Gaza: ouverture des points de passage après une trêve entre Israël et le Jihad islamique

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Publié le Lundi 08 août 2022

Gaza: ouverture des points de passage après une trêve entre Israël et le Jihad islamique

  • Un journaliste de l'AFP a vu entrer des camions de carburant par le point de passage des marchandises de Kerem Shalom
  • Les points de passage entre l'Etat hébreu et la bande de Gaza, fermés mardi par Israël, ont été rouverts "pour des besoins humanitaires lundi"

GAZA: Des camions de carburant sont entrés dans la bande de Gaza lundi matin, après l'entrée en vigueur d'une trêve entre le Jihad islamique et Israël au terme de trois jours d'hostilités qui ont coûté la vie à 44 Palestiniens dans des frappes israéliennes sur l'enclave.

Un journaliste de l'AFP a vu entrer des camions de carburant par le point de passage des marchandises de Kerem Shalom, dans le sud de la bande de Gaza. Samedi, la seule centrale électrique de Gaza a été mise à l'arrêt en raison d'une pénurie de carburant.

Les points de passage entre l'Etat hébreu et la bande de Gaza, fermés mardi par Israël, ont été rouverts "pour des besoins humanitaires lundi", a annoncé dans un communiqué le Cogat, l'organe du ministère israélien de la Défense qui supervise les activités civiles dans les Territoires palestiniens.

"Le retour à la routine se fera en fonction des développements de la situation et si la sécurité est respectée", ajoute le communiqué.

Après cette trêve négociée par l'Egypte, intermédiaire historique entre Israël et les Palestiniens, l'Etat hébreu a aussi annoncé la reprise de la circulation ferroviaire dans la zone proche de la bande de Gaza et autorisé ses citoyens vivant dans les villages limitrophes de l'enclave palestinienne de quitter les abris.

Médicaments, électricité

Dimanche, le bureau du Premier ministre israélien Yaïr Lapid a affirmé que la trêve entrerait en vigueur à 23H30 locales, tout en soulignant que son pays "se réservait le droit de répondre fermement à toute violation".

A Gaza où il est implanté, le Jihad islamique a lui confirmé qu'il "cesserait les hostilités" à partir de cette heure-là, mais a aussi averti qu'il se réservait "le droit de répondre à toute (nouvelle) agression" israélienne.

Joe Biden a salué le cessez-le-feu et remercié le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour le rôle joué par son pays dans sa négociation. Le président américain a également demandé que des enquêtes soient menées sur les victimes civiles, qu'il a qualifiées de "tragédie".

L'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient Tor Wennesland a salué sur Twitter l'accord de trêve mais affirmé "que la situation rest(ait)e très fragile".

L'accord de trêve prévoit entre autres "l'engagement de l'Egypte à oeuvrer en faveur de la libération de deux prisonniers" du Jihad islamique aux mains d'Israël, a affirmé le groupe palestinien.

Dimanche, dix-sept Palestiniens dont neuf enfants ont été tués dans les raids israéliens notamment sur Jabaliya, la ville de Gaza et Rafah, a indiqué le ministère de la Santé du mouvement armé palestinien Hamas, au pouvoir dans l'enclave sous blocus israélien depuis plus de quinze ans.

Depuis le début vendredi de l'opération israélienne, "44 Palestiniens sont tombés en martyrs dont 15 enfants" et "360 ont été blessés", selon le ministère, qui a fait en outre état d'immeubles entiers détruits dans les frappes.

Trois personnes ont été blessées en Israël par les tirs de roquettes depuis vendredi, selon des secouristes. D'après l'armée, des centaines de roquettes ont été tirées à partir de Gaza depuis vendredi, la grande majorité ayant été interceptées.

Les autorités israéliennes ont par ailleurs affirmé que certains Palestiniens tués auraient péri à cause de tirs de roquettes ratés du Jihad islamique vers Israël, tombées dans l'enclave palestinienne.

A Gaza, le directeur de l'hôpital al-Chifa a affirmé que son établissement avait besoin en urgence de médicaments et d'électricité.

« Attaque préventive »

L'armée israélienne a présenté son opération lancée vendredi comme une "attaque préventive" contre le Jihad islamique, au cours de laquelle ses principaux chefs militaires à Gaza, Tayssir Al-Jabari et Khaled Mansour, ont été tués de même que plusieurs combattants du groupe.

La mort des chefs militaires a été confirmée par le Jihad islamique, considéré comme "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Les autorités israéliennes ont justifié leur opération par leurs craintes de représailles du Jihad islamique après l'arrestation de Bassem al-Saadi le 1er août en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël.

