Paris et Alger attendus sur du concret après la relance de leur partenariat

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et le président algérien Abdelmadjid Tebboune (à droite) assistent à une cérémonie de signature dans le pavillon d'honneur de l'aéroport d'Alger, à Alger, le 27 août 2022. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et le président algérien Abdelmadjid Tebboune (à droite) assistent à une cérémonie de signature dans le pavillon d'honneur de l'aéroport d'Alger, à Alger, le 27 août 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 28 août 2022

Paris et Alger attendus sur du concret après la relance de leur partenariat

  • Exit la brouille diplomatique autour de la mémoire de la guerre d'Algérie, place à une volonté affichée de coopération renforcée dans tous les domaines
  • Pour autant, les enjeux restent énormes, avec en toile de fond un lourd passif colonial toujours pas épuré, une insécurité croissante dans la région, et l'ombre de la Russie

ALGER: "Un partenariat renouvelé, concret et ambitieux": après des mois de crise, les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune ont gravé dans le marbre samedi la relance des liens bilatéraux, qui doit maintenant s'accompagner de gestes concrets.

Les deux chefs d'Etat ont signé en grande pompe une déclaration commune juste avant qu'Emmanuel Macron ne reparte pour Paris.

Exit la brouille diplomatique autour de la mémoire de la guerre d'Algérie, place à une volonté affichée de coopération renforcée dans tous les domaines.

Pour autant, les enjeux restent énormes, avec en toile de fond un lourd passif colonial toujours pas épuré, une insécurité croissante dans la région, et l'ombre de la Russie, proche alliée de l'Algérie, de plus en plus influente en Afrique.

"La visite a permis de mettre de l'huile dans les rouages. Ca a permis de consolider, voire de recréer, des liens entre nous", résume Karim Amellal, Délégué interministériel à la Méditerranée.

"On le vit comme un premier pas. On va voir le jour d'après, ce qui se passe, comment ça s'enclenche", analyse, prudente, une source diplomatique française.

Pour Pierre Vermeren, professeur d'histoire contemporaine à La Sorbonne, "les vraies avancées" sont avant tout attendues sur les "questions stratégiques".

Exit la Russie? 

"Tout le Maghreb est au bord de la rupture avec la crise énergétique, alimentaire", l'insécurité au Sahel et les tensions au sommet entre l'Algérie et le Maroc, dit-il.

Dans ce contexte, "les petites affaires franco-algériennes qui remontent à la colonisation sont très importantes pour les gens, mais les Etats ont déjà tourné la page", estime-t-il.

L'Algérie veut en outre signer son grand retour sur la scène internationale après le règne sans fin d'un président malade et invisible, Abdelaziz Bouteflika (1999-2019), décédé à l'automne 2021, et le mouvement de contestation populaire du Hirak.

De son côté, la France, qui vient de se retirer du Mali, compte sur l'Algérie pour aider à stabiliser la région.

Les deux présidents se sont d'ailleurs assis autour d'une table vendredi avec leurs chefs d'état-major des armées et du renseignement extérieur. Du jamais vu depuis l'indépendance de l'Algérie. Et ils le feront aussi souvent que "nécessaire", selon leur déclaration conjointe.

Les Occidentaux ambitionnent aussi de faire sortir l'Algérie du giron de la Russie, son premier fournisseur d'armes et un acteur de poids dans la région.

"Pour le moment, la France a plus besoin de l'Algérie que l'Algérie de la France, et elle n'a pas beaucoup à lui offrir", fait toutefois observer Geoff Porter du groupe d'experts North Africa Risk Consulting.

"La Russie donne en revanche à l'Algérie à peu près tout ce qu'elle demande", poursuit-il.

«Attendons de voir»

Sur un autre sujet qui dérange, la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie, une commission d'historiens algériens et français va examiner "sans tabou" les archives des deux pays.

Les deux dirigeants ont aussi ouvert la voie à un assouplissement du régime de visas accordés à l'Algérie, en échange d'une coopération accrue d'Alger dans la lutte contre l'immigration illégale.

"Attendons de voir si les Algériens répondront sérieusement aux propositions françaises et s'ils feront les gestes que Paris attend", relativise toutefois auprès de l'AFP l'ex-ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt, en rappelant les déclarations d'intention restées sans suite après la visite du président Macron à Alger en 2017.

