RDC: Les Etats-Unis «préoccupés» par des informations sur un soutien du Rwanda à une rébellion

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken et le ministre congolais des Affaires étrangères Christophe Lutundula donnent une conférence de presse à Kinshasa, au Congo (Photo, AFP).
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken et le ministre congolais des Affaires étrangères Christophe Lutundula donnent une conférence de presse à Kinshasa, au Congo (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 10 août 2022

RDC: Les Etats-Unis «préoccupés» par des informations sur un soutien du Rwanda à une rébellion

  • Dans un communiqué, 19 organisations congolaises et américaines ont appelé à une condamnation ferme de Kigali
  • Le M23 est une ancienne rébellion à dominante tutsie vaincue en 2013

KINSHASA: Le secrétaire d’État américain Antony Blinken en visite en République démocratique du Congo a évoqué mardi la préoccupation des États-Unis après des informations "crédibles" faisant état d'un soutien du Rwanda à une rébellion qui a resurgi dans l'est congolais.

"Nous sommes très préoccupés par les informations crédibles selon lesquelles le Rwanda a soutenu le M23", a déclaré le secrétaire d’État américain lors d'une conférence de presse à l'issue d'un tête-à-tête avec le président congolais Félix Tshisekedi.

"Tous les pays doivent respecter l'intégrité territoriale de leurs voisins", a-t-il insisté.

Le M23 est une ancienne rébellion à dominante tutsie vaincue en 2013, qui a repris les armes en fin d'année dernière en reprochant à Kinshasa de n'avoir pas respecté des accords sur la démobilisation et réinsertion de ses combattants. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le M23, ce que dément Kigali.

Dans un rapport de 131 pages au Conseil de sécurité de l'ONU consulté la semaine dernière par l'AFP, des experts missionnés par cette institution ont déclaré que les troupes rwandaises étaient intervenues militairement à l'intérieur de la RDC depuis novembre 2021.

Le Rwanda a également "fourni des renforts de troupes" pour des opérations spécifiques du M23, selon le rapport des experts, "en particulier lorsque celles-ci visaient à s'emparer de villes et de zones stratégiques".

"Nous demandons que le Conseil de sécurité publie [ce] rapport dans son intégralité", a déclaré Christophe Lutundula, ministre congolais des Affaires étrangères, lors de la conférence de presse conjointe avec M. Blinken.

"Toute entrée de forces étrangères en RDC doit se faire de manière transparente et avec le consentement de la RDC. C'est la raison principale pour laquelle je suis ici", a indiqué M. Blinken.

"Il est juste de dire que nous ne fermons certainement pas les yeux", a ajouté le chef de la diplomatie américaine, qui a affirmé que les États-Unis apportent un soutien aux "très importants efforts de médiation menés par l'Afrique".

L'est de la RDC est infesté par une centaine de groupes armés qui sèment la mort depuis près de 30 ans. le M23 est l'un des plus actifs actuellement.

Après sa visite d'une journée à Kinshasa, M. Blinken doit se rendre au Rwanda, dernière étape de sa tournée africaine.

Dans un communiqué, 19 organisations congolaises et américaines ont appelé à une condamnation ferme de Kigali.

"Antony Blinken devrait clairement affirmer que les États-Unis imposeront des sanctions ciblées aux responsables gouvernementaux et aux autres personnes qui soutiennent des groupes armés qui commettent des abus" dans l'est de la RDC, ont écrit ces organisations.

«Les vérités qui dérangent»

"Le secrétaire d’État Blinken devrait informer le président rwandais Paul Kagame que les États-Unis ne toléreront aucun soutien au M23, comme l’a fait le président Barack Obama en 2012", a déclaré le Père Rigobert Minani Bihuzo du Centre d'études pour l'Action sociale (CEPAS), un des signataires.

Le chef de la diplomatie américaine devrait pendant ses visites au Rwanda et en RDC "exprimer clairement les vérités qui dérangent", "condamner publiquement les attaques du M23 dans les termes les plus fermes" et "avertir le Rwanda des conséquences de son soutien au M23", a estimé l'ONG américaine Human Rights Watch (HRW).

"Comme en 2012, le M23 commet des crimes de guerre contre des civils" dans l'est de la RDC, souligne cette organisation de défense des droits de l'homme, en précisant que "des témoins ont décrit des exécutions sommaires d’au moins 29 personnes".

