Les fouilles archéologiques menées par les Israéliens dans un village soulèvent un tollé parmi les Palestiniens

Le chef du conseil du village de Nabi Saleh, Naji Al-Tamimi, se trouve à l'endroit où les Israéliens effectuent des fouilles dans le village de Nabi Saleh. (Photo fournie)
Le chef du conseil du village de Nabi Saleh, Naji Al-Tamimi, se trouve à l'endroit où les Israéliens effectuent des fouilles dans le village de Nabi Saleh. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 17 août 2022

Les fouilles archéologiques menées par les Israéliens dans un village soulèvent un tollé parmi les Palestiniens

  • Des équipes de l'université Bar-Ilan mènent des fouilles sur plusieurs sites dans le village de Nabi Saleh
  • Un habitant du village affirme que les fouilles ne sont qu'un «prétexte pour prendre le contrôle de nos terres plus tard»

RAMALLAH: Les fouilles archéologiques entreprises dans un village situé au nord de Ramallah par des équipes d'une université israélienne suscitent une vague d’indignation parmi les Palestiniens.
Les habitants de Nabi Saleh affirment que les fouilles se déroulent sur leur propriété. De leur côté, l'université Bar-Ilan et l'administration civile israélienne allèguent que le site est classé «propriété de l'État» et se trouve sous contrôle israélien.
Sur le site Internet de l'université, on peut lire ce qui suit: le site archéologique en question était peuplé à l'âge du bronze et faisait partie de la ville de Timnat-Hérès, où Josué ben Noun a vécu et où il est mort, comme le raconte le Talmud. Ce texte prouve selon eux que les Juifs s'étaient installés dans la région.
Le rapport publié sur le site susmentionné précise que les poteries et les pièces de monnaie trouvées dans la région remontent au IIe siècle.
Bassim al-Tamimi habite dans le village et possède un terrain de 1 800 m² situé dans l'une des zones qui font l'objet des fouilles. Dans un entretien accordé à Arab News, il confie sa crainte de voir les autorités israéliennes contrôler sa propriété ainsi que celle de son oncle.
«Les travaux d'excavation, sous prétexte de rechercher des antiquités, ne sont qu'une excuse pour prendre par la suite le contrôle de nos terres», explique-t-il.
De 2009 à 2016, M. Al-Tamimi a mené une grande résistance non violente à Nabi Saleh contre les colons et l'armée israélienne qui avaient saisi une source d'eau de la ville. Ces affrontements ont fait six morts et des centaines de blessés parmi les Palestiniens.
Naji al-Tamimi, le chef du conseil du village de Nabi Saleh, a expliqué à Arab News que les fouilles israéliennes se concentrent sur trois endroits et que chacune d’elles s'étend sur environ 100 m².
Si les archéologues israéliens ont assuré que les fouilles étaient prévues du 25 juillet au 19 août, rien ne laisse présager qu'elles s'achèveront prochainement.
«L'université Bar-Ilan est réputée pour être un fief de la droite israélienne; cette dernière poursuit des objectifs bien plus politiques qu’archéologiques», souligne Naji al-Tamimi.
«Ils vont prétendre qu'une relation historique les rattache à cette région et ils attribueront cette relation à la présence de la tombe de Josué ben Noun; ils s’empareront de la terre sous ce prétexte.»
Il ajoute que la colonie de Halamish, située à proximité, a été construite sur un terrain qui avait été arraché au village de Nabi Saleh. Il redoute que les récentes fouilles ne permettent aux Israéliens de s'emparer d'une plus grande partie des terres du village.
Pour prouver que le terrain appartient à l'État, l'université Bar-Ilan fait allusion à une base militaire jordanienne qui y était installée par le passé. Les photographies aériennes indiquent cependant que ce terrain est inexploité depuis 1967.
Le porte-parole du gouvernement palestinien, Ibrahim Melhem, déclare que le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyieh, a condamné les fouilles et a qualifié les agissements de l'université d'inacceptables. Pour lui, il s’agit d’une tentative de «falsification des faits qui entourent l'histoire du territoire palestinien».
Lors de la réunion hebdomadaire du Cabinet, M. Shtayyieh a exigé que les universités israéliennes interrompent les travaux de fouille et d'excavation d'antiquités en territoire palestinien.
Dans le même temps, le vice-président de l'université de Birzeit, Ghassan al-Khatib, a confié à Arab News que les revues scientifiques internationales ont refusé de publier les rapports archéologiques relatifs aux fouilles que les équipes israéliennes avaient effectuées dans les territoires occupés. Cette position s'inscrit dans le cadre du droit international et du deuxième protocole de la convention de La Haye (pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé, NDLR).
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.

