Pyrénées: fermeture polémique de la route transfrontalière du col de Banyuls

Dans la pratique, piétons, vélos et même certains véhicules peuvent passer par le col, malgré les rochers érigés en travers de la route (fournie)
Dans la pratique, piétons, vélos et même certains véhicules peuvent passer par le col, malgré les rochers érigés en travers de la route (fournie)
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Publié le Samedi 20 août 2022

Pyrénées: fermeture polémique de la route transfrontalière du col de Banyuls

  • Cette fermeture visant à lutter contre le terrorisme et l'immigration illégale est considérée par certains comme «une absurdité administrative»
  • Côté français, une plaque rappelle que des réfugiés espagnols fuyant la dictature de Francisco Franco (1939-1975) sont entrés en France par là

PARIS : Des Catalans français et espagnols réclament la réouverture d'une petite route reliant la France à l'Espagne par le col de Banyuls, dont la fermeture depuis janvier 2021 double, voire triple, le temps nécessaire pour atteindre l'autre côté des Pyrénées.

Cette fermeture visant à lutter contre le terrorisme et l'immigration illégale est «une absurdité administrative», lâche Pierre Becque, président de l'association Albères (le massif où se trouve le col, NDLR) sans frontière, la main appuyé sur un des blocs rocheux mis en place au col pour bloquer la route.

Pour José Rueda, un Catalan espagnol de 32 ans qui vient vendanger depuis sept ans près de la petite ville française de Banyuls-sur-Mer, «venir par le col était très facile. Maintenant, on dépense plus en essence. Certains venaient travailler pour la journée et repartaient dormir à Espolla ou Figueras», côté espagnol. «Ceux-là ne viennent plus», ajoute-t-il avec regret.

Alors que des travailleurs frontaliers ou saisonniers espagnols passaient par le col pour gagner du temps, nombre d'habitants de Banyuls prenaient la petite route pour faire des courses côté espagnol et y acheter notamment des cigarettes ou de l'alcool à meilleur prix.

Le maire de Banyuls-sur-Mer, Jean-Michel Solé, dénonce «une atteinte aux libertés individuelles et de commerce» et rappelle les «liens forts» entre sa commune et Espolla, un des villages espagnols proches du col.

-«Voisins»-

Dans la salle du conseil municipal, le maire d'Espolla, Carles Lagresa, est flanqué du drapeau catalan. «Nous sommes voisins. Ce passage nous permettait d'être en contact avec toute la côte de la Catalogne Nord», dit-il à l'AFP, faisant allusion aux stations balnéaires de la Catalogne française, Collioure, Banyuls, Argelès-dur-Mer.

«Moi-même, j'ai de la famille à Banyuls, même si elle est un peu éloignée. Et mon grand-oncle est enterré là-bas», ajoute-t-il, rappelant aussi le manque à gagner pour les commerçants.

Derrière le comptoir du bar tabac d'Espolla, Cristina Juanola confirme: «Les gens de la zone de Banyuls, qui avaient l'habitude de passer par le col» le font maintenant par les passages frontaliers de Port Bou ou La Jonquère, et s'arrêtent aux tabacs ou aux cafés qu'il y a là-bas», regrette-t-elle.

A l'instar d'autres préfets des départements pyrénéens, celui des Pyrénées-Orientales a interdit à partir du 11 janvier 2021 la circulation sur cinq passages frontaliers, dont le col de Banyuls, invoquant «la menace terroriste» et les «mouvements soutenus» de migrants.

Cette interdiction faisait suite à la venue dans le département, le 5 novembre 2020, du président Emmanuel Macron qui avait annoncé un durcissement des contrôles aux frontières.

Sollicitée par l'AFP, la préfecture des Pyrénées-Orientales a confirmé la réouverture d'un des cinq cols en mai 2021, mais n'a fait aucun commentaire sur les demandes de réouverture de celui de Banyuls.