Ces derniers jours, quelque 40 membres du Jihad islamique ont été arrêtés par les forces israéliennes en Cisjordanie.

La confrontation entre Israël et le Jihad islamique est la pire depuis celle entre Israël et le Hamas en mai 2021. Cette dernière avait fait en onze jours 260 morts côté palestinien dont des combattants et 14 morts en Israël, dont un soldat, d'après les autorités locales.


Trêve prolongée au Soudan, l'ONU prévoit un million de réfugiés

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  • L'Arabie saoudite et les médiateurs américains annoncent 5 jours supplémentaires de cessez-le-feu
  • L'ONU déclare que les combats entravent l'aide humanitaire à 25 millions de personnes

RIYAD/DJEDDAH: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont annoncé lundi une prolongation de cinq jours d'une trêve conclue entre les parties belligérantes du Soudan, a rapporté l'agence de presse saoudienne, alors que l'ONU avait averti qu'un million de personnes pourraient fuir le pays d'ici octobre.

Les médiateurs ont affirmé que la trêve entre l'armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) vise à permettre la poursuite des activités humanitaires.

Le cessez-le-feu, qui avait été signé le 20 mai et qui devait expirer lundi, n'a pas été entièrement respecté, des combats de faible intensité ayant eu lieu dans la capitale Khartoum et ailleurs.

Dimanche, les médiateurs ont critiqué les violations répétées de la trêve par les deux parties, avertissant que les hostilités constituaient une menace pour le travail humanitaire.

Pendant ce temps, l'ONU a déclaré que plus d'un million de réfugiés fuiraient le Soudan d'ici octobre. Depuis que la guerre a éclaté le 15 avril, plus de 350 000 personnes ont traversé les frontières du Soudan. La plupart se sont rendues en Égypte, au Tchad et au Soudan du Sud et un million de personnes supplémentaires ont été déplacées à l'intérieur du Soudan.

Le HCR avait prédit qu'environ 800 000 Soudanais et 200 000 personnes d'autres nationalités fuiraient le Soudan en six mois, mais le chef de l'agence pour les réfugiés, Filippo Grandi, a déclaré lundi que cette projection est une sous-estimation.

«Cette projection… peut être conservatrice», a-t-il déclaré. «Au début, je ne pensais pas que ce serait le cas, mais maintenant je commence à m'inquiéter.»

L’avènement du chaos au Soudan et «le nombre de personnes prêtes à tout pour s’enfuir» sont un terreau fertile pour le trafic d’être humain, et le flux d’armes traversant les frontières risquent d’aggraver les hostilités, a averti Grandi. «Nous l’avons observé en Libye, avec le Sahel. Nous voulons éviter cette fois une démultiplication des crises et des désastres humanitaires» qu’elles provoquent, a-t-il ajouté.

Des milliers de familles continuent à se terrer chez elles, sans eau courante ni électricité pour beaucoup, par peur des balles perdues.

Les combats ininterrompus entravent l’arrivée de l’aide humanitaire, dont 25 millions de personnes, plus de la moitié de la population, dépend pour survivre.

La situation est pire au Darfour, vaste région de l'Ouest frontalière du Tchad, des maisons ont été pillées et des dizaines de milliers de personnes ont été de nouveau déplacées par ces combats qui sont "une violation flagrante du cessez-le-feu et empêchent la distribution d'aide humanitaire", a annoncé un porte-parole de l’ONU.

Au Darfour-Est, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), "une trentaine de nouveaux-nés sont morts dans un hôpital depuis le début des combats, dont six la même semaine faute d'oxygène durant les coupures d'électricité".

Depuis le début de la guerre le 15 avril, plus de 1.800 personnes ont été tuées, selon l'ONG ACLED.

(Avec AFP).

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des Soudanais déplacés par le conflit se réfugient provisoirement dans l'État d'Al-Jazirah

Des passants près de l'entrée de l'hôpital Medani Heart Centre à Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazirah dans le centre-est du Soudan, le 25 mai 2023 (Photo, AFP).
Des passants près de l'entrée de l'hôpital Medani Heart Centre à Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazirah dans le centre-est du Soudan, le 25 mai 2023 (Photo, AFP).
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  • Al-Jazirah a jusqu'à présent accueilli le plus grand nombre de personnes déplacées par le conflit qui sévit dans la capitale Khartoum
  • L'État est confronté à une pénurie de produits de base habituellement distribués de Khartoum vers les zones périphériques

WAD MADANI, SOUDAN: Des centaines de milliers de civils soudanais ont été déplacés depuis le début des affrontements entre les forces armées soudanaises et les Forces paramilitaires de soutien rapide, il y a six semaines. La grande majorité d'entre eux ont choisi de rester dans le pays.