 


Turquie: Mme Erdogan en appelle à Mme Trump en faveur des enfants de Gaza

Le président américain Donald Trump et la première dame Melania Trump aux côtés du président turc Tayyip Erdogan et d'Emine Erdogan à la Maison Blanche à Washington en 2019. (Reuters)
Le président américain Donald Trump et la première dame Melania Trump aux côtés du président turc Tayyip Erdogan et d'Emine Erdogan à la Maison Blanche à Washington en 2019. (Reuters)
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  • Emine Erdogan appelle Melania Trump à écrire à Netanyahu pour soutenir les enfants de Gaza, comme elle l’a fait pour l’Ukraine
  • Elle dénonce l’urgence humanitaire à Gaza, évoquant 18 000 enfants tués, et appelle à un geste fort en faveur de la paix

ISTANBUL: La Première Dame de Turquie, Emine Erdogan, appelle samedi Melania Trump à écrire au Premier ministre israélien en faveur des enfants palestiniens de Gaza, comme elle l'a fait pour les petits Ukrainiens.

En accueillant la semaine dernière Vladimir Poutine en Alaska, le chef de le Maison Blanche Donald Trump lui avait remis un "message de paix" pour l'Ukraine, qu'aurait rédigé son épouse et Première dame américaine.

Dans une lettre adressée à cette dernière et rendue publique par la présidence turque, Mme Erdogan l'invite à faire preuve de la même "sensibilité" à l'égard de la population de Gaza, assiégée depuis près de deux ans par l'armée israélienne en représailles aux attaques du 7 octobre 2023, conduites par le Hamas palestinien.

"J'ai confiance que la sensibilité dont vous avez fait preuve à l'égard des 648 enfants ukrainiens qui ont perdu la vie dans la guerre pourra s'étendre à Gaza où 62.000 civils dont 18.000 enfants ont perdu la vie en moins de deux ans" écrit Mme Erdogan, citant un bilan des autorités de Santé du Hamas jugé crédible par l'ONU.

Elle lui suggère d"envoyer une lettre en faveur de la fin de la crise humanitaire à Gaza au Premier ministre israélien (Benjamin) Netanyahu".

"Votre appel en faveur de Gaza revêtrait une responsabilité historique en faveur de la population palestinienne".

"En tant que mère, que femme et comme être humain, je partage sincèrement les sentiments que vous avez exprimés dans votre lettre et j'espère que vous saurez donner le même espoir aux enfants de Gaza qui aspirent, eux aussi, à la paix et à la tranquillité".

Les Nations unies ont officiellement déclaré une famine à Gaza vendredi - un "mensonge éhonté" a répliqué M.Netanyahu.


L'ONU déclare la famine à Gaza, Israël menace de raser le territoire

Le ministère israélien des affaires étrangères a déclaré qu'il n'y avait pas de famine à Gaza, en réponse à un rapport publié vendredi par un organisme mondial de surveillance de la faim qui affirmait que la famine avait frappé une partie de la bande de Gaza. (AP)
Le ministère israélien des affaires étrangères a déclaré qu'il n'y avait pas de famine à Gaza, en réponse à un rapport publié vendredi par un organisme mondial de surveillance de la faim qui affirmait que la famine avait frappé une partie de la bande de Gaza. (AP)
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  • L'ONU a officiellement déclaré vendredi la famine à Gaza, qu'Israël menace de destruction totale si le Hamas n'accepte pas la paix à ses conditions
  • Le gouvernement israélien a immédiatement rejeté le rapport onusien, bâti selon lui sur des "mensonges" et "fabriqué 'sur-mesure'" pour le Hamas

Jérusalem: L'ONU a officiellement déclaré vendredi la famine à Gaza, qu'Israël menace de destruction totale si le Hamas n'accepte pas la paix à ses conditions.