"Le vrai enjeu, c'est l'ouverture des archives algériennes et la liberté pour les historiens algériens de travailler", renchérit Pierre Vermeren.

La commission devra travailler sur la "brutalité" de la colonisation française mais aussi sur des questions délicates pour Alger comme celle des disparus européens à la fin de la guerre d'Algérie.

"Dire que les Algériens ne veulent pas ouvrir les archives pour ne pas découvrir des choses qui ne leur plaisent pas est sans fondement", affirme l'historien algérien Mohamed Arezki Ferrad.

Pour lui, "l'une des erreurs que commet la France en parlant des crimes du colonialisme, c'est qu'elle met sur un même pied d'égalité son armée et le FLN, et ce n'est pas raisonnable".


Al-Azhar Al-Sharif condamne les crimes terroristes contre les civils à Gaza

Des Palestiniens récupèrent des corps enterrés à l’hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. (Reuters)
Des Palestiniens récupèrent des corps enterrés à l’hôpital Nasser à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. (Reuters)
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  • Al-Azhar réitère la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et de «mettre fin à l’agression frénétique contre la population de Gaza»
  • Al-Azhar mentionne que les corps de centaines de Palestiniens, parmi lesquels des patients, ont été retrouvés dans des fosses communes au complexe médical Nasser à Khan Younès

LE CAIRE: Al-Azhar Al-Sharif, la plus ancienne et la plus importante institution d’enseignement de l’islam sunnite, a fermement condamné «les crimes terroristes commis contre les civils dans la bande de Gaza».

Dans un communiqué, Al-Azhar condamne ces attaques «dont l’atrocité a été révélée par les nombreuses informations selon lesquelles des centaines de corps d’enfants, de femmes, de personnes âgées et de membres du personnel médical ont été enterrés dans des fosses communes dans les environs des complexes médicaux Nasser et Al-Shifa».

«De même, des dizaines de corps ont été retrouvés “éparpillés” dans des centres d’hébergement et de déplacement, des tentes et des quartiers résidentiels dans la bande de Gaza.»

Al-Azhar affirme au monde que «ces fosses communes sont une preuve indéniable que ces atrocités et ces horreurs sont devenues un comportement quotidien normal pour Israël».

L’institution appelle les peuples du monde à s’unir pour protester de manière à dissuader les régimes qui soutiennent ces crimes.

Elle réclame un procès international urgent contre «le gouvernement terroriste d’occupation, qui ne connaît plus le sens de l’humanité ni du droit à la vie et qui commet des génocides tous les jours».

Al-Azhar réitère par ailleurs la nécessité pour la communauté internationale d’assumer ses responsabilités, de «mettre fin à l’agression frénétique contre la population de Gaza et aux souffrances et catastrophes humanitaires sans précédent qui en découlent, et de garantir la protection des civils et l’acheminement d’une aide humanitaire suffisante et durable dans toutes les parties de la bande de Gaza».

L’institution présente aussi ses «sincères condoléances au peuple palestinien et aux familles des martyrs, priant Allah Tout-Puissant de leur accorder son immense miséricorde et son pardon, à rassurer les cœurs de leurs familles et de leurs proches, et à accélérer le rétablissement des malades».

Citant des articles de presse, Al-Azhar mentionne que, depuis samedi, les corps de centaines de Palestiniens, parmi lesquels des patients, ont été retrouvés dans des fosses communes au complexe médical Nasser à Khan Younès.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le plus grand projet de restauration corallienne au monde dévoilé en mer Rouge

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an. (SPA)
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  • «KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale»
  • «Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens»

RIYAD: Des scientifiques de l’université des sciences et technologies du roi Abdallah (Kaust), en collaboration avec Neom, ont inauguré la première pépinière de l’Initiative de restauration corallienne de la Kaust (KCRI).

«KCRI est le plus grand projet de restauration corallienne du monde et constitue une étape importante vers la restauration des récifs à l’échelle mondiale. Une première pépinière est officiellement opérationnelle et une seconde est en cours de construction. Elles sont toutes deux situées en mer Rouge», indique un communiqué publié jeudi.

La pépinière, construite sur la côte de Neom, dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, devrait transformer les efforts de restauration corallienne grâce à une capacité de production de 40 000 coraux par an.