- Interdit républicain -

D'Espolla au col, le trajet en voiture prend une quinzaine de minutes. La route serpente à travers les vignobles et la garrigue, avant d'arriver aux blocs coupant le passage. Un autre quart d'heure suffirait pour arriver à Banyuls-sur-Mer.

Par les autres routes, il faut entre une heure et une heure et demie, selon la saison, pour faire Espolla-Banyuls.

Dans la pratique, piétons, vélos et même certains véhicules peuvent passer par le col, malgré les rochers érigés en travers de la route. Arrivé du côté français, un conducteur de 4x4 donne quelques coups de volant, fait une marche arrière sur quelques mètres, puis passe côté espagnol par une petite piste très pentue.

«Ces blocs n'arrêtent rien du tout», commente aussitôt Pierre Becque, jugeant peu probable que des immigrés illégaux ou des terroristes empruntent ce passage, avec ou sans blocs.

Quelques mètres plus loin, côté français, une plaque rappelle que des réfugiés espagnols fuyant la dictature de Francisco Franco (1939-1975) sont entrés en France par là.

Puis, pendant la Seconde guerre mondiale, des personnes refusant le travail obligatoire imposé par les nazis, ou des juifs persécutés, ont fui par ce point frontalier, mais dans l'autre sens, précise Pierre Becque.

«Du temps de Franco, on pouvait passer. Maintenant, la République française nous l'interdit», résume à sa façon Jacques Solane, un autre membre de l'association Albères sans frontière.


"La situation est bloquée" entre Paris et Alger selon la France

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sourit alors qu'il arrive à un dîner de travail au palais présidentiel de l'Élysée en compagnie du président français Emmanuel Macron (hors photo) et du président du Conseil du peuple du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov (hors photo), à Paris, le 5 mai 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sourit alors qu'il arrive à un dîner de travail au palais présidentiel de l'Élysée en compagnie du président français Emmanuel Macron (hors photo) et du président du Conseil du peuple du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov (hors photo), à Paris, le 5 mai 2025. (AFP)
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  • L'ambassadeur de France à Alger est toujours à Paris depuis la mi-avril et la situation "est bloquée" entre les deux pays, a indiqué mardi le ministre français des Affaires étrangères
  • Le chef de la diplomatie française a de nouveau dénoncé à cet égard la "décision très violente" d'Alger

PARIS: L'ambassadeur de France à Alger est toujours à Paris depuis la mi-avril et la situation "est bloquée" entre les deux pays, a indiqué mardi le ministre français des Affaires étrangères.

Stéphane Romatet est "toujours à Paris", a noté Jean-Noël Barrot sur la radio RTL. "A ce stade la situation est bloquée et c'est la responsabilité des autorités algériennes".

Le président français Emmanuel Macron avait décidé le 15 avril d'expulser "douze agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien en France" et de rappeler son ambassadeur à Alger pour consultations en représailles à des expulsions similaires annoncées par l'Algérie.

Le chef de la diplomatie française a de nouveau dénoncé à cet égard la "décision très violente" d'Alger.

Il a souligné par ailleurs la situation "très difficile" de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie et actuellement hospitalisé, "un homme de 80 ans qui est éloigné de ses amis" et en faveur duquel il a dit espéré que les autorités algériennes "sauront faire preuve d'humanité".

Le cas de l'écrivain a considérablement tendu les relations bilatérales, enflammées depuis des semaines par la question de la réadmission dans leur pays d'origine des Algériens sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), brandie à de multiples reprises par le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Nous avons intérêt (...) à ne pas faire de l'Algérie un sujet de politique intérieure", a prévenu Jean-Noël Barrot.

"Lorsque nous le faisons, nous prenons le risque de causer du tort à nos compatriotes franco-algériens, et c'est lorsque la relation est à peu près équilibrée que l'on obtient des résultats", a-t-il insisté.