Kinshasa et Kigali entretiennent des relations tendues depuis l'afflux massif de Hutu rwandais accusés d'avoir massacré des Tutsis lors du génocide rwandais de 1994. Les relations ont commencé à se dégeler après l'arrivée au pouvoir de Tshisekedi en 2019, mais la résurgence du M23 a ravivé les tensions.

Pour la restauration de la paix dans cette partie du territoire congolais, deux initiatives diplomatiques africaines sont en cours. Elles sont menées par les présidents kenyan Uhuru Kenyatta - pour le désarmement de la centaine de groupes armés actifs - et angolais Joao Lourenco, pour obtenir la désescalade entre Kinshasa et Kigali, accusé de soutenir le M23. Ce que dément le Rwanda.

M. Blinken a demandé au M23 et à tous les groupes armés locaux et étrangers de déposer les armes et d'intégrer le processus de paix.


Russie: le cycliste français Sofiane Sehili libéré

Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti. (AFP)
Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti. (AFP)
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  • Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe
  • Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu'ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté

MOSCOU: Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été condamné jeudi à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l'agence publique russe RIA Novosti.

Un tribunal de la localité de Pogranitchny, dans la région de Primorié (Extrême-Orient russe), a "reconnu Sofiane Sehili coupable" et l'a condamné "à une amende de 50.000 roubles" (environ 530 euros), a annoncé la juge Irina Billé, citée par l'agence.

Compte tenu du temps passé en détention provisoire, le cycliste de 44 ans a été exempté du paiement de l'amende et libéré dans la salle du tribunal, selon la même source.

Contactée par l'AFP, l'avocate de Sofiane Sehili, Alla Kouchnir, n'était pas joignable dans l'immédiat.

Accusé de "franchissement illégal de la frontière" russe, M. Sehili risquait jusqu'à deux ans de prison.

Il a été arrêté début septembre en Extrême-Orient russe, censé être l'étape finale de son record du monde de la traversée eurasienne à vélo, et était depuis en détention provisoire dans l'attente de son procès.

Le cycliste d'endurance français avait voulu pédaler en Russie depuis la Chine via un poste-frontière qui n'était franchissable qu'en train ou en autocar, selon un responsable d'une commission publique de contrôle des prisons, Vladimir Naïdine.

Or, utiliser ces modes de transport aurait invalidé son record après plus de 60 jours et des milliers de kilomètres d'effort.

Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe.

Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu'ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté.

"Il ne pensait qu'à son exploit sportif", avait-elle expliqué.

Ancien documentaliste au magazine culturel Télérama, Sofiane Sehili s'est spécialisé dans l'ultracyclisme, fait d'épreuves longues de plusieurs centaines ou milliers de kilomètres.

Plusieurs ressortissants occidentaux ont été arrêtés en Russie depuis le début de l'offensive à grande échelle en Ukraine en 2022, et les relations diplomatiques entre Paris et Moscou sont glaciales.


Washington menace Bogota, 5 morts dans des frappes américaines dans le Pacifique

Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro. (AFP)
Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro. (AFP)
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  • Dans le même temps, les Etats-Unis ont frappé un deuxième bateau dans l'océan Pacifique mercredi, après une première attaque mardi, selon le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, faisant cinq morts au total
  • Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, n'avaient jusqu'à présent eu lieu que dans les Caraïbes

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont à nouveau frappé mercredi un bateau soupçonné de trafic de drogue dans l'océan Pacifique, portant le total à cinq morts en deux jours, et menacé directement le président colombien Gustavo Petro.

Le président américain Donald Trump a qualifié M. Petro de "baron de la drogue" et de "pire président que la Colombie ait jamais eu". L'élu de gauche a répondu en annonçant porter plainte pour diffamation devant la justice américaine.

M. Trump, qui a déjà proféré des menaces similaires à l'encontre du dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro, a également invité M. Petro à "faire attention". Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a de son côté qualifié le dirigeant colombien de "fou".

Dans le même temps, les Etats-Unis ont frappé un deuxième bateau dans l'océan Pacifique mercredi, après une première attaque mardi, selon le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, faisant cinq morts au total.

Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, n'avaient jusqu'à présent eu lieu que dans les Caraïbes.

Une source militaire colombienne a affirmé à l'AFP que la frappe de mardi s'était produite "près" mais non à l'intérieur des eaux coombiennes.

