

LONDRES: Une nouvelle étude menée par Arab News et la firme de sondage YouGov a révélé les attitudes diverses, souvent surprenantes et parfois contradictoires des Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à l'égard des élections présidentielles américaines de 2020. De la Palestine à l'Iran, d'Obama à Trump, les Arabes ne sont pas toujours d'accord, mais il y a des domaines dans lesquels ils affichent un niveau d'unité remarquable.

Vendredi, l'Unité de recherche et des études d’Arab News a organisé un débat virtuel pour discuter des résultats de l'enquête Arab News / YouGov sur la façon dont les Arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord perçoivent les États-Unis et les élections 2020. L'événement a réuni des experts des États-Unis et du Moyen-Orient et a été présidé par Faisal Abbas, rédacteur en chef d’Arab News.

L’une des principales conclusions de l’étude est que les Arabes, s’ils étaient forcés de choisir entre Donald Trump et Joe Biden, choisiraient sans aucun doute ce dernier. Mais ce soutien au candidat démocrate n'est pas sans réserve. Une majorité (58%) des 3000 personnes interrogées, des Arabes adultes originaires des 18 États du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, ont convenu que Biden, qui a été vice-président de Barack Obama jusqu'en 2017, doit prendre ses distances vis-à-vis des politiques de l'ère Obama.

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Selon Ali Khedery, PDG de Dragoman Ventures, le fait que les Arabes perçoivent de manière extrêmement négative les politiques de l'ère Obama est loin d'être surprenant. Les Arabes reconnaissent que l'héritage de la politique étrangère d'Obama au Moyen-Orient a été n’est autre qu’une succession d’échecs, a-t-il révélé.

« Si nous faisons un rapide tour d'horizon de la région sous Obama, vous vous rappellerez qu'Obama est intervenu militairement en Libye, pour ensuite l'abandonner et la laisser glisser dans une guerre civile et un violent conflit tribal. Il a également abandonné (le président égyptien) Hosni Moubarak, ne réalisant pas le fait que le vide laissé serait comblé par les islamistes, les Frères musulmans en particulier.

Khedery a poursuivi: «Le président Obama a lancé des appels aux Syriens « des agriculteurs et des avocats », pendant qu'ils essayaient de se révolter, et il s'est ensuite assis en contemplant le (président syrien Bashar) Al-Assad perpétrer un génocide et une épuration ethnique, sans rien faire pour l’arrêter.

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L'Iran, considéré par les Arabes comme l'une des principales menaces auxquelles sont confrontés les États-Unis dans le monde, est un autre échec majeur de l'administration Obama-Biden, et dont les Arabes sont particulièrement conscients.

«Obama a même fermé les yeux tandis que l'Iran et le CGRI (Corps des gardiens de la révolution islamique) accentuaient leur influence dans la région à travers la Syrie, l'Irak, le Liban, l'Afghanistan et le Yémen», a déclaré Khedery.

Ces échecs, a-t-il ajouté, n'ont pas échappé aux  Arabes de toute la région qui ne veulent plus un mandat similaire de quatre ans.

«Obama-Biden un grand zéro dans la région»

«Dans l'ensemble, je donnerais à la politique d'Obama-Biden un grand zéro dans la région», a déclaré Khedery, « je ne suis donc pas surpris qu'une majorité d'Arabes veuille que Biden se distancie de l'héritage d'Obama».

Compte tenu du bilan d’Obama, il faut peut-être s’attendre à ce que les Arabes considèrent le meilleur plan d’action de Biden comme un écart par rapport aux politiques de cette époque. Cependant, les sondages d’Arab News-YouGov ont également révélé des opinions surprenantes, et peut-être contradictoires, de la population de la région.

Par rapport à la question palestinienne, et le rôle que les États-Unis devraient jouer pour la résoudre, l’enquête panarabe a fourni certaines données des plus révélatrices.

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Une légère majorité de Palestiniens interrogés dans les territoires occupés (52/48 pour cent) a soutenu les efforts américains pour jouer un plus grand rôle dans la médiation israélo-palestinienne. Dans la même marge, les répondants des 18 pays réunis se sont opposés à cette proposition.

Compte tenu du statut de superpuissance indéniable de Washington, Robert Ford, ancien ambassadeur des États-Unis en Syrie et chercheur principal à l'Institut du Moyen-Orient, a déclaré que le résultat de cette enquêté ne devrait pas surprendre. «Je crois comprendre le résultat du sondage, par rapport aux Palestiniens dans les territoires occupés, c'est qu'ils veulent de l'aide. Ils veulent une influence américaine sur l’ami des États-Unis, Israël, afin de garantir ce que les Palestiniens considèrent comme leurs justes revendications».

Mais la question de savoir si une présidence démocrate répondrait ou non à ce sujet est une autre affaire, a-t-il déclaré. Il a également mentionné qu'il existe un grand ecart au sein du parti entre les jeunes, qui soutiennent la cause palestinienne, et l'aile traditionnelle, dont Biden fait partie, c'est-à-dire « nous ne sommes pas encore là », a déclaré Ford.

Si Biden gagne, «il va y avoir une rupture entre les plus jeunes du parti, qui sont plus à gauche, et certains des démocrates plus traditionnels, dont Biden, qui a déjà indiqué, par exemple, qu'il n'utilisera pas l'aide américaine à Israël pour l’influencer.

Influente mais pas déterminante

Regardant vers l'avenir, Ford a déclaré: «En fait, je ne pense pas qu'il y aura une énorme différence entre les politiques de Donald Trump et celles de Joe Biden au Moyen-Orient.  Je ne pense pas que le président Trump ou le président Biden feront du Moyen-Orient leur priorité majeure. Cela signifie que l’Amérique sera certainement influente dans la région, mais elle ne sera pas déterminante car elle ne veut même pas être résolue.

