En Russie, une «  révolution culturelle » conservatrice est en marche

la star du cinéma Sergueï Bezroukov, persona non grata en Union Européenne. (AFP).
la star du cinéma Sergueï Bezroukov, persona non grata en Union Européenne. (AFP).
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Publié le Jeudi 11 août 2022

En Russie, une «  révolution culturelle » conservatrice est en marche

  • Fin juillet, le chef du groupe parlementaire pro-Kremlin "Russie Juste", Sergueï Mironov, a appelé à dresser une "liste blanche d'artistes patriotes"
  • Le président Vladimir Poutine se fait depuis des années le gardien des "valeurs traditionnelles" face à un Occident dépeint comme décadent

MOSCOU: "Profiter de l'isolement pour renouer avec nos traditions": de plus en plus coupée du monde occidental à cause de son offensive en Ukraine, la Russie a lancé une "révolution culturelle" conservatrice aux allures d'épuration artistique.

Si le président Vladimir Poutine se fait depuis des années le gardien des "valeurs traditionnelles" face à un Occident dépeint comme décadent, la crise avec les pays européens et les Etats-Unis donne un nouvel écho à cette rhétorique.

Et dans ce culte exacerbé des valeurs conservatrices, dont les piliers sont la foi orthodoxe, le patriotisme et la défense de la "vérité historique" telle que vue par le Kremlin, le monde culturel est appelé à jouer les premiers rôles.

Pour la star du cinéma Sergueï Bezroukov, persona non grata en Union Européenne à cause de son soutien public à l'intervention militaire en Ukraine, "nous devons profiter de l'isolement pour renouer avec nos traditions".

"Pendant 30 ans, on a vécu dans l'univers américain de Marvel. Il est temps de créer le nôtre", estime le comédien de 48 ans, qui reçoit l'AFP au théâtre moscovite Goubernski, qu'il dirige.

"Revenir en URSS est impossible, mais on peut redonner foi dans la Russie (...) et ne plus bafouer nos vraies valeurs", ajoute l'acteur. "Et le mot +patriote+ ne doit plus être une injure", insiste-t-il.

Comme lui, nombre de célébrités russes ont acclamé l'offensive en Ukraine et le virage conservateur qui l'accompagne.

"Les événements épiques auxquels nous assistons lancent une vraie révolution conservatrice", s'exclame Edouard Boïakov, créateur du festival du théâtre contestataire Nouveau Drame et aujourd'hui défenseur ardent de l'opération militaire.

Liste noire et liste blanche 

De l'autre côté, des célébrités qui critiquent publiquement l'offensive en Ukraine sont aujourd'hui mises à l'index.

"Plus de 100 prestations musicales ont été annulées depuis février", indique à l'AFP Alexeï Kozine, directeur de Navigator Records, principale compagnie qui édite le rock russe.

Une "liste noire" qui circule dans ces milieux compte, selon lui, une quarantaine de musiciens, dont le rocker Iouri Chevtchouk, qui a accusé le Kremlin de "tuer les jeunes Russes et Ukrainiens", lors d'un concert en mai.

Fin juillet, le chef du groupe parlementaire pro-Kremlin "Russie Juste", Sergueï Mironov, a appelé à dresser une "liste blanche d'artistes patriotes" pour expliquer au public "qui est qui dans l'art russe aujourd'hui".

En attendant, le pouvoir a commencé à mettre au pas les théâtres.

Fin juin, la mairie de Moscou n'a ainsi pas reconduit les contrats avec les directeurs artistiques de trois théâtres du Nouveau drame, dont le Centre Gogol du metteur en scène Kirill Serebrennikov, opposé à l'offensive en Ukraine.

"Les contrats ont expiré", a sommairement justifié la mairie, qui avait déjà annoncé en mars cinq fusions de théâtres pour "optimiser" le système.

"Le pouvoir ne veut plus d'art provocateur, préférant l'art tranquille, voire ennuyeux, mais rassurant", explique à l'AFP le dramaturge du Centre Gogol Valéri Petcheïkine.

"Résultat, le théâtre reviendra aux grands classiques, le cinéma aux comédies reposantes et les musées aux expositions équilibrées", anticipe-t-il.

« Moment de vérité »

A cela s'ajoutent des annulations d'expositions, comme celle de l'artiste russo-américain Grisha Bruskine, consacrée aux "idéologies et leurs mythes", close en avril, trois mois plus tôt que prévu, "pour des raisons techniques".

"En pleine guerre en Ukraine, une révolution culturelle se produit en Russie", met en garde sur les réseaux sociaux Marina Davydova, rédactrice en chef de la revue Teatr, aujourd'hui en exil.

"Après 30 ans de libéralisme pro-occidental, une révolution conservatrice est en cours en Russie", se réjouit Olga Andreeva, de l'hebdomadaire conservateur russe "Expert".

"C'est le moment de vérité sur le chemin de la Russie dans l'éternelle lutte entre les occidentalistes et les slavophiles", qui trouve ses origines au 19ème siècle, dit-elle à l'AFP.

Et M. Poutine donne lui-même le ton.

En mars, il a appelé la nation à "se purifier" des "traîtres" qui "gagnent leur argent ici, mais qui vivent là-bas (en Occident, NDLR) même pas au sens géographique du terme, mais selon leurs pensées, dans leur conscience servile".

En juillet, il a pris la tête du nouveau mouvement des jeunes, Bolchaïa Peremena, qui rappelle celui des "Pionniers" soviétiques.

Symbole de ce virage, le monument du soldat inconnu a remplacé le dieu grec des arts Apollon au fronton du théâtre Bolchoï sur le nouveau billet de 100 roubles, mis en circulation fin juin.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.