Les Algériens votent au compte-gouttes pour le "changement"

Le Premier ministre algérien Abdelmadjid Djerad s'inscrit dans un bureau de vote dans la capitale Alger. (AFP)
Le Premier ministre algérien Abdelmadjid Djerad s'inscrit dans un bureau de vote dans la capitale Alger. (AFP)
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Publié le Lundi 02 novembre 2020

Les Algériens votent au compte-gouttes pour le "changement"

  • Les Algériens ont voté au compte-gouttes dimanche, disant s'être prononcés pour un "changement" et une "nouvelle Algérie"
  • "J'ai voté "oui" car je suis pour le changement"

ALGER: Les Algériens ont voté au compte-gouttes dimanche, disant s'être prononcés pour un "changement" et une "nouvelle Algérie" lors d'un référendum sur une révision de la Constitution, tandis que les partisans d'un boycott ont décrié une opération de vote viciée.

Au centre de vote Pasteur, au coeur d'Alger, rares sont les électeurs à avoir glissé leur bulletin dans l'urne pendant la matinée. Protocole sanitaire oblige, ils se présentent le visage camouflé par leur masque. 

A l'entrée, un agent électoral prend leur température et les invite à se désinfecter les mains avant de procéder au vote, pour ou contre l'"Algérie nouvelle" promise par le président Abdelmadjid Tebboune, promoteur de cette réforme constitutionnelle.

"J'ai voté "oui" car je suis pour le changement", explique à l'AFP Abdennour Gueniche, un commerçant de 34 ans. 

"Je suis optimiste pour l'avenir. Dans ses discours, le président Tebboune promet d'accorder une place importante aux jeunes", avance-t-il. 

Dans la capitale algérienne, le dispositif sécuritaire a été renforcé pour empêcher toute tentative de rassemblement en ce jour d'élection et de commémoration du 66e anniversaire du début de la Guerre d'indépendance contre la puissance coloniale française (1954-1962).

Des véhicules de la police anti-émeute ont été déployés, notamment autour de la Grande Poste, lieu emblématique des rassemblements du "Hirak", le mouvement de protestation populaire inédit né en février 2019.

"J'ai voté +oui+ pour que mon pays ne s'effondre pas !", lance, ému, Djilali Bouazza, un retraité de 78 ans.

Mais vers 10H00 (09H00 GMT), sur 249 inscrits dans l'un des 17 bureaux de vote du centre Pasteur, seuls six électeurs avaient voté. "A Alger, les habitants votent en général à partir de la mi-journée", précise à l'AFP le président du bureau, Rachid Drasni.

Mahrez Lamari, ancien responsable d'une organisation panafricaine, a aussi opté pour le "oui". 

"Aujourd'hui j'ai voté pour +l'Algérie nouvelle+, pour que les pratiques anciennes soient révolues à jamais et pour que la paix, la concorde, la stabilité, l'union et la solidarité reviennent au pays", dit-il.

Participation

A Birkhadem, dans la banlieue sud d'Alger, Ahmed Mohand a choisi de ne pas aller voter. 

"Je ne vote plus depuis que (Abdelaziz) Bouteflika s'est accaparé le pouvoir. Depuis, toutes les élections sont truquées", affirme l'octogénaire.

L'ex-président déchu a été forcé par la rue à démissionner en avril 2019 après vingt ans à la tête du pays.

"Il y a trop de divisions autour de ce projet", estime M. Mohand. 

Les opposants à la révision constitutionnelle -- partis politiques ou coalitions citoyennes -- n'ont pas pu tenir de meetings durant la campagne électorale.

Les partisans du "Hirak" ont appelé à boycotter le scrutin alors que les islamistes ont appelé à voter "non".

Si à Alger, les opérations de vote se sont déroulées dans le calme, sinon dans l'indifférence de large pans de la population, certaines régions ont manifesté plus vigoureusement leur opposition au référendum en poussant les autorités à fermer les bureaux de vote.

Dans les wilayas (préfectures) de Bejaïa et Tizi Ouzou, en Kabylie, presque tous les bureaux ont fermé leurs portes à la suite de divers incidents -- urnes et bulletins détruits -- et marches de protestation, selon les médias locaux.

"Voter le 1er novembre, c'est trahir la mémoire des martyrs", affichait une banderole déployée par des jeunes à Béjaïa.

L'élection présidentielle du 12 décembre 2019 avait été marquée par une abstention record de plus de 60%.