Le gouvernement israélien a immédiatement rejeté le rapport onusien, bâti selon lui sur des "mensonges" et "fabriqué 'sur-mesure'" pour le Hamas, le mouvement islamiste palestinien dont l'attaque sans précédent le 7 octobre 2023 contre Israël a déclenché la guerre.

"C'est la famine, la famine de Gaza", a déclaré à Genève le chef des opérations humanitaires des Nations unies, Tom Fletcher, après des mois de mises en garde humanitaires. Le constat s'appuie sur le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) onusien, qui a confirmé qu'une famine était en cours dans le gouvernorat de Gaza (nord).

Cela confirme "l'ampleur de la catastrophe humanitaire que subit notre peuple en raison de l'agression israélienne", a réagi le Hamas, appelant à "une action immédiate de l'ONU" pour mettre fin à la guerre, et "l'ouverture sans restriction des points de passage" en vue de "l'entrée urgente et continue de nourriture, médicaments, eau et carburant".

Selon des experts de l'ONU, plus d'un demi-million de personnes à Gaza affrontent des conditions "catastrophiques", le niveau de détresse alimentaire le plus élevé de l'IPC, caractérisé par la famine et la mort.

- "Obstruction systématique" -

Cette famine "aurait pu être évitée" sans "l'obstruction systématique d'Israël", a accusé M. Fletcher.

"Il n'y a pas de famine à Gaza", a rétorqué le ministère des Affaires étrangères israélien, accusant l'IPC de s'être "détourné de ses propres règles".

Chaque jour des journalistes de l'AFP dans la bande de Gaza assistent à des distributions alimentaires où des foules de Palestiniens de tous âges se ruent en criant, pleurant, suppliant qu'on leur remplisse des gamelles ou casseroles vides tendues avec l'énergie du désespoir.

Selon l'IPC, la famine devrait s'étendre aux gouvernorats de Deir el-Balah (centre) et Khan Younès (sud) d'ici à fin septembre.

Le gouvernorat de Gaza, qui englobe essentiellement Gaza-ville, représente environ 20% de la superficie du territoire palestinien assiégé.

L'ONU y estime actuellement la population à près d'un million de personnes, autant se trouvant dans celui de Deir el-Balah, et plus de 500.000 dans celui de Khan Younès.

"Affamer des gens à des fins militaires est un crime de guerre", a rappelé le haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Volker Türk.

- "Portes de l'enfer" -

"Nous ne pouvons pas laisser cette situation perdurer en toute impunité", a déclaré pour sa part le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, appelant à un "cessez-le-feu immédiat, la libération immédiate de tous les otages et un accès humanitaire total".

Début mars, le gouvernement israélien a imposé à la bande de Gaza - déjà sous blocus israélien depuis plus de 15 ans avant la guerre - un total blocus humanitaire, entraînant de graves pénuries de nourriture.

Il l'a assoupli à partir de fin mai, mais la quantité d'aide internationale autorisée à entrer depuis lors est jugée largement insuffisante par l'ONU et les humanitaires, ce que conteste Israël.

Avant la déclaration de famine, le ministre de la Défense, Israël Katz, a menacé la ville de Gaza de destruction totale si le Hamas n'acceptait pas la paix aux termes israéliens.

"Bientôt, les portes de l'enfer s'ouvriront" jusqu'à ce que le Hamas accepte "les conditions posées par Israël pour mettre fin à la guerre, principalement la libération de tous les otages et (son) désarmement" a-t-il écrit sur X.