Au total, les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques de ce type ces dernières semaines, pour 37 morts.

L'origine des navires visés – huit bateaux et un semi-submersible – n'a pas été précisée, mais certains ont été détruits au large du Venezuela.

"Inacceptable" 

Washington a déployé des avions de chasse et des navires dans ce qu'il revendique comme une lutte contre le narcotrafic.

La Maison Blanche et le Pentagone ont toutefois produit peu de preuves pour étayer leurs affirmations selon lesquelles les personnes ciblées étaient impliquées dans le trafic de drogue.

Le Pentagone a déclaré au Congrès que les Etats-Unis étaient en "conflit armé" avec les cartels sud-américains, les qualifiant de groupes terroristes.

"Tout comme Al-Qaïda a mené une guerre contre notre patrie, ces cartels mènent une guerre contre notre frontière et notre peuple. Il n'y aura ni refuge ni pardon, seulement la justice ", a déclaré M. Hegset.

Mais selon les experts, les exécutions extrajudiciaires restent illégales, même si elles visent des narcotrafiquants présumés.

La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, mais elle travaille depuis des décennies avec les Etats-Unis pour en réduire la production, contrôlée par divers groupes paramilitaires, cartels et guérillas.

"Ce qui est en jeu, c'est une relation historique vieille de plus de 200 ans, qui profite aux Etats-Unis comme à la Colombie", s'est alarmé mercredi l'ambassadeur colombien à Washington Daniel García-Peña, dans un entretien à l'AFP, après avoir été rappelé à Bogota pour consultation

"Nous sommes face à un gouvernement américain qui cherche à changer le paradigme (...) de ses relations internationales, dans lequel l'incertitude joue malheureusement un rôle très important", a-t-il ajouté, jugeant les menaces de Donald Trump "inacceptables".

Le Venezuela a de son côté accusé les Etats-Unis de prétexter de la lutte contre le trafic de drogue pour tenter de renverser son président, Nicolas Maduro. Celui-ci a affirmé mercredi que son pays disposait de 5.000 missiles antiaériens portables pour contrer les forces américaines.


Rubio affirme que les projets d'annexion d'Israël en Cisjordanie «menacent» la trêve à Gaza

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio. (AFP)
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  • Marco Rubio a averti que les projets de loi israéliens visant à étendre la souveraineté en Cisjordanie risquent de compromettre la trêve à Gaza, soulignant que les États-Unis, sous Donald Trump, ne peuvent pas les soutenir pour le moment
  • Malgré le soutien de l’extrême droite israélienne à l’annexion, Washington redoute que ces initiatives ravivent les tensions en Cisjordanie et fragilisent les efforts de paix en cours

WASHINGTON: Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a mis en garde mercredi sur le fait que le vote au parlement israélien de projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie risquait de "menacer" la trêve à Gaza.

"Je pense que le président (Donald Trump) s'est assuré que ce n'est pas quelque chose que nous pouvons soutenir pour le moment", a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il partait pour Israël, où il est attendu jeudi, affirmant que cela "menacerait" le cessez-le-feu et serait "contre-productif".

La Knesset, le Parlement israélien, s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est opposé à toute annexion de la Cisjordanie par Israël, un projet soutenu par l'extrême droite israélienne.

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser leur examen en première lecture.

Israël a approuvé en août un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers.

"C'est une démocratie, ils vont voter", a déclaré M. Rubio.

"Mais pour l'instant, c'est quelque chose qui, selon nous, pourrait être contre-productif", a-t-il ajouté.

Interrogé sur la recrudescence des violences commises par des colons israéliens extrémistes contre les Palestiniens en Cisjordanie, M. Rubio a déclaré: "Nous sommes préoccupés par tout ce qui menace de déstabiliser le fruit de nos efforts".

Marco Rubio se rend en Israël dans la foulée du vice-président JD Vance, qui s'est montré globalement optimiste quant au maintien de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Entré en vigueur le 10 octobre et basé sur un plan de M. Trump, cet accord avait paru vaciller dimanche après des violences meurtrières à Gaza et des échanges d'accusations de violations de la trêve.

"Il y aura chaque jour des menaces, mais je pense en réalité que nous sommes en avance sur le calendrier en termes de mise en place, et le fait que nous ayons traversé ce week-end est un bon signe", a dit M. Rubio.