«Les États-Unis ne quitteront pas le Moyen-Orient, mais nous pouvons nous attendre à davantage politiques dans la même lignée que celles adoptées envers la Syrie. Les forces d'opérations spéciales et les drones, c'est le modèle pour un engagement futur au Moyen-Orient, et cela, des deux côtés, que ce soit, Trump ou Biden.

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Dania Koleilat Khatib, directrice exécutive du Centre de consultation stratégique a fait écho aux vues de Ford sur la division entre les Palestiniens et le monde arabe dans son ensemble. Elle a affirmé que les résultats du sondage soulignent le pragmatisme nécessaire adopté par les Palestiniens, qui sont directement impliqués dans le conflit, qui contraste avec l’idéalisme des Arabes venus d’ailleurs, qui n’ont aucun intérêt direct dans une résolution du conflit apparemment difficile à résoudre.

«Les États-Unis sont une superpuissance. Les Palestiniens le savent, et ils savent qu'ils ont besoin d'eux pour résoudre le dilemme, afin de parvenir à une résolution équitable », a-t-elle déclaré.

Mais elle a ajouté qu'il y avait une autre dimension en jeu dans la question palestinienne: la stabilité régionale et mondiale.

«Les Frères musulmans et l'Iran», a-t-elle dit, «revendiquent une légitimité en s'attachant à la cause palestinienne, qu'ils s'en soucient vraiment ou non. Nous savons qu’ils ne s’en soucient pas, mais ils le revendiquent quand même pour leur légitimité.

«Donc, si nous trouverons une solution juste pour le problème israélo-palestinien, la principale source de légitimité sur laquelle s'appuient ces mouvements de déstabilisation disparaîtra. Cela fait de la résolution du conflit une question primordiale pour la stabilité de la région, et ainsi pour la stabilité du monde entier», a déclaré Khatib.

Citant l'importance de l'enquête Arab News-YouGov, elle a déclaré que «de telles discussions factuelles, de tels sondages et même du lobbying sont nécessaires pour que les États-Unis aient une approche plus équilibrée envers le conflit israélo-palestinien».

Trump «comprend la vraie nature du régime iranien»

Khalid-Abdulla Janahi, président de Vision 3, a parlé de la tendance à la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes, estimant que l'accord de normalisation entre Israël et le Bahreïn «s’est fait longtemps attendre». Il a déclaré que les Arabes ne devraient pas dépendre des États-Unis pour résoudre les conflits du Moyen-Orient, mais plutôt affirmer leurs droits en tant que citoyens pour y répondre.

Alors que les Arabes étaient divisés sur certaines questions, une seule question a été à l'origine d'un accord écrasant: indépendamment du candidat vainqueur le 3 novembre, les États-Unis doivent poursuivre la ligne dure de Trump envers l'Iran.

«Contenir l'Iran et le Hezbollah» figurait parmi les quatre principaux problèmes sur lesquels les répondants voulaient que le prochain président américain se concentre. Un tiers des répondants dans les 18 pays ont convenu que les États-Unis devraient poursuivre leurs sanctions en adoptant une posture de guerre.

Pour les Arabes et tous les autres habitants de la région, la question de l'Iran «est l'une des plus épineuses… et ce depuis la révolution de 1979», a déclaré Khedery, qui a servi comme assistant spécial de cinq ambassadeurs américains et autant en tant que conseiller de trois chefs du commandement central américain de 2003 à 2009.

Il a révélé qu'il est plus optimiste quant à la politique de Trump sur l'Iran que de Biden, car Trump «comprend la vraie nature du régime iranien».

«Trump sait bien qu'il ne peut y avoir de paix avec ce qui est, essentiellement, un régime fasciste et génocidaire qui opprime son propre peuple tout en cherchant à répandre la révolution khomeiniste à travers l'Arabie», a-t-il déclaré.

«Obama a dit que les Arabes doivent apprendre à partager l'Arabie avec les perses; cela, par définition, ne peut pas se produire. Le régime iranien actuel cherche à s'étendre et à reconstituer ce qui était autrefois l'empire perse par tous les moyens nécessaires y compris le terrorisme, les génocides ainsi que d’autres activités malignes».

C'est pourquoi, malgré la préférence arabe pour Biden, un deuxième mandat de Trump en tant que président pourrait en fait mieux servir leurs intérêts, a-t-il déclaré.

«Trump reconnaît l'Iran pour ce qu'il est et applique une pression maximale et bien supérieur à ce qu'Obama a fait et que Biden peut faire. En d’autres termes; vivre dans le déni de ce qu'est l'Iran c’est traiter avec ce régime pour ce qu'ils souhaitaient être, par opposition à ce qu'ils sont vraiment», a affirmé Khedery.

Si Biden revient au pouvoir, a déclaré Khedery, il est susceptible de reprendre les négociations avec l'Iran, mais ce faisant, Biden pourrait par mégarde «donner aux Iraniens une autre bouée de sauvetage pour essayer de dominer la région».

S'exprimant au nom de YouGov, Lara Al-Barazi, directrice de recherche de YouGov MENA, a déclaré: «Tout type d'enquête ne peut atteindre tout le monde, donc cela reste un échantillon représentatif de la population qui reflète autant que possible la réalité du terrain».

Les partenaires du débat de vendredi étaient l’Université de l’État de Wayne, Newstalk de la Floride et le Centre pour les initiatives médiatiques et de paix.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".