Un an après, le taux de participation est à nouveau le véritable enjeu du scrutin, et selon les chiffres de participation disponibles en début d'après-midi (13,03 % à 14 heures locales), il s'annonce d'ores et déjà très faible.

Les 61.000 bureaux de vote doivent fermer à 19H00 (18H00 GMT).


La Turquie et l’Irak renforcent leurs liens dans un contexte de défis régionaux

Le Premier ministre irakien, Mohammed Chia al-Soudani (à droite) et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, assistent à une cérémonie d’accueil à l’aéroport international de Bagdad, le 22 avril 2024. (Reuters)
Le Premier ministre irakien, Mohammed Chia al-Soudani (à droite) et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, assistent à une cérémonie d’accueil à l’aéroport international de Bagdad, le 22 avril 2024. (Reuters)
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  • L’acceptation par Bagdad de soutenir la lutte de la Turquie contre le PKK déterminera probablement l’étendue de la coopération sur d’autres questions épineuses telles que l’eau et le pétrole, selon l’analyste
  • De hauts responsables d’Ankara ont récemment laissé entendre qu’une opération militaire d’envergure était prévue pour cet été contre le PKK dans le nord de l’Irak

ANKARA: Après la visite très attendue en Irak du président turc, Recep Tayyip Erdogan, ce lundi, la première en douze ans, les deux pays devraient approfondir leur coopération en matière de sécurité et d’économie tout en cherchant des moyens de promouvoir la stabilité régionale.

La délégation de M. Erdogan comprend le ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan; le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya; le ministre de la Défense, Yasar Guler; le directeur de la Communication, Fahrettin Altun; son conseiller principal, Akif Cagatay Kilic, ainsi que d’autres ministres.

Le président a prévu de rencontrer son homologue irakien, le Dr Abdel Latif Rachid, avant de s’entretenir avec le Premier ministre irakien, Mohammed Chia al-Soudani.

Dans l’après-midi, Recep Tayyip Erdogan devait rencontrer des responsables kurdes à Erbil, la capitale du gouvernement régional du Kurdistan. Les experts estiment que cette visite marquera un tournant positif dans les relations turco-irakiennes.

Le fait d’aborder les préoccupations irakiennes concernant les ressources en eau et de conclure des accords stratégiques dans les domaines de la sécurité, de l’énergie, du commerce, des transports et de la santé devrait également permettre d’établir un cadre pour une coopération future.

L’approvisionnement en eau est devenu un point de friction ces dernières années, Bagdad exigeant davantage d’eau du Tigre et de l’Euphrate, deux fleuves principaux qui coulent de la Turquie vers le golfe Arabique et qui représentent plus de 90% des ressources en eau douce de l’Irak.

Au cours de ses réunions avec les responsables irakiens et kurdes, M. Erdogan a cherché à obtenir un soutien pour les efforts de lutte contre le terrorisme en s’attaquant conjointement à la menace posée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation illégale.

Le Dr Bilgay Duman, coordinateur des études sur l’Irak au sein du groupe de réflexion Orsam, basé à Ankara, explique que le but de la visite de la Turquie n’est pas de surpasser un quelconque acteur régional, qu’il s’agisse de l’Iran ou d’un autre pays.

Il a déclaré à Arab News qu’Ankara «souhaite créer une dynamique régionale compte tenu des tensions actuelles entre Israël et l’Iran, des crises régionales en mer Rouge, et de l’absence de solution en Syrie, qui nécessitent une certaine coopération bilatérale avec Bagdad et Erbil».

Berkay Mandiraci, spécialiste de la Turquie à au sein de l’International Crisis Group, estime que la question essentielle sera de savoir comment Bagdad soutiendra la campagne turque contre le PKK.

Le mois dernier, le Conseil national de sécurité irakien a désigné le PKK comme une organisation illégale en Irak, ce qui témoigne de la volonté croissante des autorités irakiennes de lutter contre le groupe terroriste. Mais aujourd’hui, l’accent est mis sur la manière dont l’Irak peut limiter la mobilité du PKK sur son territoire.

Hakan Fidan et le chef des services de renseignement, Ibrahim Kalin, se sont rendus à Bagdad le mois dernier.

«La Turquie œuvrera pour la stabilité de l’Irak», a récemment assuré M. Fidan. «Nous ne voulons pas que l’Irak soit associé à des conflits internes.»