"Condamnation très ferme" par la France du plan israélien de conquête de Gaza

Le ministre français des Affaires étrangères a déclaré mardi que Paris condamnait "très fermement" la nouvelle campagne militaire israélienne dans la bande de Gaza. (AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères a déclaré mardi que Paris condamnait "très fermement" la nouvelle campagne militaire israélienne dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • Le ministre français des affaires étrangères a déclaré mardi que Paris condamnait "très fermement" la nouvelle campagne militaire israélienne dans la bande de Gaza

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exprimé mardi sa "condamnation très ferme" du plan israélien de conquête de Gaza et de sa nouvelle campagne militaire sur le territoire palestinien.

"Ce n'est pas acceptable", a déclaré M. Barrot sur la radio RTL, estimant que le gouvernement israélien était "en infraction avec le droit humanitaire". Selon lui, "l'urgence, c'est le cessez-le-feu et l'accès sans entrave de l'aide humanitaire, massivement".


Le président syrien sera reçu mercredi par Macron à Paris pour sa première visite en Europe

Le président Ahmed al-Chareh prononce un discours à Damas le 29 mars 2025. (AFP)
Le président Ahmed al-Chareh prononce un discours à Damas le 29 mars 2025. (AFP)
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  • Le président syrien Ahmad al-Chareh, au pouvoir depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre, sera reçu mercredi à Paris par Emmanuel Macron pour sa première visite en Europe
  • Le président français "redira le soutien de la France à la construction d'une nouvelle Syrie, une Syrie libre, stable, souveraine et respectueuse de toutes les composantes de la société syrienne"

PARIS: Le président syrien Ahmad al-Chareh, au pouvoir depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre, sera reçu mercredi à Paris par Emmanuel Macron pour sa première visite en Europe, a annoncé mardi l'Elysée à l'AFP.

Le président français "redira le soutien de la France à la construction d'une nouvelle Syrie, une Syrie libre, stable, souveraine et respectueuse de toutes les composantes de la société syrienne", a-t-on affirmé de même source.

"Cette rencontre s'inscrit dans la continuité de l'engagement historique de la France pour les Syriennes et les Syriens qui aspirent à la paix et à la démocratie", a ajouté la présidence française, assurant qu'Emmanuel Macron rappellerait "ses exigences vis-à-vis du gouvernement syrien, au premier rang desquelles la stabilisation de la région et notamment du Liban, ainsi que la lutte contre le terrorisme".

Le chef de l'Etat français avait invité dès début février le dirigeant syrien de transition à se rendre en France. Il avait ensuite conditionné fin mars cette invitation à la formation d'un gouvernement syrien inclusif de "toutes les composantes de la société civile" et à des garanties sur la sécurité du pays, tout en jugeant "tout à fait positives" ses premières discussions en ce sens.

Depuis qu'elle a pris le pouvoir en décembre, la coalition islamiste qui gouverne la Syrie, dirigée par Ahmad al-Chareh, tente de présenter un visage rassurant, notamment à l'égard de la communauté internationale qui l'exhorte à respecter les libertés et protéger les minorités. En jeu, la levée des sanctions imposées au pouvoir de Bachar al-Assad.

Mais des massacres qui ont fait 1.700 morts, majoritairement alaouites, dans l'ouest du pays en mars, de récents combats avec des druzes, et des sévices documentés par des ONG, soulèvent des doutes sur la capacité des nouvelles autorités à contrôler certains combattants extrémistes qui leur sont affiliés.

Parallèlement, Israël a récemment intensifié ses frappes en Syrie voisine, dont l'une a visé vendredi un secteur proche du palais présidentiel de Damas.

Israël a parlé d'un "message clair envoyé au régime syrien" après les attaques contre la minorité druze pour laquelle les dirigeants israéliens ont pris fait et cause.

Mais la présidence syrienne, qui s'est engagée à protéger toutes les communautés, a dénoncé une "dangereuse escalade", tandis que l'ONU a appelé samedi Israël à cesser "immédiatement" ses attaques en Syrie.