Israël: la pandémie accroît les tensions entre ultra-orthodoxes et modérés

Le rabbin Chaïm Kanievsky (Photo, Yaakov NAHUMI/AFP).
Le rabbin Chaïm Kanievsky (Photo, Yaakov NAHUMI/AFP).
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Publié le Dimanche 01 novembre 2020

Israël: la pandémie accroît les tensions entre ultra-orthodoxes et modérés

  • L'influent rabbin Chaïm Kanievsky s'est attiré les foudres de nombreux Israéliens en minimisant la gravité du virus, un comportement « dangereux » selon ses détracteurs
  • Ces dernières semaines, il a de nouveau été épinglé pour avoir autorisé la réouverture d'écoles talmudiques, violant ainsi des instructions du gouvernement

BNEI BRAK, Israël: Illustrant la résurgence avec la pandémie des tensions entre ultra-orthodoxes et autres juifs en Israël, l'influent rabbin Chaïm Kanievsky s'est attiré les foudres de nombreux Israéliens en minimisant la gravité du virus, un comportement « dangereux » selon ses détracteurs, mais « incompris » pour ses fidèles.

Lorsqu'Israël s'est confiné pour la première fois en mars, une vidéo a fait grand bruit : Chaïm Kanievsky, figure du monde juif ultra-orthodoxe, semblait y découvrir l'existence d'un virus frappant le monde entier et affirmait que cela ne devait pas justifier la fermeture des écoles religieuses.

Ces dernières semaines, il a de nouveau été épinglé pour avoir autorisé la réouverture d'écoles talmudiques, violant ainsi des instructions du gouvernement, qui a opté pour une sortie progressive du second confinement imposé en septembre.

Chaïm Kanievsky, 92 ans, barbe blanche vaporeuse et dos voûté, est un « maître », voire le « Prince de la Torah », pour ses adeptes qui respectent à la lettre ses consignes.

Pour beaucoup d'Israéliens, les haredim (les « craignants » Dieu en hébreu, ou ultra-orthodoxes) sont en grande partie responsables de la circulation du virus dans le pays, qui a enregistré en septembre l'un des taux de contamination les plus élevés au monde.

Au point où, dans les pages du quotidien Jerusalem Post, un commentateur a décrit le comportement de Kanievsky « d'extrêmement dangereux », tenant d'une « désobéissance civile » sans précédent.

« Ligne rouge »

Dans un rare entretien, le petit-fils du rabbin, Yaakov Kanievsky, estime toutefois que le comportement de son grand-père a été mal interprété.

« Personne ici n'est fou, tout le monde comprend (le risque) », affirme-t-il dans le modeste appartement de son grand-père à Bnei Brak, ville majoritairement ultra-orthodoxe près de Tel-Aviv.

La vidéo diffusée en mars, dans laquelle Chaïm Kanievsky assure que le virus n'est pas dangereux, « n'aurait pas du être rendue publique », assure son petit-fils, lui-même rabbin, qui apparaît aussi dans l'enregistrement.

Le vieux rabbin a d'ailleurs adapté certaines pratiques aux exigences de la lutte contre le nouveau coronavirus en fermant des synagogues et en autorisant l'utilisation exceptionnelle du téléphone portable lors du shabbat (jour de repos) pour partager des informations urgentes sur la pandémie, ajoute Yaakov Kanievsky.

Mais la fermeture des yeshivot, les écoles talmudiques, constitue une « ligne rouge » pour le rabbin, indique son petit-fils, dans un minuscule bureau où s'alignent les textes religieux: « Pour lui, la chose la plus importante au monde est l'étude de la Torah. Sans ça, plus rien n'a de sens ».

Et comme ses élèves n'utilisent ni smartphones, ni ordinateurs, proscrits par leur interprétation stricte du judaïsme, l'enseignement à distance n'est pas une option.

Divergence orthodoxe

Les grands blocs orthodoxes d'Israël ont réagi différemment à la pandémie, relèvent des spécialistes.

Les orthodoxes originaires des pays orientaux ont globalement respecté les mesures des autorités, quand les juifs hassidiques, une communauté issue de Pologne et d'Ukraine sans leader spirituel unique, ont « totalement désobéi », souligne Benjamin Brown, professeur de pensée juive à l'Université hébraïque de Jérusalem.

Certains juifs hassidiques, de tendances antisionistes, sont même allés jusqu'à insulter les policiers israéliens de « nazis » lorsqu'ils tentaient de faire respecter les instructions sanitaires dans leurs quartiers.

Les adeptes de Kanievsky, né en Biélorussie et leader des juifs de la communauté lituanienne, ne se rangent pas dans cette catégorie, assure son petit-fils, reconnaissant toutefois un taux d'infection plus élevé chez les haredim, qui vivent avec des familles nombreuses dans de petits logements. 

En filigrane de la pandémie, certains observateurs estiment que le petit-fils s'impose progressivement dans la communauté, explique Gilad Malach, expert du monde ultra-orthodoxe à l'Institut de la démocratie israélienne, centre de réflexion basé à Jérusalem.

Yaakov Kanievsky « est fort (...) il manipule son grand-père, toutes les informations qui ne concernent pas la Torah viennent de lui », selon M. Malach.

Preuve de cette influence, Yaakov Kanievsky s'est entretenu ces derniers jours avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu au sujet de la réouverture des écoles religieuses, confortant sa position d'émissaire auprès de la scène politique.

Mais cela ne l'empêche pas de défendre coûte que coûte son grand-père en affirmant que ceux qui l'accusent d'ignorer l'importance des mesures sanitaires sous-estiment son attachement à « la vie » : « Plus vous êtes religieux et plus votre foi en le caractère sacré de la vie est fort ».


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.


Syrie: 11 morts dans de nouveaux affrontements confessionnels près de Damas

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
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  • Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut
  • En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements à caractère confessionnel aux environs de Damas, a annoncé mercredi une ONG, au lendemain d'accrochages meurtriers dans une localité syrienne voisine à majorité druze qui ont fait 17 morts.

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus de mortier s'abattent sur nos maisons", a déclaré à l'AFP au téléphone Samer Rafaa, un habitant et militant actif de Sahnaya, où une partie de la population est druze.

Selon l'OSDH, basée en Grande-Bretagne mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, l'un des deux morts à Sahnaya est un combattant druze.

Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut à la localité.

En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements.

Ces violences ont réveillé le spectre des affrontements confessionnels, après des massacres qui ont visé en mars la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

L'attaque contre Jaramana a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message et les chefs spirituels de la minorité druze ont condamné toute atteinte au prophète.


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com