Pour M. Mandiraci, l’acceptation par Bagdad d’un soutien dans la lutte de la Turquie contre le PKK déterminera probablement l’étendue de la coopération sur d’autres questions épineuses telles que l’eau et le pétrole.

Une série d’opérations programmées par Ankara depuis 2019 a permis de repousser le PKK des régions montagneuses du nord vers les zones urbaines du sud de l’Irak, telles que Kirkouk, Sinjar et Souleimaniye.

Le PKK a commencé à affronter l’autorité centrale irakienne et il représente une plus grande menace pour Bagdad. Cependant, l’Irak n’a pas l’expérience nécessaire pour affronter ce groupe terroriste à grande échelle. C’est pourquoi il doit coopérer avec Ankara pour élaborer des mesures et accroître la capacité de ses forces armées à lutter plus activement contre le PKK.

«Bagdad s’efforce de devenir un État qui contrôle pleinement les menaces internes en supprimant les facteurs d’instabilité», souligne le Dr Duman.

Toutefois, la coopération bilatérale ne devrait pas se limiter à la lutte commune contre le PKK, car elle englobera un programme plus large de développement régional.

Le projet de Route du développement entre la Turquie et l’Irak, qui s’étendra sur quelque 1 200 kilomètres et qui vise à relier le nouveau port de Grand Faw à la frontière sud de la Turquie puis à l’Europe par le biais de voies ferrées et d’autoroutes, a également figuré à l’ordre du jour des réunions, car il ouvre une nouvelle page dans les relations entre Ankara et Bagdad.

Selon le Dr Duman, la Turquie pourrait demander le soutien des Émirats arabes unis et du Qatar dans ce projet en préparant un accord quadripartite et en participant activement à la création de villes industrielles et de centres commerciaux le long de cette route. Une initiative qui stimulerait l’économie et qui saperait les facteurs d'instabilité en créant des richesses.

La Turquie a considérablement augmenté ses exportations vers l’Irak cette année, les ventes ayant progressé de près de 691,5 millions de dollars (1 dollar = 0,94 euro) entre les mois de janvier et de mars.

Bagdad et Ankara «partagent un intérêt pour l’avancement du projet de Route du développement. En tant que nouvelle route commerciale, elle pourrait jouer un rôle important dans la stabilisation de l’Irak à long terme et apporter d’importants dividendes économiques aux deux pays», indique M. Mandiraci.

Il a toutefois ajouté que la construction du projet ne serait pas facile, l’Iran craignant que son territoire ne soit contourné.

«L’Iran pourrait jouer les trouble-fêtes», a noté M. Mandiraci, avant d’ajouter: «Il faudra une diplomatie prudente et multisectorielle pour réduire et gérer les risques sécuritaires et géopolitiques associés à l’initiative.»

Au cours de sa visite, M. Erdogan a prévu de s’entretenir avec le président du gouvernement régional du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, et avec des responsables du Front turkmène d’Irak et des dirigeants de la communauté turkmène.

M. Duman a déclaré que, grâce à cette visite, la Turquie servirait de médiateur entre Erbil et Bagdad sur de nombreux fronts, le consensus entre les deux étant crucial dans la lutte contre le PKK et dans la poursuite du projet de Route du développement, car la sécurité doit être rétablie dans les régions traversées par la route.

De hauts responsables d’Ankara ont récemment laissé entendre qu’une opération militaire d’envergure contre le PKK dans le nord de l’Irak était prévue pour cet été.

La Turquie entend également établir un corridor de sécurité de trente à quarante kilomètres le long de sa frontière avec l’Irak, et le compléter par des installations militaires en coordination avec Bagdad.

«Pour la Turquie, Erbil et Bagdad ne constituent pas des alternatives mais des complémentarités», a poursuivi M. Duman.

«Au cours de cette visite, je m’attends à ce que l’on discute d’une opération conjointe à grande échelle entre la Turquie et Bagdad pour éradiquer la présence du PKK dans la région. Mais un tel effort conjoint ne se limite pas à la lutte militaire car, dans le même temps, le PKK tente de s’implanter par le biais de formations civiles basées en Irak.»

