L'Egypte réduit l'éclairage pour augmenter ses réserves de change

Cette photo prise le 24 août 2022 depuis la célèbre tour du Caire montre une vue nocturne du pont Kasr al-Nil reliant la place Tahrir au centre de la capitale égyptienne Le Caire à l'île de Zamalek. (AFP)
Cette photo prise le 24 août 2022 depuis la célèbre tour du Caire montre une vue nocturne du pont Kasr al-Nil reliant la place Tahrir au centre de la capitale égyptienne Le Caire à l'île de Zamalek. (AFP)
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Publié le Dimanche 28 août 2022

L'Egypte réduit l'éclairage pour augmenter ses réserves de change

  • L'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a six mois a eu un impact immédiat sur l'Egypte, le plus grand importateur de blé au monde, qui dépend de ces deux pays
  • Pour le gouvernement, l'objectif est de «réduire de 15% la quantité de gaz naturel envoyée dans les centrales électriques sur un an» pour les exporter contre des dollars

LE CAIRE: Pour faire face à la crise économique provoquée par la guerre en Ukraine, l'Egypte a trouvé une solution: réduire l'éclairage public pour libérer de l'énergie et exporter davantage de gaz, afin d'augmenter ses réserves de change.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a six mois a eu un impact immédiat sur l'Egypte, le plus grand importateur de blé au monde, qui dépend de ces deux pays de l'ex-URSS pour plus de 80% de ses céréales.

Le secteur du tourisme, vital pour l'Egypte, a également été touché par le conflit, réduisant le flux de vacanciers dans un pays qui souffre encore de la révolution de 2011 et de la pandémie de Covid-19. Ces trois derniers mois, la croissance a plafonné à 3,2%, contre 7,7% il y a un an.

Pour compenser, le Premier ministre, Mostafa al-Madbouly, a décidé de réduire l'éclairage public. Même la célèbre place Tahrir du Caire sera bientôt plongée dans le noir, a-t-il dit.

Cette mesure fait l'objet de critiques. "Les lampadaires restent allumés la journée alors que pour nous, les factures ne font qu'augmenter", se lamente un Cairote trentenaire qui préfère taire son nom.

Pénurie de dollars 

Pour le gouvernement, l'objectif est de "réduire de 15% la quantité de gaz naturel envoyée dans les centrales électriques sur un an" pour les exporter contre des dollars. Car si l'Egypte est devenue auto-suffisante en gaz en 2018, économisant chaque mois 220 millions de dollars d'importations, elle veut maintenant devenir un exportateur de poids.

Mais pour l'économiste Hani Genena, le problème vient d'ailleurs. "La valeur de la livre égyptienne est artificiellement élevée, cela force (l'Etat) à emprunter à l'étranger et fait courir le risque de se retrouver dans l'impasse au moment du remboursement", explique-t-il à l'AFP.

Déjà, prévient-il, "depuis une semaine, les banques ne peuvent plus fournir les importateurs en dollars". Car les réserves en devises ne sont plus que de 33,1 milliards de dollars aujourd'hui, contre 41 milliards en février.

Alors que Le Caire réclame pour la quatrième fois en six ans un prêt au FMI, il "faut accélérer les négociations", plaide M. Genena.

D'ici six semaines, l'Egypte "doit mener des réformes dures sur le court terme mais qui permettront de récupérer des dollars", affirme le spécialiste.

La première doit être d'"abaisser le taux de change à 25 livres pour un dollar d'ici fin 2024" contre 19,1 aujourd'hui, afin d'"éviter un déséquilibre extérieur", c'est-à-dire encore moins de devises, explique à l'AFP James Swanston, de Capital Economics.

En 2016 déjà, l'Egypte avait décroché un prêt de 12 milliards de dollars du FMI en échange d'une dévaluation brutale et de mesures d'austérité. Puis, en 2020, deux autres de 5,4  et 2,8 milliards de dollars.

Cette fois-ci, elle négocie pour obtenir encore plus, alors que deux tiers des 103 millions d'Egyptiens vivent sous le seuil de pauvreté ou sont en passe d'y plonger.

Fuite des investisseurs 

Selon des médias locaux, c'est justement sur la dévaluation qu'achoppent les négociations avec le FMI. Citant des banquiers anonymes, ils assurent que c'est pour cela que le patron de la Banque centrale, Tareq Amer, a récemment démissionné.

Le lendemain, il était remplacé par Hassan Abdallah, un ancien haut cadre du parti de l'ancien président, Hosni Moubarak, renversé par la "révolution" de 2011.

Ces derniers mois, l'Arabie saoudite et le Qatar ont annoncé des milliards d'investissements en Egypte et Ryad a même déposé fin mars cinq milliards de dollars à la Banque centrale égyptienne. Mais cela n'a pas pu empêcher la fonte des réserves, juguler une inflation à 14,6% ou encore alléger une dette publique de 90% du PIB.

Car en face, "14,6 milliards d'investissements étrangers ont quitté l'Egypte au premier trimestre", rapporte la Banque centrale, à cause de l'"inquiétude des investisseurs après la guerre en Ukraine".

En attendant l'argent du gaz, le gouvernement a déjà débloqué 312 millions de dollars pour aider les neuf millions de familles les plus pauvres pendant six mois.

Mahmoud al-Saïdi, commerçant ambulant au Caire, lui, n'a plus aucune économie, étranglé par le coût de la vie.

"Je rentre dans mon village dans le Sud tous les 40 ou 50 jours et je n'ai que 600 livres à offrir à ma famille", soit environ 30 euros, dit-il à l'AFP: "Qu'est-ce qu'ils peuvent faire avec ça?".


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com