En Libye, le calvaire des migrants refoulés avec l'aide européenne

Des journaliers migrants africains à la recherche de petits emplois attendent le long d'une route sous un pont pour être embauchés par des employeurs potentiels, à Tripoli, la capitale libyenne, le 22 août 2022. (AFP)
Des journaliers migrants africains à la recherche de petits emplois attendent le long d'une route sous un pont pour être embauchés par des employeurs potentiels, à Tripoli, la capitale libyenne, le 22 août 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 24 août 2022

En Libye, le calvaire des migrants refoulés avec l'aide européenne

  • Depuis janvier, environ 13 000 personnes ayant tenté de traverser la Méditerranée ont été ramenées en Libye, et pour certains emprisonnés, selon l'OIM
  • Comme Godwin et Houssein, des dizaines de milliers de migrants et réfugiés tentent chaque année de gagner l'Europe mais sont la proie de trafiquants, quand ils ne meurent pas en mer

TRIPOLI: La Libye n'est pas un pays "sûr" pour les milliers de migrants et réfugiés qui y transitent pour tenter de rejoindre l'Europe. Pourtant, l'Union européenne soutient financièrement les autorités libyennes pour intercepter et refouler les candidats à l'exil.

Quand Godwin a voulu rejoindre les côtes italiennes à bord d'une embarcation pneumatique, la Libye était en pleine guerre civile. "C'était en 2019. J'ai payé 6 000 dinars (1 100 euros) pour embarquer", se souvient ce Nigérian de 34 ans.

"Nous étions 60" partis de Zaouia, près de Tripoli, raconte à l'AFP ce travailleur journalier occasionnel. "Il faisait nuit et je ne connaissais pas la destination exacte", poursuit Godwin, bonnet et t-shirt tacheté de peinture.

Comme la plupart, il s'accroche à une image romancée du Vieux continent: "je voulais juste aller en Europe et avoir une bonne vie". Mais Godwin est conscient des risques: "je me disais que si je survivais ce serait grâce à Dieu et si je mourais ce serait selon sa volonté".

Le périlleux périple en Méditerranée vire au cauchemar: "en voyant arriver un bateau libyen avec à son bord des hommes armés, j'ai pensé me jeter à l'eau. Je ne voulais pas retourner en Libye".

«Rançon»

"Ils nous ont ramenés. J'ai été emprisonné et on a réclamé 3 000 dinars (550 euros) à ma famille. Elle a payé la rançon et j'ai été relâché", se remémore Godwin, qui veut recommencer dès que possible.

Houssein a "tenté de rejoindre l'Europe par la mer en 2017", confie à l'AFP ce Soudanais qui attend aussi sous un pont d'être embauché sur un chantier pour 10 à 20 euros la journée.

Poussé sur la route migratoire par la misère, ce réfugié de 26 ans a pris le large "en pleine nuit" sur une embarcation interceptée peu après par les gardes-côtes. "J'ai été emprisonné pendant 28 heures avant de m'enfuir", lâche-t-il.

Comme Godwin et Houssein, des dizaines de milliers de migrants et réfugiés tentent chaque année de gagner l'Europe mais sont la proie de trafiquants, quand ils ne meurent pas en mer.

Depuis janvier, environ 13 000 personnes ayant tenté de traverser la Méditerranée ont été ramenées en Libye, et pour certains emprisonnés, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui fait état aussi de 206 morts et 712 disparus.

Détenus de façon "arbitraire et systématique" en Libye dans des centres contrôlés par des groupes armés ou des trafiquants, les migrants sont victimes de "meurtre, disparition forcée, torture, réduits à l'esclavage, subissent des violences sexuelles, viols et autres actes inhumains", selon une enquête publiée fin juin par l'ONU.

Ce qui n'empêche pas l'UE de soutenir financièrement les gardes-côtes locaux pour freiner les arrivées sur ses côtes.

«Contribuables»

Début août, Human Rights Watch (HRW) a accusé l'agence européenne des frontières Frontex de soutenir, à l'aide de drones notamment, "les efforts des forces libyennes pour intercepter les bateaux" de migrants malgré des "preuves accablantes de torture et d'exploitation".

Sur les réseaux sociaux, de nombreux migrants bloqués en Libye dénoncent ces aides européennes. "Nous vivons dans la peur, torturés par l'argent des contribuables européens", déplore le compte "Réfugiés en Libye" sur Twitter.

Les critiques ne portent pas seulement sur le soutien financier.

Alarm Phone, une ONG qui gère une ligne téléphonique d'urgence pour les migrants en difficulté, affirme dans un rapport paru à la mi-août avoir été "témoin d'une politique de non-assistance d'innombrables fois, avec l'abandon de bateaux menaçant de chavirer dans la zone (de secours) maltaise", dont on ne sait pas toujours ce qu'ils sont devenus.

"Au lieu d'avoir une Europe qui paye la Libye pour stopper les migrations, les pays africains devraient s'occuper de leurs populations pour qu'elles n'émigrent pas", dénonce par ailleurs Houssein.

"Si ma situation était bonne, je ne serais pas venu ici".

Les autorités libyennes se défendent de toute violence.

A la mi-mai, elles ont annoncé l'interception de 3 000 migrants en quelques jours, dont environ 300 ont été présentés à la presse assis en bon ordre dans un centre de détention, devant leur bateau en bois exposé pour l'occasion.

"Les arrestations se font selon les dispositions en vigueur", avait alors assuré à l'AFP un responsable du centre.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.