«Alors que sa portée militaire se réduit, il tente de s’infiltrer dans la sphère civile et politique. L’Irak et Erbil pourraient essayer d’approfondir leur coopération avec la Turquie dans ce domaine.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 


Darmanin salue à Rabat la coopération anti-terroriste avec le Maroc

Le ministre marocain de l'Intérieur, Abdelouai Laftit, reçoit son homologue français Gérald Darmanin à Rabat le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Le ministre marocain de l'Intérieur, Abdelouai Laftit, reçoit son homologue français Gérald Darmanin à Rabat le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • «Sans les services de renseignements marocains, la France serait plus touchée par le terrorisme et on les remercie fortement, notamment en prévision des Jeux Olympiques», a déclaré Gérald Darmanin
  • Paris et Rabat vont s'aider mutuellement lors «de grands événements sportifs que nous allons connaître notamment les Jeux olympiques et paralympiques cet été et la Coupe d'Afrique des Nations au Maroc en 2025», a-t-il ajouté

RABAT: Le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin a salué lundi à Rabat la coopération en matière de lutte anti-terroriste avec le Maroc, appelé selon lui à participer à la sécurisation des Jeux Olympiques de Paris cet été.

"Sans les services de renseignements marocains, la France serait plus touchée par le terrorisme et on les remercie fortement, notamment en prévision des Jeux Olympiques", a déclaré Gérald Darmanin à l'issue d'un entretien avec son homologue marocain Abdelouafi Laftit.

Paris et Rabat vont s'aider mutuellement lors "de grands événements sportifs que nous allons connaître notamment les Jeux olympiques et paralympiques cet été et la Coupe d'Afrique des Nations au Maroc en 2025", a ajouté le responsable français.

Dans la lutte anti-terroriste, M. Darmanin a également précisé que Paris restait attentif aux informations fournies par le Maroc autour de "la menace qui pénètre dans la bande sahélo-saharienne" dans un contexte de fortes tensions entre la France et des pays du Sahel.

Le déplacement de M. Darmanin intervient dans un contexte de dégel des relations entre les deux pays après une crise sans précédent.

Il est le troisième ministre français à visiter le royaume en trois mois après le chef de la diplomatie Stéphane Séjourné mi-février, et le ministre du Commerce extérieur Franck Riester début avril.

Le ministre de l'Agriculture français Marc Fesneau est lui aussi actuellement en visite au Maroc jusqu'au 23 avril alors que son collègue de l'Economie Bruno Lemaire est attendu au cours de la semaine.

L'objectif de ces visites est d'impulser "un profond renouvellement et une modernisation de la relation franco-marocaine", a indiqué M. Darmanin, qui s'entretiendra au cours de la journée avec le ministre des Affaires islamiques Ahmed Taoufiq.

Les tensions entre les deux alliés historiques ont été déclenchées en 2021 par une restriction de l'octroi de visas par la France, et aggravée après un vote en janvier 2023 du Parlement européen condamnant la dégradation de la liberté de la presse au Maroc.

 

 


Riyad s’apprête à accueillir la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement

La réunion extraordinaire du Forum économique mondial se tiendra dans la ville les 28 et 29 avril. (AFP)
La réunion extraordinaire du Forum économique mondial se tiendra dans la ville les 28 et 29 avril. (AFP)
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  • Cette réunion s’inscrit dans le prolongement de la coopération entre le Royaume et le WEF et elle devrait rassembler des chefs d’État, des cadres supérieurs et d’autres responsables des secteurs public et privé
  • L’objectif de la réunion est de trouver des solutions communes et d’aborder une multitude de défis humanitaires, climatiques et économiques mondiaux

RIYAD: Riyad, la capitale de l’Arabie saoudite, accueillera les 28 et 29 avril une réunion spéciale du Forum économique mondial (WEF) sur le thème de «La collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement».

Cette réunion s’inscrit dans le prolongement de la coopération entre le Royaume et le WEF et elle devrait rassembler des chefs d’État, des cadres supérieurs et d’autres responsables des secteurs public et privé afin de discuter de plusieurs questions et développements économiques mondiaux.

L’objectif de la réunion est de trouver des solutions communes et d’aborder une multitude de défis humanitaires, climatiques et économiques mondiaux.

La désignation de Riyad comme hôte de la réunion spéciale s’inscrit dans le cadre d’un partenariat élargi entre l’Arabie saoudite et le WEF.

En marge du forum, l’Arabie saoudite organisera une série d’expositions et d’événements parallèles afin de mettre en lumière les dernières tendances et les derniers développements dans des domaines tels que la durabilité, l’innovation et la culture.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com