L'État d'Al-Jazirah, situé à seulement trois heures de route au sud-est de Khartoum, a jusqu'à présent accueilli le plus grand nombre de personnes fuyant le conflit dans la capitale soudanaise. Il représente ainsi un microcosme de la crise des déplacés.

Les personnes fuyant vers Al-Jazirah sont épargnées par le difficile périple à travers les ponts, les cours d'eau et les frontières internationales pour trouver refuge. Toutefois, nombre d'entre elles se heurtent à de nouvelles difficultés à leur arrivée dans les camps de déplacés, avec un accès limité aux soins de santé, aux abris et à la nourriture.

Compte tenu du nombre croissant de personnes déplacées, Al-Jazirah est confrontée à d'alarmantes pénuries de médicaments, de carburant et de nourriture – des biens qui, dans des circonstances normales, seraient distribués depuis Khartoum vers les différents États périphériques du Soudan.

De la fumée s'élève dans le sud de Khartoum durant les combats opposant les forces de deux généraux rivaux au Soudan, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).

Asaad al-Sir Mohammed, commissaire du Soudan chargé de l'aide humanitaire, indique que les organisations humanitaires sont actives sur le terrain à Al-Jazirah pour faire face à l'afflux de personnes déplacées. Mais les moyens sont déjà limités.

«Nous sommes en réseau avec toutes les organisations du Soudan», a-t-il indiqué à Arab News. «Des organisations spécialisées dans la prise en charge des réfugiés nous accompagnent actuellement. Nous collaborons avec l'Organisation mondiale de la santé et le Programme alimentaire mondial.»

Certaines organisations se sont engagées à coordonner leur action avec le ministère soudanais de la Protection sociale, la Commission d'aide humanitaire et la Commission des réfugiés, notamment le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Alight, ZOA, le Conseil danois pour les réfugiés, Medical Teams International et Islamic Relief.

«Nous envisageons d'absorber le premier traumatisme des déplacés et de leur fournir un logement digne. Ensuite, les organisations interviendront», a déclaré M. Mohammed. «Plusieurs organisations, dont Médecins sans frontières, ont déjà commencé à travailler dans le cadre de leur mandat.»

Un patient est transporté sur un brancard à l'hôpital Medani Heart Centre à Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazirah dans le centre-est du Soudan, le 25 mai 2023 (Photo, AFP).

Cependant, malgré une étroite coordination entre les comités de service et les autorités de l'État d'Al-Jazirah, M. Mohammed estime que le nombre de personnes déplacées risque d'entraîner des pénuries encore plus importantes si les agences d'aide et le Comité suprême de Khartoum n'agissent pas rapidement.

Les producteurs alimentaires locaux sont notamment contraints d'augmenter leur production afin de répondre à l'augmentation du nombre de bouches à nourrir et à l'effondrement des chaînes d'approvisionnement en provenance de la capitale.

Mudther Abdul Karim, qui représente les producteurs de farine locaux, a déclaré à Arab News que les sept plus grandes minoteries d'Al-Jazirah devront probablement faire face à une augmentation de leur charge de travail en raison de la fermeture de plusieurs unités à Khartoum liée aux combats.

Toutes les minoteries d'Al-Jazirah ont été obligées de fonctionner à plein régime, explique M. Abdul Karim. Les autorités ont pris des mesures pour importer de la farine des minoteries de l'État de la mer Rouge et des pays voisins afin de répondre à l'augmentation de la demande.

Un Soudanais récolte des oignons dans la région d’Al-Jazirah, au sud de Khartoum, le 11 mai 2023. Alors que les combats à Khartoum ne montrent aucun signe de répit, les propriétaires de petites entreprises se sont retrouvés à perte, sans aucune perspective de rattraper les semaines de ralentissement sans précédent (Photo, AFP).

Pour ce qui est du carburant, bien que l'État bénéficie d'un approvisionnement direct via un pipeline de 217 kilomètres de long relié à la raffinerie d'Al-Jely, de nombreux citoyens sont encore contraints de faire la queue pendant plus de deux jours pour faire le plein de leurs voitures et de leurs jerrycans.