Parallèlement à la pression militaire, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a annoncé jeudi avoir ordonné des "négociations immédiates" pour  "la libération de tous (les) otages" et "mettre la fin à la guerre dans des conditions acceptables pour Israël".

- "Souhaiter la mort" -

Sans la citer explicitement, il répondait à la dernière proposition des médiateurs - Egypte, Qatar et Etats-Unis - en vue d'un cessez-le-feu, acceptée lundi par le Hamas.

Elle prévoit, selon des sources palestiniennes, une trêve de 60 jours durant laquelle les otages toujours captifs à Gaza (au nombre de 49 dont 27 morts selon l'armée) israélienne) seraient relâchés en deux temps en échange de la libération de prisonniers palestiniens.

Israël, qui contrôle aujourd'hui environ 75% du territoire palestinien, a approuvé cette semaine un plan d'assaut contre Gaza-ville, la plus grande du territoire, et annoncé le rappel de 60.000 réservistes supplémentaires.

Depuis, l'étau militaire se resserre sur Gaza-ville.

"C'est comme si nous étions en enfer. Je deviens folle. Je ne peux pas imaginer être déplacée encore une fois",  déclare à l'AFP Oum Ibrahim Younès, une mère de quatre enfants de 43 ans, qui vit dans les ruines de sa maison à Gaza.

"Le bombardement s'intensifie chaque jour, les explosions ne s'arrêtent jamais. Nous attendons la mort, nous en sommes venus à la souhaiter", témoigne Nivine Ahmed, 47 ans, déplacée avec ses cinq enfants dans une tente à l'ouest de Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 62.192 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, mais qui ne précise pas le nombre de combattants tués.


L’Arabie saoudite condamne l’attaque contre un convoi humanitaire au Soudan

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  • Le ministère saoudien des Affaires étrangères « rejette catégoriquement » tout acte menaçant la sécurité des civils et des travailleurs humanitaires
  • La Ligue musulmane mondiale condamne également fermement l’attaque contre le convoi d’aide

​​​​​​RIYAD: L’Arabie saoudite a condamné jeudi une attaque survenue la veille contre un convoi d’aide du Programme alimentaire mondial dans la région du Darfour-Nord, au Soudan.

Trois camions ont pris feu lorsque le convoi, composé de 16 véhicules, a été ciblé mercredi alors qu’il tentait de livrer de l’aide dans une zone frappée par la famine au nord d’El-Fasher.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré que le Royaume rejetait catégoriquement « tout ce qui menace la sécurité et la sûreté des civils, ainsi que des travailleurs humanitaires et de secours ».

Il a ajouté : « Le Royaume appelle toutes les parties soudanaises à respecter les engagements pris dans la Déclaration de Djeddah du 11 mai 2023, notamment la protection des civils et la sécurisation des corridors humanitaires. »

La Ligue musulmane mondiale (LMM) a également fermement condamné l’attaque, la qualifiant de « violation grave des valeurs religieuses et du droit international, alors que le peuple soudanais subit les ravages de la guerre », selon l’agence de presse saoudienne SPA.

Dans un communiqué, la LMM a exhorté les parties en conflit à se conformer aux dispositions de la Déclaration de Djeddah, signée en mai 2023, et à accorder la priorité à « un dialogue sérieux et constructif » en vue d’une solution politique au conflit.

La Déclaration de Djeddah, parrainée par l’Arabie saoudite et les États-Unis, a été signée en mai 2023 par les deux principaux belligérants de la guerre civile : les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide.

Elle engageait les deux camps à garantir la libre circulation de l’aide humanitaire à travers le pays.

Le conflit, déclenché en avril 2023, est à l’origine de l’une des pires crises humanitaires mondiales. Le Darfour-Nord est le théâtre des combats les plus violents, mettant plus d’un million de personnes au bord de la famine. À l’échelle nationale, 25 millions de Soudanais souffrent de la faim aiguë.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com