Les chercheurs se serviront de cette installation pilote pour lancer des initiatives de restauration corallienne à grande échelle, avec notamment la pépinière de coraux terrestre la plus grande et la plus avancée au monde.

Située sur le même site, cette dernière aura une capacité décuplée et pourra produire 400 000 coraux par an. Le projet devrait être achevé en décembre 2025.

Abritant 25% des espèces marines connues, bien qu’ils couvrent moins d’1% des fonds marins, les récifs coralliens sont le fondement de nombreux écosystèmes marins. Les experts estiment que jusqu’à 90% des récifs coralliens de la planète subiront un stress thermique grave d’ici à 2050.

«Les événements récents nous rappellent brutalement la crise mondiale à laquelle sont confrontés les récifs coralliens. Nous avons donc pour ambition de trouver un moyen de faire passer les efforts de restauration actuels, à forte intensité de main-d’œuvre, à des processus industriels afin d’inverser le rythme actuel de dégradation des récifs coralliens», a expliqué le professeur Tony Chan, président de la Kaust.

Cette initiative s’aligne sur la Vision 2030 de l’Arabie saoudite et sur ses efforts pour renforcer la conservation marine en tirant parti des recherches réalisées par la Kaust sur les écosystèmes marins et en servant de plate-forme pour tester des méthodes de restauration innovantes.

«Grâce à notre partenariat de longue date avec la Kaust, nous mettrons également en lumière le rôle des récifs coralliens, qui comptent parmi les systèmes environnementaux marins les plus importants, ainsi que l’importance de leur préservation pour les générations futures», a confié le PDG de Neom, Nadhmi al-Nasr.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’UE assouplit les règles en matière de visas pour l’Arabie saoudite, Oman et Bahreïn

L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
L’ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Christophe Farnaud. (Photo fournie)
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  • Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis peuvent désormais bénéficier de visas à entrées multiples d’une durée de cinq ans
  • Il s’agit d’«une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels», affirme l’ambassadeur

RIYAD: Les citoyens saoudiens, omanais et bahreïnis pourront se rendre plus facilement en Europe à la suite d’une décision de la Commission européenne visant à assouplir les règles en matière de visas.

Jeudi, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Arabie saoudite, Christophe Farnaud, a déclaré à des journalistes à Riyad que les nouvelles règles relatives aux visas Schengen constituaient «une étape importante dans la promotion des contacts interpersonnels et la facilitation des échanges entre les citoyens de l’UE et du Conseil de coopération du Golfe [CCG]».

En vertu des nouvelles règles, un visa à entrées multiples sera normalement délivré pour une durée de cinq ans aux demandeurs retenus, y compris à ceux qui présentent une demande pour la première fois.

«Le processus est le même, mais la durée du visa est plus longue, ce qui leur permet de se rendre dans 29 pays européens en utilisant le même visa à entrées multiples, valable pour une durée de cinq ans», a expliqué M. Farnaud.

Ce dernier a déclaré qu’il était important de placer le changement de visa «dans le contexte des relations stratégiques entre cette région et l’Europe».

L’espace Schengen regroupe 29 pays européens, dont 25 sont des États membres de l’UE: la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, le Danemark, l’Allemagne, l’Estonie, la Grèce, l’Espagne, la France, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Hongrie, Malte, les Pays-Bas, l’Autriche, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovénie, la Slovaquie, la Finlande et la Suède, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

Les États membres mettront en œuvre cette décision dès qu’ils auront reçu les notifications, a assuré M. Farnaud.

«Comme nous le savons, la notification a été faite mercredi. Donc, à partir de maintenant, les États membres peuvent délivrer ces visas, à moins qu’il n’y ait une raison technique qui les oblige à attendre quelques jours», a-t-il précisé.

«Je suis très heureux d’avoir pu travailler sur ce projet et je dois dire que j’ai reçu de nombreuses réponses très positives de la part des citoyens, notamment des Saoudiens. Je pense que c’est une excellente nouvelle», a ajouté M. Farnaud.

L’envoyé a indiqué que l’Europe travaillait également sur la mise en place de visas électroniques, «mais cela prendra un certain temps».

«Je ne peux pas vous dire combien de temps exactement, car cela implique des décisions de la part des États membres sur des aspects techniques. Ce projet se concrétisera donc, mais cela prendra un certain temps», a-t-il indiqué.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com