Pour faire face à la marée humaine qui fuit Khartoum, Fatah Al-Rahman Taha, ministre soudanais de la Protection sociale, a indiqué à Arab News que le camp 5 dans l'État d'Al-Qadarif, qui accueillait les Éthiopiens déplacés par la guerre du Tigré, était rouvert afin d'accueillir de nouveaux arrivants.

«Le problème de la guerre est une réalité imposée, mais les nuages se dissiperont et le Soudan se relèvera», a affirmé M. Taha.

Un homme passe devant une station-service fermée à Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazirah dans le centre-est du Soudan, le 18 mai 2023 (Photo, AFP).

Les combats au Soudan ont tué plus de 1 800 personnes, selon le projet ACLED (Armed Conflict Location and Event Data Project). Les Nations unies indiquent que plus d'un million de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays, et que 300 000 autres ont fui vers les pays voisins.

Les civils, de plus en plus désespérés, attendent de brèves accalmies pour fuir ou pour recevoir de l'aide, car les combats ont réduit les réserves de nourriture, d'eau et d'électricité de Khartoum.

Il n'est pas facile de s'échapper de la zone de conflit. Les conseils aux voyageurs occidentaux indiquent que l'aéroport international de Khartoum est fermé, que les vols d'évacuation depuis la base aérienne de Wadi Saeedna, au nord de Khartoum, sont interrompus et que les possibilités d'évacuation depuis Port-Soudan sont limitées.

Par conséquent, les personnes cherchant à quitter le Soudan par des moyens commerciaux doivent le faire à leurs risques et périls. Par ailleurs, la sécurité et la fiabilité des compagnies aériennes locales suscitent de vives inquiétudes, nombre d'entre elles étant interdites d'exploitation dans l'espace aérien international.


Au Maroc, accusations de laxisme judiciaire après le viol d'une mineure

La famille d'une mineure marocaine violée a dénoncé lundi la peine de prison, selon elle indulgente, infligée aux six accusés dans cette affaire (Photo, AFP).
La famille d'une mineure marocaine violée a dénoncé lundi la peine de prison, selon elle indulgente, infligée aux six accusés dans cette affaire (Photo, AFP).
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  • Fatima-Zahra, âgée de 15 ans au moment des faits, a été violée par six hommes dans un village près de Tata (sud-est du pays) en 2021
  • En décembre 2021, le tribunal de première instance d'Agadir (sud) a condamné les six accusés à un an de prison chacun pour «attentat à la pudeur sur mineure»

RABAT: La famille d'une mineure marocaine violée a dénoncé lundi la peine de prison, selon elle indulgente, infligée aux six accusés dans cette affaire qui rappelle un cas similaire ayant scandalisé le Maroc il y a quelques semaines.

Fatima-Zahra, âgée de 15 ans au moment des faits, a été violée par six hommes dans un village près de Tata (sud-est du pays) en 2021, ce qui a provoqué une grossesse, a indiqué l'oncle de l'adolescente qui a requis l'anonymat.

A la suite d'une plainte de la famille, "les investigations ont abouti à l'identification d'un suspect principal, qui est l'entraîneur de la jeune fille dans une équipe de football locale, ainsi que cinq autres hommes l'ayant également violée", a précisé l'oncle, à la veille du procès en appel des accusés.

La police a pu arrêter cinq suspects tandis que le sixième est toujours en fuite.

En décembre 2021, le tribunal de première instance d'Agadir (sud) a condamné les six accusés à un an de prison chacun pour "attentat à la pudeur sur mineure".

Un verdict "injuste et illogique", a regretté le parent de la victime, affirmant que sa nièce, mère d'un enfant de huit mois, était "dans un état inimaginable".

La famille appelle "à ce que justice lui soit rendue".

«Répétition»

Le procès en appel dans cette affaire doit s'ouvrir mercredi devant un tribunal d'Agadir, où les accusés comparaîtront en liberté car ils ont purgé leur peine.

Selon les médias marocains, ce drame résonne comme une "répétition" d'un autre cas où trois hommes accusés de viol à répétition sur une fillette de 11 ans avaient été condamnés en mars dernier en première instance à deux ans de prison, des peines dont la clémence avaient choqué l'opinion.

Après une forte mobilisation de la société civile, l'un des accusés a finalement écopé en appel de 20 ans de prison ferme et ses deux complices de 10 ans chacun.

Au Maroc, ONG et médias tirent fréquemment la sonnette d'alarme sur les cas de violences sexuelles contre les mineurs et appellent à des sanctions plus sévères.